Ce matin-là, Miss Galerne se réveilla tout en douceur après que son réveil-matin tout en argent, de forme ancienne - vous savez, ces vieux réveils qu'on doit crinquer et qui font un bruit infernal à l'heure sélectionnée à cause du petit marteau qui frappe les deux cloches de chaque côté ? bref, ce genre-là - eut émis sa si discrète alarme. Lorsqu'elle habitait dans la maison familiale, Charlotte pouvait sortir du sommeil toute la maisonnée avec ce réveil, si bien que Julianne et Carl, ses chers parents, commençaient à en avoir marre et se demandaient bien comment leur fille pouvait aimer ce genre de cadran insupportable. Heureusement pour eux, en quittant la maison pour son propre appartement, elle l'éloigna de leurs pauvres oreilles. Alors, revenons-en à notre héroïne, qui se leva et se dirigea vers la salle de bain, ballerines d'intérieur en velours noir aux pieds, afin de prendre une douche chaude, mais rafraîchissante, qui ferait démarrer la journée en force. Charlotte se déshabilla, jeta dans son panier à linge sale sa nuisette en satin poupre brodée de dentelle lilas ainsi que sa culotte du même tissu, puis se faufila à l'intérieur de la douche où l'eau coulait déjà.

Pendant ce temps, Louise, sa bonne, vint ouvrir les rideaux de la chambre, qui laissaient alors entrer la clarté du soleil, déjà étincelant à cette heure hâtive. Elle prit ensuite les vêtements de la veille et ceux de ce matin qui trônaient dans le panier à linge, puis les déposa sur le lit, qu'elle refit avec précaution. Mademoiselle Charlotte sortirait de sa douche et serait tout sourire de voir que sa chambre était dans un si bel état. C'était pour cette raison qu'elle prérérait Louise à toutes les bonnes qu'elle avait eu auparavant : elle était silencieuse et on ne remarquait jamais sa présence. Elle était invisible aux yeux de Charlotte, même si, intérieurement, elle la remerciait d'être là. C'était probablement le seul sentiment qu'elle était capable d'éprouver pour ses domestique, mais elle ne le montrerait jamais, évidemment!

La jeune femme, bien propre après avoir lavé sa chevelure rousse flamboyante avec des produits de grande qualité, ainsi que son corps avec un savon doux au parfum de vanille, sortit et enroula dans une serviette duveteuse couleur blanc crème ses cheveux soyeux. Elle épongea ensuite son corps avec une serviette semblable, puis s'en fit une sorte de robe. Elle se dirigea vers sa chambre qui, en fait, était la pièce adjacente à la salle de bain. L'horreur si elle avait dû prendre le couloir et tomber face à face avec un domestique, uniquement vêtue d'une serviette! De retour dans sa chambre, Charlotte entreprit de placer sur son lit la tenue qu'elle avait préparé la veille, soit une robe, une paire de boucles d'oreilles, un portefeuille et des chaussures, tous signés Chanel, une marque qu'elle chérissait tant. De plus, elle s'était dit que, pour un événement de cette envergure, elle se devait d'être à son meilleur - mais ne l'était-elle pas constamment? De quel événement s'agissait-il, vous demandez-vous? Du brunch de Louis Woodsonn, pardis! Qui, de l'Élite new-yorkaise, n'était pas convié à se joindre à tous les autres invités pour célébrer la nouvelle acquisition de Louis, ce jeune businessman qui possédait déjà une grosse partie de la ville? Et puis Charlotte, qui était une de ses amies proches, ne pouvait tout simplement pas rater cette occasion de rencontrer de nouvelles personnes, pour ensuite se dire à quel point elle est mieux que tout ce beau monde. L'héritière commença donc à s'habiller, puis à se maquiller légèrement : fard rosé sur les joues, khôl noir émeraude sur les yeux pour les accentuer, mais pas trop, gloss tranparent sur les lèvres, puis poudre à paupières une teinte plus foncée que sa peau au naturelle comme finition. Voilà! Elle était prête! Neuf heures moins le quart? Parfait! Elle ne serait ni trop en avance ni trop en retard, de sorte qu'elle ferait une entrée remarquée sans vraiment déranger les convives. Son chauffeur l'attendant déjà à la sortie de son appartement, Charlotte n'eût qu'à descendre les marches qui menaient au trottoir et à s'installer à l'arrière de la Porsche que son père avait prêté au chauffeur afin que sa fille soit transportée d'un endroit à l'autre de la ville en gardant toute sa classe.
- Bonjour, Mademoiselle Charlotte! Où est-ce que je vous dépose ce matin?
- Au restaurant Skylon, s'il-vous-plaît.
Cette politesse, que Charlie employait avec ses domestiques, étaient simplement de bon usage. Elle n'était pas du genre à dire merci à n'importe qui, mais comme elle avait été élevée ainsi, c'était presque inné. Le chauffeur s'engagea dans la rue et roula jusqu'au Skylon.


* * *


- Merci Howard, dit Charlotte à son chauffeur lorsque celui-ci arrêta la voiture afin qu'elle en descende. Arrivée à destination, la jeune femme sourit narquoisement : qu'est-ce qui allait l'attendre à ce brunch? Elle était presque certaine que la si adorée Ilyana allait être de la partie. Dieu qu'elle la détestait, celle-là! Souhaitant qu'Astrid, sa comparce quand il s'agissait de ruiner la vie de miss Warrens, soit de la partie, la rouquine gravit les quelques marches qui menait à la porte d'entrée vitrée et la poussa, ce qui envoya une minime bouffée d'air en sa direction, faisant ainsi virevolter quelques mèches de sa chevelure parfaitement coiffée. Charlotte avait prit quelques instants pour se faire un brushing, de sorte que ses cheveux tombaient sur ses épaules en de fines ondulations désinvoltes qui contrastaient avec le look sage de sa tenue. Maintenant à la vue de tous, miss Galerne sonda de son regard vert la salle plutôt bondée, à la recherche d'une connaissance.

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