Après une bonne heure dans la salle de bain, je suis enfin prête pour me rendre à cette soirée Halloween dans un train. D’ailleurs, je me demande bien qui a eu cette idée, mais je la trouve plutôt originale et quoiqu’il en soit, je ne dis jamais non à une fête où on se déguise. Il faut d’ailleurs que j’ajoute un dernier détail à mon déguisement : mes oreilles de chat. Oui, j’ai décidé que ce soir, je serai Catwoman ! Certes, le costume n’est pas la réplique exacte que l’on voit dans les films, mais j’aime y ajouter ma touche personnelle. Je retrouve mes petites oreilles sur ma coiffeuse, je les pose délicatement sur ma tête, et après un coup d’œil dans le miroir, je ne peux que sourire. Si mes pères me voyaient ainsi... Je ne préfère pas imaginer les têtes qu’ils feraient ! J’attrape également un masque que je vais mettre une fois sur place. J’enfile un manteau - je ne veux pas me balader dans cette tenue dans les rues froides de New-York. Je prends une petite pochette dans laquelle je glisse mon cellulaire, l’invitation et quelques billets. Me voilà prête ! Je sors de chez moi et grimpe dans le taxi que j’ai appelé quelques minutes plus tôt. Je lui donne l’adresse et me contente d’observer la ville pendant le chemin.

J’arrive rapidement à destination et lorsque je monte à bord du train, je ne peux qu’être conquise. C’est divin ! Je n’oublie pas de mettre mon masque afin que personne ne me reconnaisse - ce qui reste très amusant -. Je vais jusqu’au vestiaire où je dépose mon manteau et voilà que je marche dans ce train et visite les différents espaces. Je salue l’inventivité de la personne qui organise cette soirée. Je me demande d’ailleurs si nous la verrons... Enfin, je verrais bien. Je regarde les différents costumes. Ils sont vraiment pas mal. Cela me ramène forcément quelques jours en arrière, lorsque j’ai fais la connaissance de Loki (ou Chance, si on préfère) à cette soirée où j’étais en Arwen. J’aurai parfaitement pu remettre la même tenue, mais je ne recycle jamais mes costumes. J’aime bien lorsqu’ils sont uniques.

Mes yeux s’attardent sur chaque détail, chaque personne, je me demande si j’en connais qui sont déjà présents. Mais difficile de reconnaître qui que ce soit actuellement. Alors, je continue de déambuler dans ce train. Tout me fait sourire. Je suis comme une petite fille qui découvre pour la première fois un parc d’attraction. Cela me fait le même effet. Je suis émerveillée. Je passe rapidement le wagon où la musique bat son plein. Cela va beaucoup trop fort et je ne suis pas encore assez dans l’ambiance pour me déhancher sur le dancefloor... Même si je pense que je vais y faire un tour un peu plus tard.

J’arrive finalement au bar. Là encore, les décorations sont parfaites. Il y a des toiles d’araignées un peu partout, des fausses bêtes noires, des squelettes, et d’autres petites choses. Je sens quelques regards qui se tournent vers moi, ce qui me fait doucement sourire. Il faut dire que cette tenue est bien loin de la citrouille géante que j’avais enfilé lorsque j’étais encore une petite fille et que je faisais la tournée des maisons avec mon père.

Je m’installe au bar et commande un Eurêka. Discrètement, j’observe un petit peu les personnes qui se trouvent là et un imperceptible sourire étire mes lèvres. Je me sens vraiment dans mon élément lorsque toutes les personnes se déguisent et qu’ils se fichent bien d’être ridicule ou non. Halloween est une période que j’adore et je ne crois pas que ça changera de si tôt. Je remercie le barman qui pose le verre devant moi. Je prends la petite rondelle d’orange qui était dessus et la porte à mes lèvres.

Je sirote tranquillement mon cocktail en suivant un petit peu les conversations des personnes qui se trouvent dans cette partie du train. Je souris quelques fois, et grimace lorsque des jeunes femmes répondent des choses niaises à souhait. Je ne comprends pas comment les demoiselles peuvent être si superficielles devant des hommes - qu’ils soient canons ou pas. Du coup, j’oublie un peu le fait qu’ils soient tous là et je me dandine un petit peu sur mon siège au son de la musique que l’on entend. J’aime bien être dans ma petite bulle, tranquille dans mon petit monde avant de faire la conversation avec d’autres personnes. Parce que lorsque je commence à prendre la parole, on ne m’arrête plus du tout et je deviens ingérable auprès des autres personnes. Mais bon, je suppose que certains d’entre eux s’y font puisque j’ai des amis qui me supportent encore.

