Je me trouvais dans ma chambre, au milieu de mes bagages que j'avais préparé la veille déjà. C'était la première fois que je partais vraiment loin du domicile familial et je crois que quelque part, cela me faisait peur. Mais j'aimais voir de nouvelles choses, découvrir de nouveaux horizons. Aussi, je n'étais pas triste de m'en aller. Pourtant, il y avait beaucoup de choses pour me retenir ici.
Je me lève du lit où j'étais assis, jetant un oeil circulaire sur ma chambre. Tout était parfaitement rangé. Sur le sol se trouvait un gros sac de sport où mes affaires étaient pliées et rangées, prêtes à être emmenées loin d'ici. A côté, un autre sac, un peu plus petit contenant mes affaires de sport. Mon kimono évidemment, ma ceinture, les deux nunchakus en aluminium, mes protections pour les poings, la tête, les tibias et les pieds. Quel arsenal, mais c'était nécessaire, surtout lorsque l'on est un accro des compétitions comme moi.
Le coup d'oeil terminé, je sors de cette pièce dont je referme la porte. Je me retrouve dans un couloir assez court conduisant à un autre couloir, beaucoup plus grand et dans lequel se trouvait un escalier. Je descends les marches et me dirige vers la cuisine où se trouve Agnès.

"Agnès ? Je sors une petite demi heure, je reviens après."
- D'accord Thierry. Ne sois pas en retard pour le dîner, ce soir il y a du soufflet au fromage, comme tu l'aimes.
"Merci, je ne trainerais pas promis."

J'adresse un bref et faible sourire à ma nurse. C'était ma deuxième maman, celle qui avait toujours été là pour s'occuper de moi et ce depuis mon plus jeune âge.
Je sors de la maison, et traverse le jardin pour me retrouver dans la rue. Sans hésitation, mes pas me mènent chez la fleuriste à qui je prends une rose blanche. Je règle l'achat, la remercie et m'éloigne en direction du cimetière.
Les allées se succèdent, les pierres tombales aussi. Mais seule cette petite croix au fond de l'allée m'intéresse. C'est là que je me rend. Je m'arrête devant cette simple crois, sans aucun artifice. C'était la moins chère du marché, mais ses parents adoptifs n'avaient pas voulu dépenser d'argent pour "lui". Lui, c'était mon meilleur ami, mon frère...et il le serait pour l'éternité.

Je reste un moment plongé dans un silence que rien ne vient troubler. Après une courte prière, un au revoir à cet adolescent ailé, je retire la rose que j'avais posé la semaine passée pour y déposer la nouvelle. Je reste là un long moment à contempler cette tombe dans laquelle gis celui qui sera toujours dans mon cœur comme le premier véritable ami de ma vie.
Je me relève peu de temps après. Il était temps pour moi de rentrer à la maison. Je regarde une dernière fois la pierre en prononçant quelques paroles dans un souffle.

"Au revoir petit frère. Je ne t'oublie pas ne t'inquiètes pas...je serais toujours là pour toi, et toi pour moi."

C'était une promesse que nous nous étions faites. Une promesse que je n'avais pas su honorer mais en laquelle je croyais encore, malgré tout. Alors que je me détourne et rentre chez moi à l'aube de cette nouvelle vie qui doit me mener loin d'ici, un oiseau se met à chanter dans le soleil couchant, rompant le silence qui s'était installé jusque là. Sur la tombe, ces simples lettres gravées :
Rivaul Corsas
1995 - 2009.

OK by Toffee.