Apparence & Style: “ Mais qu’elle est mignonne ! „ aurais-je bien entendu ? Mignonne ? Bien, puisque c’est ainsi que me définissaient un grand nombre de personnes rien qu’au premier regard, partons donc sur cette base. Jolie, adorable, charmante, « chou », et je pourrais vous conter toute une liste de tels adjectifs, tous ayant déjà été prononcés un jour par un peu tout le monde, et ce bien évidemment à mon égard. Et les apparences sont trompeuses, bien sûr, mais là n’est pas le sujet. Ces personnes m’appelaient ainsi, mais c’est simplement car je ne leur avais pas dévoilé mon côté « tigresse » ; et sans doute ont-ils été étonnés de me voir ainsi ; mais évitons-leur tout de même une crise, après tout, nous ne savons pas s’ils souffrent ou non de problèmes de santé, pas vrai ? Mais, on s’en fiche un peu, la question ici, c’est moi et moi seule. En-dehors de ces caractéristiques, voyons-en quelques-unes de base, telle que ma taille et mon poids, pourquoi pas. Je ne fais pas partie de la population de grande taille, et cela ne me dérange pas pour mon métier, puisque du haut de mon mètre soixante, je dépasse tout de même plus d’une personne. Et je ne suis pas grosse non plus, comme vous pouvez sans doute vous en douter ; je ne pèse pas plus de quarante-trois kilos, et non, je ne m’en porte pas plus mal, je n’appartiens pas aux anorexiques, comme vous devriez vous en douter. Physiquement, je suis plutôt pas mal, et je suis sans doute même plus belle que la majorité des new-yorkaises. Si vous me demandiez ce que je préfère chez moi, je vous répondrais sans doute “ Je ne sais pas trop… Mes cheveux… Et mes yeux… Mes lèvres, mon ossature… Je crois que j’aime mon corps tout entier. „ Et où serait le problème ? Nulle part, c’est ainsi que va la vie ; on s’aime ou on ne s’aime pas, et je fais partie des premiers. La chirurgie ? Trop peu pour moi ; quand on est parfait, pas besoin de passer sous le bistouri.
Il semblerait que le style vestimentaire d’une personne reflète sa personnalité ; et je crois que c’est bien vrai, puisque le mien est plutôt dirigé vers le « sexy » et « provocant », sans pour autant l’être de trop. J’aime les vêtements et surtout les belles marques, mais je ne mets pas ce que tout le monde porte, puisque toutes les cruches décident de porter les mêmes choses au même moment – et avouons-le, cela fait un peu pitié. De ce fait, je préfère m’habiller différemment, et généralement avec des shorts, souvent accompagnés d’un débardeur plutôt simple et de magnifiques talons – et c’est de loin ce que je préfère, avec les robes, afin de montrer la longueur et la finesse de mes jambes –, et même en hiver, certes surmonté d’une veste. Je suis tout autant capable d’avoir un style très vintage que wild. Et puis, étudiant le stylisme en plus d’être mannequin, je me fais souvent mes propres habits, assez avant-gardistes, histoire d’être plus unique qu’une autre. Autrement, j’aime bien les productions d’Alexander Wang, voire même de Jérémy Scott à mes heures ; et donc, comme vous pouvez vous en douter, j’adore me payer leurs dernières collections. Côté maquillage et accessoires, je n’en fais pas une tonne ; pour l’un, pas besoin de mettre dix-milliards de couches, je ne cherche pas à imiter le pot de peinture de l’employer du voisin ; pour l’autre, je m’estime assez belle pour n’avoir besoin que de quelques petites choses Gucci, Guess ou Louis Vuitton. Ce dernier restera sans doute à jamais mon créateur favori, sachez-le.

Caractère: Serais-je malade ? Je ne pense pas. Ou peut-être qu’avoir deux personnalités est un problème ? Je ne crois pas. Serait-ce un don ? Sans doute. Me faire passer pour une personne que je ne suis pas m’a demandé des années de travail, et j’en ai fait tout un art ; le plus parfait des arts, et l’un de ceux que je maîtrise le mieux. Personne jusqu’alors n’a encore réussi à démêler la boule dans laquelle je me suis formée, afin de découvrir le réel moi ; et que celui qui pense y arriver se présente face à ma personne, mais s’il n’y arrive pas, que les foudres s’abattent sur lui pour avoir osé croire être supérieur aux autres, et bien plus intelligent que ces derniers. Je mets au défi qui que vous soyez de tenter l’expérience, et je vous promets que vous n’y arriverez pas. Je suis un nœud éternel, un mélange trop complexe pour pouvoir être comprise, c’est bien trop simple pour moi de me cacher derrière tout cela puisque vous autres n’êtes que des aveugles et des idiots. Mais ainsi dit, vous pourriez sans doute croire que je ne suis rien d’autre que l’une de ces manipulatrices ; et peut-être n’avez-vous pas tord, mais la réponse vous sera donnée plus tard, ou peut-être est-ce à vous de le découvrir.
