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GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me.

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MessageSujet: GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. EmptyDim 12 Déc - 23:19






flesh couture.

Age: Date de naissance: Lieu de naissance: Métier/Etude:

J'appartiens au groupe des Workaholics

Personnage: Poste Vacant Scénario Inventé

"we hunt them, experiment on them, and then we kill them. and after all that we call them monsters?!"
de elfen lied. ♥
Signe(s) Particulier(s)
Orientation Sexuelle

Christofer Josh Adam Charles Stanford-Green


Dernière édition par Christofer J. Green le Dim 24 Avr - 4:34, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. EmptyDim 12 Déc - 23:19






Physique & Caractère
GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. Tumblr_lji2z6AwlQ1qca0e1o1_500
Apparence & Style: Veuillez écrire à la place de ce texte 8 lignes à propos du physique et du style de votre personnage.

Caractère: Veuillez écrire à la place de ce texte 10 lignes à propos du caractère de votre personnage, parlez également de ses défauts et de ses qualités.


Dernière édition par Christofer J. Green le Lun 9 Mai - 0:02, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. EmptyDim 12 Déc - 23:19





L'histoire
GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. A57tyd
I.
« La vérité dépasse peut-être la fiction en cela qu'elle est infiniment plus décevante. »
7 mars 1989
Melbourne, Australie.
Cette journée du sept mars aurait dû, normalement, être une journée des plus banales. Juliet Stanford, jeune Anglaise radieuse qui avait eu vingt-quatre ans le mois précédent, était installée dans la cuisine de la confortable maison où elle habitait. Assise à la table, triant album photo après album photo et étant sur le point de finir sa deuxième boite de cookies de la matinée, elle soupira. Ce congé de maternité la rendait folle. Adam, son mari, avait insisté pour qu’elle arrête de travailler pendant sa grossesse et qu’elle se repose. Elle était sa secrétaire, et il lui avait affirmé que de trouver une remplaçante serait des plus simples. Ce n’était pas comme s’ils manquaient d’argent, de toute façon ; à vingt-neuf ans à peine, Adam aurait pu se payer une île privée s’il en avait eu envie. Voire plusieurs. Successeur de son père dans le secteur des finances, il osait espérer que sa progéniture reprendrait le flambeau familial plus tard. Juliet, elle, espérait un bébé en santé. Cela ne l’empêchait cependant pas de maudire le fait qu’elle ne pouvait plus aller travailler. Passer sa journée dans les cartons ou devant la télé n’était pas son activité favorite, et elle aurait pu sans le moindre mal continuer à trier des dossiers et à répondre au téléphone malgré son ventre qui grossissait à vue d’œil. Mais non, repos forcé.

Elle posa une main sur son ventre lorsqu’elle sentit le bébé donné un coup. Elle n’avait pas voulu savoir le sexe de son bébé, mais elle savait déjà comment il s’appellerait. Si c’était une petite fille, ce serait Michelle. Et si c’était un ptit garçon, ce serait Christofer. Avec un « f », sans autre raison que l’esthétisme de la chose. Il lui arrivait souvent de tenter d’imaginer de quoi son bébé aurait l’air. Elle qui était blonde, elle se demandait si son mari avait également un gêne de cette couleur à transmettre afin que le bébé soit blond également. Sinon, son bébé serait brun, tout comme son père. Elle se demandait aussi de quelle couleur seraient ses yeux. De quoi il ou elle aurait l’air habillé de tel ou tel pyjama. Elle se demandait si elle devrait acheter des poupées ou des camions, du rose ou du bleu. La connaissant, avec ses tendances à tout faire au nom du « concept », ce serait probablement du vert.

Le coup donné par le bébé n’eut pas de suite. Il s’était calmé. Jetant un nouveau coup d’œil à la table qui était devant elle, Juliet décida finalement de se lever. Par la fenêtre, elle pouvait voir les feuilles mortes qui commençaient à recouvrir le gazon, à remplacer le vert par du jaune. Bientôt, elles tourneraient à l’orangé, au rouge, et l’automne serait réellement arrivé. Il serait également magnifique, elle s’en doutait bien. Ce dont elle ne se doutait pas, c’était que son bébé aurait l’occasion de voir cet automne.

Elle avait presque fini un premier tas de feuilles lorsqu’elle le sentit. Cet effet chaud, humide et désagréable dans son pantalon, qui descendait le long de ses cuisses, qui glissait jusqu’à ses mollets. Elle resta un instant paralysée, craignant le pire. À six mois dans sa grossesse à peine, cette soudaine perte de liquide ne pouvait être qu’un mauvais signe. Alors que tout avait si bien été jusque là, pouvait-elle réellement perdre son bébé là ? Elle regarda finalement vers le bas. Son pantalon n’était pas taché rouge. C’était trop liquide de toute façon pour être du sang. C’était le liquide amniotique.

Aussitôt, elle laissa tomber le râteau qu’elle tenait dans ses mains, se précipita chez la voisine, frappant à la porte avec presque trop de conviction. Celle-ci s’ouvrit, et Mme Taylor n’eut même pas besoin de poser les yeux sur le pantalon de Juliet pour comprendre que quelque chose ne tournait pas rond. Seul son visage, déjà ravagé par les larmes, suffit à l’alarmer.

– Mme Taylor, j’ai perdu les eaux. Adam est pas là, je dois aller à l’hôpital, j’ai peur que le bébé… qu’il…
– Monte dans la voiture chérie, on y va.

Il ne fallut pas quinze minutes qu’elles étaient à l’hôpital, Mme Taylor soutenant Juliet alors qu’elles traversaient à la course le parking, se dirigeant vers les portes. Aussitôt, la réceptionniste trouva un fauteuil roulant, puis appela une infirmière, prévint un docteur. On installa Juliet, on commença à la déplacer vers le bloc de maternité. Ce fauteuil était tellement inutile ; elle n’avait même pas encore de contractions, elle aurait bien pu se déplacer toute seule.

– Combien de semaines de grossesse ? demanda l’infirmière qui apparut au croisement de deux couloirs, s’emparant des poignées du fauteuil.
– Vingt-six, lança Juliet d’une voix brisée, les larmes toujours aux yeux, plus intenses que jamais.
– C’est mauvais. Écoutez-moi bien, normalement les contractions devraient commencer à l’intérieur de cette heure et le travail se fera. Si on constate que ça n’arrive pas, il faudra provoquer l’accouchement le plus tôt possible, autrement le bébé ne survivra pas. Ne vous attendez pas à un accouchement dans les normes, désolée de vous le dire.
– Le bébé… Je veux pas le perdre, je veux pas qu’il meure, pas à six mois, pas…
– Un accouchement si prématuré est risqué, mais pas impossible. À vingt-trois semaines, on aurait rien pu faire. À vingt-six, il y a de l’espoir. Les médecins savent ce qu’ils font.

Entrée dans la salle, présence d’un médecin et d’une autre infirmière.

– Prématuré, dit aussitôt l’infirmière aux deux autres. Vingt-six semaines de grossesse.
– Contractions ?
– Pas encore, elle a perdu les eaux il y a moins de vingt minutes.
– Appelle Rightwood, on va avoir besoin de lui. Et amène-moi…
– Il faut prévenir Adam, le coupa aussitôt Juliet.
– Votre mari ?
– Oui, il faut le prévenir, il faut qu’il vienne, je pourrai pas faire ça sans lui, j’ai besoin de lui, le bébé a besoin de lui, il doit être là, il…
– Numéro de téléphone, je vais demander à la réceptionniste de le contacter.

Juliet lui balança aussitôt le numéro de téléphone d’Adam au bureau, laissant le docteur recommencer à parler et à donner ses ordres. On la plaça sur un lit, on lui donna des informations qu’elle ne comprit qu’à moitié, on luit dit qu’à ce moment dans la grossesse, les chances de survie étaient plus grandes pour les filles. On s’occupa d’elle et s’en suivirent des tests dont elle n’aurait jamais cru avoir besoin.

