En la voyant remettre le petit dans son landau, Nolan comprit qu'il venait de rater une occasion de faire connaissance avec son enfant. Mais il fallait avouer que ce n'était pas vraiment le meilleur moment. Il était plus concentré sur Aloysia et lui que sur Noah. Et s'il voulait éviter les cris à chaque rencontre avec la mère de son enfant -car il comptait bien prendre possession de la place qu'il devait avoir auprès de son fils, il fallait essayer de régler leurs problèmes ou du moins arrondir les angles pour tenter de repartir sur des bases plus ou moins saines. Il ne s'imaginait pas, dans quinze ans, lancer des regards noirs à Aloysia quand il irait chercher son fils pour son tour de garde. Note qu'à quinze ans, Noah viendrait bien de lui-même. Mais avant ça, il y avait un tas d'autres années où ils allaient devoir se faire face.
Nolan avait toujours rêvé de fonder une famille. Mais pas comme ça. Il se voyait marié avec une femme dont il serait fou amoureux et ils auraient de beaux enfants et resteraient unis. Ca peut sembler débile ou utopique dit comme ça pourtant c'était son souhait. Malheureusement, tout avait dérapé et il se retrouvait dans la situation qu'il aurait pu redouter le plus. Naître avec des parents séparés n'était pas 'sain' pour un enfant. Comment lui apprendre la valeur de l'amour et de la famille quand il a comme exemple des parents séparés et ici, pire, qui se déchirent? Pourtant, il ne se décourageait pas, il ferait tout pour arranger au mieux les choses. En espérant qu'elle fasse de même.

Ca l'énervait de la voir le contredire surtout quand il avait raison. Elle pouvait répeter sans cesse qu'elle n'avait pas voulu les priver l'un de l'autre, c'était ce qu'elle avait fait et consciemment! Elle n'avait pas le droit de l'éloigner de son fils juste parce qu'elle ne voulait pas le voir.

Tu n'étais pas obligée de me pardonner -même si je ne vois pas ce qu'il y a à pardonner. Si tu ne voulais pas me voir sans être à tes côtés, il ne fallait tout simplement pas partir. Tu es partie comme ça, en me lachant un mensonge et tu m'as laissé comme un abruti. Je n'arrivais même pas à comprendre ce qu'il se passait! Tu ne me voulais plus à tes côtés... Tu ne penses pas que j'aurais préféré choisir son prénom ou la déco de sa chambre par exemple avant de choisir les parrains/marraines? Tu savais que plus tu tarderais plus je t'en voudrais alors pourquoi tu as attendu? Tu ne faisais qu'augmenter ta crainte... J'avoue que je ne comprend pas...

En l'écoutant, il réalisait seulement qu'elle disait vrai. Il n'avait jamais fait attention aux signes qu'avait pu émettre Léa auparavant. Il la voyait comme une soeur et n'allait pas chercher plus loin. D'ailleurs, quand elle lui avait avoué ses sentiments, il avait été abasourdi. Il ne s'y était pas attendu, il ne l'avait pas vu arriver mais il avait du faire avec. Il tenait trop à elle pour la rayer de sa vie ou pour mettre une distance entre eux. Et il ne voulait pas inquièter Aloysia pour rien ou risque d'en perdre une des deux en parlant de ça à quelqu'un, même à celle qu'il aimait par dessus tout.

Je dois t'avouer que non je ne faisais pas attention à ça. Et pour cause, tu étais la seule que je regardais... Quand elle m'a parlé de ses sentiments envers moi, j'ai vraiment halluciné. Je ne savais plus quoi penser. Et il faut croire que je sentais que tu étais enceinte car je ne t'en ai pas parlé parce que je ne voulais pas te stresser inutilement. Je ne voulais pas t'inquièter pour quelque chose qui n'avait pas lieu d'être. Je prends conscience en ce moment même que j'aurais du te le dire mais j'avais peur que tu t'en ailles ou que tu ailles lui régler son compte. Il ne put s'empecher d'avoir un petit sourire en songeant à cette cette possibilité mais celui s'envola aussi vite qu'il était apparu.Je ne voulais perdre aucune de vous deux, j'ai arrangé les choses avec Léa, elle sait à quoi s'en tenir désormais mais au final, je t'ai tout de même perdu toi... Même si je pense que j'aurais pris mes distances avec elle si tu me l'avais demandé. Mais tu as préféré prendre tes jambes à ton cou. Et je n'ai même jamais pensé que ça pouvait en être la raison.

Il n'y arrivait pas. Il n'arrivait pas à se mettre dans ce rôle parce qu'il n'avait jamais songé à la tromper. On dit ques les personnes comme ça n'existent pas. Que même si on est fou amoureux, le désir envers les autres personnes était toujours là. C'est vrai que Nolan en trouvait d'autres tout aussi jolies que sa fiancée mais il n'avait jamais songé à ce que ça aille plus loin. Il ne s'était jamais imaginé avec une autre. Il avait tout ce qu'il lui fallait à la maison alors pourquoi aller chercher ailleurs? Et en plus, il était sûr de ne pas trouver mieux autre part. Il avait trouver celle qui allait le rendre heureux pour l'éternité -du moins c'est ce qu'il croyait- alors il ne voulait pas tout gâcher pour quelque chose qui n'en valait pas la peine. Ceci dit, elle venait de parler de ses sentiments et avait utilisé le présent et non le passé pour en parler. Nolan sentit son coeur faire un bon mais il fit tout pour le calmer aussi tôt. Elle avait sûrement juste fait une erreur. Et vu comme c'était parti, ils n'étaient certainement pas prêts à recommencer leur histoire là où elle s'était arrêtée.

