Quatorze mai mille neuf cent quatre-vingt-dix.

Ce chapitre de ma vie, je l'ai appelé "Condamné à mort". C'était le jour où tout le monde aurait dû se réjouir, sortir son appareil photo et jouer les papparazzis. Encore aujourd'hui je devrais être en mesure de retrouver des tonnes de clichés sur lesquels je verrais un joli bébé - ou non -, en train de sourire, de pleurer ou même en train de dormir. C'est ce qu'une famille se doit de faire lorsqu'un nouveau membre est né. Ce nouveau né, c'était moi et même si ce ne sont pas mes souvenirs que je vais raconter là, je peux vous assurer que ma mère n'a pas lésiner sur les détails en me contant l'histoire. Je me rappelle encore le jour où je suis aller, à onze ans, lui demander pourquoi je ne trouvai aucunes photos de moi étant bébé. Je m'étais assis sur son lit, me concentrant sur ce qui allait suivre. « Tu sais, lorsque j'ai appris que j'étais enceinte, ton père avait un travail stable qui ne demandait aucun déplacement si ce n'est l'aller-retour travail-domicile, la situation n'a pas duré, au cours des mois suivants, ton père avait des décisions à prendre au bureau, des voyages à entreprendre. Tout ça jusqu'à mon huitième moi de grossesse, c'est à ce moment qu'il a apprit que son patron avait décidé de le muter en France. Nous avions prévu d'emménager avant ta naissance mais nous avons prit du retard et tu es donc né ici, à Toronto. Cependant, deux semaines plus tard, nous sommes partis en direction de Paris. Nous t'avons appris à parler l'anglais et le français, c'est pour cela que tu es bilingue. Bien sûr, cela ne t'empêche pas de suivre à l'école, n'est-ce pas ? » Elle avait ajouté cette dernière phrase en souriant. Nous étions revenus à Toronto, à mes neufs ans seulement et je n'avais eu aucun mal à me réadapter à la langue du pays. Je vous accorde à présent que je n'ai pas toujours été optimiste et que je voyais donc ma naissance plus comme une condamnation à mort que comme un cadeau de la vie.


Vingt-et-un octobre deux mille trois.

Ce chapitre là de ma vie, je l'ai appelé "Détermination". Je n'étais alors âgé que de treize ans mais mon ambition m'amenait à faire des rêves d'avenir. C'était un soir, une nuit plutôt, l'insomnie s'était emparée de moi et je n'arrivais pas à fermer les yeux. Je m'étais donc emparé d'un crayon de bois qui traînait sur mon bureau et j'avais commencé par contempler la feuille blanche qui se dressait devant moi. Puis, n'ayant aucune idée de ce que j'allais faire, ma main débuta un croquis, mes gestes étaient habiles, on aurait pu croire que j'avais fait cela toute ma vie. Mon premier dessin achevé, je compris que mon chemin était tracé, j'allais percé dans l'art. C'est ce que je fis d'ailleurs, aisément.

Trois août deux mille neuf.

Ce chapitre là, ce sera tout simplement "Rencontre". C'était il y a deux ans, lorsque je suis venu pour la toute première fois à Anchorage, je me promenais à travers la ville, tenant fermement ma pochette à dessin sous l'aisselle. « Excuse-moi. » Je ne réalisai pas immédiatement que l'on me parlait, la jeune femme insista. « S'il te plaît, excuse-moi. » « Oh, désolé. » « Ouais, c'est ça. » « Excuse-moi ? » « Quoi ? » « Tu crois sérieusement que c'est une façon de s'adresser à une personne ? » Elle leva les yeux vers moi, essayant de savoir si je plaisantais ou non. « Et tu es ? » « Thomas Wellington. » « Wow, attends, LE Thomas Wellington ? » « À part s'il y'en a plusieurs... Et tu es ? » Sa réaction m'avait surpris, elle avait l'air de me connaître et j'ignorais comment cela ce faisait. « Chanelle Jane Dallaway. Ta nouvelle coloc', visiblement... » Tout s'était passé très vite, après avoir appris que Chanelle et moi allions partagé le même appartement dans peu de temps, je me radoucis. Elle se révéla être bien plus riche intérieurement que les filles de Toronto et nous étions sur la même longueur d'onde. Les mois passèrent, nous rapprochant l'un de l'autre. Nous étions devenus inséparables, des meilleurs amis qui se confiaient tout, se taquinaient, plaisantaient ou déprimaient ensemble. La chance nous a encore sourit le jour où nous nous sommes rencontrés. Pour tout vous dire, je n'imagine même plus ma vie sans elle.

ok by Dylan