22 ans → Né(e) à Chicago le 20/04/1991 → Psychologie + employée de librairie célibataire → hétérosexuel(le) → membre des workaholics.
And who am i ?
★Quelles sont tes caractéristiques? → On ne peut pas dire que je sois si différente que ça des autres ; je n'ai pas de problème de santé particulier si on met de côté mon estomac qui doit certainement prendre cher à cause de tout ce que je peux bien manger, je n'ai pas d'allergie grave même s'il m'arrive d'éternuer à cause du pollen, je n'ai pas de grosse verrue qui pousse sur le bout du nez... Je ne sais pas même si je fais partie de ces filles qui passent dans la rue et qui peuvent voir les gens se retourner. Cela peut être vérifié si je décide de me trimbaler avec une tenue assez.. minimaliste. Mais ce n'est pas vraiment le cas, parce que le meilleur moyen de passer inaperçu dans la rue, c'est de rester simple dans la manière s'habiller, sans chercher à dévoiler le plus de parcelles de peau possible. C'est plutôt comme ça que je me vois, simple sans pour autant paraître négligée. Quant à ma longue tignasse, lorsque j'étudie ou que je travaille elle est ma pire ennemie, mais le reste du temps je la considère comme un atout, que je n'hésite pas à chouchouter sans pour autant jouer la carte de la sophistication à fond. Comme beaucoup de gens à New-York je suis particulièrement accro au café. Je les compte même pas, mais il faut dire que j'en bois vraiment beaucoup dans une seule et même journée. Je suis également accro à mon smartphone qui m'offre la possibilité d'avoir une vie sociale sans pour autant avoir à arrêter d'étudier ; ainsi qu'aux bonbons Haribo. Cependant il y a tout de même une chose qui me rend pas si banale que ça, c'est ma pyrophobie. Depuis l'incendie j'ai développé une véritable phobie du feu, ce qui est assez contraignant dans la vie de tous les jours: les bougies, les briquets... tout ça hors de ma vue. Même faire la cuisine ce n'est pas très facile. L'avantage, c'est que mes poumons ne seront pas noircis par la mort qui rôde autour des cigarettes.
★Quel est le caractère de ton personnage? → Je ne pense pas qu'il y ait que des bonnes personnes et des mauvaises personnes. Tout simplement parce que les anges et les démons ne vivent pas sur Terre comme nous les humains. Tout le monde a déjà menti au moins une fois, tout le monde a déjà détesté au moins une fois. C'est exactement pareil dans l'autre sens ; personne ne peut semer autour de lui que trouble et tristesse. C'est tout du moins ce que je pense. Je suis comme ça, je ne peux pas m'empêcher de tout analyser autour de moi, c'est sûrement à cause de mes études ça. L'être humain est incommensurablement imparfait et ce qui le rend si fascinant, raison pour laquelle je m'intéresse tant que ça à la psychologie. Comme toutes études l'exigent, je suis incroyablement studieuse, ambitieuse, perfectionniste et je ne me laisse pas distraire. Le délicieux goût de la réussite reste ma principale motivation, parce que j'aime aller au bout des choses qui me tiennent à cœur. Je dois l'admettre dans ma vie ça n'a pas toujours été rose (ça l'est pour personne, à échelles plus ou moins variées) mais cela ne m'empêche pas d'être joyeuse de vivre, de profiter d'elle à chaque instant. A première vue on pourrait croire que je suis quelqu'un d'assez fragile (je suis persuadée depuis quelques années que c'est à cause de ma petite taille), mais je suis un petit peu plus compliquée que ça. Disons que je suis tantôt douce, tantôt colérique. Ça me sauve un peu, sachant que je suis axée sur la gentillesse et donc sur la naïveté, mais je ne me laisse pas marcher sur les pieds facilement : j'ai une sorte d'impulsivité enfouie en moi qui n'hésite pas à pointer le bout de son nez quand il le faut, ce qui fait que je peux rapidement me mettre en colère lorsque je me sens insultée, même incomprise. Je pense que ma susceptibilité joue un grand rôle dans ce comportement que beaucoup de gens peuvent qualifier d'exagéré. De paire avec ma naïveté aisément remarquable vient mon étrange faculté à vraiment vite faire confiance. En réalité, je n'ai pas souvent été déçue par les autres, alors je ne voyais aucune raison à développer une sorte de méfiance constante qui m'aurait bouffé l'existence. Etant impliquée dans des associations d'aide pour les drogués et les alcooliques, je pense pouvoir dire que je suis naturellement bienveillante et communicative. J'affectionne rapidement les gens qui croisent ma route sans pour autant réellement m'attacher à eux. Dans ma vie de tous les jours, je reste assez discrète mais pas moins extrêmement émotive quant aux événements qui peuvent se produire. Je pense que mon naturel et ma simplicité font de moi quelqu'un qu'on peut aisément apprécier, il faut juste faire attention à ne pas éveiller la Jewel un peu moins... cordiale. Evidemment, tout le monde peut se poser des questions sur le comportement amoureux de chaque personne autour de lui, pour ma part je ne m'intéresse pas vraiment à tout ça. Comme je disais, je ne me laisse pas distraire et à mes yeux, l'amour ou n'importe quel sentiment s'y rapportant est une perte de temps considérable. La raison pour laquelle je n'ai encore jamais eu de relation sérieuse ? Certainement, mais après tout je n'ai que vingt-deux ans, tout le temps devant moi pour me poser. Celui qui réussira à me faire changer d'avis est un surhomme.
