« Charlotte, ya truc qui t'appelle, ils sont dans le salon avec maman, je crois que tu devrai y aller ! » Caleb était à la maison ce jour-là, et venait de crier à travers la porte de la chambre de sa sieur. La jeune femme lui répondit qu'elle descendait immédiatement. En réalité elle n'était pas spécialement pressée de faire face à ses parents. Elle se doutait de ce qui lui pendait au nez, et ça ne lui plaisait pas. Elle commença alors une discussion intérieur avec elle-même, finissant par se convaincre qu'à 21 ans, elle était suffisamment grande pour enfin exprimer ce qu'elle avait sur le cœur, sans avoir peur de la réaction de ses parents.. Elle prit alors son courage à deux mains et descendit.

Sa mère et son beau-père l'attendaient là, assis sur le canapé, l'attendant de pieds ferme. La jeune femme, encore un peu stressée s'approcha et prit place sur le fauteuil d'en face, n'osant même pas les regarder dans les yeux. Un silence s'installa alors tandis que le chat de la famille venait se frotter contre les jambes de la jeune femme. En temps ordinaire elle aurait certainement commencé à le grattouiller de partout en émettant des onomatopées plus ridicules les unes que les autres, mais pas cette fois. Après quelques secondes de ce silence gênant, madame Hemingway prit enfin la parole. « D'après Caleb tu aurai quitté la fac alors ? » Son ton était plus calme que ce que la jeune femme avait imaginé.. Merci Caleb ! pensa-t-elle. Mais au final, elle était plus reconnaissante envers son frère jumeau qu'elle n'était en colère. Après tout, elle n'aurait peut-être pas eu le courage de venir parler à sa mère sans qu'il n'ai échappé les confidences qu'elle lui avait faites quelques semaines plus tôt. En effet, même si l'année scolaire n'était pas encore terminé et que Charlotte n'avait pas encore passé ses dernières épreuves, elle avait décidé d'abandonner. La fac de commerce n'était vraiment pas faite pour elle. Elle avait passé une première année à apprécier la nouveauté de ce qu'elle pouvait y apprendre, mais les deux années ensuite avaient été beaucoup plus compliquées. Les relations avec les autres étudiants étaient devenues trop lourdes à supporter et elle avait fini par ne plus apprécier ce qu'elle faisait.

Charlotte releva alors la tête, faisant face aux regards de sa mère et son beau-père. Elle n'avait pas peur. Elle pensait assumer ce qu'elle avait fait et son plan pour l'avenir était clair dans sa tête depuis tellement longtemps qu'elle estimait pouvoir se défendre. Elle inspira alors un bon coup avant de commencer. « alors voilà: je ne me plais vraiment, mais alors vraiment plus à la fac de commerce. Vous le savez, ça a été particulièrement compliqué ces derniers temps, et je ne supporte vraiment plus de devoir arpenter ces couloirs pour y croiser toutes ces personnes ! Les cours ne me plaisent plus, les profs ne me plaisent plus, et les étudiants ne me plaisent plus. Je n'en peux plus. Et cette décision a été sacrément réfléchie croyez-moi ! J'y pense depuis plusieurs mois, et j'ai décidé d'abandonné, mais avec un plan B derrière rassurez-vous ! Je sais ce que je veux faire et je ferais tout pour y parvenir. » Le seul soucis étant qu'elle ne savait pas s'ils apprécieraient cette idée... « Ah oui et qu'est-ce que c'est ce plan B alors ? » Le ton de son beau-père n'était pas offensif. Il s'intéressait vraiment à elle, et cela lui allait droit au cœur. Elle prit alors à nouveau une grande inspiration. « Je veux devenir organisatrice événementielle. Organiser des soirées, des festivals, des soirées de débat. Je suis douée en plus vous le savez ! Et mes trois en fac de commerce m'ont permises d'apprendre un tas de choses sur le relationnel, la gestion administrative. Je suis vraiment prête, et c'est ce qui me rendrait heureuse. »


Quatre années se sont passées depuis que Charlotte a annoncé son désir de changer de futur à sa mère et son beau-père. Qui aurait cru qu'ils le prendraient aussi bien ? Bon, peut-être pas aussi bien qu'elle l'avait secrètement espéré, mais au moins ils ne l'avaient pas reniée. Ils lui avaient cependant bien fait comprendre que si elle voulait prendre sa vie en main de la sorte, elle ne devrait pas le faire à moitié ! C'est ainsi que la jeune femme commença à chercher pour un appartement. Un mois plus tard, elle emménageait dans un joli loft dans le centre ville de Pasadena. Rien de bien extravagant, un appartement modeste où elle pouvait vivre à l'aise. Sa mère lui donnait un peu d'argent de temps en temps, mais au bout d'un moment, cela ne suffisait plus. L'entreprise de Charlotte ne commençant qu'à peine à prendre forme, elle n'avait quasi pas de revenus. Il devenait donc difficile de payer tous les frais en rapport avec l'appartement. Elle décida donc d'envisager l'idée de prendre un colocataire. Elle posta donc une annonce sur un site spécialisé et fini par choisir une jeune fille à peu prêt du même âge qu'elle. Les critères étaient simples: elle avait l'argent pour payer la moitié du loyer et des charges.

« Mais oui bien sûr, cherche-toi des excuses en plus ! Casse-toi avant que je découpe toutes tes chemises à fleur et que je les balance par la fenêtre ! » Charlotte, rouge de rage, pointait un doigt plein de menaces en direction de sa dernière colocataire en date. La dispute avait éclatée ce matin après plusieurs jours de lançage de pics à longueur de journée. Charlotte ne supportait plus les réveils précoces de sa colocataire et cette dernière ne supportait plus l'attitude de Charlotte. Certes la jeune femme pouvait l'aider à payer l'appartement, mais le courant ne passait pas entre les deux. Le souci étant que le courant ne passait avec absolument aucune des quatre colocataires que l'organisatrice avait accueilli. Mais pour elle, personne n'était assez bien pour partager son appartement. Elles faisaient trop de bruit, elles ne faisaient pas assez le ménage, elles rentraient trop tard, ou trop tôt, elles invitaient trop de monde, ou pas assez. Il y avait toujours quelque chose qui n'allait pas. Mais ce jour-là, la jeune femme décida que la prochaine personne qui aménagera serait un homme. Après tout, peut-être qu'elle avait trop de mal avec les femmes mais qu'avec un homme ça passerait mieux !