"Je vais vous aider. Du moins, si j’y arrive…" Une bonne nouvelle... enfin... Gabrielle ne comprenait plus rien, et ça la dérangeait. Elle était si loin de chez elle. Si loin... Elle n'arrivait pas à prendre du plaisir dans cette situation, après tout elle était une chanceuse, une exception. La jeune femme voyageait dans le temps et dans l'espace. C'était quelque chose. Mais elle avait du mal à se sentir digne de ce qu'elle avait reçu, elle n'était pas à la hauteur. Gabrielle et son manque de confiance en elle s'accablait de tout un tas de chose pendent que son sauveur était en face à parler dans une langue qu'elle ne comprenait pas... Leur langue. Elle se redressa sous le regard accusateur des Arbres qui épiaient le moindre de ses gestes, si elle faisait la moindre chose suspecte elle ne douta pas un instant qu'ils fussent capable de l'assassiner sur place. Tant d'hostilité, elle n'en comprenait même pas le sens ! "Restez calme… Mais, pour commencer, je vais essayer de vous « connecter » à la matrice de traduction de mon vaisseau… Vous allez comprendre leur langue… Et, pour que vous soyez au courant, vous êtes accusée de meurtre… Je vous conseille de plaider l’ignorance… Ou, du moins, de prouver que si vous avez arraché cette fleur, ce n’était pas dans le but de la détruire…". Il s'était approché d'elle et avait posé sa main sur sa joue, un geste apparemment totalement anodin mais qui avait l'avait immédiatement rassurée. Était le but recherché ou était-ce uniquement pour la "connectée" à la..."matrix" de traduction ? Elle n'en savait rien mais ce qu'elle savait c'est qu'il avait la situation en main. "Désormais, la communication entre vous et elle est possible. Je vous laisse exposer vos arguments, et elle exposera les siens. N’ayant aucun parti pris dans cette affaire, je vous propose d’en être le juge. Cela vous convient-il ?". AÏE ! Elle était accusée de meurtre et n'avait personne pour la défendre ! Elle s'était mise dans une sacrée galère. L'homme en face d'elle était un observateur, sans doute un voyageur. Gabrielle était finalement bel et bien seule. C'était un véritable ascenseur émotionnel ce qu'on lui faisait subir, son coeur battait la chamade, elle n'en pouvait plus d'attendre de savoir ce qu'il adviendrait de son sort. Elle ne pouvait pas plaider l'innocence, la fleur était là sous son nez, elle l'avait arrachée. Elle pouvait par contre plaider l'ignorance, elle était très douée pour ça... Tétanisée, accablée, elle tremblait légèrement mais tentait de se tenir droite. Ce n'était pas le moment de flancher.

-Ecoutez je...

Parlait-elle anglais ? Allaient-ils la comprendre ? Sans doute, quelque chose traduisait pour elle à présent ça pouvait peut être aussi traduire dans l'autre sens.

-Je suis désolée, je n'ai pas... je ne sav...

"Pour commencer, vous allez vous présenter, et donner les raisons qui nous ont conduites à ce procès. Je vous laisse commencer." C'est vrai il fallait faire ça bien, la jeune femme se tut et observa la scène qui se déroula sous ses yeux. Le vieil Arbre l'accusa immédiatement d'avoir arraché la plante (cette plante si précieuse que l'Agence du Temps lui avait demandé de ramener). Elle plissa les yeux, sur cette planète chaque végétation était une forme de vie sacrée, c'est comme si elle avait tué un nourrisson, elle était une immonde tueuse... C'est là que l'étranger prit la plante et la planta dans le sol, le plus simplement du monde. Gabrielle admira son intelligence et sa logique. "Vous avez failli la condamner pour meurtre, alors que cette fleur avait encore ses racines, et pouvait donc être replantée… Je pourrais tous vous « condamner » pour « non-assistance à personne en danger »… Maintenant, mademoiselle, à vous…". Il avait réussi à retourner leur accusations contre elle ! Oh non il n'était pas intelligent, c'était un génie... Est ce qu'il était humain d'ailleurs ?

-Je suis Gabrielle Grace, habitante de la Terre, Londonienne. J'ignorais les lois de votre planète... je pensais que je pouvais prendre cette plante, l'Agence du Temps m'a demandé d'aller la chercher...

Elle était connue pour être plutôt émotive, alors c'est avec un soupçon de tristesse dans la voix qu'elle supplia ;

-C'est pour un de mes collègues, il est très malade et il n'y a que cette fleur qui peut le soigner ! Je vous en prie laissez moi la ramener !

Stupide et impulsive, elle ignorait sans doute que prendre les gens par les sentiments ça ne marchait pas toujours. Mais c'est après cette phrase qu'elle baissa la tête et se rapprocha imperceptiblement de l'inconnu. C'était grâce à lui qu'elle était encore en vie -peut être pas pour longtemps après l'affront qu'elle leur avait fait, stupide de vouloir récupérer quelque chose qu'on lui a interdit sous peine de mort - du coup inconsciemment il était comme son sauveur. Mais le voyageur n'avait rien d'un sauveur il était détaché et froid, il était extérieur à la scène et observateur. Elle essayait de ne pas se leurrer, elle ne pouvait rien obtenir de lui. Elle lui chuchota néanmoins ;

-Et vous... qui êtes vous ?