→ Soren marchait droit devant lui, dans se soucier de quoi que ce soit. Il se sentait lâche, mais il n'avait pas la moindre idée de comment faire face à cette situation. En arrivant ici, il s'était imaginé tellement de scénarios possible quand à une discussion qu'ils aurait pu avoir, et pourtant maintenant qu'il l'avait eu face à elle, il n'avait pas trouvé une chose à dire. Elle lui manquait. Il savait qu'au fond de lui, elle était toujours là, qu'il l'aimait toujours, mais il avait fait tant d'efforts pour essayer de l'oublier qu'il s'en était presque convaincu. Alors que c'était idiot, on n'oublie pas quelqu'un que l'on a aimé aussi facilement. On n'oublie pas non plus quelqu'un qui nous brise le cœur aussi facilement. Elle l'appela une première fois, il l'entendit mais ne se retourna pas. Puis une seconde fois, il prit alors une grande inspiration et se retourna, et il se retrouve à nouveau face à elle, son regard plongé dans le sien. Il a le cœur qui bat tellement fort qu'il a l'impression que tout le monde autour peut l'entendre. « Ça fait plaisir de te voir … Tu, tu as l'air en forme. » Le jeune homme reste face à elle, mais ne dit rien. Est-ce que ça lui faisait plaisir de la voir ? Certainement, mais il ne voulait pas se l'avouer. Il avait envie de la serrer dans ses bras, passer sa main dans ses beaux cheveux, mais il avait aussi envie de lui hurler dessus, et lui dire de partir et de lui foutre la paix. Comment est-ce qu'on pouvait avoir un tel bordel dans sa tête ? Un léger silence s'installe, pendant quelques secondes, qui lui paraissent une éternité. Quelques secondes durant lesquelles il repense à leur histoire, à quel point ils étaient heureux tous les deux, et comment tout ça avait changé en quelques minutes. On pourrait croire qu'il avait réagit comme un gamin, lorsqu'il était partit sans prendre le temps de parler. On pourrait trouver ça stupide, de quitter celle qu'on aime simplement pour une histoire d'avortement caché. Certains ne comprendraient pas cette décision. Pour lui, c'était la seule chose à faire. Fuir, pour ne pas devoir gérer cette crise. Il était peut-être lâche, mais on fait des choses idiotes lorsqu'on est amoureux.

Elle lui proposa d'aller boire un café, pour parler. C'était ce qu'il avait refusé de faire depuis qu'il avait quitté L.A. Et pourtant au fond de lui il avait toujours su que c'était ce dont il avait besoin pour pouvoir enfin avancer. Et d'après ce qu'elle allait ajouter, son frère le savait lui aussi. « Ton frère m'a un peu parlé et … je voudrai vraiment qu'on ait une discussion tous les deux. » Ah, Peter. Il lui en voulait presque, et pourtant il a fait la seule chose à faire, celle qui lui n'avait pas eu le courage de faire. Depuis quand était-il devenu si lâche ? Il n'était pourtant pas comme ça. Mais au fond, il ne pouvait pas refuser. Il se le devait à lui-même, à Norah, et à Peter. Et puis, malgré tout ce temps et ce sentiment de trahison, il ne pouvait toujours rien lui refuser. Pour la première fois depuis qu'ils s'étaient recroisé, le jeune homme se mit enfin à parler. « Je connais un café sympa au bout de la rue. »

Sans rien ajouter, il se retourna et partit en direction du café en question. Il ne voulait rien ajouter, il ne savait surtout pas quoi dire. Alors ce court trajet se passa en silence, il se demandait ce qui se passait dans la tête de la jeune femme durant ce temps. Si elle était si gênée que lui, si elle était aussi perdue que lui. Elle avait toujours été plus douée pour gérer les situations difficiles. Arrivé, il ouvrit la porte et laissa passer devant lui, évitant au maximum de croiser son regard, puis ils allèrent s'installer à une table, assis l'un à côté de l'autre. Enfin seulement, il porta son regard sur Norah. Il voulait lui poser toutes ces questions qu'il avait en tête depuis cette histoire. Pourquoi lui avait-elle caché sa grossesse ? Est-ce qu'elle ne l'aimait pas assez ? Elle pensait qu'il ne comprendrait pas ? Il croyait leur couple plus fort que ça, mais ce n'était peut-être pas réciproque. Peu importe, il l'avait là, à côté de lui, et au lieu de lui demander tout ça, il ne trouva qu'une chose à dire. « Tu es là depuis quand ? » La question la plus banale possible, pour repousser une conversation qui devait pourtant arriver et qui lui ferait certainement le plus grand bien, malgré le fait qu'il avait très peur des réponses qu'elle pourrait donner à ses questions. Comment on fait, lorsqu'on réalise que ce en quoi on croyait n'était en fait qu'un gros n'importe quoi, que c'était faux ? Il fallait qu'il se prenne en main, qu'il redevienne ce type confiant qu'il était avant. Et il fallait qu'il cesse de fuir. Alors enfin, il ajouta. « Non tu sais quoi, vas-y, explique toi. J'imagine que tu es là pour ça, alors je t'écoute. Dis-moi pourquoi tu m'as fais ça, Norah. Pourquoi tu n'as même pas été capable de m'en parler ? Franchement, tu espérais quoi, que je ne l'apprenne jamais, et qu'on vive dans le mensonge ? »

→ Let's go Knicks.