Bip bip…. Bip bip….
Une grimace se dessina sur le visage de Craig. Il faisait face au plus cruel adversaire que les étudiants connaissent. Le réveil du Lundi matin. Evidemment cela ne concerne pas les rats de bibliothèque, les futurs major de promo, qui eux sont debout une heure avant le réveil, en train de lire un livre ou bien de remettre leurs notes au propre. Cela touche le véritable élève, celui pour qui la principale matière est la vie étudiante, et qui à principalement cours du jeudi au dimanche, avec parfois un extra le mercredi.
D’une main encore engourdie par le sommeil, Craig fit virevolter l’appareil de malheur dans les airs, le bip strident tambourinant encore dans son cerveau. Avec un équilibre encore mal retrouvé il se dirigea vers la machine à café, enjambant au passage de nombreux vêtements, boites à pizza et autres objets fréquemment présent sur le sol d’un étudiant célibataire. Un sucre, une goutte de lait, une légère fumée s’échappant du mug, le breuvage était prêt à être ingurgité. Deuxième étape la salle de bain. Une douche écossaise, rien de plus violent, mais efficace. Craig émis un cri au contact de l’eau froide sur son corps. Il se sentait déjà beaucoup mieux. Il se permit même un petit détour dans sa chambre noire afin de voir les derniers clichés pris la veille. Voir tous ces visages souriants, ces regards pétillant de joie de vivre et d’insouciance lui donna le sourire.
Après s’être habillé à la va vite, comme tous les lundis, il fila vers le campus. Il aimait cet endroit, l’activité qui y régnait. Telle une fourmilière tout le monde s’activait dans tous les sens. Les binoclards, comme il aimait les appeler, couraient vers les amphis, une pile énorme de livre dans les mains. Les playboys faisaient le pied de grue à côté de leurs cabriolets, prêt à bondir sur leurs proies, les sportifs faisaient leur footing dans le parc, écouteurs sur les oreilles, dans leur bulle. Les pom pom girls et autres filles populaires gloussaient, se racontaient leur week end. Et Craig passait au milieu d’eux, serrant des mains, faisant des bises, évitant les ex d’une nuit. Beaucoup de monde le connaissait. Chaque fois la même phrase. Vivement que les photos soient en ligne. Tu peux me les envoyer par mail ? Il les avait croisés pour la plupart lors de soirées dans lesquelles, sous l’emprise de l’alcool, ils lui avaient témoigné de grandes marques d’affection. C’était ça aussi la fac. Une bulle de sentiments démultipliés, mais bien éphémère.
Craig pénétra dans le bâtiment de son amphi, ouvrant la porte à double battant. Il se frotta les mains, un sourire aux lèvres. Ce sourire que tous les représentants de l’autorité à la fac redoutent, que tous les élèves adorent, le sourire du Craig qui cherche quelle blague il va bien pouvoir faire. Aujourd’hui plus qu’à l’accoutumé il se sentait d’humeur joueur.

OK by Gaby.