Shane marqua un point non négligeable lorsqu’il répondit à Dylanne que ce n’était peut-être pas le moment de faire de l’esprit. Effectivement la jeune femme se trouvait toujours sous son joug et ne pouvait rien faire pour se défendre, exciter la bête n’était donc pas la plus intelligente des choses à faire. Mais la brune n’avait pas eu d’autre idée pour se défendre. Elle savait de toute façon que quoi qu’elle fasse elle finirait probablement réduite en bouilli par les mains de son assaillant dont une équivalait à la taille totale de son visage. Alors autant mourir en ayant un minimum la classe et de la répartie. Si Lynn s’était attendu à recroiser un jour l’ami d’enfance de son frère dans de telle circonstance elle aurait surement préférer mourir lors de la prise d’otage. Non seulement là c’était la honte mais c’était en plus faire un affront à la mémoire de Devon. Comme si on lui remettait sa trahison en pleine figure. Oui elle se défendait d’avoir ces raisons pour ce revirement, pour son changement de clan mais rien ne pourrait empêcher la réalité : l’étudiante avait tournée le dos à sa famille et un jour elle le paierait très cher.

Ce jour qui était peut-être arrivé jusqu’à ce que l’homme se recule et range son arme. La brunette se demanda un instant si ce n’était pas pour mieux la cogner avec ses poings mais la façon dont il la reluqua lui fit plutôt croire qu’il aurait pu la violer. Et on parlait d’insulte à la mémoire de son aîné ? Clairement Shane ne l’avait pas encore reconnu sinon vu les liens qui l’unissait à son ami, il n’aurait jamais regardé sa jeune sœur de cette façon. Dylanne avait été élevée en regardant ces deux là grandir, ils avaient représenté ses héros et autres princes charmants, ses modèles. Elle se demandait encore souvent comment tout cela avait-il pu tourner aussi mal mais qui pouvait clamer un véritable bonheur ici à Volusia ?! Elle profita donc du répit pour rattacher correctement sa serviette et observa avec l’œil interrogateur, le tatoueur partir en exploration dans son appartement. Sa remarque sur la présence d’un mec ici avait fait mouche.

Dylanne se laissa alors glisser de le long du mur avec un soupir de soulagement. Elle ne savait pas si elle survivrait toute la nuit mais au moins elle avait cinq minutes. La jeune femme se releva pour tendre l’oreille, le brun continuait de fouiller son appartement et il serait très en colère lorsqu’il verrait que ce type, Clay ne vivait vraiment pas ici. C’était regrettable dans un sens, Lynn aurait aimé avoir un petit ami mais exilé de sa famille et ici regardé de travers, il y avait peu de chance que ça arrive. Rapidement elle jeta un coup d’œil par la fenêtre pour voir si le bruit à sa porte avait ameuté du monde. Mais visiblement non, l’étudiante alla donc refermer tant bien que mal le panneau de bois. Qu’allait-elle faire maintenant ? Attendre le temps que Shane se rende compte qu’il avait fait une erreur et la démonte pour passer sa colère, lui offrir un café ? La sonnerie du micro-onde retentie et Lynn repartie vers la cuisine.

Au même moment le tatoueur ressortit de sa chambre. L’étudiante tourna son regard vers lui mais détourne bien vite les yeux. Ceux-ci se posèrent alors sur le cadre photo dans sa main. Damnation. Elle l’aurait reconnu entre mille car s’était le seul qui avait cette couleur arc-en-ciel, un cadre de gamine pour une photo qui commençait à dater. Il s’agissait d’elle sur le dos de Devon dans le jardin de leur luxueuse villa dans le quartier Ferguson. Tous deux affichait un sourire joyeux et amusé. Devon avait perdu un pari se jour là et avait donc dû transporter sa sœur dans toute la maison. Non que Dylanne était vraiment lourde mais elle l’avait chatouillé, éperonner et quoi d’autre encore pour l’empêcher d’avancer. C’était une des rares choses que Lynn avait emporté en quittant sa famille et il fallait maintenant que cela soit découvert. Le temps de la révélation était venu, si Shane avait ce cadre à la main c’était parce que maintenant il savait chez qui il avait pénétrer.

