La vie. Ça inspire des tas de gens, une vie. Regardez les auteurs, les peintres, tous ces artistes qui voient la vie en rose ou en noir au lieu d'en inventer des couleurs : la vie ça leur parle. Ils s'imaginent que vivre est quelque chose de fabuleux ou de sinistre, en font des œuvres, deviennent célèbres pour un truc qu'au fond on connaît tous et qu'on vit tous d'une façon différente. Mais si maintenant moi je vous disais à quoi il ressemblerait, mon livre sur la vie ?

Il commence avec une écriture romantique. Manuscrite, féminine, à l'encre rose couverte de fautes d'orthographe sur un papier parfumé à la nicotine : ma mère est une débauchée mal foutue qui tombe amoureuse d'un petit caïd du coin que toutes les filles s'arrachent. Elle est amoureuse à la première partie de jambes en l'air. Amoureuse au point d'en écrire des lettres complètement guimauves et ratées à un pauvre crétin de gosse de dix-neuf piges qui croit que la vie consiste à se mettre minable tous les soirs, et rentrer avec une fille ou deux pour passer la nuit en faisant rager les potes. Mais elle a beau le savoir elle reste persuadée que si il l'a prise ce soir-là c'est parce que lui aussi, il a eu le coup de foudre pour elle. Pathétique.

Il continue avec une écriture qui tremble. Une sorte de bleu-noir sur une vieille carte de visite aux mots presque illisibles ; ma mère pleure. Elle a quinze ans et c'est le moyen le plus courageux qu'elle a trouvé pour annoncer sa grossesse au supposé père du truc qui grandit dans son ventre - moi. En fait, elle lui annonce à lui parce qu'au fond elle est amoureuse et elle espère que c'est le sien. Mon père est con. Encore trop gamin. Il devient blanc. Vert. Parle d'une connerie, demande pardon, mais finit par assumer. Il a mis une fille en cloque, quoi. Elle est encore plus bébé que lui et quand elle le regarde de ses grands yeux clairs remplis de larmes, il comprend que ouais c'est la seule chose à faire, d'assumer. Il lui dit qu'il va arrêter ses conneries. Qu'il va se mettre à travailler et qu'elle, elle aura qu'à s'occuper de moi. Il s'en fout d'elle. Il se souvient même pas son prénom. Mais il est prêt à changer tous ses plans de vie pour se punir de ne jamais utiliser de préservatif. Héroïque.

Ensuite, il y a l'écriture tirée. Des traits durs et brefs tirés un peu dans tous les sens, censés donner des mots. Ma mère n'a plus le temps d'écrire. Je suis là, j'ai huit mois et mon père vient de quitter le domicile familial pour faire une virée à Atlantic City avec sa nouvelle copine. Alors entre ses trois petits boulots, les factures, le ménage et sa môme elle a plus le temps d'écrire ; elle a personne à qui demander de l'aide, ses parents l'ont mise dehors quand elle a refusé d'avorter et les voisins me trouvent trop bruyants. Espèces de cons.

Après ça, c'est l'écriture scolaire qui prime. Elle se remet à écrire en m'apprenant l'alphabet. J'ai cinq ans et je sais déjà compter jusqu'à cinquante, je sais dire bonjour dans huit langues différentes, mais je ne parle toujours pas un mot d'anglais. Elle m'a toujours parlé russe et l'école primaire refuse de prendre une gamine qui ne sait même pas dire son prénom correctement ; ils n'ont pas compris qu'y'a pas de manière correcte de dire mon prénom dans leur foutue langue. Mon prénom est russe. Comme moi. Je l'affirme et je l'assume. Mais ils font chier et insistent : je dois au moins savoir l'alphabet et compter jusqu'à dix pour être acceptée. Mais à quoi ça sert d'aller à l'école si ma mère m'apprend déjà ce qu'ils sont censés m'apprendre, eux ? Couillons.

Ce qui est agaçant quand on lit la suite, c'est que ma mère a écrit d'une couleur différente à chaque ligne et que d'un coup, elle s'est remise au noir. J'ai dix ans et pour elle c'est la juste occasion pour faire la fête ; sauf que ça fait trois jours qu'elle célèbre ma nouvelle bougie et que même son ami Jack Daniels commence à se lasser d'elle et la laisse dormir ou se la jouer solo. Honnêtement, c'était drôle la première demi journée d'avoir quelques copines à la maison, des bonbons, des cadeaux ... C'est la première fois de ma vie que j'ai reçu un cadeau. Mes parents étaient soi disant toujours fauchés. Mais ce jour là elle m'a offert un journal électronique, le même que celui que toutes mes copines avaient à l'école - et qui en soit, coûte pas bien cher. Mais quand mon paternel a réapparu avec des cadeaux plein les bras, c'est comme si j'avais volé le sourire de ma mère pour agrandir le mien. Je n'étais qu'une petite fille ravie de revoir son père adoré ; elle était une quasi trentenaire mal vieillie et enflée qui préférait se consoler en buvant dans sa chambre que revoir son mari chez elle. Au moins la bonne nouvelle c'est que cette fois il est resté.