Well... It's my story...
1991-2006 | CHICAGO, ILLINOIS. Les gens du quartier, ils ne nous aimaient pas vraiment. Pour eux, les Adkins-Yates c'était un peu une famille à problèmes. Pourtant, toute la famille était originaire de Chicago: ma mère y avait rencontré mon père dans un des plus succincts hasards qui puisse être, une sorte de coup de foudre inopiné que personne ne comprenait. Avec tout le blabla inutile, voilà qu'ils se marient et qu'ils ont deux magnifiques et formidables faux-jumeaux : Marlon et moi, Jewel. Mais nous aussi nous étions nés à Chicago. "Les gens du quartiers", ils nous connaissaient, et toute la famille les connaissait. C'était pour la plupart des gens avec qui nous passions Thanksgiving quand la famille un peu plus éloignée ne pouvait pas se déplacer. C'était pour la plupart des amis proches, les meilleures amies de maman, les mères avec qui elle passait des après-midis entiers à ragoter autour de boissons fraîches sur la terrasse, mais aussi les meilleurs amis de mon père, les maris avec qui il partait pêcher tout un week-end. Et il y avait aussi les enfants avec lesquels Marlon et moi passions nos journées d'été à jouer dans le jardin avec un tuyau d'arrosage, et nos journées d'hiver à faire des parties de cache-cache à la maison. En fait, c'était presque une existence parfaite, entourée de personnes parfaites dans un quartier parfait.
Mais alors pourquoi nous considérer comme famille à problèmes ? Tout simplement parce que ce que je viens de décrire, c'est la perfection de ma vie d'avant, quand les Adkins-Yates étaient encore soudés. Or, toutes les bonnes choses ont une fin, et la nôtre fut prématurée. Sans que l'on ne puisse savoir pourquoi, l'étincelle qui prospérait entre mes parents se mourrait de jour en jour. Ils se déchiraient, et personne ne les aidait. Après tout, qui se mêlerait des affaires privées d'un couple, même s'ils habitaient dans un quartier soudé ? Non, au lieu de les aider, celles que ma mère considérait comme ses meilleure amies passaient leurs après-midi sans elle, à ragoter sur le dos de notre famille. Ceux que mon père considérait comme ses meilleurs amis partaient à la pêche sans lui. Pour ma part, je pense que les gens autour de nous auraient du arrêter de ne pas se mêler des affaires de mes parents, leur conseiller une thérapie de couple ou une autre connerie de ce genre, et peut-être qu'on en serait pas arrivés là. Heureusement pour Marlon et moi, les enfants du quartiers ne nous boudaient pas. C'était certainement leur innocence infantile qui leur permettait de ne pas tomber dans le mépris de leurs parents respectifs. Jusqu'au jour où ils furent bien obligés de les suivre, menacés de privations et de punitions. En quelques mois à peine, les Adkins-Yates avaient perdu leur cohésion et comme si cela ne suffisait pas, ils avaient perdu leurs amis. Nous étions comme les prisonniers de ce quartier, gardés par les rumeurs, de nouvelles en jaillissant presque tous les jours. Les propos les plus méprisants que j'ai pu entendre, c'était "consanguinité", "meurtre", "psychopathe", "asile", et j'en passe... Je ne les comprenais pas du tout mais mes parents n'étaient pas dupe ; les gens nous prenaient pour des fous à lier, alors que mes parents étaient tout à fait normaux, ils avaient juste des problèmes, mais rien qui ne touchait à la psychologie, juste des problèmes relationnels...