Je bois une nouvelle gorgée de ma boisson et observe de nouveau ce petit peuple. Je penche un peu la tête lorsque je remarque les regards qu’on me lance. Hum, ça se trouve, c’est à cause des oreilles de chat. Elles sont mignonnes. Je les adore. Je crois que je pourrais les mettre tous les jours puisque je me fiche du regard des gens. Certainement que quelques personnes riraient de moi et me trouveraient folle... Mais je m’en fiche. Je préfère ma petite folie à une vie banale, sans rire et sans joie. Il faudrait que je vois avec mon patron si il accepterait que je les porte à la librairie. Il me connaît bien. Je suis sûre qu’il trouverait l’idée amusante.

D’un coup, je sens quelque chose dans mon dos. Je sursaute un petit peu sous l’effet de surprise jusqu’à ce qu’une petite réplique me fasse rire. Vu sous cet angle, je crois que cela ne me laisse pas trop de choix. Je n’ai pas le temps de répondre qu’il poursuit en parlant de l’indécence de mon costume, qu’il devrait m’arrêter et que les femmes doivent envier ma silhouette. J’espère juste qu’elles n’auront pas dans l’idée de me faire la peau à cause de cela...! Hum. Je regarde trop la télévision.

Lentement, je pivote sur mon siège et me retrouve face à cet homme, déguisé en agent fédéral qui semble être mort. Intéressant. J’aime le choix. Un fin sourire étire mes lèvres tandis que mes yeux remontent jusqu’à son visage.

« Si j’accepte de boire un verre avec vous, vous promettez de ne pas me passer les menottes de suite ? »

Si je n’avais pas ce masque, je lui ferai mon petit regard de chien battu, mais dans ces circonstances, il passerait inaperçu. Du coup, je me décale d’un siège et tapote celui qui se trouve à côté de moi afin qu’il y prenne place.

« Vous abusez souvent de votre statut d’agent fédéral pour soumettre les jeunes femmes à vos envies ? »

Je le taquine un petit peu. Même si je ne connais pas les gens, je me sens toujours assez à l’aise avec des inconnus. Je fais facilement connaissance et ne perd jamais de temps avec des banalités. D’autant qu’en cette douce soirée d’Halloween, je compte bien m’amuser. Et puis, il est bien connu que Catwoman n’a pas froid aux yeux.

Je ne peux que sourire doucement lorsqu’il me dit qu’il attendra que nous soyons dans un coin sombre. Mon Dieu. Pourquoi mes pensées dérivent-elles vers cette idée ? Vraiment, lorsqu’on évoque des menottes, je perds tout contact avec la réalité. Je ne crois pas que ce soit le bon moment. Il faut que je me reprenne et que je concentre mes idées sur ce jeune homme qui me semble être absolument charmant et qui a un sens de l’humour que j’apprécie déjà.

« Déjà des promesses... » glissé-je, taquine.

Les hommes ne sont-ils pas connus pour en faire des tonnes ? Je ne fais que jouer sur ce point. Et puis, dans le cas présent, cela ne me dérange pas outre mesure. Bien au contraire. J’adore ce genre de petit jeu.

« Je suis honorée d’être la première. » dis-je, sérieuse.

Il y a de quoi, n’est-ce pas ? Je ne vais pas m’en plaindre. À la place de cet agent fédéral, j’aurai très bien pu être abordé par un crétin lourd, arrogant et sans grand intérêt. Le genre de gars que je déteste réellement - peut-être parce qu’ils sont à l’origine de mes pires expériences.
Si je profite souvent des hommes avec ce costume ? Un petit sourire étire mes lèvres tandis que je tourne mon visage vers lui. Je glisse ma langue entre mes lèvres et boit une gorgée de mon cocktail avant de remettre le verre sur le comptoir.

« Au risque de vous décevoir, c’est la première fois que je le porte... Mais je l’apprécie tellement que je songe à le mettre dans la vie de tous les jours. Vous êtes donc le premier à être tombé dans mes filets. » avoué-je.

