"T'es pas beau, t'as pas de style, et alors ? T'es sympa !" Voici l'importance du style et de la beauté chez Charlotte. Enfin, c'est ce qu'elle dit. Comme beaucoup d'autres personnes. En fait, elle est un peu superficielle, et attache pas mal d'importance à son style. Mais quel style ? Quelque chose de changeant, de farfelu, et surtout bien à elle. Elle s'habille aussi souvent en campagnarde qu'en fille très très mondaine, en quelqu'un de très mélancolique, en personnage romantique et bobo qu'en fashionita ou qu'en égérie rock'n'roll . Elle s'habille donc essentiellement dans des friperies, ou dans des magasins pas trop chers, à son image, histoire de pouvoir changer autant qu'elle veut.
Et en général, ça lui va bien. Mademoiselle est blonde, avec un petit air fier, mystérieux et un peu fou, et elle le fait ressortir dans son "style", du moins ses habitudes vestimentaires.
Physiquement, sinon, elle ressemble encore à une enfant dans les traits de son visage, quelqu'un qui n'a pas complètement grandi. Elle a de grandes dents, de très grandes dents, qui lui ont valu d'être surnommée "dents de lapins" jusqu'à son entrée au collège. Elle est fine et plutôt élancée, ce qui lui vaut d'être souvent considérée comme plus grande qu'elle n'est. Et aussi, elle est blonde, comme dans les blagues. Ha ha.

Elle manque de tact. Voire même elle n'en a aucun. C'est la première chose que l'on peut voir chez elle. Surtout qu'elle n'est pas forcément franche tout le temps. Quand Charlotte n'a envie de connaitre une personne, elle est franche, quand elle sait que celle-ci est susceptible, elle ne l'est pas. Car ça lui a déjà joué des tours. Et pas qu'une fois. De plus, elle juge beaucoup les personnes dès le début, et surtout par rapports à leurs faits et gestes. Il faut aussi ajouter qu'elle est rancunière.
Non, il ne faut pas commencer par là. La première chose à dire, c'est qu'elle est lunatique. Trèèèèèèèèèèèès lunatique. Quelque chose qui fait que d'un jour à l'autre, on peut avoir l'impression d'avoir deux personnes devant soi. Un jour il sera impossible de l'arrêter de parler, et le lendemain, elle sera muette comme une carpe. Mais au général, au premier abord, elle se montre timide ou réservée, et se dévoile au fur et à mesure qu'on la connait. Elle est farfelue, unique, excentrique, névrosée, mais aussi beaucoup d'autres mots pouvant la définir. Elle aussi très imaginative. Et elle est naïve. Trop naïve. Pas à la façon des blagues sur les blondes, mais elle est du genre à se laisser impressionner, et à partir de ce moment, à se montrer influençable. Mais son arrivée à New-York peut la faire changer, et surtout la faire murir. Elle a besoin de sentir qu'elle dirige, qu'elle contrôle la situation. Si celle-ci dérape, Charlotte dérape avec. Et pour pouvoir diriger, elle use et abuse de sa bonne mémoire. C'est pour cette raison que nous pouvons dire qu'elle est indéfinissable.

"Tu me l'a promis !" Promis ? Il y a longtemps, très longtemps, trop longtemps pour que le principal concerné s'en rappelle. "Mais quand ça ?". Six ans avant, alors qu'elle venait d'entrer au collège. Elle voulait absolument partir à New-York, loin de sa campagne natale. Son père lui a donc dressé un ultimatum. "T'as ton bac, et tu feras tes études là-bas !". Il lui a lancé ça à la volée, surement par lassitude car sa fille faisait que d'en parler. Mais Charlotte, quand elle veut quelque chose, elle fait tout pour l'avoir. Et quand elle le veut, elle a de la mémoire.

Et dès sa plus tendre enfance, elle s'en servait. Elle est née un treize mai, dans la capitale française. Ses parents vivaient en appartement dans le centre, un petit deux pièce, pas assez spacieux pour recevoir une troisième personne, surtout quand celle-ci s'avère dès le plus jeune âge bordélique et très actif. Ils ont donc profité de la première mutation venue pour s'établir dans le grand Ouest français, au fin fond de la campagne. Là, l'enfant s'en est donné à cœur joie, et a laissé tranquille se parents. Malheureusement pour elle, si tout se passait bien pour elle chez elle, à l'école, c'était une tout autre histoire. Elle se montra dès le début très intelligente, et sauta son CP, car elle avait déjà appris à lire, mais les autres élèves la jugeait trop citadine, trop parisienne, et elle ne se fit que très peu d'amis. Elle se renferma sur elle-même, et ses parents furent obligés de la "reprendre en main", c'est à dire lui redonner de l'espoir.

