→Frein. Tu freines. Pourquoi tu freines ? La musique, les gens, les fêtes. Enfin, une fête. Tu n’as pas arrêté de voir défiler dans ton quartier ces intellos qui voulaient profiter de la lumière du jour pour aller à la bibliothèque, à cause de la panne de courant. La panne…. Ce n’est pas le bon mot. L’absence du courant est la décision insensée de « Madame » qui pénalise ainsi tous les habitants de Yellowsky à cause d’une fête justement, mais tu t’en foutais un peu étant donné que ton père t’avais fait gentiment don d’un groupe électrogène. Tu t’es garer devant la maison et tu as décidé d’entrer. Il y avait de tout, vraiment de tout. Des asiatiques, noirs, des blancs, des trop blancs, des geeks, des séducteurs, des un peu plus timides, des drogués. De tout. C’était un autre monde avec la musique qui suivait avec attention le rythme de ton cœur, ce dernier commençant à battre dans tous les sens comme celui d’un Situs-Invertus, ou encore… D’un cardiopathe.

Lumière. Obscurité. Lumière. Obscurité. Tu clignes. Et tu clignes encore. Différent. Tout autour de toi est différent. Pas tellement différent, mais un peu quand même. Noir et gris, comme chez toi. Tu refermes les yeux, c’est trop compliqué pour toi de te faire à la lumière du jour. Mais où tu es et qu’est-ce que tu fous là ? Ce n’est absolument pas la première fois que ça t’arrives, je dirais même que tu es habituée, mais généralement, que tu enfouis ta tête dans l’oreiller comme ça, tu ne sentais pas un parfum féminin, parce que t’avais l’habitude de t’endormir chez tes potes. L’endroit est anormalement calme, tout le monde doit sûrement être entrain de dormir, où je ne sais pas. Peut-être qu’il n’y a personne ? Que tu dormais tellement que tout le monde est partie sans toi. Tu t’en fous. Tu fermes les yeux encore plus forts, tu expires doucement, d’une expiration imperceptible qui te libère pourtant les poumons. Les images commencent à défiler au ralenti parfois, souvent en accéléré. Tu te souviens du pauvre geek complètement grisé qui vidait son estomac dans le jardin, d’une femme habillée en tenue de ménage bleue qui lui criait dessus et lui qui ne captait rien. La musique, les battements, les pulsations, l’odeur horrible de l’alcool qui envahissait la grande salle. Tu ouvres un œil inquiet, mais tu le refermes aussitôt. Tout est propre autour de toi, bon propre est un bien grand mot, mais c’est tout sauf un bordel. Tu te souviens aussi de toi, dans ta voiture, passant devant une maison, une plutôt grande maison. Et puis les images s’effacent, tu rouvres les yeux, et tu les referme, priant pour te souvenir encore. Mais rien, rien du tout. Tu mets un pied par terre. Des secondes s’écroulent, en fait non, des minutes, de très longues minutes avant que tu n’aies la force de mettre l’autre par terre et de te lever. Tu regardes encore autour de toi, tu étais sur un lit. Ce qui signifie que quelqu’un t’as obligé à venir là, parce qu’après ce genre de fête, tu te retrouvais toujours sur le canapé. C’est louche parce que tu ne connais personne à Yellowsky, du moins personne qui t’aimes au point de tirer jusqu’à une chambre.

Il y a une commode sur laquelle il y a des photos, trois mecs, et une fille. Une seule fille, une rousse. Tu souris doucement, lentement, au ralenti même. Ils ont l’air heureux, un peu trop heureux. Si ce sont eux qui habitent là, ils ont de quoi. Pourquoi tu n’es pas heureux ? En regardant bien, toi aussi tu as de quoi être heureux. Ta famille, est riche, trop riche, tu as de l’argent par-dessus tes fenêtres, et pourtant tu te joues tellement aux types qui vie de son propre travail. Tu as une famille, ta mère, ton père et ta sœur. Tu as tout pour démarrer une nouvelle vie, une meilleure vie, mais si tu comptes la démarrer comme ça, n’espères pas qu’elle soit meilleure que l’ancienne.

Tu riais aux éclats en buvant comme c’est interdit, tu te retournais sans cesse, envahi par la musique, tu avais perdue tes sens, tes repères… Trou noir. Les images de la fête reviennent peu à peu, chacune à leur rythme. Tu trottes doucement dans la chambre de l’inconnu, tu t’attends à quoi ? Qu’on vienne te chercher peut-être ? Tu avances, tu mets ta main sur la poignée, t’es sur le point d’ouvrir la porte. MAIS... Non, tu retournes t’écrouler sur le lit, trop fatigué. Tu enfouis encore ta tête dans l’oreiller non seulement pour te sentir mieux mais aussi pour profiter de l’agréable parfum. Tu refermes les yeux et passe une main dans tes cheveux pour t’assurer qu’ils sont bien ébouriffés, mélangés, mal fait. Tu en es plutôt fière de tes cheveux, tu n’as jamais pris soin de t’arrêter devant un miroir et de te faire une coiffure, t’es plutôt le genre à secouer fort ta tête et à sortir sans même regarder à quoi ils ressemblent.

Tu entends la porte qui s’ouvre, et tu ne sursaute même pas, tu es trop fatigué pour. Tu te contentes de tourner la tête vers le mini-être humain qui vient d’entrer.

Salut la rousse. D’où te vient la force pour parler ? C’est chez toi ici ? Parce que je crève la dalle. D’ailleurs, t’aurais pas une idée de comment j’ai fais pour arriver jusqu’ici ?

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