→ Un silence lui aurait suffi, une hésitation, qui aurait pu lui faire comprendre que tout n’était qu’un leurre, une barrière supplémentaire qu’elle érigeait pour se protéger, pour ne pas souffrir. Elle répond à sa question avec une aisance trop … pour être surfaite. « J’en sais rien. Surement parce que je n’ai pas réfléchi. Que je ne me voyais pas dire non. » Elle enchaîne sur la brièveté de la vie, particulièrement dans le métier qu’ils exercent. Il savait qu’elle pouvait être fataliste et horriblement pessimiste, mais là, cet aspect de sa personnalité le heurte de plein fouet. Avant, il s’en était toujours plus ou moins accommodé, parvenant par quelques pirouettes à faire avec, à contourner son côté farouche qui ne se laisse pas approcher de trop près. Il voudrait lui répondre que ça n’a rien de systématique, que malgré tout le tableau n’est pas si noir, mais elle reprend la parole et là c’est le coup fatal. « Je ne t’aime pas. Pas assez. Il faut que j’y aille James. » Il n’a entendu que ça, il n’entend que ça, ces mots tournant en boucle dans son esprit à tel point qu’il n’a pas vu qu’elle avait détourné le regard pour dire ce verdict assassin. Il ouvre la bouche pour répondre, mais la referme aussitôt, ne trouvant pas les mots. Son regard se détourne un instant, le temps d’accuser le coup, de digérer l’information, de réaliser que ce n’est pas un mauvais rêve, mais bien la triste réalité.
Il savait en venant que c’était quitte ou double, mais il avait espéré – bien naïvement – que ça pourrait marcher, et son pari était désormais perdu. Les espoirs qu’il avait nourris venaient de tomber en poussières, brisés en miettes comme ce cœur qui tambourinait douloureusement dans sa poitrine. Son regard se voile légèrement tandis qu’il hoche la tête en signe de rédition. Ce goût est bien amer, il s’est trompé sur toute la ligne et l’atterissage est violent.
Ravalant ses rêves, qui lui paraissent maintenant bien cruels, sa peine, il fait un pas en arrière pour laisser le passage de sa voiture. « Très bien… » Se force-t-il à articuler, la gorge nouée. « Prends soin de toi Sara… » Sa voix s’éteint. Il sait qu’il vient de mettre sa faiblesse à nu, mais tant pis. Il avait essayé, il avait perdu, ne restait donc plus qu’à tenir sa promesse et à s’effacer de sa vie, faire le deuil des projets qu’il avait sans doute été le seul à envisager.