Tout comme Violet, à son arrivée à Berkeley, Zala avait été assailli par la nouveauté des lieux, par la diversité des cours et des activités proposées mais aussi par l’administration en place, d’autant plus qu’il n’était pas américain, ni même anglophone, ça n’avait pas été pas facile pour lui qui avait dû s’adapter à la vie américaine et à leur langue. La première fois qu’il avait posté sa candidature d’admission à Berkeley, il avait été refusé, à cause de la langue justement, il était donc allé étudier à Columbia, à New-York. Venu aux Etats-Unis quatre ans plus tôt, sans parler un mot d’Anglais et sans trop savoir ce qu’il voulait faire de sa vie, il savait simplement que la médecine le passionnait plus que n’importe quel autre domaine. De nationalité Ukrainienne, il avait quitté son pays natal pour l’Allemagne ou il avait vécu quelques années, puis à Paris, hélas il n’avait jamais pris la peine de parler Français, du moins, il était très mauvais. C’est d’ailleurs grâce à son escale en France qu’il avait décidé de venir en Amérique, son ami Iago, un ukrainien rencontré à Paris, lui avait agité les billets sous les yeux un matin. Le jeune homme n’avait pas hésité et avait décollé sans se retourner une seule fois, ni pour dire au revoir à ses amis, ni même pour prévenir sa famille, cela dit, leurs relations étaient des plus tendues, surtout avec sa mère. Après son immigration, contrairement à son ami, il avait plutôt bien réussi et s’était adapté à la vie américaine avec brio, pour preuve, après quatre ans à étudier à New-York, il avait postulé pour Berkeley, avait été accepté et même mieux, avait décroché la bourse d’études. A son arrivée, comme pour la jeune femme, on lui avait demandé de répondre à de nombreux formulaires, dont celle de la confrérie. Il avait été placé chez les Delta, confrérie qui lui convenait parfaitement. Confrérie exclusivement masculine, entre eux régnait une franche camaraderie, ils avaient cependant pour point commun leur trop fort attrait pour les femmes. La plupart de ses amis étaient Delta, ils étaient les seuls à se comprendre vraiment, d’ailleurs, concernant les autres confréries, en général il était souvent attiré par les artistes, les Sigma en clair. Raïser avait une petite amie avec qui il sortait depuis quelques temps, c’était récent entre eux mais malgré tout, il s’était attaché à elle et ne comptait pas la lâcher de sitôt. Elle était la première pour qu’il ressentait quelque chose d’aussi fort, lui, le handicapé sentimental. Mais il restait un Delta, un mec instable qui sortait beaucoup et qui avait bien du mal à se poser et se contenter d’une seule. Peu de temps avant, il enchainait les aventures courtes ou même les relations d’un soir, comme avec Holliana ou Alexeen. Maintenant qu’il était casé, il sortait encore beaucoup, souvent avec des amis ou même seul. Il voyait régulièrement Isis, mais pas encore assez à son goût, il s’occupait donc autrement en attendant.