Malheureusement, la mauvaise réputation que nous donnaient les voisins n'arrangeait en rien ces problèmes. Mon père commença à boire. Ma mère, elle, souffrait de désespoir. Et nous assistions à tout cela sans dire ne serait-ce qu'un mot, hauts de nos trois ans. Nous ne comprenions pas, et maintes fois ma mère nous avait dit de ne pas chercher à comprendre, alors nous ne cherchions pas à comprendre, naïfs que nous étions... Tout ce que nous comprenions, c'est que quelque chose n'allait pas. Mais ça, nous l'avions déduit du fait que plus personne ne venait jouer avec nous. Cependant, nous ne réfléchissions à aucun scénario; nous étions bien trop insouciants pour ça. L'espoir avait totalement disparu de la maison, mes parents ne s'adressaient plus la parole sauf quand il s'agissait d'insulter l'autre et de lui faire des reproches. C'est à ce moment-là que la relation fraternelle que j'avais avec Marlon évoluait; nous devenions fusionnels, inséparables, alors qu'auparavant nous nous contentions de jouer ensemble. Il me protégeait, je le protégeais, nous mentions à deux s'il le fallait, mais jamais l'un ne laissait tomber l'autre. Je me souviens des autres du quartiers qui voyaient ça d'un mauvais œil (nous étions habitués, ils voyaient tout ce qui nous concernait d'un mauvais œil) et disaient que ça allait finir en inceste ces histoires-là. Quelques décennies en plus et je leur aurais réglé leur compte, à ces gens-là.
Le ciel nous tomba sur la tête l'hiver 1996. Mes parents en venaient aux mains entre eux, je passais mes journées entières enfermée dans ma chambre avec Marlon et nous jouions comme si de rien n'était au rez-de-chaussée. Mais ils criaient tellement fort... Et Marlon changeait de jour en jour, il devenait violent avec les objets, il ne m'écoutait plus. J'avais remarqué ce changement de comportement chez lui depuis des mois déjà, mais je persévérais à me dire que ça n'avait rien de bien grave. Deux semaines plus tard, mes parents alertés par son comportement qui ressemblait au leur, l'emmenèrent chez un médecin qui diagnostiqua de l'hyperactivité. Heureusement pour lui, mes parents avaient réussi à se mettre d'accord pour qu'il consulte un psychologue. A mes yeux il était toujours Marlon, en un peu plus turbulent c'était tout. Jamais il ne s'était énervé contre moi, jamais il ne m'avait frappée, il avait juste besoin d'aide (que mes parents ne pouvaient lui donner hormis en lui payant un psychologue de luxe mais visiblement incroyablement incompétent, puisque rien ne s'arrangeait) et d'amour. Ça je pouvais lui donner; il n'y rien de plus fort que l'amour que peut éprouver une sœur pour son frère. L'amour fraternel à l'épreuve de tous les obstacles. Mais comme si un malheur ne venait jamais seul, le ciel, en plus ne nous tomber sur la tête, avait décidé d'en profiter pour nous enterrer très profond... C'était une froide nuit de décembre, Noël approchait à grand pas, le sapin était déjà prêt, la seule chose qui manquait c'était l'amour. Mes parents fêtaient Noël par simple tradition, mais en réalité ils n'y étaient pas. Le sapin pour eux c'était une corvée, et sortir faire les courses pour acheter des cadeaux à leurs enfants aussi.
Marlon et moi dormions profondément dans notre chambre, les parents étaient encore dans le salon à ne pas se parler. Ma mère décida d'aller se coucher à son tour, mon père resta devant la télé avec son whisky. Avant d'aller se coucher, ma mère lui avait bien dit de ne pas oublier d'éteindre le sapin en allant dormir (la seule parole qu'elle lui avait décroché aujourd'hui) mais évidemment, il fallait bien que quelques heures plus tard il monte se coucher en oubliant. Le drame. La fumée ne m'avait pas réveillée tout de suite, j'étais tellement fatiguée et mon sommeil tellement profond... En quelques instant la maison était en flammes. Des cris, des pleurs, des toussotements, une odeur nauséabonde et la difficulté à respirer... La sirène des pompiers... C'est tout ce dont je me rappelle de cette nuit-là. Ma dernière nuit dans ce quartier de Chicago. Miraculeusement, personne ne perdit la vie, mais nous avions perdu tout le reste. Cet incendie ne fut non pas sans conséquences. Traumatisée, je devins pyrophobe; mais je refusais toute aide psychologique à long-terme. Au fond ma mère savait que c'est de la faute à mon père, c'est lui qui n'avait pas éteint le sapin de Noël, c'était lui qui était trop ivre pour s'en souvenir. Si on venait de tout perdre, c'était bel et bien de sa faute. Mais lui, avec son charisme fou, il avait réussi à faire porter le chapeau à ma pauvre mère qui n'en avait visiblement pas fini de souffrir. Elle était persuadée que tout ça n'était qu'une mise en scène de la part de son piètre mari pour partir et recommencer sa vie ailleurs, sans ses enfants et sans sa femme. C'est d'ailleurs ce qu'il fit. Il pouvait partir s'il le voulait, mais il ne s'en contenta pas. L'argent qu'il nous restait, il le prit pour lui tout seul, nous rendant pauvre du jour au lendemain. Nos esprits avaient déjà été meurtris par la négligence de notre propre père, mais en plus de ça il osait couper nos ressources et enrichir les siennes. Ma mère était inconsolable, mais en même temps elle était soulagée de quitter ce quartier dans lequel Marlon et moi avions passé les premières années de notre vie. C'était un peu comme une renaissance, mais pas comme nous l'aurions souhaité.