La première contraction se produisit. En retard, alors que les médecins commençaient à parler de provoquer l’accouchement. Normalement c’était à l’intérieur de vingt-quatre heures mais, dans son cas, mieux valait ne pas trainer. Adam arriva, à bout de souffle, allant aussitôt prendre la main de Juliet dans la sienne.

– T’en fais pas Ju, tout va bien aller.
– Je veux pas le perdre Adam, je veux pas le perdre…
– On le perdra pas, t’inquiètes pas. Aie confiance.

Le tout se fit rapidement, du moins en comparaison à un accouchement normal. Personne n’était autorisé à prendre son temps, pas même le bébé. On plaça aussitôt Juliet sous médication. Elle tomba rapidement dans les vapes, un demi-sommeil confus et flou. On annonça à Adam que c’était un petit garçon. Il ne put le prendre dans ses bras, que le regarder rapidement. On emmena le bébé, lui expliquant qu’il devait être placé aux soins intensifs.

Et par la suite, plus rien. Silence total jusqu’au lendemain en journée. Juliet s’était réveillée dans un nouveau lit, dans une nouvelle chambre. Adam dormait contre elle, toujours habillé de son complet. Il n’était pas rentré à la maison. Au cours de l’après-midi, le docteur qui avait pris en charge l’accouchement est entré. Juliet lui avait aussitôt trouvé l’air grave. Mais non, elle devrait se faire à l’évidence : ce n’était encore une fois que ses craintes du pire qui lui faisaient voir ce qui l’effrayait.

– Nous sommes optimistes. Pour l’instant le bébé va bien. Il pèse environ un kilogramme, ce qui est plus gros que la moyenne à cette période de la grossesse. Ses poumons fonctionnent, il ne rejette pas la nourriture. Aucune raison de s’inquiéter pour l’instant. Nous devrons le garder à l’hôpital plus longtemps qu’un autre bébé, mais à ce rythme, physiquement tout ira bien.
– Physiquement ?
– Oui...

Juliet ne lui avait donc pas imaginé cet air grave. Il l’avait réellement.

– Avec une grossesse ainsi prématurée, il n’est pas impossible que le bébé ait des lésions au cerveau, ou d’autres anomalies. Comme je l’ai dit, il est en bonne santé pour un bébé de cet âge et c’est plutôt encourageant. Mais les possibilités de développer des séquelles dans un cas comme celui-là sont de près de cinquante pour cent.
– Vous voulez dire qu’il aura peut-être un retard mental ?
– C’est une possibilité à ne pas exclure. Mais ce pourrait également être plus léger, des troubles importants de concentration ou d’apprentissage, par exemple. Vous devez en être avertis. Cependant, il se peut également que tout aille bien et que le bébé ne présente aucun trouble particulier. Gardez simplement en tête que ce n’est pas impossible.

Adam avait remercié le docteur alors qu’il partait, prenant aussitôt Juliet dans ses bras pour tenter de calmer ses sanglots. Elle n’avait rien demandé d’autre qu’un bébé en santé, et voilà où ça l’avait menée.

II.
« Le silence est plus tapageur que tout. »
21 juillet 1992
Moscou, Russie.
Les cris d’enfants, les pleurs, les rires. La pièce, blanche, humide, en était remplie. Par terre, deux bambins jouaient avec des blocs colorés, l’un tentant de trouver le bon trou de la boite pour le placer, l’autre se contentant de le placer dans sa bouche. Installée sur les genoux de sa mère, une fillette pleurait, peut-être fatiguée, peut-être effrayée par l’idée d’aller voir le docteur, ou peut-être simplement une petite peste. La salle était bondée, bruyante, sentait le lait et un peu le désinfectant. Juliet soupira, jeta un coup d’œil à tous les enfants dans la pièce. Ceux qui pleuraient, ceux qui discutaient avec leurs parents, ceux qui jouaient. Des comportements des plus normaux qui, elle devait tristement se l’admettre, la rendaient jalouse.

Elle tourna la tête vers Christofer. Assis bien droit dans sa chaise trois fois trop grande pour lui, comme toujours. Fixant devant lui, mais rien de particulier, comme toujours. Silencieux. Comme toujours.

Juliet aimait son fils. Inconditionnellement. Jamais elle n’aurait été capable de douter de ce simple fait. Mais, jour après jour, le désespoir la gagnait un peu plus. Ce qui la rendait triste, ce n’était pas ce qu’il était ; c’était de justement ne pas le savoir. Chaque jour, elle voyait des enfants dans la cour d’école en revenant du boulot. Des enfants de tous âges, qui couraient, s’amusaient, se bataillaient. Elle rentrait chez elle, et elle retrouvait Christofer immobile, et la nounou exténuée d’avoir tout tenté pour le faire bouger. Parfois, elle l’amenait au parc. Les autres enfants, dans leur russe approximatif, lui demandaient d’aller jouer avec eux. Évidemment, il ne comprenait pas, mais il se laissait entrainer par eux jusqu’au carré de sable, ou au gros module. Et il restait planté là à regarder, à ne rien faire. Elle faisait tous les efforts du monde, elle lui achetait des jouets, avait même tenté de lui apprendre à jouer alors que ce réflexe aurait dû être inné. Mais non, rien. Les seuls jouets qu’il remarquait, c’était les peluches, qu’il serrait contre lui et refusait de lâcher. Quand Juliet rentrait chez elle, elle savait où trouver son fils : devant la télé. Assis bien droit dans le sofa, il fixait l’écran, silencieux. Parfois il regardait des émissions pour enfants. Parfois, elle le retrouvait devant des émissions scientifiques ou policières. Il connaissait par cœur les chaînes anglophones, et cela était le seul indice qui permettait à Juliet de savoir qu’il comprenait un minimum la langue anglaise: il ne regardait pas les chaines russes.

Parfois, elle le retrouvait avec un bouquin entre les mains. Si c’était un livre pour enfants, truffé d’images, il restait silencieux, tournant les pages lentement. Parfois il s’agissait d’énormes livres, d’encyclopédies, de dictionnaires, voire même de revues de finances. Dans ces cas, aussitôt qu’elle arrivait, les larmes montaient aux yeux du bambin, et elle se devait de le prendre dans ses bras pour calmer ses sanglots. C’était le seul indice qui lui avait permis de comprendre qu’il n’était pas muet : il avait une voix. Et il savait s’en servir lorsqu’il pleurait, mais jamais il ne prononçait le moindre mot qui aurait pu expliquer à ses parents les raisons de ses pleurs.

À trois ans presque et demi, il n’était pas propre, peinait à manger par lui-même, ne savait pas parler et ne jouait jamais. Cet état, évidemment, inquiétait Juliet de plus en plus, jour après jour. Elle ne pouvait que se consoler en se disant qu’il était au moins capable de marcher. Chaque jour, elle se souvenait un peu plus des paroles du docteur après son accouchement. Possiblement des retards dans l’apprentissage. C’était son autre moyen de se consoler, sa seule façon de ne pas penser à l’autre possibilité : le retard mental. Pourtant, plus le temps passait, plus cela lui semblait plausible. Un simple retard d’apprentissage n’aurait pas empêché son enfant de jouer comme les autres alors qu’il avait un jouet devant lui. Un simple retard d’apprentissage n’aurait pas pu le rendre si anti-réceptif à tout ce qui l’entourait. Il lui arrivait de sursauter. Ses réactions ne se résumaient presque qu’à ça. Si ses parents lui parlaient, il ne cillait pas. Il ne tournait pas la tête, n’émettait pas le moindre son. Tout ce qui le faisait réagir, c’était quand l’un des deux le prenait par les épaules, haussait la voix, lui disait « Christofer, tu vas m’écouter quand je te parle et tu vas me regarder ». Là, on pouvait voir ses sourcils s’affaisser, ses yeux se remplir de larmes et, effrayé, il commençait à pleurer.

