« Le bonheur, ça consiste à vivre penché au-dessus de deux bols à café, sur l'un on a écrit « toi », sur l'autre « moi » - et le monde peut crever la gueule ouverte. »
Jacques Languirand
Tout compte fait.

Du café. Elle n'en avait pas beaucoup, juste pour ses probables invités. Elle n'en buvait pas, juste du lait. Mais elle en avait, c'était déjà ça. Elle aurait bien aimé lui répondre, elle aurait bien aimé aussi que ça ne pique pas. Erreur. Ça piqué, et pas qu'un peu! En premier lieu, elle essaya de contenir sa joie d'apprendre que plus jamais elle n'utiliserait ce produit. Pourquoi il avait prit celui qui piqué ? Y'en a -pour les enfants- qui pique pas pourtant. Mais c'était déjà bien qu'il ai pensé a venir. Ensuite, elle donna un vulgaire coup de poing sur la table et lâcha d'horrible juron, tantôt en français, tantôt en Anglais/Américain. Tapant du poing et des pieds elle criait qu'elle avait mal. Ça n'aurait pas été plus mal de crier a l'aide. Superman aurait pu venir l'aider lui. Aaron ? Il se foutait de sa gueule comme d'habitude depuis 24h. Elle se retourna faisant d'horribles grimaces.

-Si t'étais à ma place tu rigolerais pas.

Elle lui tira la langue comme une abrutie et soupira, se résignant à ne pas se désinfecter la main, pas maintenant. Lorsqu'il eu un geste inattendu, il sortit du sac de quoi finir le chef d'œuvre et entama la reconstruction. Pour un homme, il était plutôt doux dans ses gestes. Joyce le dévisagea, mais trop occupé a faire le tour de la main de la jeune fille il ne le vit pas. Elle lui sourit et le suivit jusqu'à la cuisine, s'asseyant sur le plan de travail, qu'elle n'utilisait que très rarement. Du café, elle en avait, mais certainement pas dans le frigo.

-Hep hep hep Monsieur. Depuis quand le café c'est dans un frigo ?

Elle sauta, s'aidant de l'épaule d'Aaron et ouvrit le placard, un peu trop haut pour elle. Foutu petite taille, elle se mit sur la pointe des pieds et attrapa du bout des doigts la boite de dosette nespresso.

-What else ?

Grande fan des pauses pubs, elle connaissait évidemment celle-là. Elle tendit la boîte a Aaron qui prit une dosette et la mise dans la cafetière. Joyce régla cette dernière et prit une tasse qui venait du bar de ses parents. Une odeur de café baigna la cuisine. Joyce repensa au maintes fois où elle avait joué au barman avec les habitués du pub. Elle prit la tasse avant Aaron et rajouta une sous-tasse, elle emmena celle-ci dans le salon, sur la table basse. Faisant signe a Aaron de l'accompagnait, surtout s'il voulait son café. Une fois installé sur le canapé, bien calé dans un des coins elle le regarda boire son café de demandant comment l'on pouvait boire un truc aussi chaud. Même s'il était trempe. Il était trempe!

-Je suppose que tu voudrais une serviette ? Pour te sécher je veux dire.

Elle tata le tee-shirt de Aaron.

-Oui parce que là, t'es tout mouillé.

N'attendant pas sa réponse, elle partit dans la salle de bain prendre une serviette au hasard, en profita pour se démaquiller. Et la lui apporta. Elle se rassise et regarda par la fenêtre, peu à peu, le bleu du ciel reprenait sa place, même si quelques nuages gris persistaient. Elle soupira et s'étira. Démaquillé elle se sentait plus légère, plus naturel. Joyce avait horreur de se maquiller.

-Si t'as froid j'ai des couvertures, ou des vestes qui te seront trop petites. J'aimerais bien te voir dans une de mes vestes tiens.

Elle sourit et s'efforça de ne pas rire. C'était toujours comique de voir un garçon porter des vestes de fille. Surtout si elles étaient trop petites. Mais le contraire ne marchait pas. Du moins pour Joyce. Elle aimait trainer chez elle dans les vestes de son père ou de son frère. C'était agréable, il y avait de la place comparé a une veste pour femme. Elle repensa a ce que lui avait dit Aaron « J'ai l'habitude de faire ça », il était aussi maladroite qu'elle. Non. C'était impossible, pour être aussi maladroite que Joyce il faudrait avoir 5 ans. Joyce tapa des mains sur ses cuisses, alors qu'elle était en tailleur sur la canapé. Le rythme lui était familier, c'était celui de la chanson qu'avait chanté Aaron avec le groupe, pour montrer leur talent a Joyce. Elle ne savait pas trop quoi dire en fin de compte, la jeune fille n'avait pas l'habitude de recevoir finalement, sauf peut-être ses amis. Le peu qu'elle avait a New-york. Mais lui, elle ne le connaissait que depuis peu. Ne sachant que dire elle avait opté pour « je fais du bruit parle moi ».

« De quoi on parle, ça n'a pas d'importance. C'est juste parler qui compte. »Pierre Filion
Lux

Fordham rocks.