Les années suivantes furent tristes, presque sans vie. Notre quotidien avait totalement changé. Ma mère n'était jamais à la maison: elle avait deux boulots qui lui prenaient tout son temps libre. Marlon ne voyait plus le psychologue, nous n'avions plus les moyens de le payer. Ses maux s'intensifiaient... Et moi, j'assistais à ces déferlantes de désespoir constant en me disant qu'il ne fallait pas baisser les bras. Oui moi j'avais encore de l'espoir. Je désirais tellement pouvoir nous sauver... Mais c'était hors de ma portée. J'avais à peine dix ans, mince et petite, avec ma petite voix, je n'allais pas pouvoir faire grand chose. A l'école Marlon ne s'en sortait pas, contrairement à moi qui voyait dans le travail une sorte d'échappatoire. Pour Marlon c'était différent; il avait d'autres problèmes: la violence, le regard des autres à l'école... Moi j'avais rapidement appris à faire avec les gens qui me voulaient du bien et sans les gens qui me voulaient du mal. Ça m'empêchait d'être triste à cause de gens qui n'en valent pas la peine. Lui vivait plus mal que moi ce qui nous arrivait. En grandissant, alors que moi je pensais trouver ma voie, Marlon croisait le chemin de la police. Il se battait souvent, il semblait perdu. Moi je tentais au mieux de le protéger mais il n'y avait rien à faire. Je ne comptais pas l'abandonner pour autant, contrairement à ma mère qui décida que c'en était assez. Nous grandissions et elle ne pouvait plus s'occuper de nous. Elle était lasse et dépassée par les événements, le désespoir la rongeant un peu plus chaque jour. Toutes les nuits elle pleurait et je l'entendais, et ça m'était insupportable: voir tant de malheur autour de moi alors que moi je trouvais le moyen de ne pas en être atteinte.
2006-2013 | NEW-YORK. Quoi de plus difficile pour une mère que d'abandonner ses propres enfants ? Rien. Pour elle c'était le coup de hache qui l'avait achevée, mais elle devait se rendre à l'évidence: elle n'arrivait pas à offrir une belle vie à ses enfants. Son ex-mari, qui s'était installé à New-York avec une nouvelle femme, avait acceptée de la dépanner en prenant sous sa tutelle ses enfants. Je la détestais pour avoir fait ce choix-là, nous n'avions certes pas une si belle vie que ça mais j'étais heureuse aux côtés de ma mère, au moins plus heureuse que je ne pourrais jamais l'être aux côtés de mon père. Je n'aimais même pas cette appellation pour un pauvre type qui avait détruit la vie de ma mère dès la naissance de mon frère et moi. Marlon partageait mon avis ; l'homme qui nous avait abandonné au moment où nous avions le plus besoin de lui ne méritait pas qu'on lui adresse la parole. Encore moins à sa nouvelle femme. Les longues heures de route me parurent interminables, et cela ne me dérangeait pas: je ne voulais vraiment pas quitter ma mère et vivre à New-York sans elle. Mais tôt ou tard nous allions bien finir par arriver, et la fin de ma vie allait commencer. Un dernier baiser, et je la vis s'éloigner en pleurant, monter dans la voiture, et rapidement elle se mélangea aux autres voitures sur la route. J'avais quinze ans, et j'avais l'impression d'être arrivée au bout de ma vie. Pleurer de tristesse, cela ne me ressemblait vraiment pas, mais là les larmes furent tellement lourdes que je ne pus les retenir plus longtemps. J'étais inconsolable. Même Marlon ne pouvait pas m'aider, à part s'il avait trouvé le moyen de retourner à Chicago. Combien de fois en l'espace de quelques mois avons-nous essayé de faire accuser notre père de maltraitance pour pouvoir y retourner ? Trop nombreuses pour qu'elles puissent être comptées. Et le sort jouait contre nous, la nouvelle femme de l'homme avec qui nous vivions était avocate, et elle semblait vraiment pas beaucoup nous apprécier.