Je ne possède que peu de qualités mais cela ne me dérange en aucun cas pour vous faire croire le contraire, puisque vous ne cherchez pas bien loin après tout. Quelque part, bien au fond de ma personne, je suis ce que l’on pourrait appeler de personne protectrice ; le bien-être des personnes qui me sont les plus proches est une chose importante, et sans doute même vitale, et, afin que cela soit bel et bien le cas, je n’hésiterai jamais à m’interposer si l’un d’entre vous tente de les atteindre négativement. A côté de cela, point qui pourrait sembler un minimum agressif et que je ne cache pas tant finalement, se trouve l’optimisme, bien que plus marqué dans ma personnalité au contraire de tous les autres points que vous découvrirez. J’ai toujours appris à rester positive, ou plutôt à quelque chose qui y ressemblait grandement, et ainsi, à voir la vie du bon côté, à rejeter tous les défauts possibles et inimaginables qu’elle serait capable de nous faire tomber dessus ; et cela est sans doute quelque chose d’important puisqu’elle est bien loin de nous faire de la tendresse. En parlant de tendresse, aux arrières du caractère dur que je peux montrer, elle s’y trouve bel et bien, et j’ai ce besoin de douceur qu’ont toutes les autres femmes ; mais ne rêvez pas, cela n’est réservé qu’à mon élite personnelle, celle que j’ai créé autour de moi, une sorte de bande irremplaçable et sans laquelle je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui ; mais vous saurez plus tard les deux personnes les plus importantes qui s’y trouvent. Et j’ai une chose que vous n’avez certainement pas : je suis sûre de moi, je ne doute jamais de rien en ce qui concerne ma personne – ou même autre chose d’ailleurs. Je sais que j’ai majoritairement raison, ce qui me permet de n’avoir besoin que d’une seule personne dans la vie de tous les jours : moi-même. J’accompagne tout cela avec mon côté souriant et pseudo-compréhensif ou généreux, ce qui passe plutôt bien aux yeux des crétins insouciants. Car oui, le monde en est rempli, et la meilleure chose est qu’ils y croient réellement ; cela nous rend heureux, mes semblables et moi. Malheureusement pour vous, certains points vous resteront à jamais inconnus, ou tout du moins en face à face, telle que ma sensibilité bien cachée ; et nous en resterons là.
Qu’arrive après le meilleur ? Souvent le pire ; et vous vous en doutez bien : si le meilleur n’est que peu présent, le pire sera d’autant plus de la partie ; et malheureusement pour vous ou heureusement pour moi, c’est bien le cas en ce qui me concerne. Je vous rassure, les points négatifs ne se comptent pas par centaine mais j’ai bien souvent du mal à savoir par où commencer ; alors ne me demandez pas de tout trier, ce serait bien trop long. Je ne vous en citerai qu’également quelques-uns ; et commençons tout de suite. Si vous aimez l’ordre, que tout soit bien à sa place, bien rangé, que rien ne traîne, ne tentez pas d’entrer dans mon antre, vous ne vous y retrouveriez plus et seriez capables de vous arracher ce qu’il vous reste de cheveux ; vous l’avez bien compris, je suis l’une des personnes les plus désordonnées de la planète, et je me demande même si je suis battable ou non, ce qui m’étonnerait fort bien. Évidemment, si vous me demandez le droit de tout arranger, je vous dirai sans doute que vous n’aurez pas mon accord ; mais si c’était le cas et que vous me demandiez ne serait-ce qu’un peu d’aide, attendez-vous bien à avoir une réponse négative, puisque aider les gens est une chose que je déteste par-dessus tout ; mais bien sûr, ne me refusez pas votre aide si je vous la demande, et ne me la proposez pas si je ne vous la demande pas. De là sort sans doute mon côté égoïste, et je ne m’en cache pas, j’en suis même bien loin ; si vous ne connaissiez personne capable de présenter fièrement un grand nombre de ses défauts, à présent, vous en connaissez une. Et peut-être vous doutez vous que l’égoïsme est bien souvent accompagné d’arrogance, de prétention ; et là, vous êtes loin de vous tromper, puisque étant tout de même une personne normalement constituée – bien qu’avec une beauté plus parfaite ; on ne nie pas la perfection lorsqu’on la voit, pas vrai ? –, elle m’accompagne depuis des années déjà. Et puis, l’honnêteté fait-elle réellement partie de ce monde ? Je crois ne pas être la seule à ne pas douter qu’elle n’y est pas, mais quelque part, faire croire à ceux qui peuvent encore penser le contraire que je suis l’une des personnes les plus honnêtes qui soient, est un fait plutôt amusant, et qui peut facilement servir d’occupation. Bien sûr, n’oublions pas une bonne chose : l’esprit de compétition bien trop présent en ma personne. Je ne me débrouille mal que dans quelques rares situations, et j’aime bien relever toutes sortes de défis ; me balader en simple string dans la rue ? Déjà fait, et je n’y ai vu aucun problème ; je ne cache pas mon magnifique corps. Alors, qui aura l’imagination suffisante pour me faire relever des défis complètement idiots ?
