Je poussais la première la porte de l'amphithéâtre, d'où je venais d'avoir cours de philosophie. Un cours de deux heures. Ça m'avait tellement essoufflé et fatigué que je n'aurais pas pu survivre à une nouvelle phrase de la part de notre professeur. Ni de personne d'ailleurs, et pourtant, ce n'était pas ça qui manquait. J'avais droit à quelques demandes de camarades qui jugeaient bon de m'inviter à leur sorties alors que dans le courant de l'année, c'était à peine si nous nous étions échangés deux mots. Mais je n'acceptais bien évidemment pas. Je leur laissais juste une réponse par un signe de tête et un sourire nerveux. Je n'étais pas douée pour ça, et puis la foule ne m'intéressait guère. Je préférais la solitude. Ma solitude. (Je m'en convainquais moi même...) J'étais si bornée, et peut-être un peu trop timide pour m'ouvrir aux autres que je restais dans cette idée.
Je longeais donc seule les couloirs, mon sac se balançant contre ma cuisse. Je regardais furtivement tous les jeunes de mon âge qui partageaient entre eux des discussions auxquelles je n'aurais sans doute jamais accès, puis atteignis la porte qui me libérait du bâtiment. Un rayon de soleil vint caresser mes joues que je sentis immédiatement l'envie de rester au dehors, plutôt que d'aller m'enfermer chez moi comme je faisais habituellement. Je me mis à tortiller mes doigts entre eux, me demandant où je pourrais bien aller, et forcément, l'unique idée qui me vint fut celle de me rendre au parc. Bien que la soirée commençait tout juste, j'y aller sans me poser de questions, songeant que je m'adonnerais à la lecture, ou plutôt relecture d'un livre sur les lycans.
J'exagérais peut-être, mais je les trouvais tout simplement fascinant. J'avais tous les jours envie d'en connaître d'avantage sur eux, et certainement que dans la semaine je me rendrai à la librairie pour aller trouver de nouvelles lectures sur le sujet. Mais depuis que je m'étais lancée là dedans, c'était devenu un peu compliqué de trouver de nouvelles choses. Je doutais que mon savoir par les bouquins s'arrêterait un jour, mais me consolais dans l'idée que peut-être un jour me retrouverais face à l'un deux... Puisque cela s'était déjà produit. Je soufflais rien qu'en y pensant. Je me souviendrais toujours de son regard froid, de son visage fixe et dépourvu de sentiment. Mais il m'avait sauvé la vie, je me devait au moins de le remercier pour ça.

J'atteignis enfin le parc que j'avais en tête. Arlington Parc. Il faisait encore clair à cette heure là, et il ne me surpris pas de voir encore pas mal de monde se promener ça et là, où à d'autres tout simplement de s'étendre sur l'herbe. Je marchais lentement, les bras croisés, cherchant un petit coin pour me poser, et par miracle, après cinq petites minutes de marches, je trouvais un banc libre, où sans doute on ne viendrais pas me déranger. Là, sous un tilleul.
Je m'asseyais, posant mon sac près de moi, regardant encore un instant les quelques personnes qui se promenaient. Je croisais du regard quelques jockeys qui passèrent tout près de moi avec leur chevaux. C'est vrai, il y avait un club de Jockey ici.
Je sortis enfin mon livre de mon sac. « La tanières des lycans ».Puis, oubliant tout ce qu'il se trouvait autour de moi, je plongeais dans ce livre en dévorant chaque phrase avec le plus grand intérêt.

WILLIAM ▬ Cela vous dérangerait-il si je m'asseyais à coté de vous ?

Je relevais la tête sans retirer mes pensées du livre dans lequel elles étaient noyées, mais un regard me suffit pour me remettre les idées en place. Étais-je en train de rêver ? Où était-il bien là, Lui, le lycan qui m'avait un soir sauvé ? Et tandis que je me posais la question, je restais la bouche bée tout en laissant les yeux plongés dans les siens.
Lanuit où je l'avais rencontré me revint comme un flash-back, et je dû lutter contre moi même pour réussir à sortir un mot, faiblement :

SUZI ▬ Euh... Non pas du tout.

Je tirais mon sac près de moi songeant bêtement qu'il prenait peut-être tout la place sur le banc, remis quelques mèches de cheveux derrière mon oreilles droite. Nerveusement. J'ignorais si je devais, ou même si je pouvais lui parler. Mais le savoir là, à coté de moi me fit perdre tous mes moyens. Je replongeais les yeux dans mon livre, mais toute ma concentration était basée ailleurs.