Milwaukee, au milieu du premier mois de l'année mil-neuf cent quatre-vingt-douze. Ce jour-ci, une femme, comme d'autres, accoucha d'un enfant. Une petite fille toute blonde aux yeux d'un vert étincelant. Sa mère fut heureuse de donner naissance, soulagée de ne plus souffrir le martyr et comblée d'avoir enfanté pour la première fois. Le mari à côté de sa femme réfléchissait à plusieurs prénoms. Les Roseberry étaient et demeurent des adeptes des prénoms qui fusent sur la carte d'identité, ayant chacun une signification. Isaorane est le prénom de la grand-mère du père de Hope, Alisea est celui de la mère de celle de Hope. Au final, Hope a pour unique signification sa traduction simple qui présage un avenir prometteur. En effet, les Roseberry espéraient que Hope soit la meilleure des filles ou du moins un nouvel espoir de réussite dans la lignée des Roseberry. Si la mère de Hope est une écrivaine de fictions fantastiques sombres, le père de la nouvelle-née est un politicien de renommé qui adore faire parler de lui et en bien. Confiant et amoureux inconditionnel des apparitions le sourire aux lèvres, il est un homme d'influence au sein du gouvernement américain, gravissant les échelons comme on monte les marches d'un escalier.

L'argent, encore et toujours l'argent. Le père de Hope faisait voler le portefeuille chaque jour, couvrant sa fille de cadeaux, la comblant tout en essayant de l'éduquer convenablement. Par une chance incroyable, Hope n'a jamais été une fille réellement capricieuse. Ses parents ne pouvaient pas toujours s'occuper d'elle car son père était trop souvent pris par son travail et sa mère était très renfermée. Son oncle, le frère de sa mère, habitait à Manhattan, passant de nombreux moments chez sa nièce avec qui il adorait parler. C'est lui qui lui donna cet amour de la musique, cet amour du russe. Hope et son oncle étaient très proches, étant donné qu'il s'occupait souvent d'elle avec sa femme. La femme de son oncle était une ancienne actrice de Broadway qui était désormais à la retraite. Par malchance, elle ne pouvait avoir d'enfant, et ce n'est que trop tard qu'ils s'en rendirent compte. Trop tard pour eux d'adopter un enfant après une longue vie passée chacun à s'investir dans leur carrière. Tous deux étaient simplement de vieux riches qui dépensaient leur argent dans leur maison et son entretien à Manhattan. Ils s'occupaient si bien de leur nièce que les parents de Hope décidèrent de déménager à New York. La famille se réunissait et, par la même occasion, les Roseberry osaient enfin vivre dans la grosse pomme. Hope était élevée par ses parents, éduquée par son oncle et sa « tante ». Elle apprit, en parallèle de la danse, le violon grâce à son oncle, prenant goût à la musique et s'éloignant du monde des paillettes qui se profilait devant elle. Elle vivait pour la musique, et surtout pour la danse. Elle était ce qui la faisait vibrer, elle était son échappatoire. Car même si ses parents l'aimaient, qu'elle était dans une famille unie et solide, elle vivait mal de ne pouvoir se lier réellement avec son père souvent absent et surtout de devoir supporter les crises d'une mère bipolaire, s'enfermant lorsqu'elle était au plus bas, écrivant dans le but d'apaiser sa souffrance, d'exorciser ses pulsions suicidaires. Le secret du succès de sa mère en tant qu'écrivaine résidait dans sa maladie mentale dont elle ne désirait pas guérir. Le primaire, le collège, tout se fit de manière hésitante. Hope ne se faisait que peu d'amis parmi les riches. Elle avait peur de ne pas se fondre dans la masse, de ne pas totalement arriver à se lier avec autrui. Chacun des camarades avec lesquels elle se liait étaient des hypocrites finis, de véritables bourgeois qui ne partageaient pas les mêmes valeurs qu'elle. Son oncle l'avait aidée à voir les Hommes comme des êtres bons et mauvais, et non des objets que l'argent achète.

