Apparence & Style: Ce qui frappe le plus chez Chet, c'est l'immense arrogance qui marque jusqu'à sa physionomie. Les lèvres un peu pincées, le regard hautain, il est grand -assez pour s'imposer tranquillement -et élancé, et toujours un peu narquois. Ses yeux noirs brillent souvent, à cause de la folie. Et son sourire change sans cesse, du sadisme le plus cruel à la candeur la plus innocente. Sa démarche est chaloupée et ses gestes toujours un peu maniérés, d’une façon plutôt déroutante à la première rencontre. Aussi déroutant que sa voix très modulée et que son rire complètement dingue. Quand à son style, il dépend de son état d’esprit mais en général est plutôt discret. Pas besoin de ça pour qu’on le remarque, de toute façon… Alors il s’habille souvent en noir, simplement. Sauf… sauf, parfois, quand soudainement Chet est pris de colère et prend son masque, mais ça on l’expliquera plus tard. Toujours est-il que dans ces moments là, son apparence devient radicalement plus remarquable : t-shirt déchiré tagué, tâché, et ce masque formé d'une moitié de bonnet enfoncée sur les yeux et le nez.

Caractère:Bon, histoire de prévenir immédiatement, Chet est fou. Indéniablement, génialement, totalement. Cinglé. Et de manière indéfinissable encore. Disons qu’il se laisse aller dans la folie.
Tout d’abord, il peut sembler odieux. Si sûr de lui que ça tourne à la tyrannie égocentrique : il donne des ordres et on doit obéir, parce que lui est intelligent, lui est génial. Il a le sens de l’autorité et veut qu’on le reconnaisse et le craigne. Il est comme un empereur et nul ne devra le contredire. Jamais. Sinon… il est possible qu’il pousse une de ces crises de rage comme on en fait peu, terrible et dangereuse. Il faut dire qu’il adore se battre et provoquer les gens pour les pousser à bout, et que son orgueil est démesuré.
Enfin… il n’est pas toujours comme ça, aussi infréquentable. Parce que Chet, parfois, se calme et prend conscience qu’il sera toujours seul et destiné à rien ou la prison ou la mort rapide. Il est trop fou, trop exigent, toujours trop. Alors il se sent envahi d’une mélancolie paralysante, il réfléchit amèrement sur la nature humaine et on le trouve errant fragile et malheureux.
Et puis… et puis parfois, il oublie ses délires mégalomanes et grandiloquents, et son mépris pour tous. Il oublie aussi sa tristesse et son amertume. Il peut être, contre toute attente, un camarade agréable et tranquille, plein d’humour et bon vivant, bien que toujours imprévisible et un peu piquant. C'est qu'il n’oublie jamais sa rage. C’est ce qui le pousse, agressif comme une perruche, à enfiler un masque crade -un bonnet enfoncé jusque sur le nez, percé de deux trous pour les yeux -et à cracher sa haine au visage d’un public estomaqué par tel énergumène si méchant. Son côté artiste : il écrit des textes tout en allitérations, c’est son talent, et il chante parfois quand il en a envie. Ou besoin de sous. Mais pas pour la célébrité, d’où le masque.

Chet est né à Rome, mais il n'y a vécu que les cinq premières années de sa vie. Ce fut suffisant pour poser les bases du vaste délire mégalomane qui l'animerait plus tard, des empires romains fantasmés et des rêves de grande tyrannie. Il n'y eut pas de déclencheur à cette folie, et elle surprit beaucoup ses parents quand elle fut avérée. La famille Oaken avait quitté Rome pour rejoindre Los Angeles, d'où était originaire le père de Chet. Ils y vécurent dix ans dans une quiétude relative, juste troublée par les éclats du jeune garçon. Toujours plus sûr de lui et toujours plus égoïste, il disparaissait parfois pendant plusieurs jours, revenait avec des inconnus, fascinait ses camarades qui le suivaient dans ses plus folles entreprises. Ses parents ne savaient plus à quel saint se vouer, et les psychologues restèrent perplexes ou proposèrent des solutions médicamenteuses qui révoltaient la maman de Chet. Son petit, drogué aux médicaments comme un schizophrène ? Emballé dans une camisole de force, peut-être même ! Mais Chet s'en foutait, il batifolait comme l'enfant qu'il était, insouciant et invincible. En attendant, il atteignit ses quinze ans, et le couple parental battait de l'aile. Lui continuait joyeusement. Il se mit à écrire des chansons, plutôt fort agressives, et à chanter dans des bars, ça finissait toujours en baston générale parce qu'il insultait tout le monde, et il rentrait avec des coups et repoussait sa mère, une vraie scène de film. Bizarrement, maman ne voyait pas trop l'humour de la chose, ça occasionnait des disputes dantesques mais surtout entre le père et la mère parce que Chet n'écoutait même pas. Il ricanait dans son coin, raide défoncé à la fume et il rêvassait à ses prochains écrits. Quand il eut 18 ans, il disparut. Les premières semaines, père et mère pensaient qu'il allait revenir mais non. Il avait pris un bus pour traverser le pays, direction New York. Sans se retourner, sans remords, rien à foutre, il ne s'occupait que de lui-même de toute façon. Il vivota un an, dans des squatts, à faire des petits boulots pas toujours très légaux, avant de se décider à s'inscrire en Philo et à apprendre des choses, un peu de sérieux. Etant incapable de faire preuve de sérieux dans ses études, il redouble régulièrement mais s'obstine parce que ça l'occupe, et monte tout doucement dans les semestres. Voilà où ça l'a mené : deuxième année de philosophie, un minuscule appart, toutes sortes de boulots pas recommandables et une navrante pauvreté, la rage et toujours, toujours cette folie.