– Madame Green ? Le docteur est prêt à vous recevoir.

Juliet hocha la tête, prit son sac à mains et se leva. Aussitôt, elle tendit la main à Christofer. Aucune réaction, il continuait à fixer devant lui, ne l’ayant peut-être même pas vue. Soupirant, elle prit la main de son fils dans la sienne et tira un peu dessus pour lui montrer qu’il devait la suivre. Il se laissa glisser en bas de la chaise puis, le regard collé au sol, suivit sa mère jusque dans le bureau du pédiatre. On referma derrière lui la porte, et Juliet le prit dans ses bras pour l’asseoir sur l’une des chaises. Une fois de plus, il se plaça de façon très droite, presque trop droite, et commença à fixer le vide en face de lui.

– Des changements depuis votre dernière visite ? demanda le pédiatre avec un léger accent russe.
– Aucun. Je tente de lui apprendre des mots faciles, il se contente de me fixer et de pleurer quand il en a assez. Impossible de lui enlever ses couches pour l’instant, si je ne devine pas qu’il a envie pour aller l’installer à temps sur la toilette, il ne me le fait pas savoir. Toujours aucune réaction quand on s’adresse à lui.
– Manifeste-t-il toujours le même intérêt pour la télévision ?
– Il est toujours devant.
– Et les livres ?
– Il en ouvre plus qu’avant. Je crois qu’il adore les livres pour enfant, il les regarde sans faire de bruit. Mais il ouvre souvent des gros livres ou des documents complexes et pique des crises. J’imagine que c’est parce qu’il n’y a pas d’images.
– Lui lisez-vous toujours des histoires le soir ?
– Oui. Il fixe toujours les pages. Si je la tourne vers moi et qu’il ne voit plus, il pleure.
– Vous force-t-il toujours à glisser votre index sur les mots ?
– Non, il a arrêté environ en mai.
– Il a arrêté ? Si, comme on le croyait, il vous forçait à reproduire un geste qu’il avait vu dans une émission pour enfants, il n’aurait pas arrêté. Ce serait son rituel. Peut-être… Bon, je m’avance un peu, et je peux très bien me tromper, mais peut-être ne vous force-t-il plus à le faire parce qu’il n’en a plus besoin ?
– Vous voulez dire qu’il saurait lire ?
– Peut-être. Ou du moins, peut-être qu’il connaitrait ces livres suffisamment par cœur pour suivre les mots quand vous lisez.
– Ça ne fait pas de sens. Il ne sait même pas parler, comment pourrait-il savoir lire ?

Le docteur resta silencieux un moment. Évidemment, ce n’était qu’une théorie, et rien ne venait réellement la justifier. Il se fit même des reproches silencieux, sachant très bien qu’il était surtout en train de tenter de rassurer Juliet. Lui-même n’avait pas énormément d’espoirs concernant le petit Christofer. Peut-être savait-il réellement lire, du moins jusqu’à un certain point, et cela aurait été le plus beau miracle auquel il lui aurait été donné d’assister. Mais la théorie du retard mental, ou bien d’un syndrome quelconque, restait beaucoup plus plausible que le reste. L’absence de réaction de l’enfant était assez effrayante dans l’ensemble et lui prouvait hors de tout doute que Christofer était dans son monde à lui. Bloqué dans ses propres pensées.

– Ce n’est vraiment qu’une théorie. Il faudra probablement attendre un peu, continuer à observer ses habitudes. J’avoue n’avoir jamais rencontré de cas du même genre, et je me dois d’en savoir plus avant de pouvoir diagnostiquer quelque chose. Ou ne rien diagnostiquer, dans le meilleur des cas. Si Christofer a un intérêt particulier pour les gros livres, tentez de les lire avec lui et voyez s’il pleure encore ou non. Ça nous apprendra s’il pleure à cause de l’absence d’images ou simplement parce qu’il ne comprend pas tout. Je vous demanderais également de faire un bilan chaque semaine de ce que vous avez fait avec lui, pour l’aider à lire, à parler, à devenir propre. Notez également ses réactions.

Il fit une courte pause, posant le regard sur Christofer qui fixait les dépliants devant lui. Des dépliants sur la constitution du cerveau humain. Oui, il pouvait bien tenter d’aiguiller le problème avec des questions du genre, au point où il en était.

– Essayez de toujours savoir ce qu’il regarde à la télé et notez si un sujet ou un autre semble le fasciner particulièrement. Essayez de lire avec lui des livres sur des thèmes variés. Offrez-lui des histoires quelconques, de la cuisine, de l’art, de la géographie, des sciences, des mathématiques. N’abusez pas des deux derniers, voyez s’il a tendance à les préférer aux autres sans que vous l’imposiez. Notez quand même une fascination particulière pour n’importe quel sujet. Tentez de voir s’il réagit de manière différente aux mots concrets et abstraits ; autrement dit s’il saura de quoi vous parlez si vous dites « pomme », et s’il arrivera aussi à comprendre le sens de « avant » et « après », par exemple. Si vous parvenez à le faire parler d’ici notre prochaine rencontre…
– Je dois noter son débit, son intonation et le vocabulaire qu’il utilise ? finit-elle, les larmes aux yeux, sachant très bien où le pédiatre voulait en venir.

Elle avait après tout fait ses recherches, de son côté, tentant de se rassurer comme elle se pouvait, mais également de se préparer au pire. Elle avait observé toutes les possibilités, de l’autisme à la schizophrénie. Elle voyait bien ce que le pédiatre cherchait à vérifier, et elle-même y avait pensé, s’étant juré que si c’était ça plutôt qu’autre chose, elle serait soulagée. Mais de voir que le médecin appuyait ses soupçons en lui demandant de faire des vérifications précises ne lui offrit pas le soulagement qu’elle s’était imaginé.

– Je ne veux pas faire de diagnostique approximatif ou abusif, madame Green. Christofer est encore trop jeune pour que je puisse diagnostiquer quoique ce soit avec certitude. Je vous demande de faire ces vérifications parce que l’Asperger est ce qui ressemble le plus à son cas selon moi, malgré qu’il apporte également des différences importantes. Ce serait simplement un début, et je vous demande de comprendre que ce n’est qu’une supposition. Nous en saurons plus quand il grandira, mais d’ici là nous devons nous contenter d’aiguiller notre recherche. Peut-être n’est-ce réellement qu’un retard d’apprentissage. Peut-être est-ce complètement autre chose.
– Je sais, je… Je ferai tout ça. Tout pour qu’on sache.
– Allez voir ma secrétaire, prenez un rendez-vous pour dans deux mois. Si d’ici là vous constatez qu’il n’y a aucun progrès, repoussez-le d’un mois.
– D’accord. Merci.

Essuyant une larme qui coulait sur sa joue, Juliet se leva, prenant Christofer dans ses bras, puis son sac à main. Et elle s'en alla, prit le prochain rendez-vous, sortit de la clinique et marcha dans le parking en le serrant contre elle, pleurant, espérant que tout se règle, d’une façon ou d’une autre. C’était peut-être égoïste de sa part d’ainsi vouloir que son fils soit normal. Il était vivant, et en bonne santé. C’était déjà beaucoup. Et elle l’aimait. Mais elle ne pouvait s’empêcher d’avoir mal, et de souhaiter que tout devienne plus simple. Qu’il soit comme les autres et ait une vie ordinaire.

