→ Si il y a une chose que Eulalie a remarqué depuis quelques années, c’est que dès qu’elle reste inerte, inactive, qu’elle s’ennuie quoi, elle se met à faire des mimiques étranges avec son visage, mimique que certains trouveront mignon mais que d’autre, plus nombreux, trouveront indéniablement laid et inesthétique. En tout cas, elle savait que lorsque son visage était prit de ses « spasmes » bizarres il fallait qu’elle se bouge, qu’elle fasse quelque chose au risque de le regretter. C’est dans cette optique, et après avoir croisé sa face grimaçante dans un miroir, que la belle se leva d’un bond, tapotant ses joues pour se donner du courage, sautant presque sur place telle un lapin en retard dans l’espoir de ne pas tomber de fatigue, une fatigue purement imaginaire qui relevait plus de la flemme que d’une réelle envie de dormir. Que faire alors ? Que faire pour se sortir de cet état presque comateux ? Par réflexe elle regarda son téléphone portable dans l’espoir d’y voir un quelconque sms ou appel entrant, sans succès, elle jeta alors l’objet sur son canapé sans plus de ménagement avant de se diriger vers sa cuisine, ouvrant son frigo, observant l’intérieur en ce pinçant les lèvres, se demandant si c’était vraiment une bonne idée de dévorer un gâteau au chocolat maintenant, avant de se rappeler qu’au fond, personne ne verrais vraiment si elle prenait deux kilos du jour au lendemain… Personne à part sa chère tante Yvonne, qui, elle, remarquait même les marques de bronzage sous une tonne de vêtement, un véritable pouvoir paranormale et comme cette dernière devait arriver le lendemain… Mieux valait ne pas prendre de risque. Courageuse, Lulli referma son frigidaire, posant les coudes sur son plan de travail en tapotant ses doigts contre le marbre, tout en lançant des regards à droite et à gauche, l'air pleine d'espoir, comme si d’un coup une lumière divine allait apparaitre et pointer du doigt la voix à suivre… Ce qui n’arriva bien sur pas.

Dix minutes, vingt minutes, une demi-heure, le temps semblait filer à vitesse grand V et pour être honnête, à cet instant la belle s’ennuyait tellement qu’elle commençait à cogiter, à se poser tout un tas de question philosophique qu’elle n’oserait jamais lancer à haute voix, le genre de raisonnement qui lui avait valu son ulcère de l’estomac. Il fallait donc qu’elle se stoppe et c’est en tombant nez à nez avec une vieille photo qu’elle sortit de ses pensées néfastes. Sur cette photo il y avait Lisbeth, Samaël, Vianney et évidemment elle-même… Ils étaient encore à Paris à l’époque… Vianney n’avait d’yeux que pour Lisbeth, Eulalie que pour Vianney et pourtant, elle sortait avec Sam à ce moment précis… Certes ça n’avait pas duré longtemps et leur relation n’avait rien eut de vraiment palpitant, mais si il n’avait pas été là, lui, l’être capable de l’écouter vraiment et avec qui elle pouvait être qui elle est vraiment, Lulli ne serait peut-être pas là aujourd’hui, pas dans le même état en tout cas. Bref, ce n’est pas vraiment Samaël qui la marqua lorsqu’elle posa ses yeux sur cette photo, non, ce fut plutôt Lisbeth… Mademoiselle Lisbeth… Cette fille qui avait décidé de couper les ponts du jour au lendemain, sans explication, cette fille qui ne remarquait même pas les sentiments que son meilleur ami lui porte, sa meilleure amie quoi… Même si ce terme parait désuet aujourd’hui… Peut-on vraiment rester la meilleure amie d’une personne qui nous abandonne sans crier gare en quelques jours ? … Dure à dire, mais la demoiselle voulait encore un peu y croire, car mine de rien, Lis était importante dans sa vie, trop pour l’effacer aussi rapidement et si Lisbeth y était parvenus, Eulalie, elle, ne le pouvait pas.

Ni une ni deux elle prit une douche, enfila les premiers vêtements sur lesquels elle tomba puis elle sortit de chez elle, sans sac, sans téléphone, sans rien… Pour faire trois pas et arriver chez Lisbeth. Oui, c’était ça le plus fou de l’histoire, elles habitaient l’une à côté de l’autre et pourtant ça faisait des mois qu’elles ne s’étaient ni vu ni parler. Un comble quand même… Bon, évidemment, Eulalie l’avait un peu espionné, ben oui, plusieurs de ses fenêtres donnaient directement sur celle de son amie, alors forcément, de temps à autre elle avait jeté un petit coup d’œil, histoire de suivre les choses de loin… Mais à part ça elle n’est pas du tout obsessionnel. Bref, passons. Prenant une grande inspiration Lulli frappa à la porte de Lisbeth…Avant de se rendre compte qu’elle n’avait rien pour prétexter une arrivé si inattendu… Paniqué elle descendit les quelques marche pour arraché violemment plusieurs fleurs du rosier qui se trouvait là, jetant le tout derrière avant de se repositionner devant la porte, l’air de rien, essuyant ses mains pour finalement tomber nez à nez avec la jolie brune. « Heu… Salut… Alors c’est fou, mais j’ai vu un type, il est venu devant chez toi, puis il a … Agressé ton rosier… Je pensais que c’était important que tu le sache… » Si vous ne connaissiez pas la pire excuse du monde, maintenant c’est chose faite. « Sinon… Tu fais quelque chose là ?… Parce que… Je pourrais entrer pour … Te décrire le type…? » … Malgré le fait que Lisbeth n’était sans doute pas dupe face à tout ça, elle la laissa entrer chez elle. Eulalie s’installa bien vite et pour être honnête aucune conversation n’eut vraiment le temps de s’installer, quelques banalités furent échangés bien sur, mais après à peine cinq minutes chez Lisbeth quelqu’un sonna à la porte et je vous laisse deviner qui est ce quelqu’un….

En reconnaissant sa voix Lulli ouvrit grand la bouche, l’air choqué, s’observant discrètement et remarquant qu’elle était habillé comme une souillon, enfin, c’était pas avec son look du moment qu’elle allait faire chavirer le cœur de qui que ce soit, malheureusement, elle n’était pas superman ou Wonder woman et il ne lui suffisait pas e tourner sur elle-même pour se changer et pourtant c'était pas faute d'avoir essayer. Elle tenta tout de même de prendre un air assurée et naturelle en saluant Vianney, souriante, comme toujours. « Hey ! Hé ben, tout les deux au même moment chez Lis… C’est le destin… » Ou une mauvaise blague?…

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