Et Violet allait être son occupation de l’été, du moins, tant qu’elle l’accepterait et se laisserait faire. Holliana avait été la première à subir ses petits jeux, il ne la voyait à l’époque que quand il en avait envie, elle couchait avec lui à la demande et en plus de cela, il se permettait de la traiter comme une moins que rien allant jusqu’à la considérer qu’une fille facile. Il avait abusé et repoussé les limites jusqu’au jour où elle lui dit enfin stop. A partir de ce jour-là, il avait cessé de jouer avec elle et d’ailleurs mis fin à leur relation. Mais maintenant qu’il s’ennuyait à Cancun, il avait bien envie de retrouver quelqu’un avec qui s’amuser un peu. Il avait sa petite amie et ne pouvait pas la tromper sans risque de la perdre, mais le jeune homme avait d’autres ressources et justement, Violet était son nouveau jouet. Elle n’en avait bien entendu pas la moindre idée de ses intentions, ou même de ses sentiments, il était plutôt habile et capable de jouer un rôle à la perfection. Il ne l’avait d’ailleurs pas trouvée par hasard, il l’avait repérée un peu plus tôt lors de la soirée sur la plage. Elle était assise au bord d’un feu de camps avec d’autres Sampi. Les sampi, ou les « verts » étaient les étudiants orientés écologie pensait-il, ce n’était pas franchement sa tasse de thé, il faisait simplement le minimum, jeter ses mégots et non pas par terre, trier les ordures et économiser les ressources, des trucs comme ça. En clair, il les fréquentait très peu. Il l’avait cependant remarqué, car assise avec eux, elle semblait se sentir seule, isolée. Elle riait avec eux, mais il voyait sur son visage qu’elle se sentait exclue du groupe, qu’elle n’était pas en connexion avec eux. Elle devait probablement être nouvelle à Berkeley, pas encore bien intégrée ni très à l’aise. Il l’avait vue boire, probablement pour oublier sa réserve et sa solitude, à partir de là, il avait commencé à la surveiller, jetant quelques coups d’œil sur elle pour voir comment elle se comportait. Et, quand elle était rentrée, il l’avait suivie de loin. Il n’avait cependant pas prévu qu’elle se fasse agresser par les deux types et il s’était donc vu obligé d’intervenir. Il avait également bu, mais il tenait très bien l’alcool et il dépassait rarement les limites. Il l’avait raccompagnée mais ne l’avait pas touchée, cela ne faisait pas parti de son plan et sous alcool, cela n’avait rien de glorieux. Elle avait probablement perçu cette abstention comme du respect, il avait juste trop peur de tromper sa copine, et puis, il ne la connaissait pas, il ne lui faisait pas confiance. Au départ, il ne savait pas trop que faire d’elle puis finalement, il avait décidé de jouer avec ses sentiments, qu’elle s’attache à lui, peut-être même qu’elle tombe amoureuse, voir quelles étaient ses limites et jusqu’où il pourrait aller.

Depuis quelques jours déjà, Violet le suivait comme son ombre et il en profitait, se montrant généralement adorable, seulement, quand il était de mauvaise humeur, elle en faisait les frais, subissant ses humeurs, se demandant alors ce qu’elle avait fait de mal pour l’énerver. Ce jour-là, il avait donc décidé d’aller à la piscine, mais il n’avait pas nagé cette fois, il avait horreur des piscines de plaisance à vrai dire. Taillé en V tel le nageur qu’il était, il préférait de loin les piscines olympiques ou personne ne le dérangerait. A présent, il observait la jeune femme avancer vers lui, perdant peu à peu son assurance en s’approchant de lui, ce qui le fit sourire. Il aimait ce pouvoir sur elle. Avant de répondre à sa question, il but une gorgée de son cocktail. Il se pencha alors vers le tube de crème solaire. Il s’installa alors sur le même transat que ma jeune femme et doucement, commença à lui mettre de la crème. Avec sa peau blanche, elle risquait d’attraper un coup de soleil, il ne voulait pas qu’elle brûle sur place, il la massa donc doucement, de gestes doux, assurés voir même suggestifs.

« Pas grand-chose à vrai dire, je te regardais. »

Il se pencha alors au-dessus de son épaule et avec un petit sourire moqueur, lui glissa quelques mots à l’oreille, sans cesser de lui mettre la crème, cette fois sur le dos.

« T’es jolie, mais franchement, tu devrais songer à faire plus de sport… »

Un petit sourire se dessina sur ses lèvres sans qu’elle puisse le voir, il aimait la sentir se raidir, se mortifier à ses critiques. De gestes toujours aussi savants, il lui passa le doigt le long de ses muscles, appuyant sur certains points particuliers, provoquant un spasme nerveux sur le muscle de la jeune femme.

« Regarde, ton dos est tout contracté. On ira courir tout à l’heure. Rien à voir avec le dos, mais on ira. OK ? »

Yankees Rock