Je reste toujours dans une attitude à la fois charmante et taquine. C’est assez étrange. Je me sens vraiment très à l’aise avec lui, comme si je le connaissais depuis très longtemps et que l’on s’amusait sans cesse de la sorte. Je ne sais pas pourquoi je ressens cela, mais ce n’est pas désagréable pour autant.

Il me demande si il peut toucher mon costume et s’embrouille un petit peu. Je trouve ça affreusement mignon. Je hoche la tête.

« Je vous en prie... Du moment que vos mains ne deviennent pas trop baladeuses... » lâché-je dans un petit sourire.

Je lui aurai bien tendu un bras, mais ce sont les seules parties de mon corps qui ne pas couvertes. Et puis, il ne semble pas être un porc qui profite de quelques questions pour tripoter les jeunes femmes... Et même si ça lui venait à l’esprit, je saurai lui remettre les idées en place. Être élevée par deux hommes a du bon. Vraiment.

Je termine mon verre et profite que le barman soit à notre hauteur pour lui commander la même chose. Décidément, j’adore ça. Mais je ne vais pas trop en boire. Je ne voudrais pas finir la soirée complètement ivre, ce serait ridicule. Enfin, la question du jeune homme parvient jusqu’à mes oreilles. Je me tourne de nouveau vers lui.

« C’est supportable. » dis-je en arquant un sourcil.

Mais je pense que plus tard dans la soirée, je dirai autre chose. Surtout avec l’alcool. Je vais vraiment avoir chaud. Mais ça en vaut vraiment la peine. J’adore mon costume.

« Quant à ce que je faisais... Hum, et  bien... Disons que c’est vous le flic, pas vrai ? Alors, c’est à vous de trouver. »

Le barman pose nos boissons devant nous, et comme tout à l’heure, je prends la rondelle d’orange.

« À votre avis, qu’est-ce qu’une jeune femme comme moi pourrait faire en pleine nuit ? » demandé-je en portant le fruit à mes lèvres.

Provocatrice, moi ? Jamais.

Un gentleman ? Intéressant. Mais je lui fais confiance. Qu’on ne me demande pas pourquoi, mais je sens que je peux lui faire confiance. Il dégage quelque chose qui me plaît énormément et je suis certaine d’être bien tombée à cette petite soirée. À croire que j’ai une très bonne étoile. Je le vois qui se rapproche et lorsque je sens sa main dans le creux de mes reins, je frissonne. Je ne me l’explique pas moi-même, mais mon corps a de suite eu cette réaction. Je suis satisfaite de cette tenue et j’ose espérer qu’il n’aura rien remarqué de mon trouble. Cette proximité me semble tellement familière. C’est une sensation réellement étrange.

« C’est pour cela que je souhaite la mettre tous les jours... Mais je ne suis pas certaine que les gens comprennent mon attitude. », dis-je dans un murmure.

Déjà que j’ai bien envie de mettre mes oreilles de chat au travail... Alors si en plus je me promène avec la tenue complète, ils n’oseraient pas en croire leurs yeux. Pourtant, il arrive que je vois des personnes qui ont des tenues étranges et personne n’en fait un drame. Mais j’avoue que je risquerai un peu de faire tâche dans les quartiers chics. Et puis, j’adore mon look un peu bobo chic.

« En tout bien tout honneur ? », demandé-je avant de rire doucement. « Moi qui pensait qu’on aurait joué avec des menottes... », ajouté-je dans un soupire.

Je ne peux faire autrement. Il faut que je sois taquine, que je m’amuse autant que je le peux. J’adore faire cela. J’adore parce que je suis sous un masque et personne ne sait qui je suis. Personne ne sait qui se cache derrière ce costume. Et d’ailleurs, même si j’étais à visage découvert, je ne crois pas que je serai différente. J’assume ce que je fais et ce que je dis. Je ne veux pas perdre de temps avec des regrets.

Je l’écoute en buvant une gorgée de ma boisson tandis qu’il tente de deviner ce que je faisais durant la nuit. Je continue de sourire et même, un rire franc m’échappe.

« Hum... C’est vrai ça ? Où se cache-t-il ? Je l’attends depuis une plombe ! Si cela se trouve, il observe votre petit jeu... », glissé-je sur le ton de la confidence, faisant mine de chercher ce petit-ami.

