→Grosse journée, grosse chaleur aujourd'hui, heureusement que la fraîcheur du soir arrivait rapidement, en même temps que mon dernier client de la journée qui se présenta enfin. Je l'accueillis comme à mon habitude avec un grand sourire chaleureux, encore plus ravis que ce soit un beau gosse. Faut pas se mentir, ça motive énormément de tatouer de jolies personnes, c'est très agréable. Mon sourire s’élargit d'autant plus en le voyant déboutonner sa chemise afin que je puisse lui tatouer une tête de mort sur le haut du torse à gauche, il m'avait déjà donné le modèle, lors de sa dernière visite au studio, je savais très bien ce qu'il voulait. Je punaisai le modèle contre le mur de sorte que je n'ai qu'à lever les yeux légèrement pour le voir, j'en profitais pour mater discrètement mon client, il n'y a pas de mal à faire plaisir à ses yeux après tout. Je m'en allai me désinfecter les mains le temps qu'il s'allonge sur le dos et revint près de lui en enfilant mes gants et en poussant du pied la tablette contenant tout mon matériel, afin de l'avoir devant moi quand je m’assiérais sur mon tabouret prés de lui. Je m'installais enfin a coté de lui, prépara mon encre et tout ce dont j'aurais besoin et lui désinfectais l'endroit qui accueillerait mon œuvre. Car oui, je considérais mon métier comme de l'art, j'étais en train de monter un book avec tout les tatouages que j'ai pu faire dans ma vie et un autre avec des centaines de croquis que j'ai moi-même dessiné. Quoique je ne me considérais pas comme un artiste, mais plutôt comme un mec qui allie passion et boulot en même temps.

Après avoir demandé à mon client si l'endroit et l'emplacement convenaient, je commençais mon travail en entendant sa réponse positif. Finalement, je crois que le plus dur dans mon métier, était le fait qu'il fallait se concentrer convenablement sur la pointe de l'aiguille, plutôt que de laisser promener son regard sur le reste du corps du client. Sauf dans certains cas particulier, par exemple quand une femme de 60 ans vient me demander de lui tatouer un cœur sur la fesse droite, c'est déjà légèrement moins agréable, tout de suite. Mais ma passion prenant le dessus, en grand professionnel, je m'exécute tout de même. Et puis comme j'adore écouter mes clients raconter leurs vies, de ce coté là, les personnes "âgées" ont tellement de choses à raconter, elle ont vécues tellement de choses, elles ont tellement de souvenirs à nous citer, que finalement, on en oublie l'endroit où l'on dessine, à force de les écouter narrer, mais c'est principalement ce que j'aime. Les gens sont très différents les uns des autres, ils ont tous des vies différentes, c'est ça qui m’intéresse et comme je le dis bien souvent « toutes les histoires méritent d’être racontées, toutes les histoires sont belles, pourvu qu'elles restent dans nos mémoires ». Certaines personnes ont eus de magnifiques vies, d'autres de moins belles vies, plus tristes et plus sombres. C’est peut-être aussi pour ça que j'aime les écouter, pour me rassurer, pour me dire que non, finalement, je ne suis pas le seul à avoir eu une vie de merde. Il faut arriver à 22 ans pour commencer tout juste à apprécier la vie un miminum.

En continuant mon œuvre, je discutais avec mon client, pour ne pas changer. Il me racontait sa vie, et je l’écoutais attentivement, levant de temps à autre mon aiguille afin d'essuyer l'encre qui coulait et lui coupant la paroles de temps en temps pour lui poser des questions et lui demander si je ne lui faisait pas trop mal.

Une petite voix féminine que je reconnaîtrais entre mille me complimenta de « beau gosse » en me flattant avec mon « visage d'ange ». Sans lever la tête, je souriais jusqu'aux oreilles, je savais parfaitement qui était la propriétaire de cette voix, je murmurais sans perdre mon sourire :

"Ho! Voilà la plus belle.."

J'essuyais le torse de mon client en levant les yeux vers elle, donnant un léger coup de tête sur le coté, pour dégager ma mèche qui me retombait sur le visage, m’apprêtant à me lever pour lui faire la bise, je me ravisais en l'entendant me dire de ne pas me déranger et qu'elle observait juste. Je savais très bien qu'elle était en train de me regarder de haut en bas, je sentais son regard parcourir mon corps, et puis j'avais bien une petite idée de comment allait se terminer ma soirée.. Après tout, c'est de Addison dont on parle.

Je continuais mon dessin sur le torse de mon client en demandant à l'attention de la nouvelle venue qui nous épiait depuis son arrivé :

"Comment vas-tu ce soir ? Pour quelle raison nous honores-tu de ta présence ma jolie?"