→ Ready aim fire away ∞ La foule de gens qui s’entassaient dans la petite épicerie n’arrangeait pas l’humeur d’Hazel. Celle-ci avait passé une journée longue à l’hôpital et n’avait qu’une envie, rentrer chez elle et dormir. C’était sans compter sur le fait que sa colocataire l’avait quasiment suppliée à genoux d’acheter du lait en rentrant. En bonne âme, elle avait accepté, mais l’avait bien vite regretté, songeant au monde qui sillonnait les rues de New-York à six heures du soir. Tant pis, puisqu’elle devait aller acheter du lait, elle ferait un détour par la seule épicerie proche de chez elle qui vendait la variété de cookies sans noix de cette marque qu’elle affectionnait tant.  Comment compliquer une situation qui l’était déjà bien assez en faisant un détour par Harlem USA. Soupirant, la rousse joua des coudes pour se frayer un chemin jusqu’au rayon biscuits, passant sans gêne devant les adolescents boutonneux reluquant les gâteaux et attrapa d’un geste brusque le paquet qui l’intéressait. Avoir une telle allergie était une véritable épine dans le pied. Elle devait constamment faire attention à ce qu’elle mangeait et devait toujours, comme à cet instant, faire des kilomètres pour acheter ce qu’elle aimait tout en étant sure qu’elle ne crèverait pas à la première bouchée avalée. Elle s’était bien souvent retrouvée à l’hôpital parce qu’elle n’avait pas fait attention et avait retenu la leçon. Ses crises d’asthmes étaient loin d’être agréables et même si elle pouvait vite se faire soigner, elle préférait les éviter autant que possible. Inutile de dire qu’elle connaissait à présent par cœur la liste des ingrédients de toute ce qu’elle achetait. Elle songea à faire plus en profondeurs les courses puisqu’elle y était mais déchanta vite en voyant toujours plus de monde qui arrivait. Elle prendrait son lait et s’en irait le plus vite possible. Arriver jusqu’au rayon des produits laitiers fut tout aussi laborieux mais une fois qu’elle eut deux bouteilles sous le bras, elle se sentit immensément soulagée. Il ne lui resterait plus qu’à faire la queue monstre qu’il y avait à la caisse. Un raclement de gorge se fit entendre immédiatement derrière elle. Elle fit volte-face et tomba nez à nez avec une blonde… qui la fixait comme si elle allait lui sauter dessus. Elle eut un mouvement de recul. Qu’est-ce qu’elle avait, celle-là, à la fixer ? Elle lui fit un sourire de demeurée et se lança dans une explication de pourquoi elle la regardait totalement incompréhensible.

« Excuse-moi de te déranger mais… Tu ressembles énormément – mais genre vraiment, hein – à Amy Pond, dans Doctor Who. »

Doctor quoi ? Alors celle-là, elle déraillait complètement et en plus, elle avait l’air à deux doigts de l’AVC. Qu’espérait-elle qu’elle lui dise ? Merci beaucoup, toi tu ressembles à la gonzesse dans Hunger Games ? Non, elle n’avait pas de temps à perdre avec ce genre de conneries. Hazel se contenta de reculer un peu plus, pour mieux la contourner et reprendre sa route. Mais la blondasse se remis dans son chemin et poursuivit.

« S’il te plait, dis quelque chose, j’ai l’impression d’être une folle à lier. Je ne suis pas la première à te faire la remarque ? Quand même, la ressemblance est frappante. »

La jeune femme leva les yeux au ciel. Décidemment, elle n’allait pas la lâcher de sitôt. Autant lui donner un semblant de ce qu’elle voulait, peut-être qu’elle la laisserait tranquille comme ça. Avec beaucoup de mal, tenant ses deux bouteilles sous le bras et son paquet dans la main, elle extirpa de l’autre ses lunettes de soleil de son sac. D’un geste qu’elle voulut dédaigneux, elle les plaça sur son nez et posa son regard sur l’excitée face à elle.

« Désolée, je ne signe pas d’autographe, » commença-t-elle en prenant un accent. Elle n’avait aucune idée si l’actrice dont elle parlait était américaine ou non mais elle tenterait le tout pour le tout. « Mais tu peux envoyer une lettre à mon agent. Veux-tu que je te donner son adresse ? »

Elle ne savait pas très bien où elle allait avec ça mais l’occasion était bien trop belle pour qu’elle la laisse filer. De toute manière, c’était soit ça, soit elle lui crachait à la figure de la laisser tranquille. Elle ne connaissait ni l’actrice ni le livre, film ou série dont elle parlait mais elle pouvait tenter de s’en tirer. Ce genre de trucs était assez similaire après tout.

« En tout cas, j’espère te voir à la convention qui aura lieu à Manhattan dans une semaine. Enfin, je me doute pas que tu as déjà ta place mais elles sont parties si vite… Quoiqu’il en soit, ça sera un bel hommage de faire ça ici. »

Elle fut émerveillée par le lot de conneries qui sortait de sa bouche. Parfois, elle pouvait vraiment partir loin juste pour le plaisir de voir quelqu’un croire à ses mensonges. Si cette cruche la croyait, elle aurait de la chance.