Chaque grand changement est une nouvelle étape dans la vie d'un Homme. Pour Hope, le lycée a été l'un des plus grands bouleversements dans sa vie sentimentale. Elle n'a vécu aucune histoire d'amour marquante, ni même la passion d'une relation folle mais plus que tout ceci. En arrivant dans ce lycée de bourges où enfants de star et riches gosses d'entrepreneurs se battaient pour savoir qui avait le plus gros ego, Hope n’espérait pas rencontrer la personne la plus importante dans sa vie, celle qui allait devenir sa meilleure amie. Physiquement aussi semblable à une poupée qu'elle, Shelley était une adolescente active et surtout passionnée par les mathématiques. Jamais Hope n'aurait imaginé pouvoir se lier d'amitié avec quelqu'un aussi facilement et découvrir qu'avoir une meilleure amie était possible tout en vivant dans un monde où l'argent coule à flot. Entre sincérité et entre-aide, l'amitié « Shellhope » se renforça avec le temps; les années passants et prouvant qu'elles étaient destinées à être amies et à le rester. Du surnom issu d'un mixte de leur prénom que certains camarades s'amusèrent à leur attribuer, les deux lycéennes achetèrent ensemble deux coquillages identiques qu'elles appelèrent "coquillages de l'espoir" qui est la traduction du surnom. Chacune en prit un qu'elles portèrent jusqu'à la fin de leur lycée autour du cou dans un sautoir doré et arrangé afin de prouver que leur amitié était solide. Non loin de devenir les filles les plus populaires, elles devinrent les filles les plus impliquées dans la vie de leur lycée, se hissant au rang d'intermédiaires entre les professeurs et les élèves afin d'éviter les débordements de chaque camp. Lorsque le lycée toucha à sa fin, les deux compères décidèrent de se suivre jusqu'au bout. Leur destin était lié, il devait l'être à leurs yeux. Les inséparables étaient prêtes à vivre une nouvelle étape de leur vie en la commençant ensemble et en se jurant de ne se séparer à aucun prix. Aucun.

New York University. Université réputée où les riches affluent mais sont emprunts d'un comportement moins superficiels car plus matures qu'au lycée. Shelley et Hope décidèrent d'acheter une chambre à Manhattan, ensemble, dans un appartement au calme. Toutes deux durent vivre leur indépendance alors qu'elles n'étaient pas majeures. Concernant Hope, l'émancipation fut plutôt facile, étant donné qu'elle rêvait de s'éloigner de ses parents. Elle restait très proche de son oncle, mais son père l'étouffait de bijoux, de fêtes qu'elle finissait par crouler sous les propositions. Hope avait besoin de souffler et de concilier l'amusement avec les études. Grâce à sa tante qui lui parlait par moment en russe depuis qu'elle était née, Hope finit par adorer le russe et avoir des facilités dans cette langue. Elle connaissait déjà l'alphabet cyrillique et décida de s'engager dans des études de langues étrangères. Curieuse, elle décida de prendre le français, langue qui la fascinait assez et qu'elle connaissait déjà plus ou moins grâce à poésie et à la musique. Elle fit également, à ce moment la rencontre de personnes plutôt marquantes comme Aria, cette végétarienne avec qui elle s'entendit rapidement. Les deux jeunes femmes n'avaient pas beaucoup de choses en commun mais finirent par s'entendre comme si elles étaient de vieilles amies. La seconde rencontre était celle de Kaiden, son voisin de palier, avec qui elle sympathisa d'une manière plus étrange. C'est à l'université qu'ils se rendirent compte qu'en plus d'être des voisins qui ne faisaient que se saluer rapidement, ils étaient également étudiants dans la même université. Kaiden se fit le partenaire protecteur de Hope, quitte à ce qu'elle le mette mal à l'aise avec son franc-parler et son sarcasme séduisant. La confusion gagna son esprit alors que Hope ne prêtait pas plus attention à ce que ces nouvelles rencontres pouvaient avoir comme réels impacts dans sa vie. Elle se sentait bien entourée et ne se doutait pas que le soleil, aussi rayonnant soit-il, est parfois caché par d'effrayants nuages annonçant la tempête.

Bientôt trois ans que la demoiselle avait emménagé avec Shelley, qu'elle avait finalement réussi à se faire des amis mais également quelques ennemis. Elle gardait son secret enfermé dans une jarre scellée à double tour, ensevelie six pieds sous terre dans un endroit qu'elle seule connaît. Elle aimait New York, toujours autant, et aimait sa vie loin de ses parents. Sur son chemin se dresseront de nouvelles rencontres, des surprises déstabilisantes qui pousseront Hope à se surpasser, à devenir une femme.