Contre toute attente je me fis rapidement des amis à New-York, je me sentais enfin vivre de nouveau. Marlon recommença à voir un psychologue, et celui-ci semblait vraiment l'aider; il se sentait mieux et voir son sourire sur son visage me perpétuait dans ma joie. Dans ma petite bande d'amis, on m’appelait Jay (pour Jewel Adkins-Yates, mes initiales en fait) car ils trouvaient que Jewel faisait un peu siècle passé. Je ne le pris pas mal, et pourquoi ? Parce que c'était la toute première fois dans ma vie qu'on me donnait un surnom, et je l'aimais bien assez. Mais n'importe quelle joie du monde ne suffisait pas pour me faire oublier les souffrances que mon père nous avait fait subir. Il avait beau offrir une nouvelle santé à Marlon ou m'offrir tous les livres du monde, il resterait à mes yeux un pauvre type. Toutes les excuses du monde étaient bonnes pour passer le moins de temps possible à la maison, et ça valait pour Marlon aussi: lui passait beaucoup de temps à la salle de sport tandis que moi je passais des heures entières à la bibliothèque. Et des fois, il venait me voir. Et des fois, j'allais le voir. J'étais tellement fier de lui, il avait réussi à se reconstruire, à se faire des amis et même plusieurs prétendantes. Moi aussi j'étais heureuse, même si au fond, je me disais que c'était autre chose pour ma pauvre mère. C'est à ce moment-là que je trouvai le moyen de l'aider un peu: dès que j'en avais la possibilité je lui envoyais de l'argent. L'autre nous gâtait tellement en pensant que ça allait changer la moindre chose que c'en était presque facile. J'avais l'impression de participer au bonheur de quelqu'un, et ça par contre, ça rentrait dans ma définition du bonheur absolu. Sans que je m'en aperçoive réellement, je passais beaucoup moins de temps à la bibliothèque qu'avant, mais beaucoup plus dans les rues, à les arpenter en cherchant des yeux des pauvres gens sans le sou ne demandant qu'un peu d'aide. A New-York, ça ne manquait pas ! Je savais que je ne les aidais pas beaucoup, mais au moins j'avais l'impression de leur redonner une bouffée d'air, de l'espoir. Marlon s'en était vite aperçu. Mais il n'avait pas tout à fait la même vision que moi. Il me disait que je ne faisais que les faire souffrir un peu plus, en leur donnant quelques malheureux dollars. Qu'ils allaient espérer quelque chose qui ne viendrait jamais... Et surtout, que c'était dangereux, parce que ces gens-là sont tellement imprévisibles. Je savais qu'il avait raison, mais je ne voulais pas rester là les bras croisés et regarder de pauvres gens rester malheureux toute leur vie.
La fin du lycée approchait à grand pas, il fallait choisir une université, et j'adorais parler de ça avec Marlon, jusqu'à ce qu'il m'annonce qu'il allait intégrer Annapolis. L'armée, ça lui avait toujours plu. Mais moi, être séparée de mon frère, cela ne me plaisait pas du tout. Je lui en voulais de m'abandonner comme ça, mais d'un autre côté, il avait trouvé sa voie, alors il ne fallait pas que je lui en veuille, c'était égoïste. Mais cette décision de mon frère changea tous mes plans. Je savais que sans lui la première année je n'allais pas réussir à me sentir bien à l'université. Il fallait que je voyage un peu, et sur Internet j'avais lu un article sur ces personnes qui consacre leur temps à des "thérapies" de groupe pour les drogués et les alcooliques. Mon père était absolument contre cette idée mais je n'en avais que faire de son avis, après tout il n'était plus mon père, il n'était que mon tuteur légal. Et il ne l'était plus, puisque j'avais dix-huit ans. Marlon me promit de m'écrire une fois par semaine. Mais rapidement, ses lettres s'espaçaient. Je ne lui en voulais pas, je savais bel et bien que l'armée allait lui prendre beaucoup de temps. Tout ce que j'espérais, c'est qu'il ne m'oublie pas, ou qu'il ne se fasse pas tuer par accident. Je continuais d'envoyer de l'argent à ma mère, qui semblait plus heureuse: elle avait retrouvé un homme, certes pas aussi riche que l'autre, mais dans la vie il n'y avait pas que l'argent. Pour ma part, j'allais profiter un peu de l'argent que me donnait mon "père" pour entreprendre mon voyage le long de la côté Est des Etats-Unis; je me donnais un an. J'allais commencer par Boston, puis je descendrais ville par ville, étape par étape. J'étais tellement excitée par cette décision que j'avais pris. Je me sentais adulte et pleinement responsable de mes actes. Libre. Indépendante. J'aimais tellement cette sensation. J'aimais me comparer au vent balayant la côte. Je comptais rester un mois dans chacune des villes, visiter son patrimoine et assister aux fameuses réunions. Mon projet me semblait bon. Merveilleusement bon.
