Well... It's my story !
   and as charming as sad as it is, plays !
   it does not begin with once upon a time

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       « Cher journal,
Naomi vient à peine de t’offrir à moi que déjà, j’ai hâte de remplir de lignes bleues tes pages vierges. Personne n’aurait pu miser plus juste : tu es exactement le confident dont j’ai besoin. Comprends moi, j’aime ma famille ; mais ils ont tous déjà leurs problèmes et je ne voudrais pas en rajouter avec les miens même si je sais que j’ai toujours pu compter sur eux. Toi tu es là pour moi. Tu n’auras pas de problèmes de vie de journal intime. Tu n’auras que moi alors je ne culpabiliserai pas de m’ouvrir à toi. Mais avant laisse-moi te présenter ma vie.
La première chose à savoir c’est que je suis issue d’une famille que l’on qualifierait d’ordinaire : un couple qui s’aime a fait des enfants, ces enfants s’aiment, se disputent, se réconcilient, jouent ensemble, et aiment leurs parents. On a jamais été particulièrement riches mais on a jamais été pauvres pour autant. On est ce qu’on peut appeler une famille moyenne, nos parents travaillent et nous ont toujours offert une vie décente à Seattle. Toi tu es né ici, à New York, mais nous nous venons bel et bien de l’autre bout du pays. En fait ça ne fait pas si longtemps que j’ai rejoint la grosse pomme, comme Naomi puis Isaac l’ont fait avant moi. Pour moi qui suis photographe, je crois que quitter le nid familial – ce qui n’a pas été une chose facile, nos parents ont toujours été très aimants et mon déménagement a été mon premier départ sans eux – était pourtant une évidence, j’ai tellement plus de facilités ici pour travailler et surtout pour exposer. Et puis je ne suis pas seule : à vrai dire il ne manque vraiment que mes parents et heureusement, Skype ne m’a jamais fait faux bond. Je ne me verrais pas rester sans les appeler au moins deux à trois fois dans la semaine. Ils étaient très jeunes quand ils ont fondé notre famille certes, mais ils ont toujours été des parents qu’on pourrait presque qualifier de parfaits ; des parents comme on souhaite tous en devenir plus tard … dans la plus pure tradition juive bien entendu. Quoi ? Ah non je n’avais pas encore mentionné ce détail : nous sommes une famille juive. Je crois que même si ma foi reste intacte, déménager à New York m’a un peu détachée de mon idéologie. Je reste croyante et les traditions restent un point d’ancrage dans ma vie comme dans celles de mes frères et sœurs mais je ne suis plus aussi « pratiquante ». Je garde la foi à ma façon. En m’exprimant. En créant des bandes dessinées permettant aux enfants juifs de comprendre leur religion, en leur transmettant nos valeurs et nos idées à travers des images et des histoires simples.

Certains disent qu’il est impossible de lier deux choses de front, en s’y donnant à cent pour cent : c’est pourtant ce que je fais. Je garde à la fois ma passion pour la photographie à bras le corps tout en gardant mon rôle de confidente pour ma famille, mais je ne me pose pas vraiment de questions par rapport à ça. Nous nous aimons alors ça me semble tellement logique d’être là pour eux … Je n’ai pas dit que c’était toujours facile. Par moment j’aurais besoin de me confier à mon tour, mais ils se sont confiés à moi et il ne me reste que mes dessins pour extérioriser ce que je n’arrive pas à leur dire même si ils devinent tous aisément quand je vais mal : il suffit que je n’ai pas le moral pour redevenir une gamine qui se glisse dans leur lit la nuit, réclame des câlins, et s’enferme dans ce qu’elle aime pour oublier que le monde tourne encore autour d’elle – même si il ne tourne plus très rond ce monde là en fin de compte.

Tu risques ne voir que la face « triste » de moi cher journal, car tu es le seul à n’avoir rien d’autre à penser que ce que je te confierai. Le seul que mes mots n’inquièteront pas. Mais ne t’en fais pas pour moi : ma vie est belle. L’art la rend belle. J’ai une famille aimante, une famille que j’aime, et une passion pour donner un sens à mon passage sur cette Terre. Ne me reste qu’à attendre l’homme de ma vie et je serai une femme comblée.

Cher journal, ne t’en fais pas si tu n’as pas souvent de nouvelles de moi : ça voudra dire que le bonheur est enfin là »