Il ne bougea pas d’un cil, il ne montra rien, rien qui aurait pût refaire naître en moi cet espoir qu’un jour il revienne se lover dans mes bras. Je restais face à lui, attendant une réponse de sa part, un sourire peut être, ou même l’ombre, cela me suffirait à voir que je compte encore un peu pour lui, que je ne suis pas complètement inconnu à son cœur, qu’il ne m’a pas rejeté pour toujours. « Salut » . Juste un salut, plat et affreusement douloureux au fond. C’est vrai après tout, à quoi bon essayer de faire plaisir quand la personne en face de nous nous importe bien. Je me mordais violemment la lèvre, ça faisait mal mais sûrement pas plus que cette lame qui s’enfonçait dans mon cœur, mon ventre se tordait, encore oui, j’étais mal et ça commençait à se voir. La haine se mêlait à la tristesse, les larmes montaient tandis que je serrais la mâchoire de plus belle, comme pour me retenir d’éclater en sanglot. Oui, j’ai beau avoir l’air d’un gros dur, être incroyablement susceptible, me battre avec qui me regarde de trop près, me comporter comme un salop et paraître insupportable pour beaucoup, au fond je ne suis pas plus fort que les autres, bien au contraire, c’est cliché je sais, le garçon qui se met au dessus de tout et craint par beaucoup qui n’est en fait qu’un pleurnichard extrêmement sensible lorsqu’il se retrouve tout seul. Oui, je suis un cliché, et je m’en fiche. Au fond je suis pas plus doués que les autres, pas plus agressifs, j’essaye juste d’être quelqu’un, de sortir du lot, qu’on me regarde, qu’on sache qui je suis ; je suis pas si méchant que ça, bien au contraire même, je me cache juste derrière une façade dont j’arrive plus à me détacher et qui a su ruiné ma vie au quotidien. Il suffit que je sois seul pour que je m’effondre au sol, en me noyant dans mes larmes, c’est pitoyable oui, mais l’amour n’est il pas quelque chose d’un peu pitoyable au fond ? Se donner des promesses qu’on ne tiendra pas, se regarder comme si nous pouvions arrêter le temps, se tenir la main très fort comme si cela allait changer quelque chose au final de se la tenir ou non la main. Et puis qu’est ce que c’est au fond l’amour, ça représente quoi ? Juste les palpitations plus rapides du cœur, les papillons dans le ventre et on s’embrasse et ça nous rapporte quoi au final si ce n’est des larmes et de la haine, l’amour c’est pour les masochistes, les papillons et les palpitations du cœur tu peux les retrouver dans les parc d’attraction ou lors d’un gros stresse, embrasser quelqu’un c’est pas non plus très compliqué. En fait au final, l’amour c’est juste bon à te faire souffrir, vous avez déjà vu des gens s’aimer toute leur vie ? Pas moi et je pense pas que ça arrivera. Pourtant, qu’est ce que c’est bon de se sentir désiré, aimé, de savoir qu’on ne veut que vous et personne d’autre pour une durée plus ou moins longue. J’ai aimé cette sensation, je baignais jours et nuits dedans ! Puis brusquement du jour au lendemain j’avais étais forcé d’abandonner tout ça, de me résigner à son regard tendre, à ses mains qui parcouraient mon corps avec tant de délicatesse, à ses lèvres qui se collaient aux miennes et ne se détachaient qu’après de multiples petite caresses dans les cheveux, de son souffle sur ma nuque, et de cet amour qui m’enivrait et me rendait visiblement aveugle. J’aurais dû m’en apercevoir depuis bien longtemps, mais non, j’étais trop con pour me rendre compte qu’il se faisait plus distant, qu’il ne me disait plus je t’aime aussi mais un simple moi aussi et surtout qu’il ne soigner plus mes blessures avec autant de délicatesse et d’attention, il ne s’excusait même plus quand il appuyait un peu trop fort sur mes coupures, même plus un petit bisou guérisseur, non il s’en fichait bien à la fin que j’ai mal ou non, après tout je l’avais mérité, ce n’était pas à lui de s’excuser alors que c’était la plupart du temps moi qui créais le conflit et finissait le tout en sang. Je me rendais petit à petit compte combien j’avais été injuste avec Lane et j’étais chanceux pour qu’un jour il est daigné m’adresser la parole pour ensuite faire de moi son être aimé et me laisser lui ôter la fleur de son jardin secret. Oui, il m’a accordé la confiance qu’il fallait pour que ce soit moi, moi le premier à ne faire qu’un avec lui, je regrettais à présent, ce sentiment amer qui vous tiens la gorge, ce sentiment qui vous fais culpabiliser sur vous même, je n’avais jamais mérité Lane, et il n’avait pas non plus mérité toute cette peur et ce stresse que je lui faisais endurer chaque soir quand je revenais le visage déformé par le sang et les bleus.

