Alors ouais, Carter était amoureux. Mais il flippait, il flippait de la réaction de Maëlys. C’était pour ça le « j’ai du stock », pour ne pas paraître bizarre et ambigu. Contre toutes attentes, ce fut May qui fit le premier pas. Je crois qu’il faut qu’on parle avant. J’commence à trouver notre relation bizarre. Je sais que t’aimes pas que j’me défonce et tout, mais il faut qu’on teste une relation… j’te dirais pas que c’est une relation amoureuse, on sait bien tous les deux que l’amour c’est de la merde, mais j’ai besoin de me prouver que j’suis capable d’être fidèle. Pas toi ? Sinon tu veux boire un coup. Mauvaise idée, l’étudiant était en train de tirer quand Spencer lui balança sa tirade à la gueule. Résultat, il s’étouffa méchamment, surpris. C’était censé être quoi ça ? Une déclaration ? Ou juste une bad joke ? Pourtant, pour une fois, Maëlys semblait sérieux, très sérieux même. Finalement, c’était lui qui flippait. Une relation hein ? C’était plutôt bizarre de les imaginer ensemble en fait, mais ça pourrait être vachement sympa. Cependant, quelque chose chiffonnait le New-Yorkais, ce ne serait donc pas une relation amoureuse, lui qui commençait à se demander si May n’avait pas des sentiments, c’était raté. Il était donc le seul à ressentir quelque chose de plus que du désir, wouah, c’était douloureux de se réveiller après s’être fait autant de putains de films. Il sera une expérience, un test, rien ne changerait, il sera toujours un objet. Une relation sans sentiments… Carter avait fait le tour de celles-ci mais s’était toujours montré infidèle, s’envoyant en l’air de droite et de gauche, faisant encore plus de mal en couchant avec des mecs quand il sortait avec des filles et vices versa. Ceci dit, personne ne l’obligeait à avouer son amour ? L’étudiant pouvait bien faire comme si de rien n’était. Ne pas regarder Maëlys avec les yeux brillants, ne pas lui faire de câlins n’importe quand, ne pas l’appeler à toutes heures du jour ou de la nuit. Ne rien laisser paraître finalement. Ce serait dur, mais peut être que le jeu en valait la chandelle. Carter se souleva du canapé et se plaça juste en face de May qui semblait assez gêné.

Il leva sa main vers le jeune mannequin, l’approcha vers sa joue, comme pour la caresser puis se désista. Alors comme ça tu veux te tester ? C’est chaud d’être fidèle, et c’est chaud d’être en couple. Et je crois que t’as pété un plomb aussi. Tu sais bien que je sors plus ou moins avec Wayne, c’est un bon coup la rouquine, j’me la garderais bien sous le bras encore un peu. Mais toi je t’aime à en crever… C’est exactement ce que voulais lui dire l’étudiant, mais comme d’habitude, il n’en avait pas eu le courage, ça a parfois des avantages d’être un crétin mais là sur le coup, c’était vraiment idiot de dire un truc comme ça alors que May avait surement pris sur lui pour laisser parler son cœur ainsi. C’est pour cela qu’à l’instant où il avait prononcé ces mots, le jeune homme s’en voulu terriblement et se demanda comment faire pour arranger les choses. « Je t’aime » ? Non, trop direct, « Je veux être avec toi » ? Trop d’engagements, « excuse-moi » ? S’excuser de quoi ? D’être con ? Je…J’aurais pas dû dire ça, Wayne je me la tape juste comme ça, elle compte même pas. Je vais la larguer. T’as raison, notre relation devient trop bizarre, on a surement besoin d’un test comme tu dis. Et d’ailleurs, je meurs de soif. Tu sais oh combien j’aime la Tequila hum ? Tequila, ça lui rappelait une des innombrables soirées qu’il avait passé avec Spencer, ce qu’ils avaient put en faire des trucs plus suspects les uns que les autres avec des rondelles de citron et du sel, ces souvenirs firent rire Carter. Il se demandait qu’est-ce que ça ferait s’ils se mettaient ensemble. Ce ne serait plus la même chose, avant tout, c’étaient des potes, avec des délires de potes, et des conversations de potes. De plus, se mettre avec son meilleur ami n’a jamais été très recommandé mais d’un autre côté, ils étaient déjà presque ensembles.

Tout se mélangeait dans la tête de l’étudiant tandis qu’il allumait une nouvelle clope. En y repensant, le jeune homme n’avait jamais de gestes tendres envers May, en dehors de leurs folles nuits torrides, à part quelques tapes dans le dos ou des accolades amicales et pourtant, il en avait affreusement envie de lui prendre la main, de lui caresser la joue … Woah, effrayant, il était in love comme une gamine de 14 ans. Passant sa Winston à Maëlys après l’avoir déjà à demi-fumée, Carter le regardait avec ce regard qu’il réservait seulement à sa sœur, ce regard débordant d’amour bien caché derrière une grande tristesse. Détaillant chaque partie du corps de May, le jeune homme se disait dans sa tête que tout ça lui appartenait. Lui seul avait le droit d’y toucher, c’était le sien, son homme. Et il allait se mettre avec lui. Pour le meilleur comme pour le pire, même si ça devait se terminer par un homicide ou toute autre chose bizarre. On peut toujours essayer, mais…ça risque de mal finir dit l’apprenti styliste tandis qu’il regardait Maëlys droit dans les yeux. Secouant la tête, le New-Yorkais leva la main et frappa avec violence sur la joue de son amant avant de l’embrasser passionnément, en y mettant du cœur, pas de l’impatience ni de l’agressivité, mordillant les lèvres du jeune homme, jouant avec sa langue, variant la pression. Ouais, ça c’était du bécot. Bon, peut être que sur le coup, Carter en avait fait un peu trop. Cependant, ce fut de réels feux d’artifices, des putains de fireworks. Surement le meilleur baiser de toute sa vie. En proie à une si grande émotion, il manqua de prononcer les mots interdits, se rattrapant de justesse, ça risquerait de tout foutre en l’air. C’était encore trop tôt pour faire part à May de ce qu’il ressentait au plus profond de son âme. Pourtant, c’est ce que Carter désirait plus que tout, mais ce souhait se réaliserait seulement dans ses rêves, il resterait l’expérience, le test de fidélité, la relation sans sentiments et ne pourrait vivre très longtemps dans le mensonge, un jour ou l’autre, il devrait se confier. Mais pas maintenant. Ni demain. Au moment voulu.

Ok by Macky