La dernière fois qu'elle vit Anthony, la température ne pouvait être plus merdique. Il faisait tellement froid qu'Olivia ne sentait plus ses doigts ni ses orteils, l'eau qui s'accumulait sous ses pieds mouillaient ses chaussures toutes neuves, et la pluie tombait si fort sur ses épaules menues qu'elle jurait qu'une centaine d'aiguilles bien pointues essayaient de transpercer sa peau. Elle aurait bien aimé avoir un imperméable et des bottes de pluie, mais pas question d'avoir l'air d'un vieux pêcheur devant Anthony ! Les frissons que lui procuraient les gouttes d'eau au contact de son échine furent immédiatement chassés lorsque soudainement, il lui prit la main avec délicatesse. Elle en oublia même la pluie. Ah, Anthony. Depuis le jour où elle l'avait remarqué, dans les couloirs de l'école, son esprit ne faisait que penser à ce mystérieux garçon. Elle y pensait sans arrêt, à chaque seconde, minute et heure de la journée. Elle rêvait du jour où elle aurait enfin la chance de lui dire ne serait-ce qu'un seul mot. Et lorsqu'il lui adressa enfin la parole, ses jambes commencèrent à trembler et sa ventre, à palpiter. Une amitié s'installa rapidement entre les deux, et maintenant qu'Anthony était là, à ses côtés, tenant dans sa main protectrice et rassurante la sienne, Olivia se sentait flotter dans les nuages. Il était si précieux à ses yeux. Oui, elle était amoureuse. Complètement et follement amoureuse. Mais, son scénario de baiser passionné sous la pluie s'effondra lorsqu'il lui dit qu'il quittait la ville, en raison du travail de son père. Je voulais te revoir avant de partir à Salt Lake City ...

Elle aussi avait déménagé. Elle ne supportait plus l'atmosphère de Miami. C'était rendu beaucoup moins trépidant. San Francisco, par contre, était merveilleusement fantastique. Elle trouvait à chaque jour de nouvelles choses à faire, toutes aussi amusantes les unes que les autres. Mais, comme toujours, lorsqu'il pleuvait, Olivia se sentait un peu mausarde. Bien qu'elle avait oublié Anthony, qu'il lui infligea une peine d'amour impossible où multiples boîtes de mouchoirs en papier et pots de crème glacée au parfum chocolat furent liquidés (De toute façon, il était un salaud), il y avait sûrement une partie d'elle qui se remémorait encore son départ. Elle passait généralement la journée à dormir, à regarder la télévision, à envoyer des sms à ses copains et à compter les gouttes de pluie qui frappaient contre sa fenêtre. Rien de très excitant, mais elle n'avait envie d'offrir sa mauvaise humeur qu'à son oreiller ; Olivia préfèrait de loin porter un visage souriant et chaleureux au monde extérieur. Pas besoin de dire que lorsqu'elle entendit trois coups à sa porte, elle grogna longtemps avant d'aller ouvrir. Elle n'avait aucune envie de voir quelqu'un en cette journée pluvieuse et oh ! combien ennuyante. En ouvrant la porte, le choc fut si grand qu'il lui fallut quelques secondes avant de pouvoir parler. Qu'est-ce que tu fais là ?

have fun.