→ Le Samedi, c'est mon jour préféré. J'ai jamais vraiment su pourquoi. Peut-être parce que le début du week-end. Et encore, non. Finalement, je bosse ce jour-là, pendant que tous les autres sont en train de faire je ne sais quoi avec je ne sais qui. Mais ils s'amusent, ils s'éclatent, ils sourient. Quelque part, moi aussi. Généralement le Samedi matin, je fais l'ouverture du Holy Music. Lloyd n'aime pas se réveiller avant 10h et mes insomnies me permettent d'être au top de ma forme dès l'aurore. Alors quand mon chef débarque, tout est déjà en place, la musique tourne, et quelques clients tournent déjà tels des gamins à la recherche du meilleur jouet possible. Celui qui fera râler tous les copains.

Travailler au Holy Music, ça change mon quotidien. J'aime être toujours entouré de musique. De notes. Écouter la vie des autres dans leurs chansons tandis que j'essaie de vivre la mienne correctement. Le fait d'être un employé dans le seul véritable disquaire de la ville a ses avantages : la salle de concert toute proche nous fait souvent des offres qu'on ne peut refuser. Llyod s'est rangé depuis un ou deux ans, alors généralement, les places sont pour moi. Les concerts, c'est ma drogue. Honnêtement, une fois passées les odeurs de transpiration, les bousculades et les groupies maladives qui pensent que crier va leur attirer les faveurs de tel ou tel membre d'un groupe, faire partie d'une foule attendant le même artiste, il n'y a rien de meilleur. De plus exaltant. Car peu importe à quel point vous êtes seuls dans la vie. A ce moment là, vous ne formez qu'une seule et même personne avec des milliers de gens. Des gens que vous ne connaissez pas, mais qui sont là pour la même chose que vous : l'amour de la musique.

Ce soir j'étais rentré chez moi avec des étoiles dans les yeux. Un groupe que j'adorais était passé par le piano-bar de Runaway, une sorte de tournée acoustique des toutes petites salles. Le genre de truc que j'aime par dessus tout. J'avais dépensé tellement d'énergie que je m'étais endormi tout habillé. Un moment après, une heure, peut-être deux, ça m'a frappé. Encore. Ça commence toujours de la même manière : j'ouvre les yeux, et je ne sais plus où je suis. Le noir envahit ma tête, ma cage thoracique rétrécit, mon rythme cardiaque m'empêche de réfléchir. Je n'entends que les battements de mon cœur au fond de mes oreilles, et je ne vois que tous ces minuscules points de couleurs devant mes yeux. On a tous des histoires comme ça, des bobards que nos parents nous racontaient pour nous faire peur, pour nous empêcher de faire des conneries. Les histoires de monstres dans les placards, sous le lit. Les ombres du quotidien qui se transforment quand le soleil se couche, et viennent remplir nos têtes de cauchemars. Mais tout ça, ce sont des idées, des mirages. Sauf dans ces moments là. Pendant une terreur nocturne, les ténèbres prennent forme. Et vous donnent envie de mourir.
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→ Let's go Knicks..