Finalement, on ne peut pas se fier à tout cela et encore moins en faire des déductions hâtives, puisque quelques fois, le tout cache un profond malaise et… Non, c’est loin d’être mon cas, je ne suis pas si faible. La manipulation est simplement une grande passion qui s’ajoute à mon côté un peu rebelle et anticonformiste, et c'est justement ce côté-ci qui me permet d'avoir tout ce que je désire. Mais le tout, au fond, est bien accompagné d’un peu de sensibilité, même si vous en pensez tout le contraire puisque je prends un malin plaisir à rabaisser quiconque pourrait avoir l’idée de me défier dans quelque domaine qu’il soit. Et votre avis ? Il ne m’est d’aucune importance, je suis comme je suis, et si vous ne m’acceptez pas telle quelle, c’est bien la même chose puisque ça m’est égal.

I couldn't keep living this way.

Et la vie débute. Elle m’effraie et je n’ai qu’une envie : la quitter. Mais comment aurais-je pu faire ? J’étais trop jeune, bien trop jeune ; et même trop innocente. Mes parents m’ont conté que lors de ma naissance à Miami, en Floride, et dès mon arrivée à l’air libre, je ne cessais de crier, de pleurer, et tous les mois suivants l’accouchement en ont été une sorte de reproduction. Sans doute était-ce la présence de tant de personnes autour de moi, moi qui ne savais encore rien, qui ne connaissais encore rien. Comment ne pas se sentir menacée ? Je ne pense pas avoir été la seule enfant dans ce cas, et pourtant mes parents me trouvaient déjà étrange.
Parents, parlons-en. J’ai toujours vécu dans le luxe, de ce fait, je suis née non pas avec une cuillère en argent dans la bouche mais avec une cuillère en or incrustée de gros diamants. Et je ne nie pas la chance que j’ai, je me suis d’ailleurs souvent démarquée des autres enfants par ce fait. Tout cela, c’est un peu grâce aux travails très bien payés de mes parents, puisque réellement réputés dans le domaine du droit. Mon père est un grand procureur, depuis de nombreuses années ; et ses origines sont quelque peu étranges puisqu’un mélange tel que le sien n’est pas trop commun. En effet, si un jour vous arrivez à rencontrer un homme aux origines tant chinoises que colombiennes, faites-nous signe, à ma famille et moi. Petite, j’étais très proche de lui, et il était sans doute celui qui me comprenait le mieux ; ensuite seulement venait ma mère. Étrangement, elle aussi travaille dans le domaine du droit, puisque grande avocate d’affaires – vous savez, ces avocats qui s’occupent des problèmes de grandes entreprises ? Et bien, elle, elle est simplement spécialisée – ou réputée, selon votre envie – dans les très grandes entreprises. Et bien sûr, du côté des origines, elle est loin d’être une pure américaine – autrement, ma sœur et moi n’aurions pas des yeux si bridés. Et oui, sans doute avez-vous bien réfléchi : elle provient également d’un pays d’Asie, mais pas réellement le même que mon père, bien que commençant également par un C. Ce pays n’est autre que la Corée du Sud, ou devrais-je dire la République de Corée. Sachez que je suis loin d’avoir honte de mes origines, et que j’aime d’ailleurs les citer ouvertement. Ainsi, grâce à ces dernières, je parle plusieurs langues : le chinois, le colombien et le coréen, en plus de l’anglais, évidemment. Mais nous verrons cela plus tard. Finalement, je ne suis pas enfant unique, puisque aux environs de mes un an, ma mère a accouché d’un deuxième enfant : une seconde fille nommée Chloé. Chloé Lou Ferreira. Petite, je ne sais pas réellement ce qu’il se passait, même s’il paraît que je faisais des sortes de crises de jalousie dues au fait que mes parents accordaient plus de temps à ma nouvelle cadette, ce qui était pourtant logique. Et puis, au fil des années, cette jalousie s’est atténuée et Lou et moi sommes devenues plutôt proches, malgré quelques prises de tête de temps à autres, comme de bonnes sœurs, après tout. Être l’aînée me demandait tout de même un peu d’attention à son égard lorsque nos parents étaient absents, ou même lorsque nous allions jouer quelque part ; et cela ne me dérangeait pas plus qu’autre chose.
