Il est vrai que ces derniers temps tout allaient tellement vite. Pour quelqu’un comme moi, ce n’était pas quelque chose d’extraordinaire. Ma vie était et serait toujours mouvementée, il suffisait de rebondir à chaque fois, de s’habituer à chacune des situations au fur et à mesure mais surtout, être prêt à un nouveau rebondissement à chaque instant. Et il faut, aussi dire que je n’ai jamais aimé m’ennuyer. A partir du moment où la routine s’installait je ne me sentais pas bien. Et depuis ce fameux jour où nous nous étions embrassés pour la première fois, je ne m’étais pas ennuyé une seule fois à ses côtés. Ce n’était pas arrivé de puis un moment quand je sortais avec quelqu’un. C’était presque comme si à partir du moment où j’embrassais quelqu’un la suite des évènements n’étaient que fatigue et ennui. C’était d’ailleurs pour ça que je l’avais demandé en mariage. Certains m’avaient dit qu’ils étaient trop tôt et que d’ici le mariage je serais sûrement lassé mais ils avaient tort. Je savais, j’étais convaincu au plus profond de moi que Lexia était la seule à pouvoir me rendre heureux pour le reste de ma vie. Et pour rien au monde je ne voulais la perdre.
Pourtant, je restais bien évidemment moi et les erreurs étaient nombreuses. Elle avait par exemple dû apprendre de façon brutale que j’allais être papa. Je ne lui avais pas dit parce que j’avais peur de sa réaction mais aussi parce que je ne voyais pas en quoi cela changerait ce qu’il y avait entre nous. Sans doute aurais-je mieux fait car au final la nouvelle l’avait fait pleurer et je m’en voulais, aujourd’hui encore. Je m’en voulais de lui avoir fait du mal, de l’avoir blessé. Je ne voulais qu’une seule et unique chose : le bonheur de la demoiselle. Or ce n’était pas en faisant n’importe quoi que j’allais arriver à la rendre heureuse. Je n’arrivais pas à accepter l’idée de la perdre, l’idée de vivre sans elle à présent.
« je ne vais pas partir... et tu n'es sûrement pas la reine des connes. tu as peur, et je le comprends. c'est qu'une bague. »
Avec douceur, mes lèvres gagnèrent les siennes. Au fond, je me foutais bien qu’elle m’épouse tant qu’elle restait avec moi. Elle avait accepté ma bague de fiançailles, prouvant qu’elle m’aimait, qu’elle acceptait d’être mienne pour le reste de ses jours. Même si cela avait eu lieu après le désastre de Noël, il avait également été précédé par nos premiers je t’aime dont je ne me lassais plus à présent. Je ne comptais pas partir, pas maintenant, pas après tout ça. Elle allait encore devoir me supporter pendant un bon moment. J’avais toujours été d’un naturel optimiste et je ne perdais pas espoir devant la faute que venait de subir notre mariage. Pour moi ce n’était que partie remise. J’attendrais, des jours, des semaines, des mois, des années si il le fallait. Lexia deviendrait officiellement une MacNeil, c’était une certitude. J’arriverais à la convaincre de passer à l’acte. C’était simplement trop rapide pour elle, voilà tout. Je ne perdais pas espoir à la voir dans une robe blanche, marchant jusqu’à l’hôtel avec son père aux bras.
Alors qu’elle prit une gorgée du thé que je lui avais apporté, un nouveau silence s’imposa entre nous. Ces moments sans bruit étaient rares entre nous, inexistant même. C’était assez étrange d’ailleurs. Quand j’étais encore célibataire le silence était quotidien et je le brisais à grand coup de riff. Je m’appuyais contre le dossier du canapé, la regardant, sans un mot de plus. A peine une seconde plus tard, elle déposa sa tête, dépliant son corps sur mon sofa. Ma main se posa distraitement sur son dos, la caressant avec douceur. Alors qu'elle essayait de mettre des mots sur ce qu'elle avait ressenti dans le magasin, je fermais les yeux comprenant peu à peu que le seul « oui » que j'aurais de sa part était celui de Vegas ou lorsque je lui demanderais si elle avait vu mes clés. Ça me faisait mal mais je ferais avec. Je préférais l'avoir à côté de moi sans qu'elle porte mon nom que de la perdre. Elle était déjà ma femme au Nevada après tout. Je me mis à caresser ses cheveux mouillés doucement, plongeant mon regard dans le sien.
« lexia... arrêtons de parler de ça, tu veux ? je... c'est juste que j'ai encore du mal à digérer là. c'est pas que je t'en veux, mais j'préfère qu'on passe à autres choses. »
Je ne voulais pas qu'elle se sente coupable, elle n'était pas la raison de ce trouble mais que c'était trop pour moi, trop d'un coup. Il fallait me laisser le temps de respirer, un peu de temps pour me rendre compte que les projets que j'avais et la surprise de l'emmener à Wellington pour notre mariage venait de tomber à l'eau. Plutôt dur.
« tu devrais peut-être aller prendre une bonne douche, non ? ça te ferais sans doute du bien. »
Lexia hochais à peine la tête que je la prenais dans mes bras pour la monter jusqu'à la salle de bain. Je la laissais entrer et fermais la porte derrière elle, chose que nous faisions d'ailleurs très rarement. Quand l'eau se mit à couler, je glissais le long du mur et fourrais mes mains dans mon visage, entre mes genoux. Bordel de merde. Je pris une grande inspiration et filais dans la cuisine, prendre une aspirine. Ma tête me faisait mal, très mal. Je remontais dans ma chambre, retirant mon haut, lui aussi trempé. Mon regard se posa sur l'étalage de photos qu'il y avait sur mon mur. Je soupirais une nouvelle fois. Une photo attira mon attention, on y voyait m'y retrouvait avec ma mère et mon père. Je me levais de mon lit pour l'arracher d'un geste vif et bref. La gardant en main je m'allongeais sur mon lit, montais mes genoux sur ma poitrine, comme un enfant blessé. Cette nouvelle me blessais plus que prévu. Qui aurait cru que moi, l'homme sans coeur pouvait être blessé par une femme ? Je tentais de retenir mes larmes, signe de faiblesse pour moi. Je n'avais pas remarqué que déjà, la porte de la salle de bain venait de s'ouvrir.