La suite, elle est plus là pour l'écrire. Et vous pouvez toujours crever pour que je mette ça par écrit. Ce qui est arrivé c'est qu'à treize ans j'ai perdu mes parents dans un incendie, où nous avions autant de chances de survie que Scrat pendant l'ère glaciaire. On était faits comme des rats. Je sais juste que mon père m'a sauvé en me jetant par la fenêtre avant que les flammes puissent me dévorer ; ces pétasses ont quand même eu le temps de me bouffer l'épaule avant qu'il ne m'épargne l'injustice de voir ma vie se finir à treize ans. Du jour au lendemain je me retrouvai à peine adolescente, sans un rond, à l'hôpital avec une jambe cassée, à me demander comment j'allais m'en sortir. Je crois qu'enfant on sait jamais de quoi on peut être capable, au fond.

Ce qui est arrivé après ça j'aurais préféré que ça s'écrive à l'encre invisible. Comment vous croyez qu'on s'en sort, quand on a treize ans et nulle part où aller ? Évidemment j'étais censée être placée dans une famille, mais jouer au parfait petit bonheur avec des inconnus ne m'intéressait pas : je me suis enfuie avant qu'on m'autorise même à sortir de l’hôpital. Et il a bien fallu que je me débrouille. Coucher pour éviter de dormir dehors quand il pleut, piquer des médicaments dans une pharmacie pour les revendre à des dealers, voler de quoi manger dans les magasins ... Toujours prendre le minimum vital pour pouvoir jouer l'enfant dont la famille n'a plus un centime. Les vigiles se prennent vite en pitié pour les gosses en galère et vous relâchent sans rien dire. Le chef de sécurité d'un supermarché m'a même donné cinquante dollars un hiver pour que je puisse m'acheter un manteau, mais j'ai tout claqué dans des clopes et une nuit dans un motel avec un long bain chaud. Je me suis sentie con en retournant dans la rue le lendemain. Alors même si le sexe avec les hommes me laissait indifférent il n'était pas compliqué de leur proposer ma "compagnie" contre une nuit au chaud, une douche et un petit-déjeuner. Ils sont tous aussi cons, ils décident avec leur appareil plutôt qu'avec leur cerveau. Tellement facile.

Puis il y a eu ce soir. Ça fait à peu près huit mois. J'ai vu deux cambrioleurs sortir par l'escalier de secours avec un écran plat. Ils devaient pas avoir plus que mon âge, et en les voyant j'ai eu une idée : je ne dirais rien si ils laissaient la fenêtre ouverte. Parce que j'ai beau avoir un joli casier judiciaire maintenant - vols à l'étalage, racolage, ivresse sur la voie publique une fois ou deux mais surtout des bagarres débiles - je voyais aussi un intérêt à entrer. Qui dit appartement dit au moins lit, chauffage et douche. Je suis partie au petit matin, et personne n'est venu. Alors j'ai recommencé dans un autre appartement le soir suivant. Et un troisième le soir d'après. J'essaie de prendre le moins de risques quand il fait pas trop froid dehors. Si je veux éviter de me retrouver avec en plus des violations de domicile ... Quoique au moins, en taule on a à manger et du chauffage. Mais soyons réalistes. Ma liberté est la seule chose qu'il me reste : qui oserait me l'enlever ?

Citation :

▌OCCUPATION: voleuse, nympho et parasite

Oh lord, j'attends de lire la fiche.
Bienvenue parmi nous.

This is the new religion, ameeeeeeeeeeeeeeeen

Bienvenue

bienvenue parmi nous

Bienvenue ici! ♥

Bienvenue chez nous !

Merci à tous

Yeah Aaron, Andy Biersack powa   J'adore comment ce mec envoie chier le monde par moments, et ça colle tellement bien avec zhenya  

Je l'aime tellement ce mec je viendrais te demander un lien

Julia K. S. Williams a écrit:

Citation :

▌OCCUPATION: voleuse, nympho et parasite

Oh lord, j'attends de lire la fiche.

+1

Bienvenue

Il me faudra un lien avec ma Erika
Bienvenue chez nous

bienvenue parmi nous

Jamie, tu peux me mpotter sans problème avec ta Erika pour qu'on voit ça   

Et merci, quel accueil    

Bienvenue parmi nous
Bon courage pour ta fiche

Bienvenue par ici   !

Merci les rouges   

Merci

On ne sait pas ce qui arrive à ton personnage après ses 13 ans, étant donné qu'elle est aujourd’hui âgée de 21 ans, je vais te demander de compléter un petit peu. Quand ce sera fait, tu pourra poster de nouveau dans les fiches terminées

Welcooome

bienvenue & bonne chance pour ta fiche

Bienvenue !

bienvenue ici & bon courage pour ta fiche
si tu as des questions n'hésite surtout pas