Avoir une intelligence supérieure dès son plus jeune âge, c’est un don ; mais fallait-il encore que j’eusse envie de l’utiliser. A quoi bon ? Sans faire d’efforts, je récoltais les meilleures notes, alors pourquoi me forcer un peu plus ? J’aurais pu aller directement dans une classe supérieure mais je préférais rester avec mes amies plus idiotes que moi. Je me sacrifiais pour elle ; et j’étais bien bête. Ainsi, au niveau scolaire, mes parents n’avaient rien à redire ; et c’est sans doute pour cette raison qu’ils me laissaient faire tant de choses à côté. La danse, la musique, les cours de langues étrangères – dont le français et l’italien –, de dessin et même d’équitation dans un centre prestigieux. J’avais tout et j’en étais bien fière. De là, j’ai récolté cette passion pour la danse, la gymnastique et le dessin ; tous aussi marqués les uns que les autres. J’y ai gagné la souplesse, des mouvements coordonnés et des doigts de fée ; déjà toute jeune, j’étais parfaite et je faisais jalouser les autres filles de mon âge. Et tout cela ne rendait que ma perfection encore plus marquée.

I did it for me.

Quitter Miami et s’installer à San Francisco, c’est le changement qui s’est imposé à ma personne et à ma sœur lorsque nous n’avions encore que douze et treize ans. Ce fut un changement radical, puisque tout y était différent ; où était passé Miami Beach ? Les gens me semblaient étranges, mis à part une personne : un garçon de trois ans mon aîné. Il était plutôt mignon et ne semblait pas appartenir aux idiots innocents qui croient que la vie est toute rose et qu’elle n’est qu’un long fleuve tranquille ; ainsi, il avait de quoi me plaire un minimum. Et, finalement, il est très vite devenu une personne chère et importante à mon cœur, il était même devenu mon meilleur ami – moi qui n’en avais pas étant enfant, préférant largement m’occuper de ma propre personne. Ce fut un assez grand changement dans ma vie, mais pas un négatif, bien au contraire. Malheureusement, deux années après notre arrivée à San Francisco, à mes quinze ans, mes parents décidèrent de déménager à nouveau, dans une ville bien plus réputée que cette dernière : New-York. Et à ma grande surprise, il avait fait son possible pour nous suivre, ma famille et moi ; il ne pouvait que me rendre heureuse en le faisant, j’étais certaine que la vie me souriait.
Une histoire d’amour peut tout changer, et spécialement lorsque cette dernière est ratée de toute pièce. Y croire puis se faire flinguer sur place, le découvrir avec une autre dans les bras, ça m’a poussé à la révolte ; et je suis certaine qu’il s’est souvenu de ce jour-là. Tomber réellement amoureuse à seize ans et en avoir le cœur brisé, plus que jamais, c’est bien tout ce qui m’est arrivé. J’en ai fait un scandale, tout le monde nous observait ; mais qu’est-ce que j’en avais à faire, il était en train de me tromper. Je me sentais honteuse et idiote à la fois ; et ce jour-là, je me suis promise de ne plus jamais tomber amoureuse puisque cela ne semblait servir qu’à la destruction de notre personne. Ne plus tomber amoureuse ne voulait bien sûr pas dire ne plus avoir de relation ; mais celles-ci ne seraient basées que sur la manipulation et le plaisir d’un corps à corps, et rien d’autre.
