Je me rappelai de ce jour. Ce jour où tout semblait normal, enfin pour moi en tout cas, pour ma vie. Je ne m'étais attendu à rien de spécial, à rien d’extraordinaire, une rentrée des classes, des gens, des cours.... Mais ça n'avait rien d'un jour ordinaire, enfin ce jour n'a pas changé ma vie, plutôt celle de Mya. Je me souviens encore de sa voix derrière la porte, cette porte qu'elle refusait de m'ouvrir. Les larmes et les mots étaient entrecoupés, j'avais toujours détesté la voir ainsi, l'entendre parlé avec tant de chagrin.... C'était moi d'habitude que Mya devait soutenir pour empêcher de m'écrouler, là ça avait été le contraire. Et la porte qui c'était ouverte, l'incompréhension du chagrin de mon amie. Et ses pleurs, je ne l'avais jamais vu pleuré autant. Et puis enfin, j'avais appris : Charles était mort. Mort à la guerre. Une honorable mort dit-on, il parait que la mort d'un homme est plus honoré au combat que auprès de sa famille. Il parait qu'il vaut mieux mourir loin de tout au lieu de mourir près de ceux que l'on aime. Et bien, pas pour moi.... Le départ à la guerre rendait déjà malheureuse Mya en ce temps là, Charles et moi avions eu une dispute à ce sujet, il me reprochait de ne pas comprendre, comme toujours d'ailleurs ! Pour lui j'avais toujours été une enfant qui ne grandissait pas, une femme à problème, une femme pas très fréquentable. A dire vrai, Charles n'aurait pas été une grande perte pour moi si jamais il n'avait pas été le mari de Mya, c'était en faite le seul lien réel qui nous relier, la seule chose qui nous amenait à nous côtoyé. Nous avions deux conceptions différentes de la vie, lui avait choisi de se marier et de fonder une famille, moi, j'avais choisi la liberté et de vivre sans règle.

Je m'étais levé ce matin dans ma chambre à Hungcalf, ce n'était pas bien grand, en faite ça devait faire exactement la même taille que mon appartement à Londres. Je ne voulais pas retourné à Londres, c'est pour cela que je passais la plupart de mes vacances à l'étranger, je ne supportais pas de passer chaque jour devant la porte de mes parents en sachant que je ne les révérais pas, que je ne pouvais pas rentrer et sauter dans les bras de ma mère, c'était impossible. J'avais bien trop d’orgueil pour ça, et mes parents encore plus. Mes parents ont toujours été des gens excessives, Avec eux c'était tout ou rien, soit ils se taisaient, soit ils se foutaient sur la gueule. J'en étais venu à préférer leurs engueulades plutôt que leurs silences. C'est peut-être pour ça que je suis parti après tout....

Je m'étais décidé à rendre visite à Mya, je savais que aujourd'hui était un jour difficile pour elle, que rien n'allait, elle était mon amie d'enfance, ma soeur de coeur, mon épaule sur qui pleurer.... J'avais peur de la déranger, je savais, que parfois, mon amie avait besoin de solitude. Mais je savais aussi qu'elle avait besoin de moi, Mya n'avait pas besoin de m’appeler, de m'envoyer une lettre.... Non. C'est le genre de chose qui ne se ressent que avec le coeur, le genre de chose que seule une amie sait à chaque seconde. Il n'y a pas de code, pas de règles, c'est la vie, tout simplement. Je me déplaçais vers chez Mya. Elle vivait dans une maison à Norwich que Charles et elle avaient acheté. Le genre de maison que je ne pourrais jamais me payer à moins d'un miracle, mais Dieu seul sait que je n'ai jamais cru aux miracles. J'ouvrais alors discrètement la porte d'entrée. Cette maison devait rappeler tellement de souvenirs à Mya, des souvenirs avec Charles.... C'est pour cela que je lui avait demandé de déménager, pour son bien, mais mon amie ne m'avez pas écouter !

Je poussais enfin la porte de la chambre de Mya, tout était en bazar. Mya était assise là, au milieu de toute cette pagaille. "Mya ?" Je ne savais pas quoi dire. Que devais je dire ? Que j'étais désolé ? Non. Ce n'était pas ma faute. Il était tard, mais j'étais venu, parce qu'elle avait besoin de moi. Je m'avançais vers elle, la serrant dans mes bras. Je ne voulais qu'une chose pour Mya, que tout ceci ne soit qu'un cauchemar, qu'elle se réveille et que Charles soit à ses côtés, à chaque seconde, qu'il ne l'ait jamais quitté pour cette stupide guerre. Même dans la mort je haïssais son mari, parce qu'il lui faisait du mal, parce que en mourant il l'avait abandonner, seule : elle et l'enfant qu'elle portait en ce moment même. "Je savais que je devais venir, l'instinct comme on dit." Je ne pus m’empêcher de sourire à mes propres mots.

ok by Dylan