Je baissais les yeux au sol, la culpabilité de tous ce mal que je lui avais procuré me tordait le ventre, et je me mordais violemment l’intérieur de la lèvre, si fort que j’en vint à me couper. Génial, il ne manquait plus que ça, le sang s’infiltrait petit à petit dans ma bouche, mon visage se tordit et je pivotais rapidement sur mes talons voulant épargner ce spectacle à Lane. Je crachais du sang, il dégoulinait le long de mon menton et terminait sa chute sur le sol, Dieu du ciel, comme si j’avais besoin de ça, cela ne faisait que me rappelait une période de ma vie qui ne fut que noire et déprimante : Mon cancer de la bouche (qui est d’ailleurs encore présent aujourd’hui). Il est apparut peu à près que Lane m’ai quitté, ma consommation d’alcool augmentant en pic, ça en a été la cause, en plus de mon tabagisme, de toute façon, avec moi, si ce n’avait pas été de la bouche, ça aurait bien trouver un autre organe. Aujourd’hui encore il est présent, mais personne ne le sait, je n’ai jamais osé le dire à Lane, bien que cela m’aurait sûrement aidé, lui expliquer qu’aujourd’hui j’en avait encore des séquelles m’effrayait, pourtant je ne me faisais pas d’idée, il n’allais pas rester de marbre face à mon état qui était franchement pitoyable. Oh non, tous ce sang qui coulait en grande quantité de ma bouche n’était pas seulement dû à cette coupure que j’avais provoqué comme un imbécile avec mes dents, cela avait juste aidé à ce que mes saignements reviennent. Je manquais de m’étouffer en crachant tout ce liquide rouge, je me releva rapidement, l’hémorragie s’étant peu à peu calmée puis m’essuyer la bouche du revers de la main. J’étais dégoutant, et sachant que Lane n’était pas au courant, il n’allais sûrement pas comprendre ce qui m’arrivait et allait sans doute croire que je m’étais encore battus, ce qui pour une fois n’était pas le cas. Je me retournais vers lui, les traces étant encore visible sur le bas de mon visage et je sentais la honte m’envahir, il fallait que je trouve une excuse en peu de temps sur cet incident, le lui dire m’insupporterais un peu et je voulais par dessus tout éviter ça. Sachant en plus que je n’avais pas arrêté ma consommation d’alcool et de tabac comme on me l’avait soigneusement prescrit, puisque c’était la cause de mon cancer. Je tentais de ne pas le regarder dans les yeux, je sentais mon corps trembler en pensant à la réaction qu’il aurait s’il l’apprenait, je me faisais anxieux et fit demi-tour sur moi même pour aller m’asseoir sur un banc, ne me sentant plus vraiment assez fort pour soutenir le regard qu’il poserait sur moi. J’enfouissais ma tête entre mes mains et tentais vainement de retenir cette vague de tristesse qui se déferlait sur moi.

ok by Dylan