Samedi 7 mai était un jour à marquer d'une pierre blanche, ou autrement dit, un jour important dans ma vie. Cela faisait quelques mois que j'avais fait savoir au propriétaire du petit appartement que je louais que j'avais décidé de rompre mon contrat. Il avait été assez étonné que je décide de partir alors que mon logement se trouvait à quelques pas de l'hôpital où j'avais été engagé, alors officiellement, je lui avais donné comme raison le fait que le loyer était trop élevé pour mes premiers salaires de psychologue. J'avais bien remarqué qu'il ne m'avait pas cru mais j'avais tout simplement décidé de ne pas m'étendre sur les raisons de mon départ. Quitter Staten Island avait été une décision que j'avais prise sans réfléchir et pourtant je savais déjà que je ne le regretterais pas. En effet, officieusement, la raison pour laquelle j'étais parti c'était pour une demoiselle. Et pas n'importe laquelle puisque celle qui m'avait proposé d'emmenager avec elle n'était personne d'autre que ma soeur de coeur. C'était, en partie, pour cette raison que je n'avais pas réfléchis et que j'avais accepté sa proposition dans l'heure qui avait suivi sa demande. Je connaissais l'appartement de Dylan, qui se situait dans le quartier résidentiel du Bronx. L'endroit était assez joli et les loyers étaient abordables, je pourrais donc en profiter pour faire un peu d'économies. Mais dire que ce n'était que pour une question de paysage ou d'argent que j'avais accepté était complètement faux. Si j'avais si facilement accepté c'était avant tout pour partager plus de moments avec Dylan. Depuis que j'avais été engagé à l'hôpital comme psychologue, j'avais un peu moins de temps à moi et donc un peu moins de temps à consacrer à ma petite soeur de coeur. Et comme sa présence me manquait, c'était une belle occasion de la voir chaque jour et d'être présent pour elle en cas de besoin. Dylan était vraiment une personne importante dans ma vie et d'aussi loin que je me souvienne, nous nous étions entendu. Notre relation avait progressé et le jour où je lui avais confié que j'avais été adopté, je m'étais rendu compte que c'était notre plus grand point en commun, le plus douloureux aussi. Mais c'était ce fait qui faisait que nous nous comprenions et ce dès fois même sans parler.
Aujourd'hui était donc un jour spécial puisque c'était mon dernier jour dans mon petit appartement de Staten Island. J'avais déjà rapporté quelques cartons chez Dylan, ou devrais-je plutôt dire chez nous, il ne me restait donc plus que le strict minimum à transporter. J'avais donc rangé soignement les quelques cartons qu'il restait dans le coffre de ma voiture, refait le tour de mon ancien appartement pour voir si je n'avais rien laissé trainer et j'avais fermé la porte de celui-ci pour la dernière fois. Un sourire était apparu sur mes lèvres alors que je m'apprêtais à quitter mon ancienne rue. Je m'étais arrangé avec Dylan et la demoiselle m'attendait pour 16 heures. Un coup d'oeil à ma montre m'indiquait que j'avais encore un peu de temps. Je lui envoyais donc un petit sms pour lui dire que je serais peut-être un peu plus tôt. C'est fenêtre baissée -le temps était ensoleillé- et musique presque à fond, que je traversais le long pont reliant Staten Island du reste de New-York. Je fredonnais, heureux sans savoir réellement pourquoi. Je passais en vitesse dans une boulangerie-patisserie assez reconnue dans le coin et j'achetais de quoi goutter. Comme prévu, j'arrivais devant chez Dylan avec 10 minutes d'avance. Et c'est les bras chargés de cartons que je sonnais à l'interphone. C'est une voisine de Dylan qui m'ouvrit et je montais en sifflotant les quelques marches qui me séparaient du premier étage. Je passais devant l'appartement 101 & arrivais enfin devant le nôtre. Je libérais une de mes mains afin de toquer et j'attendis patiemment que Dylan vienne m'ouvrir. Bien sûr, j'avais déjà le double des clés mais j'étais tellement chargé que je n'aurais su ouvrir la porte seul. J'affichais déjà un sourire heureux et si jamais un voisin m'avait vu en cet instant, il m'aurait peut-être pris pour un fou qui souriait tout seul. Mais bon, j'étais heureux et à cet instant, personne n'aurait pu gacher celà.