→ Un jour de plus et pourtant je ne vois pas vraiment le temps passé, ma nouvelle vie satisfait pleinement toutes mes envies, même les plus folles. Bien sûr, je n'étais toujours pas un homme populaire, mais toujours aussi solitaire. J'avais des amis, j'ai simplement rarement l'occasion de déjeuner avec eux durant la pause entre midi et deux, puisque je passe le plus claire de mon temps à étudier et parfois je ne vois pas les heures défilées. Apprendre et encore apprendre, j'adorais ça en réalité, en même temps je n'avais que ça pour seule et unique compagnie. J'ai toujours été seul parce que avoir de bonnes notes et être un élève appliqué, studieux, ce n'est pas vraiment des traits de qualités que les gens aiment. Affiché tout de suite comme une tête d'ampoule et un lèche boule, j'en ai beaucoup souffert durant mes époques lycéennes. Une victime quoi. Souvent les professeurs n'hésitaient pas à me mettre des bâtons dans les roues, parce que j'étais parfois plus cultivé qu'eux, mais ça c'est une autre histoire, ça relève de la jalousie. D'une certaine façon, me dire que je pouvais rendre l'humain jaloux faisait naître en moi un sentiment de supériorité, en petite dose bien sûr. Généralement, pour réviser, j'aimais me poser à l'ombre, sur un banc avec mon i-pod, laissant défiler une playlist de musique actuelle et ancienne, une liste à l'image de ma personnalité, car oui j'aimais beaucoup les belles mélodies. Je trouve ça plaisant de fixer une musique sur un moment du passé, une rencontre ou entrevue. Chaque proches à sa musique propre à sa personnalité. Je ne pense pas être une mauvaise personne, mais plutôt quelqu'un d'inadapté dans la société actuelle qui aime que ce qui est conformiste, qui ne juge que sur l'apparence et non le fond. Le changement n'est pas vraiment quelque chose qui m'obsède. Bien sûr que j'aimerais être quelqu'un de différent, mais qui ne le veut pas ? Mais d'un autre côté je me sens bien comme je suis, je sais ce que je veux et je n'ai pas besoin d'une paire de tablette de chocolat bien formée et d'un sourire à la con pour prouver ma valeur, ni d'un tas de pognon. J'ai mon esprit affûté et cela suffit amplement à satisfaire ma modeste existence. Finalement, suite à ses pensées plutôt hasardeuses, je décide plier mon livre du moment, avant de me diriger vers mon banc habituel pour déjeuner. Généralement, je ne mangeais pas grand chose, comme à mon habitude, c'est pourquoi j'avais cette silhouette frôlant l'anorexie sur les bords.

Passant par ma chambre pour en extraire mon sandwich, je me dirigeais vers mon banc que je m'amusais à appeler la place du condamné, car j'étais souvent seul. Mais ce n'était pas important, ça me permettait de manger dans le calme. Dire que je mangeais souvent seul était un véritable mensonge, puisque souvent une jeune demoiselle, nouvelle ici, tenait compagnie à ma piètre carcasse. Elle était magnifique et moi comme à mon habitude avec les femmes, je suis maladroit et il est impossible pour ma petite personne d'aligner des mots pour former une phrase sensée. Elle s'appelait Elvy, très beau prénom et très original. Elle déposa son sac et me salua, avant de s'installer calmement, avec une douceur sans égal. « Heu … Hey » Une entrée en matière vraiment très mauvaise, mais bon, c'était moi, timide comme pas possible et je pense que depuis le temps qu'elle vient à ma table, elle savait très bien que je n'étais pas très loquace. Cependant, elle m'intriguait et même si parfois j'avais envie de passer outre cette phobie de l'être féminin, je restais tétanisé à l'idée de ne pas être quelqu'un d'intéressant, de ne pas être assez bien pour elle et pour ses beaux yeux semblable à un océan en folie. Je ne connaissais pas vraiment le verbe aimer, puisque dans ma famille il était plus facile de se faire du mal que de s'apprécier. En voyant mon père se faire abattre devant mes yeux, j'ai compris l'écart qu'il y avait entre la belle et la bête, j'ai compris combien l'être humain pouvait être ignoble. Finalement, elle poursuivit sur sa lancée en me demandant si j'étais en forme, je marquais une pose, finissant de mâcher ce qu'il me restait dans ma bouche, avant de m’asseoir en tailleur sur le banc. J'essayais de la regarder dans les yeux sans rougir, tenir le regard allait être difficile, mais je voulais essayer. « J-e .. je vais bien … merci … et t-t-oi comment .. vas tu ? » c'était dur, mais j'y suis arrivé. Je n'irai pas jusqu'à dire que cette phrase à changé ma vie, mais bon elle fait du bien, pour une fois que je peux dire autre chose, je n'allais pas m'en priver. Je continuais à déguster mon sandwich en replongeant ma tête dans mon bouquin, passant une main dans mes cheveux pour éviter de ne plus voir la typographie tellement j'étais à fond dedans.