J’ouvris les yeux sur le haut de l’habitation que j’avais réussi à avoir. Mon esprit endormi ne reconnu pas les lieux. Ou étais-je ? Je ne connaissais pas cet endroit. Je me dis que j’étais peut-être en mission ? Mais je n’étais pas dans la traditionnelle tente aux parois brune et crasseuse et mes yeux avaient beau parcourir le peu d’espace libre qui m’entourait, ils ne trouvaient aucun de mes compagnon, hors lieutenant ou il y avait toujours trois soldats dans une tente. J’étais seul et perdu. Enfin, la lucidité se répandit dans mon cerveau comme un picotement, désagréable mais rassurant. J’étais échoué sur une île déserte qui n’existait vraisemblablement pas. Echoué avec une centaine d’autre personne qui était, eux aussi à bord du vol… 306 ? Non, c’était le vol 603. Je plissais le front et m’asseyais tant bien que de mal sur le truc qui me servait de lit. Toutes mes articulations émirent un chœur de craquement indigné. J’avais la gorge sèche, la température était déjà quasiment insupportable. J’avais l’impression d’avoir reçu une gifle en pleine figure. Le simple fait de pensé que j’étais sur une île déserte sans rien me rendait malade. Je n’étais pas habitué ça. En fait, si. Avec les sadiques de commandants je n'avais pas trop eu le choix mais au moins ils ne nous jetaient pas dans l’arène avec le plus maigre des équipements, sans vivre et sans aucune connaissance sur le milieu sur le quel nous devions travailler.

Je tournais les yeux vers les rabats entrouverts de ma « résidence » et admirais avec consternation les vives lueurs oranges, doré et roses de l’aude. L’aube commençait à peine à se lever, je pouvais encore distinguer des portions de ciel nocturne. Mais je n’arriverai pas à me rendormir. Pas après avoir été réveillé par un souvenir de ma mère. Elle était pelotonnée dans un coin de son lit à baldaquin, son lit trop grand pour elle seule. Elle avait été emménagée dans l’ancien selon d’elle et de mon père, là où ils passaient des heures ensemble. Après la mort de mon père, elle avait catégoriquement refusé de le quitté. J’étais entré dans la pièce m’attendant à un nouvel accès de sa folie. Les rideaux étaient comme d’habitude hermétiquement fermée, sauf les rideaux de la première fenêtre qui laissaient filtré de maigre rayon lumineux. « Mère ? Vous dormez ? » Avais-je demandé, mes yeux s’habituant tant bien que de mal à la pénombre. « Comment veux-tu que je dorme avec cette lumière, on se croirait en plein jour. Ferme donc ces rideaux, Arty. » Cela remontait encore à l’époque où elle se souvenait de mon existence, j’avais quinze ans, alors. J’allais donc fermer les rideaux, car je ne voulais pas qu’elle se fâche. « Voilà, mère. » Elle ne m’a pas répondu, mais elle a tapoté une portion de lit près d’elle. Je voyais ça comme une amélioration car habituellement elle niait l’existence des autres après qu’elle a eu ce qu’elle voulait. « Tu entends ? » Chuchota t-elle, comme si elle avait peur d’être entendue. Je tendais l’oreille, en vain. « Non, mère, il n’y a rien. Rien à entendre. » Ai-je répondu avec lenteur. « Si, moi, je les entends, ils me parlent. La nuit. Le jour. Tout le temps. » Elle me fixe droit dans les yeux et une lueur de lucidité brille dans son regard. Mais son discourt n’a aucun sens. « Qui vous parle, Mère ? » Elle secoue la tête et explose d’un rire hystérique. « Ils rampent sur les oreillers puis rentrent dans mes oreilles ! » Je sens mes lèvres tremblées, mais quand ma voix retentit, elle ne tremble pas. « Peut-être devrions-nous ouvrir les rideaux ? » Elle me regard avec de grands yeux et semble horrifié ne serait-ce qu’à l’idée. « Non ! Non ! Sinon je les verrais ! » Je fronce les sourcils et avant que j’ai eu le temps d’ajouter quelque chose, ses yeux se perdent dans le vide, comme si on avait appuyé sur un bouton off. Puis, comme si on avait appuyé sur le bouton on, elle me fixe la tête penché sur le côté. « Bonjour, Artemis. Je suis heureuse que tu sois venu me voir. Tu entends ? » Je suis alors aux bords des larmes. Et je me retire. Je ne pouvais plus en supporter pour ce jour-là.

Je sors de ma rêverie dans un grand sursaut. Non, décidément, je ne pourrais plus fermer l’œil, aujourd’hui. Le fait étant que ma gorge était de plus en plus sèche. Je me levais avec l’idée de me rendre à la source. Je revête rapidement un jean et un t-shirt. Je suis frappé par la chaleur dés que je mets le nez dehors. Mais la source n’est pas loin. En chemin, je ramasse un bâton et puis, je sors mon couteau et me mets à le tailler. Cette activité m’aide à penser à autre chose, qu’eu présent. Arrivé à la source, je commence par boire à longue goulée l’eau, l’eau chaude tombant dans mon estomac comme du sable. Je plisse le front, je n’aime pas le goût mais au moins elle sera chaude pour la suite. J’ôtais mon t-shirt et sautais dans l’eau. Si je n’avais pas enlevé mon jean s’était que j’étais un minimum pudique pour les autres et qu’il avait sérieusement besoin d’être laver et vu que je n’étais vraiment pas doué pour la lessive…

fordham rocks.