Je m’en amuse encore un petit peu tandis que je repose mon verre sur le comptoir.

« Plus sérieusement : vous avez de la chance, il n’y a aucun petit-ami dans ma vie. Le seul truc qui partage mon lit est une peluche que j’ai depuis que je suis toute petite. », avoué-je dans un rire.

Je n’ai pas honte de le dire. Je l’adore, mon ours en peluche. Il est immense. C’est un cadeau de mon père. Il me l’avait gagné à une fête foraine. Il ne me quitte jamais. Même quand je pars en vacances. Je le tasse dans un grand sac. Je suis un peu dingue, c’est vrai.

« Mais sachez que je suis déçue d’apprendre que votre flingue est un faux. Vous n’avez plus aucun moyen de pression sur moi, à présent... », dis-je en tournant mon visage vers le sien.

Il n’est pas doué avec les femmes ? Étrange. Il me donne pourtant l’impression d’être assez à l’aise, bien qu’il s’embrouille de temps en temps. Mais, quoiqu’il en soit, même si il n’est pas complètement doué avec les demoiselles, cela ne me pose aucun problème. Je veux dire... Cela lui donne un peu plus de charme. La maladresse peut être absolument charmante si elle n’est pas exagérée. Mais il n’empêche que je suis heureuse qu’un masque recouvre une partie de mon visage parce que je pense que je rougis un petit peu lorsqu’il dit que je suis resplendissante. Je le regarde alors qu’il se mord la lèvre et que de la peinture noire s’efface. Un petit rire m’échappe.

« Si cela peut vous rassurer, je trouve que vous vous en sortez très bien pour le moment. », dis-je sur le ton de la confidence. « Même si vous mangez un peu de peinture. », ajouté-je, taquine.

Je le dis surtout pour lui. Cela ne doit pas être franchement agréable. Autant qu’il évite - même si je sais très bien que les petites manies du genre sont difficiles à faire disparaître.

Il se rapproche de moi et me souffle à l’oreille qu’il a un taser dans son sac. Je souris largement, mais cette proximité me perturbe réellement. Et c’est bien pire lorsque je sens de nouveau sa main dans mon dos.

Il me dit que dans la vraie vie, il est ennuyant. Je fais les gros yeux. Comment c’est possible ? Je suis sûre qu’il se trompe et qu’il a une très mauvaise opinion de lui-même ! On ne peut pas être très intéressant dans une soirée costumée et complètement ennuyant dans d’autres circonstances. La personnalité demeure être la même.

« Je suis certaine que c’est faux ! J’ai la certitude que vous êtes une personne très intéressante et celui qui me contredit... eh bien, je sors mon fouet ! », dis-je le plus sérieusement du monde.

Et bien quoi ? Je suis encore Catwoman que je sache !

Je l’écoute de nouveau et je commence à faire une sorte de blocage venu de nul part. J’ai toujours cette réaction lorsqu’on me parle de Loki. L’homme de ma vie. Mais ce n’est pas tout. Ce n’est pas que ça. Ses étudiants ? Il est donc prof ? Cela commence à faire quelques similitudes avec Chance. Le fameux Loki de la soirée pré-halloween.

« Loki est l’homme de ma vie. », finis-je par dire le plus naturellement du monde.

Ce n’est pas du tout ce que j’avais prévu de dire à la base, mais voilà ; Loki me perturbe réellement et dès qu’on m’en parle, je perds le contrôle de mes pensées et je ne sais plus ce que je raconte. Il faut que je me concentre et que j’en reviens à mes interrogations.

« Et je suis entièrement d’accord... Je veux dire pour les déguisements tous les jours, en se fichant des autres... Mais... Vous êtes prof, donc ? », demandé-je, l’esprit embrouillé.

On parle de Loki. Il faut que je reste calme et que je ne perde pas de suite le contrôle de mes propos ou de mes gestes parce que sinon, je sens bien que je vais me couvrir de ridicule devant lui et devant toutes ces personnes qui sont tranquillement assises – ce ne serait pas la première fois, mais il me reste encore un petit peu de dignité et je la conserve précieusement. Mais comment pourrais-je réellement être calme alors que Loki est définitivement l’homme de ma vie ? Que je veux un homme tout pareil que lui. Il est tellement charismatique ! Il dégage ce petit quelque chose qui fait que je suis sous le charme – cela peut paraître complètement stupide, mais je m’en fiche… Les autres femmes fantasment bien sur des chanteurs ou des acteurs à la noix !