Comment veux-tu que j'imagine ça? Ca ne m'a jamais traversé l'esprit! Je n'aurais pas cherché à me défendre puisque c'était faux. Et non, je ne me mettrai pas en situation pour imaginer ce que j'aurais fait parce que jamais je n'aurais pu te faire de mal. Jamais je n'aurais voulu détruire ce que nous avions. J'arrêterai de remettre tes sentiments en cause quand tu arrêteras de faire de même avec les miens. Et je ne sais pas pourquoi ça t'aurait fait plaisir mais la façon dont notre rupture s'est déroulée faisait bel et bien penser que tu en avais marre de moi, de nous! Pourquoi as-tu été inventer ça bon sang? Non seulement tu m'as détruit mais tu as fait le même avec toi... Je vais finir par penser que tu avais de sérieuses tendances suicidaires.

Léa avait joué un rôle important dans cette rupture c'était vrai mais il ne fallait pas tout lui mettre sur le dos non plus. Bizarrement, Nolan pouvait comprendre Léa, du moins dans un sens. Elle avait joué au chacun pour soi et avait réussi ce qu'elle voulait, du moins à moitié. Elle avait réussi à éloigner celle qui l'empêchait de l'avoir mais elle n'avait finalement pas réussi à l'avoir. Or, c'était le but. Il savait que s'il défendait Léa, une autre guerre pouvait se déclencher mais il ne pouvait pas non plus la laisser tout endosser.

Oui si tu veux. Mais elle ne t'a pas non plus déclaré une guerre ouverte. Elle a essayé et n'avait rien à perdre. Pour ça, je ne la blâme pas. Je comptais tout régler et que tu n'en sache jamais rien mais rien n'a fonctionné comme prévu... Même si tu en es l'initiatrice, tu n'es pas la seule à avoir mis tout par terre. J'aurais du t'en parler mais j'ai préféré faire mon grand et tout régler. Dorénavant, je prendrai mon portable sous la douche...

En la voyant se torturer de la sorte, il avait envie de la prendre dans ses bras et de la consoler mais il savait que c'était impossible. Et une partie de lui lui en voulait toujours mais il en voulait aussi un peu à Léa et même à lui. Même si c'était elle qui avait fait au plus court, ils étaient tous un peu fautif. Il tendit le bras pour au moins, lui tapoter gentiment le dos mais arrivé à quelques centimètres, sa main fit le chemin inverse. Il ne savait pas comment elle allait réagir et puis, il valait mieux ne pas se créer de faux espoirs même inconsiemment.

Comme si j'avais envie de t'abandonner... Je ne me vois vraiment pas construire une histoire amoureuse avec Léa ni vivre avec elle. Ca n'a vraiment aucun sens pour moi. Quand tu m'as quitté... Je ne m'y attendais vraiment pas. Et je m'en suis voulu de t'avoir tant fait confiance mais pourtant rien n'y a fait... Je n'ai jamais réussi à t'en vouloir. Je m'en voulais à moi, d'avoir été si con et si amoureux.

Voir quelques larmes couler sur son visage le mettait mal à l'aise. Il n'avait jamais supporté la voir pleurer ou savoir que quelqu'un avait pu lui faire du mal. Il s'était toujours dit qu'il tuerait -ou du moins referait le portrait- de ceux qui oseraient lui faire du mal. Dans ce cas, il aurait du s'en prendre à elle et à lui. Pas vraiment chouette comme perspective... En la voyant se lever, il ne put s'empêcher de faire de même. Ses paroles n'avaient aucun sens alors il préfèra regarder son fils -il commençait tout doucement à s'y faire- qui semblait tellement apaisé et tranquille.

Te détester... Comme si c'était possible... Mais crois-moi, j'ai essayé, vraiment essayé et chaque fois plus fort... Mais apparemment, je ne suis pas conçu pour te haïr. Ca aurait pourtant faciliter les choses. Quand t'auras le temps, tu m'expliqueras comment on fait.

Il tendit la main vers le visage de son fils, et le caressa doucement. Il avait la peau tellement douce qu'il avait peur de la casser. Il regrettait vraiment cette époque d'insousciance. Il se fait la promesse de passer voir son fils et d'essayer de rattraper le temps perdu même si cela était totalement impossible. Il allait aussi devoir informer ses parents et sa soeur. Et lui faire une place dans sa maison. Ca allait être un grand chamboulement mais il finirait par s'en réjouir, il le savait.

Je verrai... Mais Je serai là pour lui.

Il ota sa main et regarda une dernière fois celle qui l'avait tant changé. Celle qui lui avait offert son plus grand bonheur -car oui, son fils serait son plus grand bonheur. La denière phrase qu'elle prononça lui souleva à nouveau le coeur mais il n'arrivait même pas à réagir. Il avait vécu trop d'émotions pour une journée qu'il voulait calme.

OKAY BY JUNE