III.
« Quand arrive le cyclone - la guerre, l'injustice, l'amour, la maladie, le voisin -,
on est toujours seul, tout seul, on vient de naître et on est orphelin. »
13 mai 1996
Shanghai, Chine.
Le coup arriva par derrière, une fois de plus. Un pied presque aussi grand que son dos, une semelle de chaussure trop raide selon lui, et son souffle fut coupé alors qu’il tentait de le reprendre. Il s’écrasa à nouveau contre le sol, imbibant son t-shirt de boue, frappant son nez contre l’asphalte qui était sous la couche de saleté semi-liquide. Il pouvait goûter la boue alors qu’elle s’infiltrait dans sa bouche, dans ses narines, et commençait à descendre le long de sa gorge. Il toussa, puis régurgita ce qui venait d’entrer. Ce fut le pire, alors qu’il tentait de reprendre son souffle à nouveau et ne faisait qu’avaler encore plus de boue. Ses bras poussaient contre le sol alors qu’il tentait de s’en éloigner et, bien vite, il eut droit à un autre coup de pied dans le dos alors qu’on lui tirait les cheveux en tenant sa tête par terre, l’empêchant de respirer.

– C’est bon, arrête, tu vas le tuer.
– Et alors ?
– Arrête je te dis.

Le jeune garçon soupira, tirant les cheveux de Christofer vers lui pour lui permettre de respirer un peu.

– Mais c’est pas drôle sinon.

Il lui enfonça à nouveau la tête dans la boue, le regardant se débattre, jusqu’à ce que finalement sa sœur vienne tirer sur son bras et le baffer.

– Je t’ai dit d’arrêter ! Il est plus jeune que toi. C’est injuste ce que tu fais.
– Pourquoi tu le défends ?
– Parce que même lui mérite pas ça.

Un rire amer suivi d’un dernier coup de pied. Christofer toussa à nouveau, se retournant pour être couché sur le dos, et il regarda le garçon de neuf ans qui était debout à côté de lui, ainsi que sa sœur. Elle avait sept ans, tout comme lui, et était dans sa classe à l’école anglaise de ce quartier multiculturel et pauvre de Shangaï. C’était là que l’école se trouvait, et chaque matin Christofer devait prendre le bus à partir de sa belle grosse maison dans un coin étonnement propre et riche pour se rendre à l’école. Tout dans le quartier était effrayant. Tout était coincé, sale, avec des ruelles, des allées, des odeurs horribles. Lorsque l’école finissait, il allait aussitôt attendre son bus, et retournait chez lui. Le plus souvent, il demandait à sa nounou de lui faire couler un bain aussitôt qu’il arrivait, parce qu’il trouvait qu’il sentait mauvais. Parce qu’il avait l’impression d’être infecté par l’air et les bactéries de son école et de ses environs. Et il restait dans le bain jusqu’à avoir l’air d’une grenouille et, quand il en sortait, sa mère était déjà arrivée du travail.

Ce jour-là, il avait raté le bus. Certains garçons qui, depuis qu’il était entré dans cette école, le tourmentaient jour après jour avaient entendu parler qu’il s’en allait. Cinq jours et il serait loin de cette école, loin de cette ville, loin de ce pays. Et ils ne pouvaient pas se permettre de le laisser partir sans lui donner une raison de se souvenir d’eux. Sans lui laisser un petit souvenir précis. On l’avait ramassé tout de suite à la fin des classes. On l’avait trainé loin du terrain de l’école, dans une de ces allées qui lui faisait si peur. Et là il était, recouvert de boue à un tel point qu’on ne voyait pas ses larmes couler, à un tel point qu’il en crachait toujours, peinant à respirer.

La fille… c’était à cause de la fille, qu’il était là. Ils avaient dû faire des équipes de deux dans la classe, ils s’étaient retrouvés ensemble. Elle lui avait demandé comme il trouvait Shangaï. Il avait répondu qu’il détestait, mais qu’il partait le samedi. Et cette petite peste, qui peut-être venait de lui sauver la vie mais sans qui rien ne serait arrivé, avait été répéter ça à son frère. « Ton punching bag s’en va samedi ». C’était à cause d’elle qu’il était là, les yeux seulement ouverts au minimum, trempé jusqu’aux os. Les enfants sont méchants. Ces deux-là venaient de le lui prouver.

– Dis, p’tit con. Tu sais pourquoi tout le monde te déteste ?

Incapable d’ouvrir la bouche, incapable de prononcer le moindre mot, il se contenta de secouer la tête, sanglotant, toussant sans retenue. Ses yeux brûlaient, et il peinait à les garder ne serait-ce qu’un minimum ouverts à cause de toute la boue sur ses cils. Non, il ne savait pas pourquoi tout le monde le détestait. Il ne savait pas, et surtout ne comprenait pas, pourquoi des garçons étant deux ans plus âgés que lui pouvaient lui en vouloir à ce point. Au point de lui faire vivre un tel enfer. Au point de frapper, botter et étouffer un petit garçon de sept ans qui avait l’air d’en avoir quatre. Quelle haine pouvait-il leur inspirer ? Lequel de ses silences les avait fait enrager ? Qui avait déclaré qu’il n’était bon qu’à être maltraité ? Qui avait déclaré qu’il était bon de le maltraiter ? Il n’en savait rien. Il ne savait pas qui, ne savait pas quoi, ne savait pas pourquoi. C’était juste arrivé. Depuis qu’il habitait à Shanghai, depuis ses quatre ans, donc, et depuis qu’il était dans cette école, tout le monde s’était passé le mot pour le détester.

– Je vais te dire pourquoi. Tu sais même pas parler.

Il enfonça la tête de Christofer dans la boue une nouvelle fois, et celui-ci recommença à tousser et à tenter de reprendre son souffle à la fois dès qu’il en fut sorti. Ce n’était pas faux. Il parlait peu. Il ne disait que le strict nécessaire et, lorsqu’il était arrivé et avait débuté l’école, il commençait à peine à parler. Son accent anglais dérangeait peut-être. Sa façon d’utiliser des mots complexes, qui faisaient que les autres enfants décrétaient qu’ils étaient inventés. Son élocution particulière. Ses bégaiements. Oui, il voyait bien que ce n’était pas la meilleure façon de se faire des amis. Mais était-ce vraiment suffisant pour se faire de tels ennemis ? Les moqueries, il les encaissait. Une après l’autre. Mais la douleur physique commençait à être trop lourde à porter.

– Tu te crois meilleur que tout le monde.

Visage à nouveau trempé dans la boue, nouvelle série de toux. Ça, c’était faux. On le lui avait déjà dit. On lui avait dit qu’il devait cesser de se vanter de ses notes. De ses devoirs toujours parfaits. On lui avait dit qu’il était le lèche-bottes en chef de la professeure. Ce n’était pas vrai. Il était calme, il était poli. Il montrait ses notes seulement si on les lui demandait. Il répondait aux questions seulement s’il était choisi. Jamais il ne s’imposait. Jamais il ne montrait de son plein gré ce qu’il savait. Et, s’il avait pu deviner que ses notes l’auraient ainsi fait détester par les autres, s’il avait pu deviner à quel point la jalousie pouvait rendre des enfants méchants et hypocrites, jamais il ne les aurait mentionnées.

– Et surtout, t’as peur des gens. T’es un gros bébé qui pleure tout le temps. T’es pas normal.

Ce fut le dernier plongeon, mais le plus long et le plus douloureux. Lorsqu’il en fut enfin sorti, il s’éloigna de l’énorme flaque, essuya son visage avec ses manches et se roula en boule. Ses bras autour de ses jambes, son front sur ses genoux, il laissa les larmes s’échapper à nouveau, glisser sur ses joues, nettoyer un peu la boue sur leur passage. Il leva finalement les yeux sur le garçon dont il ne se souvenait plus du nom, le regardant avec insistance. Si seulement il pouvait comprendre toute la portée de ce qu’il lui faisait subir. Peut-être qu’il aurait compris, s’il avait été plus attentif, que Christofer le mettait au défi d’aller à l’école le reste de la semaine. Son regard peiné, démoli, anéanti était en même temps une menace. Un avertissement.