Il fantasme aussi sur Loki ? Il ne devrait pas mettre ces deux mots dans une seule et même phrase en ma présence parce que personnellement, je m’imagine déjà des choses étranges – non pas entre lui et Loki, mais des fantasmes Lokien. OK. Je respire. Je suis calme. Je suis détendu. Je laisse mes émotions dans un coin de ma tête et je ne m’exprime pas en hurlant comme je le ferai habituellement.

« Je comprends parfaitement ce que vous êtes en train de me dire. Il dégage quelque chose de vraiment puissant… Je crois qu’il m’a ensorcelé. » dis-je les yeux pétillants.

Je soupire. J’ai su être calme, je n’ai pas dis de grosses conneries et je ne passe pas pour une groupie hystérique. Pour fêter ça, je termine mon verre en quelques gorgées. Cela m’aide un peu à me remettre les idées en place – ou pas.

Quoiqu’il en soit, je reviens à moi lorsque nous parlons de son travail et que je réalise qu’il a pas mal de points communs avec Chance, le jeune homme avec qui j’ai passé une délicieuse soirée la dernière fois – j’ai d’ailleurs très envie de le revoir, c’en presque inhumain ! Mais lorsque l’agent fédéral me répond qu’il est bel et bien prof de maths, je commence à avoir des doutes sur son identité. Et si c’était lui ? Et si je me trouvais devant la même personne ? Ils sont profs, ils aiment Loki et les déguisements…

Complètement perdu dans mes pensées, j’entends qu’il me retourne la question et sourit lorsqu’il pense que je suis mannequin. Je ne m’imagine pas du tout dans ce milieu. Je sais que je suis jolie et que j’ai la silhouette idéale pour ce travail, mais il ne m’intéresse pas du tout. Mais là, dois-je lui dire la vérité ? J’en sais rien. Si je lui dis que je suis librairie, il va certainement faire le rapprochement lui aussi entre Shiloh-Arwen et la Catwoman ici présente. Je torture ma lèvre de mes dents durant quelques secondes, incapable de prendre une décision. Allez. Je respire.

« Vous me flattez ! Mais au risque de vous décevoir, je ne suis pas mannequin… Tout comme vous, je fais un travail bien moins palpitant, mais qui me passionne réellement. Je travaille au milieu des livres… »

Voilà. Il fallait que je dise la vérité. Je ne sais pas dire des mensonges. Quand cela m’arrive, je bafouille, je deviens toute rouge et je suis cruellement pathétique. Du coup, je préfère miser sur la carte de la vérité et peut-être qu’il ne s’en souviendra pas… ou s’il s’en souvient, cela nous fera rire d’être encore tombé l’un sur l’autre… non ? Oui. Oui, évidemment.

« Je veux bien. Je vais reprendre la même chose, merci. » glissé-je en passant la langue entre mes lèvres.

Je ne peux pas y croire… Je ne peux pas sérieusement croire que là, juste devant moi, c’est Chance. Impossible. Pas après tout ce que j’ai dis et mon comportement… Il va probablement croire que je drague tout le monde et n’importe qui sous prétexte que je sois déguisée en catwoman et que je laisse les hommes me tripoter en plus du reste ! C’est la honte internationale, je voudrais être une petite souris et disparaître dans les secondes qui suivent, mais je ne suis pas ainsi. Je ne me démonte jamais et j’assume toujours mes actes, mais là… Je ne sais pas. C’est Chance et je l’apprécie vraiment beaucoup. Il a ce petit quelque chose qui me plait énormément et je ne voudrais pas prendre le risque de tout gâcher alors qu’il m’a semblé qu’on s’entendait très bien et là encore, ce soir, on se retrouve par hasard et on accroche sans savoir qui se cachait derrière les masques… Je veux dire… Cela veut dire quelque chose !

