Que la vie pouvait être injuste. C’était ce que ressentait en ce moment même cette pauvre Jackie. Elle qui tombait amoureuse à chaque coin de rue, avait, pour une fois, trouvé le bon, un homme qu’elle aimait bien plus que tous les garçons qu’elle avait pu aimer dans sa vie. Mais - parce qu’il y a toujours un mais - elle venait de découvrir que ce même garçon si mystérieux à propos de sa vie et de son passé était en fait, le fiancé de sa meilleure amie, enfin… ancienne meilleure amie et que l’homme qu’elle considérait comme son propre frère était en fait au courant depuis le début. Bernée, elle se sentait bernée du début à la fin. Voila une semaine qu’elle se terrait chez son papa pour ne pas retourner vivre chez Clyde, le meilleur ami en question qui ne lui avait rien dit. Elle ne lui faisait pas la gueule, enfin… un peu si mais elle avait besoin de temps et de se retrouver dans les bras de son papa chéri.

Ses journées consistaient à sourire aux clientes et à s’en occuper tout en mimant la joie de vivre, mais une fois rentrée chez son père, elle redevenait cette fille triste, regardant des films d’amour à la télévision, un pot de crème glacé dans les mains. Jackie avait tendance à représenter le stéréotype de la fille amoureuse et triste mais elle s’en fichait, elle était comme ça et même si regarder tout cet amour à la télévision lui faisait mal et bien, elle avait besoin d’avoir une preuve, plus ou moins fictive, que l’amour n’était pas toujours vache. Elle n’avait pas de chance, voila tout. Elle se sentait stupide, plus que stupide. L’arrivée de ce beau mâle en même temps que le retours de Hope après un an d’absence, elle aurait dû se douter qu’il y avait un lien entre eux. Et pourtant, elle ne s’était pas posée de questions. Elle aurait dû, elle aurait surement été moins amoureuse et aurait par conséquent moins souffert. Depuis qu’elle avait appris la nouvelle, une semaine auparavant, elle n’avait revu ni Clyde, ni Hopeless, ni même Matéo. En faite, à par ses clientes et son père ainsi que ses sœurs et sa grand-mère, elle n’avait pas revu ses amis. Mais ce jour-là, elle avait besoin de décompresser et surtout d’oublier ce qui lui rongeait le cœur jour après jour et pour oublier quoi de mieux que de boire ? Seulement, elle ne voulait pas être seule. Elle savait pertinemment qu’elle ne tenait pas l’alcool, même pas du tout et qu’elle allait surement finir dans un état assez pitoyable, mais elle en avait besoin.

Un seul et unique visage lui vînt alors en tête : Charlie. Cette fille était comme descendue du ciel durant cette période un peu compliquée de sa vie, où Hope sa meilleure amie ne donnait plus un signe de vie, Charlie était apparue, redonnant un vrai coup de fouet dans sa vie amicale féminine. Elle l’adorait sa Charlie, c’était indéniable et même si c’est dernier temps, elle ne l’avait pas beaucoup vu, et bien elle allait se rattraper ce soir là. Pour la première fois depuis une semaine, elle prit l’initiative de se faire jolie, certes, elle n’allait pas draguer mais c’était le simple fait de sortir qui lui donnait assez la pêche pour se maquiller, se coiffer et enfiler une robe grise bustier arrivant mi-cuisse avec une ceinture noire. Ses longs cheveux blonds lui tombaient en cascade sur les épaules et avant de se maquiller elle attrapa son téléphone portable écrivant un petit message pour sa Charlie : « hey ! Que fais-tu ce soir ? Rien ? Et bien t’en mieux parce que j’ai envie de me saouler ! Rejoins-moi dans une heure au bar, tu sais lequel ^^ ». La pauvre Charlie n’avait apparemment pas le choix mais l’heure était grave, très grave, Jackie avait besoin de décompresser et même si elle avait parlé vaguement de l’histoire Matéo-Clyde-Hope à sa brunette préférée, elle savait qu’avec Charlie, elle n’allait pas avoir droit à mille et une question lui refaisant penser à cette histoire pourrie. Elle finit de se maquiller, forçant un peu avec le noir autours des yeux et le rouge à lèvre mais peu importait, elle avait besoin de sentir les regards posés sur elle ce soir, elle avait besoin de retrouver un tant soit peu de fierté et de se trouver joli dans le regard des hommes. Parce que, malgré tout, à chaque fois qu’elle sortait d’une histoire d’amour, sa fierté en prenait un coup, elle se demandait ce qui n’allait pas chez elle pour ne pas trouver le grand amour et puis cette fois, elle y avait vraiment cru avec Matéo…

Elle finit par enfiler des escarpins vernis rouge et attrapa une petite pochette à paillette où elle mit son portable et ses clefs. Elle descendit pour se retrouver dans le salon où toute sa famille la regardait avec de grands yeux : « je sors, ne m’attendez pas, bye ». Elle n’avait pas envie de s’attarder sur sa future gueule de bois, de toute façon, ils s’en rendraient compte bien assez vite. C’est à pied qu’elle se rendit au bar à quelques mètres de chez elle. Elle entra, le bar étant déjà bien rempli, la nuit étant déjà tombée. Elle s’installa au bar réservant une place sur la chaise haute à côté d’elle pour son amie qui n’allait surement pas tarder, commandant un verre wiski. Au bout de quelques minutes, après deux verres de wiski, elle finit par regarder l’heure, Charly n’allait pas tarder, c’était sûr, sinon, elle l’aurait surement prévenu par message ou par un appel.