Un malheur peut vous dévoiler certaines bonnes choses, comme par exemple une habilité que vous n’aviez jamais perçu en votre personne, et chez moi, c’était le mannequinat. Pour me soulager de ce mal, j’avais décidé de m’inscrire à un concours de mannequins ; et, à ma grande surprise, j’avais été retenue malgré ma petite taille. Ils avaient aimé mes formes, et cela me rattrapait plutôt bien. Et de là commença une carrière que beaucoup de femmes et d’hommes aimeraient avoir : celle de la mode. Et j’en étais fière ; plus que fière.
Paris semblait être une ville parfaite, et surtout romantique. Ma sœur et moi avions choisi d’y passer quelques temps ensemble, le temps de vacances entre Ferreira ; et l’on aurait cru que tout allait être parfait. Une soirée s’annonçait bien, l’alcool semblait de la partie et les beaux hommes aussi ; de quoi me faire plaisir à vrai dire. Je ne savais pas si c’était le cas de ma sœur, mais je ne m’étais absolument pas posé la question. Et nous y étions allées. Passant de bras en bras, mon verre d’alcool en main, je ne voyais ni le temps passer ni ce que faisait ma sœur plus loin. Boire et danser langoureusement avec des hommes de quelques années plus vieux, c’était sans doute ce que je préférais faire à ce moment-là ; et pourtant, je n’aurais pas dû, et je l’ai très vite regretté. La soirée passait et je me demandais peu à peu ce que fichait si longuement ma sœur, ne la voyant plus aux alentours ; et je me mis à sa recherche. La trouvaille que j’avais faite avait été épouvantable, au point d’y verser mes premières larmes – ce que je n’avais pas fait depuis plus d’une dizaine d’années, sans doute une quinzaine. Elle était là, allongée parterre, dévêtue ; et je ne me suis pas posé de question, j’avais de suite compris ce qu’avait produit mon erreur, et je savais très bien que tout cela avait été de ma faute. Impossible de me le pardonner, je m’en voulais encore plus qu’à l’homme qui lui avait fait ça, celui qui l’avait violée. Mais je n’espérais qu’une chose : voir le coupable et le tuer de mes propres mains. Mission impossible.
Dix-neuf ans et mes aspirations s’accentuent tout autant que mes sentiments. Sentiments que je n’avais pas senti naître en moi et dont il m’avait fallu un long moment avant de m’en apercevoir. Mais peu importe le temps, l’important était que je m’en rendre compte. Mais je gardais simplement ça pour moi, préférant de loin ne rien lui déclarer, me disant que si c’était à faire, il n’avait qu’à s’y coller ; puisque après tout, c’était selon moi le rôle d’un homme. Et je ne pouvais m’en passer, j’avais simplement besoin de lui à mes côtés à chaque moment. Je me rendais compte que la promesse que je m’étais faite trois ans auparavant n’était pas tenue ; et je me trouvais faible, bien trop faible.

I'm not afraid.

Réussir dans quelque domaine qu’il soit, c’est devenu ma manière de vivre ; et je m’obstine jusqu’à ma réussite, je ne lâche rien. C’est sans doute pour cette raison que j’excèle dans plusieurs domaines : tant en danse qu’en dessin, tout en passant par les langues étrangères – puisque je maîtrise le coréen, le chinois, le colombien, le français et l’italien, à part de l’anglais. Le dessin, lui, m’a donné la chance d’entrer dans une école de stylisme, tout en continuant mon métier de mannequin. Par toutes ces réussites, et en l’échange de la résidence en France de ma sœur, j’en ai eu une à Miami, puisque étant ma ville natale et y tenant énormément, j’aime y retourner plusieurs fois par mois ; et cela ne peut que vous rendre jaloux puisque l’argent que nous possédons me le permet largement. Néanmoins, mes relations avec mes parents sont quelque peu tendues à cause de certains problèmes qu’ils jugent importants. Lesquels ? Eh bien, comment dire… Allons droit au but : la drogue. Je suppose que pour des parents spécialisés dans le droit, ce doit être une sorte de honte d’avoir une enfant accroc aux substances illicites ; mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que si j’en ai réellement envie, je peux cesser d’en prendre d’un instant à l’autre. Et, malheureusement pour eux, ce jour n’est pas encore arrivé. De plus, j’ai déjà eu quelques problèmes avec la justice ; mais ce n’est pas pour ces drogues, je les dissimule très bien. C’est plutôt pour les paris idiots qu’aiment me lancer mes proches, et auxquels je réponds toujours positivement. Côté cœur, malheureusement pour moi, les sentiments que j’éprouve pour Pâris n’ont pas arrêté d’évoluer ; et je ne me crois plus capable de les cacher.
Sachez-le, je n’ai peur de rien ni de personne.