Doucement Shane lui souffla qu’il devrait lui tirer une balle, enfin pas de cette façon là mais l’intention y était. L’étudiante s’attendait presque à le voir dégainer et à presser la détente souillant sa serviette d’un blanc presque immaculé d’une tâche rouge foncé. La jeune femme recula d’un pas et butta contre son meuble de cuisine lorsqu’elle vit le brun avancer, mais il se contenta de jeter le cadre sur le canapé puis de lui faire ses tiroirs de la même façon qu’un cochon cherche les truffes. Même si Shane tenait plus du taureau que du porc. Il trouva sans grande difficulté son ‘bar’ et en sortie une bouteille et un verre avant de s’installer comme dans son salon. Non sans avoir prévenu Dylanne qu’elle était libre d’appeler à l’aide. Avait-il aussi trouvé sa réserve de marijuana en même temps que le cadre ou quoi ?! La brunette ne bougea d’abord pas, l’observant se servir et boire un coup, visiblement il se sentait déjà chez lui. Discrètement elle secoua la tête et retourna à sa chambre pour enfiler rapidement un pantalon de coton blanc fluide et un marcel bleu, le tout lui servant de pyjama.

Lynn revint ensuite et servit ce qu’il restait de lasagne dans deux assiettes. Elle marqua un temps d’arrêt et regarda Shane, l’étudiante ne savait absolument pas comment il allait réagir mais cela ne l’empêcha pas de sortir de fourchette et d’approcher du canapé. Elle s’assit sur sa table basse et tendit une assiette à son invité particulier. En d’autre circonstance cela aurait pu être une proposition sulfureuse mais vu sa tenue et l’ambiance, cela ne risquait pas. Dylanne se mordit la lèvre pour chercher quoi dire et ce fut finalement une phrase toute droite sortie de la valise de l’honnêteté.

« Tu peux le faire si tu pense que c’est ton devoir…me tuer je veux dire. »

D’accord l’ancienne Ferguson ne tenait pas à ce qu’il le fasse vraiment mais peut-être en hommage à son frère et l’amitié qui l’avait un jour unie à Shane, Lynn ne pouvait s’empêcher de voir les choses sous un angle étrange. Elle ne tenait pas à ce que le tatoueur ait des ennuis par sa faute si jamais on apprenait qu’en présence de la traitresse il n’avait rien fait. Hormis manger le repas qu’elle lui offrait. De quoi se faire rouler dessous par une voiture du style Hummer. Tenant toujours l’assiette pour que le brun s’en empare, la jeune femme n’osait toujours pas le regarder dans les yeux. C’était peut-être pire que de se trouver face à son père. Avec lui elle avait toujours su faire comme si elle zappait avec sa télécommande pour n’écouter que ce qui l’intéressait mais face à Shane, Dylanne se sentait vraiment petite. Son souvenir de cette nuit là n’était pas clair à son esprit mais il y avait de grande chance que Devon était accompagné de son meilleur ami la nuit de son meurtre. L’étudiante n’en avait aucune idée mais si c’était le cas elle pouvait facilement imaginer que sa trahison représentait une faute encore plus impardonnable pour Shane que pour les autres.

Cela ne restait qu’une hypothèse après tout, une ligne dans son propre livre et non se qui était réellement arrivé puisque Dylanne n’était pas là lors du drame. Parce qu’avant cela on ne l’aurait jamais laissé faire partie intégrante de cette guerre. On attendait simplement d’elle que Lynn épouse un homme du clan et fasse un fils qui pourrait lui perpétrer cette tradition guerrière. Bien sur cette perspective n’avait pas tout à fait changée, si un jour Dylanne faisait sa vie sans enfants prendrait sa relève. Mais bon ça se n’était pas pour demain. Surtout si elle finissait en origami sous les mains de Shane. D’ailleurs celui-ci était occupé à s’enivrer et Dylanne ne savait toujours pas s’il accepterait de partager sa table. Pour se montrer engageante et un minium accueillante au lieu de suicidaire la jeune femme ajouta.

« J’ai un peu de basilic et du vin pour accompagner si tu veux. »

Bientôt elle pourrait aussi lui proposer un massage tant qu’elle y était. Lynn n’avait encore jamais vu ça, même de ça part, c’était étrange. Une telle trêve avec un Ferguson. Shane était tout aussi responsable que les autres de la mort de Devon, lui aussi avait encouragé son frère à se battre, à s’entrainer. Personne dans cette ville n’était hors de cause, mais elle peut-être un peu plus.