Clairement, l’autre garçon ne saisit rien de son regard et il partit, sa sœur effrayée lui collant aux talons. Christofer resta là, assis, ses yeux remplis de larmes, à renifler sans cesse. Il ne voulait pas prendre le bus dans cet état. Trop gênant. Il fouilla dans la poche de son pantalon, cherchant les pièces de monnaie que sa mère l’obligeait à garder avec lui en tout temps. Disparues. À contrecœur, il s’approcha à nouveau de l’énorme marre de boue. À genoux, il glissa ses mains sur l’asphalte, cherchant ses pièces. Mais rien à faire, elles étaient introuvables. Pleurant toujours, mais plus silencieusement, il sortit de l’allée, cherchant son chemin jusqu’à l’école. Il commençait déjà à faire sombre. Et il faisait froid. Lorsqu’il arriva devant le bâtiment, il s’assit sur l’une des marches au devant, attendant patiemment. Quand sa mère rentrerait et que la nounou lui annoncerait que Christofer n’était pas là et n’avait pas téléphoné, elle viendrait le chercher. C’était obligé. Et il attendit donc, trente minutes peut-être, jusqu’à ce qu’une voiture s’arrête près de lui. Une voiture qu’il connaissait. Sa mère en sortit, et il se leva, la boule dans sa gorge se reformant, les larmes lui remontant aux yeux.

– Maman, désolé. J’ai perdu les pièces. Désolé.

Mais c’était l’état de son fils qui inquiétait Juliet, malgré tout le soulagement qu’elle éprouvait de l’avoir retrouvé sain et sauf. Elle se pencha devant lui, murmurant un « c’est pas grave », retenant ses larmes en le voyant ainsi couvert de boue.

– Christofer, qui t’a fait ça ?
– Personne. Je suivais un chat, et je me suis égaré, et je suis tombé.

Il mentait, c’était facile à voir, mais elle n’insista pas. Bientôt, ils furent à la maison, et il fut dans son bain. Le meilleur bain qu’il ait pu prendre dans sa vie. Ce soir-là, il put manger plus de biscuits sucrés qu’à l’habitude. Et il put dormir entre papa et maman.

Le vendredi, un jeune garçon de neuf ans se retrouva à l’hôpital. Il y resta trois jours sous surveillance après avoir mangé par inadvertance des arachides malgré son allergie sévère. Bien qu’il eut un doute sur comment ces petits morceaux d’arachides s’étaient retrouvés dans son repas malgré toutes les précautions prises par l'école, jamais on ne put prouver quoique ce soit. Et, même s’il avait pu le prouver, son coupable était déjà à 18 000 kilomètres de là lorsqu’il sortit de l’hôpital.

IV.
« Sans ennemi, l'être humain est une pauvre chose.
Sa vie est une épreuve, un accablement de néant et d'ennui. »
3 août 1997
São Paulo, Brésil.
– O que você está fazendo sozinho na praia ?

Il tourna la tête, levant rapidement son bras pour protéger ses yeux du soleil avec sa main. Le sable était chaud, brûlant, tout comme ses épaules que le soleil grillait depuis déjà deux heures à intensité maximale. Il devait avoir l’air d’un homard et, en prime, il aurait mal partout une fois de retour à l’intérieur. Ses orteils jouant dans le sable, un cahier sur ses cuisses et un crayon dans sa main qui ne servait pas de protection à ses yeux, il donnait tout à fait l’impression de faire ce qu’il était en train de faire ; il écrivait. Il contemplait l’eau devant lui, un lac énorme, et il s’isolait complètement du monde qui l’entourait. Même si, en fait, peu de gens l’entouraient. Il s’était éloigné de la plus grande partie de la plage, celle infestée de touristes bruyants, et il avait fini par trouver un endroit où la bande de sable était mince, près des hautes herbes et délaissée par les gens recherchant le vrai Sud. Il n’en avait rien à faire, des décors de cartes postales. Il voulait juste écrire en paix. Au grand air, loin de sa grande maison, loin de sa nourrice qui ne parlait presque pas anglais, loin de sa chambre trop grande pour absolument rien. Il n’avait pas de jouets, après tout. Il détestait ça, les jouets pour enfants. Il n’avait demandé que des peluches, des cahiers, une télé et une console de jeux. Ça lui suffisait amplement pour s’amuser. Mais pas pour être confortable. Il n’était pas bien dans cette chambre. Et c’était pour cela qu’il était dans ce coin reculé de la plage, avec simplement un cahier, à tenter de trouver une histoire à raconter. L’histoire d’un petit garçon dans un monde trop grand pour lui.

Il zyeuta un instant la petite fille qui venait de lui parler. Brésilienne, plus que visiblement, d’autant plus qu’elle avait parlé en portugais. Un peu plus foncée de peau que lui, mais son tein basané donnait surtout l’impression d’un bronzage permanent. Ses yeux étaient sombres également, tout comme ses cheveux épais et ondulés. Elle lui souriait, et il dut prendre un moment pour assimiler ce qu’elle venait de lui demander. Il était au Brésil depuis plus d’un an, mais il avait encore du mal avec le portugais. Il se débrouillait, mais c’était tout. Il ne s’en servait que rarement, puisqu’il allait dans une école anglaise. Il déchiffra néanmoins la phrase, comprenant qu’elle lui avait demandé ce qu’il faisait tout seul sur la plage. Il afficha une mine désolée, réfléchissant un peu avant de finalement lui répondre.

– Eu não falo Português boa.
– Que língua você fala?
– Inglês.
– Je parle un peu anglais.

Il lui sourit à son tour, légèrement. Son accent était très audible, et il se doutait bien qu’elle aurait des structures de phrases douteuses, puisqu’elle ne semblait pas beaucoup plus vieille que lui, mais il préférait ça à son portugais approximatif.

– Pourquoi tu es seul ?
– J’écris.
– Des devoirs ?
– Non, des histoires.
– Quelles histoires ?
– Plein de trucs différents. J’aime bien les histoires de chevaliers et de monstres, avec de la magie.
– Et des princesses ?
– Oui, et aussi des princes. Et des animaux qui parlent.

La jeune fille hocha la tête, lui montrant qu’elle était d’accord avec ce qu’il venait de dire. Elle aussi, elle aimait bien ce genre d’histoires. Les mondes merveilleux où les petites filles ordinaires devenaient des fées, où tout le monde était heureux et où les méchants finissaient toujours par payer. À dix ans, elle avait déjà compris que le monde n’était pas réellement comme celui-là, et c’était bien dommage. Cela ne l’empêchait pas de rêver, parfois. Et de rencontrer des gens qui, comme elle, inventaient des mondes étranges et magiques, c’était ce qu’elle préférait. La plupart des gens n’avaient pas d’imagination. Pour eux, le paradis se trouvait à une heure de route de là : la plage au bord de l’océan Atlantique. C’était magique pour eux. Elle, elle savait bien que cet endroit n’avait rien de magique. Elle y avait vu beaucoup trop de douleurs pour encore pouvoir regarder sa ville de la même manière que les touristes. Et, alors qu’elle regardait ce petit garçon, à qui elle aurait donné maximum six ans si elle ne l’avait pas entendu parler, elle vit dans ses yeux qu’il était comme elle. Il savait que cet endroit n’était pas ce dont il avait l’air. Même, il semblait savoir que d’autres lieux n’étaient pas ce dont ils avaient l’air. Et elle y voyait la même douleur que dans de nombreux autres regards.

– Tes parents ?

Christofer dut réfléchir une seconde pour comprendre le sens de sa question et, ce faisant, il pencha légèrement la tête de côté.