Je n’ai plus aucun doute sur son identité et je crois qu’il commence aussi à comprendre qui je suis. Parfois, certains signes ne trompent pas et je ne crois pas qu’il connaisse beaucoup de jeunes femmes libraires qui sont folles amoureuses de Loki. Je pense qu’on devait se retrouver là et qu’on devait être en présence de l’autre, voilà tout. C’était écrit quelque part et je remercie actuellement le mec ou la femme qui écrit le livre de ma vie… Bah quoi ? C’est possible ! Je la vois bien cette personne qui commence à écrire un chapitre de ma vie et qui hésite sur un événement, qui efface et qui recommence. Bref, je crois que je passe trop de temps le nez dans les bouquins.

Et je remarque juste qu’il ne semble pas être très bien. Il a vraiment une peur panique que ce soit moi… si il pense vraiment à moi… du moins, je le pense. Fin, comme je le disais, à qui d’autre pourrait-il référence ? On n’est pas des centaines comme moi… et heureusement pour la planète ! Je l’impressionne ? Je suis sous le choc ! Je ne pensais pas que j’impressionnerai quelqu’un un jour et encore moins un homme aussi charmant et classe que lui. C’est le monde à l’envers.

« Du calme… On respire… Tout va bien ! Ce n’est pas la fin du monde, vraiment… La coïncidence est même plutôt amusante. »

Du moins, je crois… Je préfère en rire et me dire que le destin voulait qu’on soit ensemble en cette soirée d’Halloween, c’est tout. Je demande au barman un verre d’eau que je donne au jeune homme une fois qu’il fut sur le comptoir. J’attrape aussi mon carton d’invitation et je lui fais du vent histoire qu’il ne fasse pas un malaise, ce serait dommage !

« Est-ce que ça va mieux ? Vous… Tu veux qu’on change de coin ? »

On ne sait jamais. Il pourrait peut-être se remettre de ses émotions dans un wagon moins bondé que le bar qui s’est pas mal remplit depuis que je suis là… Mon Dieu, cet homme me fait tellement d’effet que je ne faisais plus attention à ces personnes qui se trouvaient à nos côtés.

« C’est moi, d’accord ? Donc on respire, on se connaît ! Tout va pour le mieux. »

Ou comment dire que je ne suis pas douée pour rassurer les gens qui sont sur le point de faire un malaise ?

Heureusement que je suis calme dans la vie de tous les jours parce que présentement, je crois que moi aussi je pourrais faire un malaise. Mais j’aime prendre la vie du bon côté et me dire que derrière chaque situation, il y a quelque chose de bon qui ressort alors il ne faut pas trop se prendre la tête. Évidemment, je comprends la réaction de Chance, il ne s’attendait pas à ce que ce soit moi ou vu ce que nous nous sommes dis… il y a de quoi être un peu mal à l’aise. Oh Seigneur. Est-ce qu’il va croire après cela que je suis une fille facile qui drague et se laisse facilement séduire par des inconnus à la moindre occasion ? J’espère que non. Je ne suis pas ainsi. Même si j’adore les jeux de séduction, je veux dire… Je ne suis pas pour autant prête à me mettre dans le lit du premier gars venu. J’ai quand même un peu plus de respect pour mon corps et pour ma personne. Je n’agis pas aussi inconsciemment.

Enfin, pour le moment, je me concentre sur Chance. J’essaie de lui faire du vent, je le rassure comme je le peux même si je ne suis clairement pas douée pour cela. Autant il faudrait dire une grosse connerie, je serai à l’aise mais là… J’ai juste l’impression d’être inutile alors je fais comme je le sens et j’y vais au feeling. Je lui propose même que l’on change de coin – avec moins de monde, il y a des chances qu’il reprenne plus vite ses esprits. Il fait un peu chaud dans le coin et cela n’aide pas lorsqu’on est sur le point de faire un malaise.

Il se lève, j’en fais autant. Il se saisit de ma main et malgré la situation, cela me tire un petit sourire. Cela veut dire qu’il a envie que je reste avec lui et dans d’autres circonstances, j’aurai fais quelques pas de danse le plus naturellement du monde. Mais je ne vais pas en rajouter à mon cas. On se fait un chemin parmi la foule lorsque brusquement, les lumières s’éteignent et nous n’entendons plus la musique. Un petit sentiment de panique me gagne, mais je n’en dis rien. C’est quoi ce bordel ? Pitié, faites que cette connerie fasse partie de la soirée. Pitié.