Le temps passait tellement vite dans les villes que je ne connaissais pas. Je rencontrais beaucoup de gens, je discutais avec eux, j'apprenais à les connaître. Mais je m'étais fixé une règle : ne jamais m'attacher à eux. Il ne fallait pas que j'oublie que je ne restais pas toute la vie dans ces villes, mais un mois à peine, ce n'était pas grand chose et ça s'écoulait vite. C'était passé tellement vite que je m'étais déjà retrouvée à New-York. Les deux seules personnes m'ayant manqué furent Marlon et ma maman. Mais il ne fallait pas que j'arrête en si bon chemin. A New-York, il y avait du monde qui suivait ces réunions. J'en étais presque étonnée, ou c'était parce qu'à Boston tout le monde était clean ? Mais bon, ce sont deux villes incomparables. New-York était tellement grande...
J'assistais à des réunions presque tous les soirs. Le lundi, c'était tel groupe, le mardi un autre. Je voyais foule de gens mais pourtant ces gens étaient tellement loin de moi parce que je savais que je ne partageais pas leur vie. La mienne était douce, ce qui m'étonnait en sachant ce que j'avais vécu, mais je savais que ce n'était pas parce que ma vie à moi était douce que celle des autres ne devait pas l'être. Il y avait beaucoup de jeunes perdus, des jeunes que j'avais tellement envie de prendre dans mes bras pour avoir choisi de ce battre contre ce qui les rendait accro et qui leur gâchait la vie. Il y avait certes les autres, ceux qui ne sont là que parce qu'ils n'ont pas vraiment le choix, forcés par la justice et menacés d'emprisonnement pour beaucoup d'entre eux, ces gens-là avaient moins de mérite que les autres certes, mais ils étaient présents quand même. Je ne jugeais personne, la plupart du temps pendant les séances je ne parlais même pas je me contentais d'écouter, mais une fois la séance finie je ne me privais pas de féliciter les gens qui parlent et qui reste sobres et/ou cleans. Au fond beaucoup renfermaient une gentillesse ne demandant qu'à s'épanouir. Souvent j'avais l'impression de me trouver face à mon frère Marlon qui me manquait tellement... Un soir je me souviens, un des passifs de la séance me rentra dedans - par accident ou pas, allez savoir - sans que je ne puisse entendre quelque excuse que ce soit sortir de sa bouche. C'était un des gars - Solal de son nom - qui ne parlaient jamais, qui ne mettaient pas du leur dans leur "guérison". Je n'avais jamais entendu le son de sa voix encore. Malgré tout ça, je ne pus m'empêcher d'exploser de colère. Cela faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé, je l'avais presque oublié ce côté de moi-même un peu plus... impulsif. Mais comme tous les autres, nos chemins allaient se séparer, et je ne savais absolument pas ce que je devais penser à son propos; après tout, il n'avait pas fait le gros dur à hausser le ton lui aussi, il s'était contenté de me regarder d'un air amusé.
Mon laps de temps accordé à New-York était écoulé, j'allais donc continuer au sud vers Washington. Ce Solal m'avait tout de même bien perturbée. C'était quelqu'un qui me semblait brisé mais en même temps qui semblait se complaire dans cette situation. Son visage, je n'allais pas l'oublier. Sa voix en revanche, je ne l'entendrais sûrement jamais. Mais après tout, il était un peu comme tous les autres gens que je rencontrais dans ces groupes. Avec Solal, c'est juste que notre rencontre fut en quelques sortes... légèrement différente. Tout alla si vite... Philadelphie, Miami... La plupart des grandes villes de la côte Est ne m'échappèrent pas, et ayant parcouru toute cette côté en un an, je pris l'avion à Miami pour New-York. Pendant un an j'en avais oublié les malheurs de ma vie passée, je m'étais en quelques sortes épanouie et je me sentais enfin prête à prendre les rênes de ma vie intégralement. Je quittai la résidence de mon père et trouvai un petit appartement en colocation avec une anglaise fraîchement arrivée pour ses études. Les miennes aussi j'allais les entamer, et mon choix fut fait des années plus tôt. Psychologie. C'était une vocation. Ça m'était tombé dessus comme ça, un soir. Et depuis jamais je n'avais changé d'avis. A côté je trouvai un emploi dans une petite librairie. C'était une vieille femme seule, extrêmement gentille, qui me payait plus que ce qu'elle ne devait. Disons que j'étais chanceuse... Mon père aussi m'envoyait de l'argent sur mon compte. Je ne l'avais pas pardonné mais j'avais tourné la page, je voulais juste ne plus avoir à vivre avec, ou lui parler pour quelque raison que ce soit. Ma mère avait guéri ses blessures, il s'en tirait plutôt bien pour tout le mal qu'il avait pu faire autour de lui. Quant à Marlon, je n'avais pas vraiment de nouvelles, mais j'étais confiante pour lui.