"Ma chérie, dès que ton père a une mutation, on l'accepte". Ils pensaient juste lui remonter le moral pendant une semaine ou deux, espérant qu'elle allait oublier, car en fait, il se plaisaient beaucoup ici. Mais la petite fille ne l'entendait pas comme ça. À l'école, elle annonçait déjà son départ, expliquant à sa maitresse que ça ne servait à rien de lui faire des contrôles, qu'elle partirait avant la fin de l'année. Une mise au point a du donc se faire, professeur et parents lui expliquant qu'une mutation, c'était rare, et qu'ils ne savaient pas du tout quand elle allait arriver.

Sa famille chercha longtemps une occupation pour lui faire oublier cette mutation, en vain. Puis, un jour, comme ça, ce fut la révélation. Dans sa chambre, Charlotte escalada son armoire, et fit tomber une boite. En bois, toute simple. Pourquoi elle l'avait ici ? Aucune idée, un cadeau, un jour, que sa mère avait du ranger pour éviter des catastrophes. Elle descendit le plus vite possible de son armoire, prit dans ses mains son "trésor" du jour, et courut dans la cuisine, vers ses parents. Elle s'installa sur la table et ouvrit le plus délicatement du monde la boîte, comme si elle contenait le plus incroyable trésor du monde, et sortit brusquement les deux pinceaux pour les montrer à sa maman. "C'est quoi c'est quoi c'est quoi ???". Cette dernière lui expliqua, puis elle commencèrent à faire de l'aquarelle toutes les deux, calmement. Elle venait, sans le savoir, de trouver ce qui deviendra sa passion.

Après, elle se mit à peindre, dessiner tout les jours, exprimant dans ses "œuvres", le fait qu'elle se sentait seule, surtout après la naissance de sa petite sœur. Elle rentra au collège, et commença à s'intéresser à beaucoup de choses, notamment à la culture américaine. Elle découvrit le Pop Art, Andy Warhol, le rock américain, comprit que Disney, Hollywood, faisaient partie des States, et se passionna pour ce pays, sa culture ... Elle voulut à tout prix le visiter. "Papa, maman, on part en vacances là-bas ?" "On va y habiter ?". Elle n'arrêtait pas de leur demander. Sans arrêt. Un soir, vers le milieu de sa sixième, lassé, son père lui lança à un repas "Si t'as ton bac avec mention, on t'envoie pour tes études là-bas." Cela semblait loin, très loin, mais Charlotte s'en rappellera. Et ça la motivera pour travailler. Elle obtint donc d'excellent résultats au collège, et rentra aisément au lycée, option "Arts Plastiques".

Là, elle eu ses premiers "vrais" petits copains, ceux avec qui c'était un petit peu sérieux, et aussi ses premières déceptions amoureuses. Normal. C'est aussi à cette période qu'elle commença à détester les États-Unis, à partir du moment où elle comprit et se sentit concernée par la politique. Une seule ville resta hors de portée de son jugement: New-York, où elle pensait qu'il se déroulait un fort brassage culturel, et où les gens seraient surement ouverts sur le monde. Pour quitter sa campagne, voyager, elle partirait là-bas. Elle travailla énormément, se renseigna aussi beaucoup, et eu son bac, mention bien.

Après l'annonce des résultats, elle rappela à ses parents leur promesse, qu'ils avaient oublié. Ils n'eurent pas le choix, mais ils était trop tard pour tout organiser, même si elle avait fait toutes les recherches. Elle commença un premier semestre en France, et parti dès le second aux Etats-Unis, à l'université de New-York, pour poursuivre ses études.

Le reste de son histoire reste, quant à elle, à écrire ...

Un signe particulier est quelque chose de subjectif: si deux personnes ont la même chose, l'une pourra considérer que c'est particulier, et la seconde que justement, non.
Charlotte, elle, considère que sa cicatrice au front est particulière, car elle lui rappelle son cousin, avec qui elle était très proche, et avait qui elle jouait souvent. Cette cicatrice est justement le fruit d'une course de trottinette qui a mal fini.

On peut dire que Charlotte préfère les gars. Oui, elle est surement plus hétérosexuelle qu'homosexuelle. Mais en fait, elle ne s'est jamais posé la question de savoir si elle était bisexuelle, hétérosexuelle ou homosexuelle. On dit que le grand amour, on ne peut pas prévoir avec qui on le vit. Et justement, elle aime les surprises, et elle ne préfère pas décider maintenant, au moment où elle ne sait pas trop faire de sa vie, le sexe qu'elle préfère.

« Dans le méli-mélo, j'ai toujours préféré le meli. »
[Jean-François Deniau]