Bien enclavé entre la mer et la montagne, Monte-Carlo connait depuis toujours un soleil remarquable. Il est souvent difficile de trouver une place dans une terrasse de café alors, quand l'envie m'en prenais, j'allais sur le port pour déguster une petite glace. Chocolat-coco, c'est ma préféré. Pieds au dessus de l'eau, je restais là pendant des heures, attendant un je ne sais quoi. De temps en temps je laissais tomber à l'eau un morceau de mon cornet pour observer les poissons se battre entre eux et je souriais de satisfaction. C'est ainsi que ma voisine m'a retrouvée, muette de situation qui se déroulait. Je me souviens être dans une voiture, mains sur les genoux, attendant d'arriver où elle me conduisait. Les événements s'enchainaient assez rapidement pour ma petite tête innocente mais je n'ai pas mis longtemps à comprendre que c'était la fin. Papa avait toujours été malade. À vrai dire, je n'ai pas de souvenir de lui en grande forme. Évidemment, il y avait des jours où tout semblait aller mieux mais c'était sans compter sur les rechutes dans la maladie.

Maman était déjà là avec Camille, ma petite sœur, dans ses bras. Toutes les deux pleuraient à chaudes larmes, adossées contre le mur de cette chambre lamentablement blanche. Sans réfléchir, je suis partie dans la salle d'attente en courant. Une première larme à coulée sans même avoir mon autorisation et peu de temps après, je me suis autorisé à me laisser aller... Complètement. Je m'asseyais dans ce siège dix fois trop grand pour moi avant de rabattre mes genoux contre ma poitrine. Cette pièce débordait de malheurs tout comme le jeune garçon à mes côtés et, sans vraiment comprendre, je posais une main sur son bras.