Au bout de trois ans, l'anglaise avec qui je partageais un appartement rentra en Angleterre. Il fallait absolument que je me trouve un ou une autre colocataire sinon j'allais être forcée de retourner vivre avec mon père - ne voulant absolument pas vivre seule -, et ça ce n'était pas possible. Par chance, j'en trouvai un dans le Queens, je sautai sur l'occasion sans vraiment me poser de question sur l’identité de la personne. Je savais juste qu'il y avait un garçon et une fille, certainement en couple, mais ça ne me dérangeait pas tant qu'ils ne dérangeaient pas mon sommeil avec leurs... affaires. De toute façon je ne comptais pas vraiment faire la fofolle à New-York, je n'avais même pas encore atteint la moitié de mon cursus universitaire. Il fallait que je me concentre sur mes études avant tout, ma chambre allait me conduire à ma mort cérébrale à coup sûre tellement j'allais devoir imprimer dans ma petite tête plein, plein de choses différentes. Et là en ouvrant la porte... surprise, c'était le garçon qui m'était rentré dedans quelques années plus tôt. Pas changé. Ça me faisait bizarre de me retrouver en colocation avec un garçon que j'avais rencontré totalement au hasard quelques années plus tôt. Mais bon c'était pas vraiment important, je n'accordais au passé qu'une place très fine dans ma vie, alors c'était comme si je ne lui avais jamais crié dessus. Une nouvelle chance.
my little secret
★Ton prénom ou ton pseudo & ton age → Emi, 18yo. ★Comment es-tu arrivé(e) ici ? → J'étais déjà là il y a longtemps avec un certain Hermès, et depuis j'ai repris contact avec la créatrice de ce scénario et... me revoilà. ★Ce personnage est-il un double compte ? → Et non. ★Présence sur le forum → Je passe pas ma vie sur Internet, mais je passe tous les jours. ★Personnage inventé ou scénario ? → Scénario de Solal. ★Crédit images → Avatar tearsflight; icon gentle heart.
Mon exemple de RolePlay:
somebody that i used to know
Apparemment, c'était vraiment impossible de discuter avec ce type. Il était trop borné, trop enfoncé dans son ignorance, en réalité cela ne me donnait même plus envie de discuter, ou plutôt de me disputer, avec lui plus longtemps. Je compris bien vite qu'il ne s'aminait que pour une seule chose, c'était avoir raison en tout point, mais ce qu'il ignorait sans doute c'est que je ne comptais pas me laisser faire plus longtemps par un gars voulant empiéter ma réputation sur de fausses accusations. Mais je ne savais pas comment lui dire la vérité sans qu'il ne me rigole au nez en me traitant encore une fois de menteur. Pour lui, j'avais abandonné et c'était la seule option plausible, mais comment dire à quelqu'un d'orgueilleux et de promptement têtu qu'il a tort ? J'avais beau me poser cette question dans ma tête en le retournant dans tous les sens, la réponse ne venait pas. Alors c'était tout ? Shiloh le lâche et Skyler le héros ? Non ce n'était pas permis ; je ne voulais pas lâcher si vite, alors que nous étions si bien partis. Je ne voulais pas pour autant me battre, ça fait tâche sur la réputation de frapper un gars que tout le monde considère comme un héros contemporain du fait qu'il se soit engagé. Je me serais mis du monde à dos, sauf si c'est lui qui frappe en premier. Mais je n'allais tout de même pas le pousser à bout, puisqu'on se sait jamais jusqu'où ça peut aller. Je me contentais de le regarder, le mépriser tout en restant assis sur ce tabouret. J'avais vraiment l'impression de perdre mon temps et c'était une sensation qui ne me plaisait pas du tout. Je pouvais très bien continuer de débattre avec lui, mais je savais déjà où cela allait nous mener, du moins me mener : me heurter à sa détermination comme si je me heurtais à un mur. Ou je pouvais aussi décider de partir, ignorant ses multiples attaques, laisser ce type loin derrière moi et vouloir ne plus jamais le recroiser. Mais là, tout le bar allait être témoin de la lâcheté que cet acte impliquait, et ça il en était absolument hors de question ; Skyler s'en tirerait bien trop facilement, et je me disais que je ne pouvais pas laisser faire ça.
