Dix minutes, seulement dix petites minutes de retard, ce n'était pas bien grave... J'avais déjà fait bien pire comme sale coup, genre me pointer l'air de rien au lieu de rendez-vous avec deux bonnes heures de retard. Alors dix minutes, qu'est-ce que cela pouvait bien représenter? Un deuxième café que je m'enfilais? Bon certes, mais un café de plus ou de moins, on n'en voyait pas vraiment la différence. Assis dans un coin du célèbre café le Carpe Diem, j'attendais patiemment et silencieusement Sandra Moore. Pour tout dire, c'était la première fois que je me pointais à l'heure à un rendez-vous, et bien la première fois qu'il m'arrivait d'attendre quelqu'un! Je passerais outre l'attende, ça me permettait de me poser et de réfléchir, devant un café, bien mieux que de rester cloitrer dans mon appartement. Les filles n'étaient pas là de la journée, et dieu sait à quel point je détestais la solitude. Alors au moins ici, au Carpe Diem, même si tous ces gens qui m'entouraient n'était pas là avec moi, leur seul présence suffisait à faire disparaître mon cafard. Mon regard se perdit à travers la fenêtre. Je me m'y a penser à un tas de chose. Aux vacances en partie, qui approchaient doucement, à ma résolution de l'année qui semblait tomber à l'eau malgré toute ma volonté je ne parvenais pas à m'en empêcher, je ne pourrais pas changer. Je pensais aussi à Shelly et à tous ces coups foireux que j'avais osé lui faire... A Linayah de laquelle je tentais de me détacher, notre relation n'était pas très saine et ne m'aiderais certainement pas à retrouver le droit chemin. De toute façon, jamais je n'avais été raisonnable, alors l'être du jour au lendemain, c'était beaucoup en demander à Kerner, le coureur de jupon de ces dames. Mais pour Shelly, je voulais et souhaitais vraiment faire des efforts bien que ce soit un peu suicidaire.

Toutes ces choses, j'essayais au mieux d'en faire abstraction. Ne voulant pas me pourrir l'esprit avec toutes ces conneries, j'évitais d'y penser, repoussant toujours ce fameux jour où il serait grand tant d'y faire face. Au fond, on me le reprochait souvent, j'étais un véritable gamin... Immature complètement pour certaines choses, sur certains points, ne prenais que très rarement les choses au sérieux de toute façon. Portant ma tasse de café à mes lèvres une énième fois, j'avalais sereinement une nouvelle gorgée de cette boisson chaude qui soulageait d'ailleurs mon léger mal de gorge. En apparence, j'ignorais ce qui en ressortait de moi, l'image et que pouvais projeter aux yeux des autres. Oh... Il était évident que j'étais loin d'être une bonne fréquentation pour la plupart, mais étrangement ça m'était totalement égal. On est jeune qu'une fois, il faut donc en profiter, ça je l'avais bien compris. Toujours à la recherche de nouvelles expériences, de sensations fortes, j'avais tout essayer dans la vie, ou presque... Mais le jour viendra où enfin je connaitrais ces secrets que la vie me cachait encore. Pour l'heure, j'avais déjà goûter aux plaisirs de la vie, de la chair... Ce qu'un jeune homme comme moi pouvait se permettre de savourer. Au détriment de l'estime qu'on pouvait avoir de moi ensuite... Certes. Mais je n'avais jamais été malheureux vraiment dans ma vie, sauf lors du départ de mon père de la maison. On ne m'avait jamais interdit quoique ce soit, alors pourquoi me refuserais-je moi-même de tester toutes ces nouvelles choses?

La réponse à la question, elle viendrait plus tard, lorsque le jour où enfin il faudrait que je réfléchisse sincèrement à ma vie, viendrait. Ce n'était pas le jour et encore moins le moment, puisque j'entendis la porte du bar tinter, ce qui m'arracha aussitôt de mes pensées de petits garçon gâté. C'était elle, c'était Sandra, cette jeune femme pétillante au regard ensorcelant, c'était mon amie, ma meilleure amie... a qui viendrait le jour où je confirait toutes ces pensées qui me travaillaient. Mais encore une fois ce n'était ni le jour, ni le moment. Ma tasse reposée dans sa coupelle, je quittais des yeux la rue bondée à travers la fenêtre et posa mon regard sur la nouvelle arrivante.

« -Ohoh... Je finissais par croire que tu m'avais oublié tiens... Sandra Moore, en retard, voilà quelque chose de peu commun! », lui adressant un clin d'œil, je l'invitais d'un geste de main à s'installer près de moi, tout en sirotant la dernière gorgée du deuxième café que j'avais commandé. Reposant la tasse dans sa coupelle, j'accordais maintenant toute mon attention à Sandra qui comme d'ordinaire resplendissait. Ses yeux pétillaient. Je finis par sourire légèrement avant de reprendre: « -Bah ça va... J'ai passé une journée mortelle, rien à signalé c'était vraiment emmerdant. J'ai hâte de voir la Spring break arrivée, j'ignore encore avec qui j'irais, mais je ne me fais pas trop de soucis pour ça. Et comment va mademoiselle Moore aujourd'hui? Tu es radieuse en tout cas. Hmm je vais nous commander quelque chose à boire, le temps que tu reprennes ton souffle, qu'est-ce qui te ferais plaisir? Ceci dit, tu n'y échappera pas... Je serais curieux que tu me dises avec qui tu passeras cette Spring Break. ». Lui adressant un nouveau clin d'œil, je disparu quelques minutes de l'autre côté du bar pour revenir, mes deux boissons à la main. Je posais devant elle un vers, devant moi un autre, en repoussant de l'autre côté de la table ma tasse. « -Alors... Je t'écoute. ».

OKAY BY JUNE