– Où sont mes parents ?
– Oui.
– Ils travaillent. Où sont les tiens ?

Elle se retourna un peu, pointant en direction du quartier le plus près du lac. Des maisons normales, de classe un peu plus haute que la moyenne, du moins pour l’endroit.

– Tu habites près d’ici ?
– Oui. Por que seus pais deixá-lo sozinho ? demanda-t-elle en portugais, jugeant la phrase trop complexe pour son niveau d’anglais.
– Ils me laissent seuls parce qu’ils n’ont pas le choix, je crois.
– Por quê ? Beaucoup de travail ?
– Beaucoup de travail, oui, mais c’est pas vraiment pour ça. En fait j’ai pas le droit de venir ici, ça inquiète ma mère. Mais je préfère être ici que chez moi. J’aime pas vraiment ma maison.
– Petite ?
– Non, au contraire. Trop grande.
– Et tes amis ?
– J’ai pas d’amis. Les gens à mon école ne m’aiment pas.
– Oh. Quelle école ?
– Britanica de Sao Paulo Escola.
– Tu es Britannique ?
– Peut-être bien…

C’était la grande question à laquelle il ne trouvait jamais de réponse. S’il allait dans une école britannique, que sa mère était Anglaise et son père Gallois, probablement était-il Britannique, oui. Et, pourtant, il ne connaissait pas vraiment cet endroit. Le Royaume-Uni ne restait pour lui que l’endroit grisâtre où il passait ses étés et, surtout, le souvenir de la maison de ses grands-parents paternels. En fait, ce n’était même pas une maison. C’était un manoir. Il détestait cet endroit encore plus que les maisons dans lesquelles il habitait depuis qu’il était né. Oh, ses grands-parents étaient gentils, bien entendu. Un peu distants, tout de même. Ses grands-parents maternels, par contre, étaient des plus chaleureux. Tout comme leur petite maison de banlieue. Les quelques rares fois où il avait vu sa grand-mère, elle l’avait accueilli avec des bisous et une assiette remplie de cookies. C’était une gentille dame, et il était peiné de ne pas la connaitre davantage. Un peu comme à peu près toute sa famille, en fait. Il n’avait qu’un oncle du côté paternel, qu’il n’avait vu que deux ou trois fois d’ailleurs, mais sa mère venait d’une famille plutôt nombreuse et il se retrouvait donc, de ce côté, avec quatre tantes et deux oncles, sans oublier une ribambelle de cousins. Malheureusement, il ne les connaissait presque pas. Eux étaient tous très près les uns des autres mais, lui, il ne connaissait même pas le nom de chacun. Le Noël précédent, il avait passé la soirée dans les bras de sa mère, trop craintif pour aller socialiser avec tous les jeunes qui l’entouraient. Seule une de ses cousines, Stephanie, qui avait environ quatorze ou quinze ans, s’était intéressée à lui et lui avait fait la conversation. Elle avait été plus que surprise en l’entendant parler. Elle avait cru comprendre que sa tante, avec sa famille, avaient habité dans quelques pays déjà, mais elle s’attendait malgré tout à ce que ce cousin ait un accent parfaitement londonien, avec un parlé probablement encore un peu entravé par l’enfance. Il n’avait que sept ans, à Noël, après tout. À la place, elle avait eu droit à un parlé facilement équivalent au sien, dans un accent mélangeant étrangement l’anglais, le gallois et des fluctuations qu’elle n’arrivait pas à localiser. Il parlait bien, mais il parlait bizarrement. Et très rapidement, visiblement sous le coup de la gêne.

Se considérait-il réellement Britannique ? C’était peut-être une question un peu trop poussée pour son esprit d’enfant de huit ans, malgré son intelligence qu’on devinait déjà beaucoup plus vive que la moyenne. Il donnait encore une chance au Royaume-Uni. Il ne l’avait pas encore assez connu pour le juger. Si seulement il avait su que, dix ans plus tard, il aurait tout donné pour ne jamais avoir posé pied à terre à cet endroit-là. Mais non, il ne pouvait pas le savoir et, jusqu’à preuve du contraire, l’Angleterre pouvait peut-être lui réserver de belles surprises. Rien ne pouvait réellement être pire que la Chine, après tout. Du moins, c’était ce qu’il croyait. Le Brésil était en train de le lui prouver. Il n’était peut-être pas particulièrement apprécié par ses camarades de classe, mais il n’avait eu droit à aucune violence physique depuis qu’il était emménagé environ un an plus tôt. C’était un gros début, si on y pense de façon rationnelle. Mais, franchement, il réussissait presque à regretter la situation précédente. Parce que, au moins, on le remarquait. Il n’était pas invisible. Il existait à l’époque pour se faire frapper, il l’avait compris. Mais là, quelle était son utilité si personne ne le voyait ? Évidemment, dans sa tête, ce schéma était simplifié. On ne demande pas à un enfant de huit ans de raisonner en adulte, peu importe son Q.I. Mais l’idée était tout de même là. On ne le voyait pas. Il avait l’impression de ne pas exister. Et c’était lourd, ça aussi.

Et là, pour une fois, quelqu’un l’avait vu. Il savait qu’il ne reverrait peut-être jamais cette fille, et c’était plutôt dommage. Mais ça lui avait redonné la foi. Et, graduellement, le sourire. Il ne croyait même plus que des enfants puissent être gentils. Ou, du moins, gentils envers lui. Il venait d’avoir la preuve que c’était possible.

– Nós podemos ser amigos se quiser.
– Tu voudrais qu’on soit amis ? demanda-t-il en fronçant légèrement les sourcils, attendant de voir s’il avait bien compris.
– Oui.
– Qu’est-ce que c’est ?

À ces mots, le cœur de la petite fille se brisa sous le poids de la détresse.

V.
« L'esprit a des systèmes de défense incompréhensibles : on l'appelle à l'aide et,
au lieu d'apporter du secours, il n'injecte que de belles images. »
16 mars 1998
Tokyo, Japon.
Il fit un demi-tour sur lui-même, observant l’uniforme qu’il devait obligatoirement porter pour aller à l’école. Il n’avait même pas eu besoin qu’on lui dise de quoi ce type d’uniforme était inspiré pour qu’il le voie directement : il avait l’air d’être un marin s’apprêtant à faire le tour du monde dans un petit bateau. Le pantalon était noir, tout comme son veston, contrastant avec le fameux collet blanc noué à l’avant, carré à l’arrière et au rebord agrémenté de deux lignes rouges. Ce qui lui déplaisait dans l’uniforme, en fait, c’était le bonnet blanc ridicule qu’il était obligé de porter également. Pourtant, objectivement, on aurait sans le moindre doute pu dire qu’il était absolument adorable, avec ce bonnet duquel ses cheveux longs et légèrement ondulés dépassaient, encadrant son visage aux traits délicats et aux grands yeux verts. Il était à croquer. Mais, justement, l’idée qu’il aller carrément se faire « dévorer » par les garçons de sa classe le hantait déjà depuis qu’ils étaient arrivés au Japon, six jours plus tôt. Il n’avait pas encore vu son école, mais il savait déjà qu’il n’irait pas cette fois dans une école anglaise ; il avait plutôt droit à une véritable immersion dans une école japonaise, comme celle qu’il avait vue à la télé, une fois, alors qu’il regardait la version doublée de Sailor Moon au Brésil. Les portes coulissantes, les petites boîtes pour le repas avec des baguettes et une éducation aussi stricte que dans une école privée. Depuis que ses parents avaient su que le prochain pays où ils habiteraient serait le Japon, Christofer avait eu droit à des cours assez intensifs de japonais, question de l’aider à s’intégrer au pays, chose qui avait été plus difficile au Brésil. Il était assez vieux pour bien utiliser une autre langue, et il était temps de le faire. Malheureusement, si la compréhension orale et le parlé allaient plutôt bien, au niveau écrit, presque tous les symboles ne lui apparaissaient encore que comme de simples dessins. Son intégration n’était pas gagnée d’avance.