Je soupirais encore. Ah alors apparemment tu sais, tu sais pertinemment même ! Mais ce que tu ignores, c'est que ce que tu sais c'est n'importe quoi, tu ne sais que des conneries sur ce qui c'est vraiment passé à San Diego cette nuit-là, mais tu as raison Skyler, tu as raison écoute, je suis un lâche, un pauvre lâche qui a abandonné son rêve sur un coup de tête, comme ça, sans raison. Ouais j'ai quitté l'armée pour quitter l'armée, c'est tellement probable comme scénario. Je parlais sans m'énerver, ce qui m'étonnait tout de même. Tu trouves pas qu'il y a quelque chose qui cloche dans ce que tu me racontes là ? Non, tu ne veux toujours pas admettre ? C'est vrai, c'est tellement normal de ruiner un rêve comme ça. Je pensais qu'on apprenait à réfléchir à l'armée, visiblement tu as raté ces cours-là. Bon sang mais Skyler, il y a vraiment quelque chose qui tourne pas rond dans ta tête, ce n'est pas possible. A ce moment-là, mon ton commençait à monter un petit peu, et un ami avec qui je jouais au poker avant qu'on vienne m'importuner jugea plutôt bon de me tirer par le bras et de me faire sortir du bar à contre-cœur. Laisse-le Shiloh tu vois bien que ça ne sert à rien, tu perds ton temps avec ce type. Mais tu vois bien comment il me parle ! Je ne peux pas le laisser cracher sur moi comme ça sans même réagir ! Faut qu'il sache ce qu'il s'est passé, même si ce n'est pas non plus quelque chose d'héroïque puisque j'ai été viré de l'armée, il faut au moins qu'il sache que je n'ai jamais voulu abandonné, que j'aurais tout donné pour y rester ! Nous étions sur le parking du bar, et je voyais très bien dans le regard de mon ami qu'il n'allait pas me laisser y retourner. Et frapper un ami, moi, hors de question. Un autre ami posa sa main sur son épaule. Laisse Shiloh régler ses problèmes en bon diplomate, et si ça part en bagarre... Au moins il pourra prouver de quoi il est capable. C'est notre ami, on peut pas le laisser être la risée d'Arrowsic. Sur ces mots très bien choisi, il me lâcha, et je me retournai en remerciant du regard mon autre ami.
Déterminé bien comme il fallait, je refis une entrée dans le bar. Skyler était toujours sur le même tabouret, il n'avait pas bougé d'un cil. Je pensais qu'il allait venir me chercher, même, mais apparemment cela ne l'intéressait pas. Je m'approchai de lui assez rapidement, et arrivé à sa hauteur, j'étais bien décidé à lui servir toute la vérité sur un plateau d'argent. Mais j'avais juré, sur la vie de ma tante, que s'il osait encore une fois me dire que je racontais des salades, la violence serait inévitable. Bon, Skyler, je n'ai pas abandonné l'armée, c'est elle qui l'a fait. J'ai été viré, parce que je ne me trouvais pas à mon poste une nuit où j'étais de garde. Des amis m'avaient incité à sortir, j'ai été naïf, je suis sorti, j'ai été pris, j'ai été viré. Voilà, ce n'est pas glorieux, mais je n'ai pas abandonné. J'avais du mal à déglutir : reparler de tout ça, comme cela, à vif, avec une personne que je n'appréciais guère, cela ne me faisait pas du bien. Crois-moi j'aurais tout fait pour rester après l'incident, mais la sentence de l'administration était sans appel. Après libre à toi de me croire, ils t'ont sûrement raconté que j'ai décidé d'abandonné, à toi comme à d'autres, tant pis. Mais crois-moi je n'ai rien abandonné. Sur ces mots j'en avais presque les larmes aux yeux, et c'était horrible comme situation, puisque là je me sentais tout de même un peu nu face à Skyler. En respirant un bon coup, je parvins à me calmer. Et quant à ta blessure par balle, je suis désolé je ne savais pas. J'aurais pu pensé "Quel dommage on l'a raté", mais je ne pensais être tombé si bas.
charney
Dernière édition par Jewel Adkins-Yates le Mar 27 Aoû - 2:29, édité 16 fois
Sebastian E. Black
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