Elle posa un pied par terre, puis deux. En avant, se disait-elle, mais en avant pour quoi exactement ? Elle-même ne savait pas. Le lycée, le bahut, la prison, comme vous voulez. Un lieu de torture où tous les professeurs vous bourraient le crâne avec leurs phrases à vocabulaire recherché qu'en gros vous ne pigez rien.
Elle ramassa sa chemise noire qui était étalée par terre, puis se mit en route vers la cuisine, ou du moins, ce qui ressemblait à une cuisine, avec le temps, les murs s'étaient peints d'un jaune et d'énormes auréoles marronnasses causés par la fumée de cigarette des locataires de ce petit studio. Certes, cette famille avait connu un drame, certes la famille ne se remettait pas, certes tout plongeait. Une famille qui avait vite été détruite. Mais n'entrons pas dans les détails pour le moment, ce n'est pas important.
Quel était donc cette jeune femme ? Elisa Denise Duchanel.
Solitaire, comme toujours le matin, elle fit couler un peu de café dans une tasse propre qui trainait malgré la montagne de couverts sales, non-nettoyés. Y aurait-il un échappatoire pour ce jeune garçon un jour ? Dieu s'en occuperait-il un jour ? S'inquiétait le prêtre du village. Certes, un jour peut-être, cela était écrit dans le futur d'après lui...
Mais Elisa n'en était pas convaincue, si Dieu la laissait ainsi, c'était pour une raison, quelle qu'elle soit, aurait-elle droit enfin au bonheur elle aussi ? Pourra-t-elle enfin aimer ? Elle s'en disait incapable. Pour le moment, se répétait-elle pour tenter de se rassurer. À vrai dire, cela lui faisait peur d'aimer, de partager, de faire confiance à quelqu'un qu'en soi-même.
Elle fit couler du café dans une deuxième tasse quand elle eut enfin bu son café. Elle passa une porte, ou du moins, un encadrement de porte, et vint à sa mère qui dormait affalée sur son fauteuil. Elle posa la tasse sur le guéridon près du fauteuil et éteignit la cigarette qui pendait entre les doigts figés de sa mère. Cela était devenu, malheureusement, une routine pour elle.
Il n'y avait aucun homme, ici.
Elle prit son sac-à-dos qui trainait dans l'entrée, puis ouvrit la porte et s'engouffra dans la lumière jaune du soleil, elle prit le chemin de l'école à contre-cœur.
La jeune femme s'affala sur un banc proche de l'entrée du lycée, ça lui fichait le cafard tous ces élèves, eux qui la défiguraient comme si elle était d'une autre espèce. Qu'y avait-il de mal d'être seule ? De vouloir rester solitaire ? Sinistre. C'était l'époque actuelle, la loi de la jungle, ou presque: celle des jeunes. La sonnerie mit fin à ses plus sordides idées.
[Le RP n'a rien avoir avec Aliéna ^^]
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OK by Macky