Que dire de spécifique d'une enfance plutôt paisible ? Les lueurs verdoyantes du Massachusetts pour plus grande compagnie à mes égarements solitaires, mon esprit aimant dès le plus jeune âge à déambuler dans le vide terrestre. Les grands espaces étaient les seules à emplir le manque que je ne ressentirai que bien plus tard. Lorsqu'on est une charmante tête blonde remplie d'imagination, les reflets des prunelles étrangères ne viennent pas troubler la quiétude d'aventures irréelles. Ce n'est que bien plus tard que j'ai compris ma différence. Contrairement aux autres, je n'étais pas élevée par un papa et une maman, mais je n'avais pas à me plaindre, je recevais l'affection de mes grands-parents. La sagesse de ma grand-mère emplissait d'une joie lumineuse le creux des sillons que formaient ses joues. Elle me connaissait, peut-être davantage que moi et elle faisait surtout partie de cette génération qui laissait la liberté aux enfants. La descendance n'était alors pas considérée comme le plus précieux des joyaux qu'on préserve à coup de jouets fortunés et de lingettes aseptisées, mais simplement comme des petites âmes qui requéraient plus que tout une certaine forme de liberté propice à la découverte des mondes environnants. Puisque la maturité ne s’acquérait qu'avec les découvertes et l'expérience qui en découlait, elle me laissait libre. Mon esprit avide a donc appris dès la naissance à profiter de ce libre-choix et quiconque tente de m'imposer ses carcans se verra être sérieusement menacé. De mes parents, il ne restaient que des lambeaux de souvenirs, un accident se chargeant de me séparer d'eux à tout jamais. Les plus sensibles seront touchés par cette tragédie mais je n'en ai jamais réellement souffert puisque je ne les ai pas longtemps connu. L'imagination était le meilleur des refuges, et ma solitude la plus confortable des protections. Tandis que les autres se disputaient les jouets, je me flattais de la compagnie de dragons et de nobles chevaliers, les bois environnants contemplant souvent la présence des flots capillaires dorés de ma stature d'enfant.

Vint l'école et l'âge de se plier aux rangs, la compagnie des autres me gênait, elle était bruyante, imposante, elle perturbait le silence jusqu'alors côtoyé. Je n'étais pas non plus associable mais disons que j'imposais à mes relations une certaine sélection. Mon affection se portant d'emblée sur les solitaires semblables à ma propre silhouette tandis que mon esprit buté rejetait toute forme de compagnie emprunte de popularité. Mon grand-père partit rapidement suivi de ma grand-mère alors que je n'avais que treize ans. Le peu de racines qui s'étaient formées sous mes pieds se retrouvèrent arrachées pour me ranger dans le lit froid à la couverture rêche d'un foyer pour adolescents. Certains psychologues diront avec calme que de là provient la première fêlure, mais il est difficile de mettre des mots quand votre existence s'envole en mille morceaux. Néanmoins, c'est là que se sont révélés mes premières amitiés réelles, les expériences marginales également. Mais à quoi bon faire l'effort d'être civilisée quand plus rien ne vous retient, quand votre vie est devenu un fardeau pour l'état et qu'on vous fait sentir chaque jour votre inutilité. Ne pleurez pas, je ne supporte aucune pitié. Les années passèrent , je m'appliquais à noyer mes tourments dans des substances diverses et variées, endormir mes veines, mon être était ma seule priorité. Un premier amour, la peau toxique d'un amant et me voilà débarquant à New-York City. Ma première impression a été celle d'étouffer lorsque mes pieds agiles ont foulé pour la première fois le béton âpre de la Grosse Pomme. Puis presque aussitôt une sensation de liberté infinie. Ici, je n'étais pas davantage qu'une fourmi, j'étais anonyme au milieu d'anonymes. Une solitaire entourée d'innombrables esseulés. Une envie de fuir et une impression d'être à ma place plus que jamais. La synthèse est bizarre mais je suis une femme de contradictions. Puis mon amour m'a quitté, attiré par d'autres aspirations, le chagrin fût grand, inqualifiable et nourrissant un peu plus la béance du membre carmin survivant en mon sein, mais je n'aime pas étaler mes sentiments, ma priorité fût celle d'avancer. C'est alors que pour apaiser mes maux, je découvris le pouvoir extraordinaire des mots. Tout était plus simple par le biais de l'encre, comme si le venin qui empoisonnait mes veines se déchargeait tout à coup sur le papier. Je n'étais pas jugée, je n'avais pas à affronter les iris inconnus des badauds ou des amitiés fragiles qui m'entourait, je n'avais pas à devoir assumer quoi que ce soit, ni même à retenir toute forme d'émotion. Seule, face à la page blanche, je lâchais prise autant que je devenais moi-même.

Ce fût pour moi une révélation, puisque l'écriture était devenu mon mode d'expression favori, je devais en faire mon existence. Puisque la plume me permettait de décharger tout ce qui était trop lourd à porter, j'ai commencé à m'ouvrir aux autres, à nourrir ma curiosité. Puisque l'inspiration se nourrit autant des autres que de moi, je me devais de progresser. Je devins plus sociable, et plus drôle également. Plus que jamais, j'ai compris que la société imposait des masques aussi superficiels qu'éphémères et peu m'importe tant que je ne me perds pas moi-même. J'ai décidé de cumuler les petits boulots afin d'étudier la littérature à l'université. Je ne suis pas très assidue mais j'aime à ne rien m'imposer, aussi la faculté peut-elle se vanter de ma présence à quelques occasions. Je suis un électron libre dans une société que je considère aseptisée, je ne m'interdis rien, je laisse faire et je mène mon existence comme je l'entends, m'appliquant à cacher de mes doigts repliés ma véritable nature. Peu de personnes peuvent se vanter d'avoir contemplé mon véritable reflet, encore faut-il que je l'observe moi-même. La liberté, c'est la seule notion qui compte à mes yeux, alors, telle une âme avide d'expériences et de nourritures imaginaires, je déambule dans les artères de la ville qui ne dort jamais.

Oh elle est géniale dans Girls. Excellent choix.
Bienvenue sur le forum et bonne chance pour ta fiche.

Un autre écrivain
Elle est canon la fille sur ton avatar !
Bienvenue sur le forum Bon courage pour ta fiche !

Hope A. Roseberry a écrit:

Oh elle est géniale dans Girls. Excellent choix.