Je sens Chance qui se colle contre moi et je me demande exactement la même chose que lui. J’avale ma salive. Je ne peux qu’il panique davantage ou quoi alors je ne vais pas partir dans un scénario catastrophe comme je pourrais le faire à mon habitude.

« Mais non ! Je suis sûre que tout va bien. À mon avis, cela fait complètement parti de la soirée parce que forcément, c’est Halloween alors ils veulent nous fichent la trouille. »

C’est l’explication la plus plausible que j’ai trouvé sur le coup. Et au moins, cela me semble réel – bien plus qu’un scénario tout droit sorti de mon imagination débordante. Je serai très bonne pour écrire des films sur la fin du monde et tout… !

Si on attend ? Je crois que c’est la seule solution. Je sens les bras de Chance autour de moi et franchement, je dois bien avouer que cela me rassure et même, je me sens étrangement bien ainsi…

« Je crois que c’est la seule chose à faire… À moins que l’on tente de sortir mais je crois qu’on finirait par se prendre les pieds n’importe où. »

Surtout que je ne suis pas toujours très douée lorsque je marche, il faudrait pas que je fasse trop de conneries et que je me ridiculise. Je passe mes bras autour de la taille de Chance et j’attends que les événements se débloquent, mais rien n’arrive. OK. Je ne cède pas à la panique. Jamais. Un sursaut me prend brusquement.

« Quelqu’un m’a claqué une main aux fesses… ! »

J’hallucine totalement. Ils sont malades les gens ! Et cela ne peut pas être Chance parce que je sens toujours ses mains dans mon dos. Je me colle un peu plus à lui et je fais en sorte que l’on tourne sur nous-mêmes afin que je sois plus dans la ligne de mire de ces idiots.

Il faut que je reste calme, zen, détendue, comme si j’avais une parfaite maîtrise de la situation alors que ce n’est pas du tout le cas. Le fait que l’on soit brusquement dans le noir me fiche pas mal la trouille, mais Chance semble être encore plus en panique que moi alors je n’en rajoute pas et je joue à celle qui rassure l’autre – bien que je ne sois pas très douée dans ce rôle, autant le dire clairement. Pour le moment, je n’ai qu’une envie : me fondre dans ses bras ou disparaître jusqu’à mon appartement, me mettre sous mes couvertures et être ainsi durant des semaines sans que personne ne le sache jamais. Malheureusement, à la naissance, la bonne fée a oubliée de me mettre des supers pouvoirs… !

Alors que nous attendons presque tranquillement que le train cesse sa course folle, je sens qu’on me claque une main aux fesses ; mon premier réflexe est de le dire à voix haute puisque cela me scandalise un peu. Je crois que certaines personnes sont dingues (dans le mauvais sens du terme) et ont de la chance que nous soyons dans le noir sans quoi, il aurait pu se prendre ma main dans la figure et dans ces cas-là, je ne plaisante que très peu. Seulement, Chance m’affirme que ce n’est pas lui et je ne peux que rire face à cette affirmation puisque je le savais déjà – je sens ses mains autour de moi, et à moins qu’il en ait d’autres… Cela ne peut pas être lui.

« Je le sais, ne t’en fais pas ! »

Je le rassure à nouveau ; j’imagine très bien qu’il n’est pas un sale pervers qui colle sa main aux fesses de toutes les demoiselles qui passent dans le coin. Il me semble être bien plus intelligent que cela et possède un savoir vivre que d’autres n’ont pas – hélas !-. Mais en attendant, je reste tout contre lui, me blottit même davantage et reste ainsi sans dire un mot. Je tente de faire le vide dans ma tête, de me convaincre que tout ceci est une mise en scène et que, dans quelques minutes, les organisateurs viendront en riant et diront que c’était une grosse blague.

Et finalement, le train s’arrête et me propulse un peu plus en avant contre Chance – si je n’avais pas été dans ses bras, nul doute que je serai déjà au sol. Les lumières se rallument peu après et il faut plusieurs secondes pour que mes yeux se réhabituent à elles. Je cligne plusieurs fois des paupières et réalise que certaines personnes s’éloignent. Je fronce les sourcils, sceptique.