Soupirant, il attrapa son cartable, complétant au passage son look de petit élève japonais modèle -sans la partie « japonais »-, puis dévala les escaliers jusqu’au rez-de-chaussée. Aussitôt que ses pieds eurent foulé le plancher du hall d’entrée, il leva les yeux vers ses parents, leur offrant le regard le plus suppliant qu’ils eussent vu de leur vie. Il ne voulait pas aller dans cette école, c’était une évidence. Mais, surtout, il ne voulait pas y aller alors qu’il était habillé comme ça.

– Maman, ils vont rire de moi si j’ai l’air de ça.
– Christofer, tout le monde dans l’école porte cet uniforme. Personne ne va rire de toi.

Rapidement, il sentit les larmes lui monter aux yeux, et il dut s’éclipser pour aller chercher un mouchoir dans la salle de bain. L’eau coulait sur ses joues alors qu’il se regardait à nouveau dans le miroir, se trouvant encore plus ridicule que la fois précédente. Dans un sens, sa mère avait raison. Tout le monde portait le même uniforme. Tout le monde était identique. Tout le monde était Japonais. Cet uniforme-là, il ne pouvait pas le porter. Même s’il s’habillait comme tout le monde, il n’avait pas l’air d’un Japonais. Il était différent, ça se voyait au premier coup d’œil. Il avait déjà pu constater que les gens n’aiment pas beaucoup ceux qui sont différents. Et ça, c’était dans des écoles remplies d’occidentaux. Entouré de Japonais, il se démarquerait encore plus. Il serait encore plus différent. Ça le terrifiait rien que d’y penser. Il était minuscule, après tout. Facile comme tout à écraser. Il avait eu neuf ans il y avait environ une semaine, mais il faisait deux ans de moins. Il avait toujours paru deux ans plus jeune qu’il ne l’était, du moins aussi loin qu’il pouvait se souvenir. Et c’était embarrassant. Et désavantageux. Pourtant, ses parents étaient très grands tous les deux. Pourquoi lui était-il à peine haut comme trois pommes ? Sa mère lui disait que c’était normal, qu’il serait un peu plus petit que les autres parce qu’il était né très en avance. Et elle lui disait que ce n’était pas grave, parce que lui, il avait été le plus fort des petits garçons. Mais en rien cela ne le rassurait ou ne le consolait.

Inspirant profondément, tentant sans succès d’encourager du regard son reflet dans le miroir, il tourna finalement les talons, retournant dans le hall d’entrée. Peut-être que sa mère avait raison. Peut-être que les Japonais n’étaient pas comme les occidentaux. Peut-être que les enfants nippons aimaient ceux qui étaient différents. Ou que cela ne les dérangeait pas, et qu’ils ne verraient pas plus loin que l’uniforme. De dos, il pouvait bien avoir l’air Japonais, après tout, avec les vêtements et les cheveux bruns. Ce n’était que de face qu’on pouvait dire qu’il ne l’était pas. Il n’aurait qu’à s’asseoir à l’avant de la classe, comme ça les gens ne verraient que son dos. Ce plan lui semblait ridicule, mais c’était la seule chose à laquelle il pouvait penser sur le coup pour se donner du courage.

– Tu vas voir, tout va bien aller.

Pour seule réponse, il se contenta de secouer la tête doucement. Il en doutait. Il en doutait beaucoup. Mais il essaierait.

Le trajet en voiture lui sembla trop rapide. Il aurait préféré rester dans le véhicule encore des heures. Rester coincé dans les embouteillages pour ne jamais arriver à l’école. Il adorait apprendre, pourtant. Il adorait lire, étudier, travailler, ce que tous les autres enfants trouvaient complètement bizarre. C’était l’établissement, qu’il n’aimait pas. Être entourés d’enfants qui le détestaient, sans même qu’il leur donne une raison de le faire. Tout aurait été plus simple s’il avait pu se faire enseigner par sa mère. Mais elle disait que c’était une mauvaise idée. De un parce qu’elle travaillait et qu’elle ne pouvait pas rester à la maison toute la journée, et de deux parce qu’il devait socialiser. Rencontrer d’autres enfants, se faire des amis. Il aurait bien voulu, mais elle ne semblait pas comprendre que ça ne fonctionnait pas, peu importe ses efforts. Il était trop timide. Il n’osait pas s’inclure sans invitation dans une conversation pour s’imposer en tant qu’ami. Quand on venait lui parler, il rougissait généralement, effrayé à l’idée de ce qu’il allait devoir dire. À l’idée qu’il allait peut-être dire ce qu’il ne fallait pas. Il était gentil. Un vrai petit ange. Mais les enfants ne recherchent pas des amis gentils. Ils veulent des amis impressionnants, et à la fois impressionnables. Il ne cadrait pas vraiment au profil.

Il eut droit à un baiser sur chaque joue, un de chacun de ses parents, puis il entendit la voiture commencer à s’éloigner, le laissant là, seul, planté sur le trottoir, à regarder cette énorme école qui se trouvait sous ses yeux. Blanche, entourée d’un grand terrain gazonné parsemé d’arbres aux feuillages imposants, le tout avec un muret également blanc qui mesurait des mètres et des mètres, qui faisait le tour du terrain à n’en plus finir, offrant une seule ouverture, celle devant laquelle il était planté. Deux portails en fer forgé, noirs, des plus distingués. Il avait du mal à croire qu’il se trouvait devant une école publique. Il leva les yeux sur l’horloge qui se trouvait sur la façade de l’école, voyant qu’il était temps pour lui de partir à la recherche du bureau de son enseignante s’il ne voulait pas être en retard. Il se doutait bien de ce qui allait se produire : elle allait le présenter au reste de la classe. Ou, pire, le forcer à se présenter. Il aurait préféré pouvoir se rendre directement au local et se cacher derrière un de ses livres.

Frissonnant, considérant que cet uniforme n’était pas suffisant pour un mois de mars, surtout après avoir été habitué aux températures du Brésil, il se dépêcha de se rendre à l’intérieur, sortant de sa poche le papier sur lequel se trouvait le numéro du bureau où il devait se rendre. Il ne manqua pas de remarquer les regards qui se posaient sur lui. Curieux, surtout. Mais ce n’était pas agréable pour autant. Il sentit ses joues passer au rose, au rouge, au bourgogne, et il baissa la tête pour se cacher un peu. Lui qui détestait être le centre d’attention, là, il était servi. Une fois à l’intérieur, il se dépêcha de commencer à chercher le bureau correspondant au numéro écrit sur son papier. Il se rendit bien vite compte qu’il allait à contre-courant, et cela eut pour effet de lui imposer un malaise supplémentaire. Mais une chose accrocha son regard alors qu’il nageait au travers de la foule d’enfants d’environ son âge : il n’était pas petit. Ou, du moins, en comparaison à eux, il ne l’était pas. Il était entouré d’enfants… qui faisaient sa taille. Il resta perplexe, se demandant pourquoi on ne lui avait jamais dit que c’étaient les occidentaux qui étaient des géants plutôt que lui qui était minuscule. Après tout, il avait majoritairement vécu en Orient, jusque là. Peut-être que c’était pour ça qu’il était resté petit. Ou peut-être que tous les Japonais étaient eux aussi nés trop en avance ? Il se doutait bien qu’il n’aurait pas de réponse à cette question, mais il s’en fichait un peu. Pour une fois, il ne serait pas le minus de sa classe, et ça le rassurait énormément.

