J'aurais pu être James Bond mélangé à Anakin Skywalker, tout en ayant grandi à la manière de Benjamin Button. Je m'explique. J'ai le calme et le mystère de Bond, et je suis passé du côté obscur au bon côté (du moins je suis en période de transition). J'aurais été Dark Vador avant d'être Jedi en quelques sortes. Je crois que j'ai des manières assez étrange. On ne me comprend pas toujours. On me repousse, on m'ignore. On ne sait même pas que j'existe. Je suis la coccinelle que beaucoup aimerait être pour espionner quelqu'un. Sauf que je ne l'ai pas vraiment voulu. En fait, c'est comme si je faisais parti du décor. On ne me calcule jamais. Et je dois dire que ça m'aide bien. Car elle, ma soeur, ou plutôt demi-soeur pour être exact, j'ai pu ainsi l'espionner. Enfin bref attendez, on va commencer par le début vous voulez bien ?

Je m'appelle Ludwig Clint Zücherman. Oh j'aime vos yeux, j'aime votre grimace. C'est quoi ce nom ? C'est le mien, voilà tout, et moi je suis allemand. Ah, tout de suite ça se comprend, non ? Je suis né le 29 décembre 1990 à Berlin, capitale allemande. Et oui, aujourd'hui est mon anniversaire, et j'ai 20 ans, donc oui, aujourd'hui c'est moi le roi, c'est moi qui commande ! C'est bon hein, je blague. Qui ne rêve pas d'avoir le monde à ses pieds le jour de son anniversaire ? Donc bref. Ma mère, Anja, m'a élevé seule. Mais elle a pas arrêté de me parler de mon père. Celui-ci d'ailleurs nous envoyait de temps à autre un peu d'argent, et venait même nous voir une fois par an. Pourtant, il avait une famille en France, et ce n'était un secret pour personne. Mais il assumait ses actes. Enfin que dans un sens, puisqu'en France, ni ma mère ni moi-même n'existions. Je l'ai jamais vraiment aimé mon père, puisque ma mère l'a toujours attendu, comme si il allait tout plaquer pour nous. Elle souffrait à cause de lui, et moi avec elle. J'ai compris ça à mes 10 ans. Que mon père se foutait de nous. Qu'il venait nous voir que pour avoir sa place au paradis une fois qu'il serait mort. Alors, comme mon père était le diable, je ne pouvais être attiré que par le côté obscur de notre monde. J'étais un rebelle, un vrai de vrai. Je répondais à ma mère, je lui désobéissais. Je crois que d'une certaine manière je la punissais d'avoir été si naïve.

Puis est venu le moment de l'adolescence. Et comme tous les adolescents anarchistes, j'étais fortement attiré par les consoles. Je jouais, sans m'arrêté, à la console dernier cri que ma mère m'avait offert grâce à l'argent du diable. À l'école j'étais le premier de la classe en compensation. Au moins, ma génitrice pouvait être fier de moi. À 14 ans, j'ai fumé mon premier pétard, j'ai cassé la tronche à un mec pour la première fois, et j'ai couché avec une fille. C'était l'année de mon apogée, l'année 2004. Je respirai l'adrénaline à plein nez, je pouvais me jetais d'une falaise rien que pour la ressentir. J'étais franchement loin d'être le mec agréable. J'envoyais chier tout le monde. J'étais méchant, agressif même. On me craignait, on m'écoutait. Berk, j'aime pas celui que j'étais à cette époque là. Car oui, Dieu merci, j'ai finis par changer.

J'avais 17 ans quand on a découvert que ma mère avait un cancer. Ça m'a foudroyé, littéralement foudroyé. Je la voyais s'éteindre petit à petit, sans pouvoir rien faire. Alors je lui ai promis qu'après le lycée j'irai en France pour étudier, mais surtout pour retrouver mon père et le supplier de nous aider. Avec tout son fric, il devait bien pouvoir faire quelque chose pour ma mère. Et c'est là que j'ai quitté le côté obscur. Je suis devenu gentil, poli. On ne me regardait plus de la même manière, on ne me regardait plus du tout. Je souffrais, j'étais malheureux. Ma vie n'avait plus aucun goût. Je ne désirais plus rien. Rien mis à part le rétablissement de ma mère. Je me laissai vivre, je me laissai vieillir seconde après seconde, j'étais passif. Je ne parlais plus qu'à ma mère, qui était allongée dans son lit, le crâne chauve, les yeux entre-ouverts. Elle est morte 8 mois plus tard. Et comme une mauvaise nouvelle n'arrive pas seule, 2 mois plus tard, c'est mon père qui est mort. Et bah voilà, j'étais orphelin. J'ai vécu très peu de temps chez mes voisins, jusqu'à la fin de l'année scolaire, et surtout jusqu'à ma majorité. Puis, au lieu de partir cherché mon père en France, j'étais parti pour New York. Car le diable m'avait fait parvenir une lettre avant sa mort. Il n'avait pas pu parler de moi dans son testament, par peur de blesser son entourage. Il m'avait cependant envoyé une photo d'une de ses filles. Gabrielle Dumoulin. J'avais son adresse, ainsi que l'adresse de son université. Fordham. Il m'avait aussi transmis un billet d'avion, de l'argent, et des clés d'appartement. Car évidemment, il savait que j'étais seul au monde désormais. Comme quoi, celui que j'avais tant détesté, avait au moins un peu de bonté. Il avait voulu m'envoyé à New York plutôt qu'à Paris où vivait le reste de sa famille dont il ne m'a pas parlé à l'intérieur de sa lettre. Heureusement pour moi, je maitrisais assez bien l'anglais.

Et voilà comment j'ai débarqué à New York. C'est ici que je vis désormais, dans un petit appartement que mon père m'a offert. J'étudie à Fordham, l'informatique pour être précis. Un domaine que j'adore. Quant à ma soeur. Elle a arrêté ses études quand je suis arrivé. Mais cela ne m'a pas empêché de l'espionner pour mieux la connaître. D'ailleurs, elle ne sait pas que j'existe. Ici beaucoup ne savent pas que j'existe. Ils ne me voient pas. Il faut dire je suis plutôt discret, et j'ai tendance à me mettre à l'écart (bien qu'aujourd'hui j'essaie de me mélanger un peu plus). Après mes journées de cours, je cherche ma soeur. Je traîne vers chez elle, et depuis deux ans je sais quels endroits elle fréquente. J'ai suivis ses aventures amoureuses. Sa grossesse aussi. Car oui, je suis tonton. Elle a eu une petite fille dont j'ignore encore le prénom. Ma soeur, quand j'étais à Berlin, je la détestais sans la connaître. Et quand je suis arrivé à New York, je la détestais toujours. Cependant, j'ai appris à lire les expressions de son visage, à analyser son comportement, j'ai appris à aimer ses petites habitudes. Je suis sûr qu'elle est exceptionnelle. Vous savez à quoi elle me fait penser ? À un arc en ciel. She's like a rainbow…