« Je ne sais pas du tout… J’attends de voir ce qu’il se passe exactement. »

Je fronce de nouveau les sourcils alors que des murmures parviennent jusqu’à nous : quelqu’un serait mort ; le chanteur du groupe qui jouait, apparemment. Je fais les gros yeux puisque certaines personnes confirment les rumeurs.

« Quelqu’un est mort ?! »

Cette question m’échappe, et je pense que je n’aurai pas du la dire à voix haute parce qu’elle me paraît brusquement trop réelle cette situation… Je me détache des bras de Chance et me dirige vers une petite fenêtre du train et réalise que nous sommes dans un coin paumé… Il n’y a rien du tout dans le coin. Absolument rien.

« On est… On est… Je ne sais pas où on est… »

Une grimace déforme un instant mes traits alors que je retourne vers Chance et agrippe sa main ; un geste qui me rassure, je ne supporterais pas d’être seule.

Mon Dieu. Un homme est mort… Lorsque j’y pense, j’en ai vraiment froid dans le dos et je voudrais bien ne plus être dans ce train. Je voudrais être confortablement installée devant la télévision, sur mon canapé, enroulée dans un plaid en train de regarder Harry Potter pour la millième fois ou me refaire le Seigneur des Anneaux en version longue. Voilà, je voudrais que tout ceci ne soit qu’un cauchemar et que je me réveille tranquillement dans mon appartement, mais malheureusement, je sais que ce n’est pas le cas. Je sais que je suis bien dans ce train et qu’il m’est impossible de transplaner jusqu’à chez moi. Pourquoi ça n’existe pas vraiment, hein ?

Lorsque je Chance me dit qu’on ferait mieux de sortir, je ne peux qu’être d’accord même si je ne sais pas franchement où on se trouve. Je ne distingue rien, pas une seule route au loin alors… Je me demande bien ce que l’on va faire dehors, mais au moins, je pense que ce sera déjà moins oppressant que d’être parmi toutes ces personnes qui paniquent et veulent à tout prix rejoindre un autre wagon ou que sais-je encore. La panique ne sert à rien, tout le monde le sait ! Dès qu’on panique, on ne sait plus ce que l’on fait et ce n’est vraiment pas l’idéal. Une fois dehors, je prends une grande inspiration et nous marchons vers je ne sais où… Lorsqu’il me dit qu’il a un peu de réseau et qu’il va appeler un taxi, je hoche simplement la tête et le laisse faire.

Mon regard scrute l’horizon, mais je ne discerne vraiment rien et je n’aime pas cela. C’est comme si on se trouvait au milieu de nulle part et que brusquement, des cannibales allaient sortir de derrière les arbres et nous bouffer les uns après les autres. J’ai vu un film de ce genre la dernière fois… J’en suis encore traumatisée ! Je n’aime pas ces films, ils sont un peu trop gores pour mon pauvre petit cœur. J’écoute les propos de Chance et je soupir lorsqu’il me dit que le taxi ne viendra pas les chercher parce qu’ils ne savent pas où ils se trouvent.

Un long frisson parcourt mon échine et je commence à avoir vraiment froid. Il faut dire que ma tenue n’est pas franchement adaptée pour être dehors et mon manteau se trouve dans les vestiaires. Mais je garde ma main dans celle de Chance tout en frottant mon bras de mon autre main. Je ne sais pas si c’est à cause de la trouille ou si j’ai vraiment froid à ce point, mais je claque un peu des dents.

« Je crois qu’il serait plus raisonnable que l’on retourne dans le train. Nous ne savons pas où nous sommes et je ne tiens vraiment pas à me perdre et marcher durant des heures sans destination précise. »

Il me semble que ce soit une sage décision. Alors, j’entraîne Chance à mes côtés et nous remontons dans le train comment le font beaucoup d’autres personnes qui ont du se rendre à la même évidence que nous.

« Il faut qu’on reste ensemble, d’accord ? De toute façon, je ne te quitte pas du regard, je vais être encore plus collante que ton ombre. »

Je souris légèrement, j’essaie de détendre l’atmosphère même si ce n’est pas si évident que cela. Mais il ne faut pas qu’on panique tous les deux. Après tout, nous avons un peu de chance puisque l’on se connaît… On aurait pu être seuls parmi des inconnus, alors… !

Je tourne brusquement ma tête vers le côté et fronce les sourcils.

« Tu entends ? Ça a l’air d’être des sirènes de police. »