Il trouva finalement le bureau. La porte coulissante était entrouverte, et il frappa trois coups sur le mur à côté pour signaler sa présence. Une voix de dame lui répondit en japonais, et il resta où il était puisqu’il lui avait semblé qu’elle lui avait dit d’attendre, qu’elle arrivait. Bientôt, la porte coulissa, et il se retrouva face à une nippone qui devait avoir la fin de la vingtaine ou le début de la trentaine. Bien habillée, les cheveux coiffés à la perfection, elle représentait plus que parfaitement le cliché que sa mère ne cessait de ramener au sujet des Japonaises : « la seule chose qui les préoccupe, c’est le regard que les hommes posent sur elles. » Peut-être était-ce vrai. En tout cas, il était vrai qu’elle était plutôt jolie, comme la plupart des filles qu’il avait croisées dans le couloir. Il n’avait pas compris, par contre, pourquoi sa mère avait ainsi une dent contre les Japonaises. Il ne pouvait pas comprendre encore, à cet âge, qu’elle protégeait simplement son territoire. Non, Juliet Stanford n’avait pas envie de se faire piquer son mari par une nippone. Elle les trouvait tellement belles, après tout, qu’elle n’avait pu s’empêcher de se demander pourquoi Adam la préfèrerait à l’une d’entre elles. Le fait était qu’Adam l’avait toujours préférée et la préférerait toujours à n’importe quelle autre femme. Elle ne le voyait peut-être pas, mais elle était parfaite. Il ne savait même pas comment une femme telle que Juliet avait pu tomber amoureuse de lui, et il aimait donc bien la voir exprimer un peu de jalousie de temps à autres.

La mauvaise estime de soi semblait se propager héréditairement.

– Bonjour. J’imagine que tu dois être Christofer ?

Il resta une seconde silencieux, procédant l’information. La façon dont elle avait prononcé son prénom lui était totalement restée en travers de la gorge. C’était hideux. Néanmoins, il tenta d’en faire abstraction, hochant la tête docilement.

– Tu comprends le japonais, n’est-ce pas ?
– O-oui. J’ai du mal à lire et écrire. Parler et comprendre, ça va.
– Oui, c’est ce que ta mère m’a dit, il me semble. Tu suis des cours particuliers pour t’aider, n’est-ce pas ?
– Tous les soirs de semaine.
– Dans ce cas, je suis certaine que tu te débrouilleras bien. Je suis Ushiromiya-sensei. Je te souhaite la bienvenue dans ma classe.
– Enchanté. Et merci.
– Il serait temps d’aller en cours, maintenant. Tu pourras te présenter aux autres élèves.

Il avala difficilement sa salive, sentant déjà sa tête qui tournait. Il avait toujours évité les présentations dans ses autres écoles, mais le Japon lui semblait si formel qu’il se doutait bien que d’éviter ce calvaire serait probablement impossible. Il suivit l’institutrice jusqu’à sa classe, et il jeta un coup d’œil aux enfants alors qu’elle lui disait de faire face à la classe. Il put la voir du coin de l’œil écrire quelque chose au tableau, et il supposa qu’il s’agissait de son nom. Il tourna la tête vers le tableau, déchiffrant les symboles qui y étaient inscrits. Gu-ri-n Ku-ri-su-to-fa. Il dut retenir un soupir de désespoir. Ce n’était vraiment pas prometteur. Les autres enfants le regardaient intensément, se demandant probablement d’où il venait et, surtout, pourquoi il était là. L’institutrice demanda à la classe de le saluer, ce que tous firent, puis elle demanda à Christofer de se présenter en disant son âge, d’où il venait et ce qu’il aimait, afin d’aider la classe à mieux le connaitre. Ses joues brûlaient et il pouvait sentir une veine battre sans retenue dans sa tempe. Ses mains tremblaient, tout comme ses jambes qui menaçaient de s’effondrer d’une seconde à l’autre. Ce qu’elles firent alors qu’il avait à peine eut le temps d’ouvrir la bouche. En fait, il n’y avait pas que ses jambes qui s’étaient effondrées. Son système entier avait lâché prise.

Et, alors qu’il s’écrasait contre la noirceur, il ne put même pas savourer la seule conséquence agréable de cet évanouissement : il avait, en quelque sorte, réussit à se débarrasser de cette présentation.

VI.
« Affronter un bavard est une épreuve, certes.
Mais que faire de celui qui vous envahit pour vous imposer son mutisme ? »
xx
Tokyo, Japon.


Dernière édition par Christofer J. Green le Ven 27 Mai - 22:14, édité 20 fois
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MessageSujet: Re: GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. EmptyDim 12 Déc - 23:20

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Behind the computer

Prénom: kath.
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Dernière édition par Christofer J. Green le Mar 14 Déc - 13:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. EmptyDim 12 Déc - 23:22

Crâneuse !
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MessageSujet: Re: GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. EmptyDim 12 Déc - 23:23

    reBienvenue Tofee-beau. I love you
    Très bon choix de titre et d'avatar. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. 57717
    (et oui, je le redis, ta fiche est un monstre tellement ya de +quelque chose!)
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MessageSujet: Re: GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. EmptyDim 12 Déc - 23:28

Jeff Steevens a écrit:
Crâneuse !
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Heavy. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. 682346

Ouais, y'a beaucoup de +quelquechose, mais j'ai 5 semaines de vacances et je les passerai certainement pas à jouer dehors alors qu'il va faire -40. :yeahh:
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Mackenzie J. Howard
Mackenzie J. Howard
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MessageSujet: Re: GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. EmptyDim 12 Déc - 23:45

Workaholics GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. 13716

Mon psychopathe sexy. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. 928884
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MessageSujet: Re: GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. EmptyLun 13 Déc - 0:09

GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. 657275 + GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. 61499
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MessageSujet: Re: GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. EmptyLun 13 Déc - 0:36

+5, malade va Razz
Bonne chance pour ta fiche I love you
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MessageSujet: Re: GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. EmptyLun 13 Déc - 1:28

& ben bon courage pour remplir tes +8 GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. 682346
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MessageSujet: Re: GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. EmptyLun 13 Déc - 2:08

Mackenzie J. Howard a écrit:
Mon psychopathe sexy. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. 928884
Depuis quand tu me kouikes ? GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. 380854
Gabrielle C. Dumoulin a écrit:
GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. 657275 + GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. 61499
GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. 294494

Merciii. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. 682346 J'sais pas si je vais remplir les 8, mais j'me suis dit que mieux valait pas prendre de chance. Arrow
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Leah M. Cox
Leah M. Cox
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MessageSujet: Re: GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. EmptyMar 14 Déc - 21:30

Workaholic POWAAAAA bounce
C'est la première fois que je vois autant de + °___o
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MessageSujet: Re: GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. EmptyMer 15 Déc - 8:38

    OLIVEEEEEEEER très bon choix d'avatar GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. 57717
    J'espère que tu te plairas ici GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. 356278
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MessageSujet: Re: GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. EmptyMer 15 Déc - 16:32

Julie Lenard a écrit:
Workaholic POWAAAAA bounce
C'est la première fois que je vois autant de + °___o
GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. 13716
Ça veut dire que c'est la première fois qu'on est sur le même forum. XDD

William B. McArthur a écrit:
    OLIVEEEEEEEER très bon choix d'avatar GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. 57717
    J'espère que tu te plairas ici GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. 356278
Dégage. XDDDD GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. 682346


Dernière édition par Christofer J. Green le Mer 16 Fév - 11:28, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. EmptyMer 15 Déc - 18:38

Bienvenue & Très belle fiche Razz
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MessageSujet: Re: GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. EmptyMar 22 Fév - 16:17

Et beh... C'est ce que j'appelle de la fiche, j'adore Shocked
Vraiment hâte de lire la suite et...
ELFEN LIED GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. 356278
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MessageSujet: Re: GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. GREEN ★ i am an ocean, i am the sea. there is a world inside of me. Empty

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