→ La jeune fille marchait dans les rues illuminées de la ville. Elle avançait d'un pas assuré, la tête haute, ne se préoccupant pas de ceux qui l'entouraient. Les talons de ses bottes claquaient contre le béton, comme prévenant son arrivée.
La nuit s'était abattue quelques heures plus tôt sur Los Angeles. Une nuit sombre, noire, sans lune pour éclairer les âmes égarées. Mais la Cité des Anges brillait de mille feux sous ses nombreux réverbères et les phares des voitures qui se suivaient de trop près. A cette heure, la ville était encore animée ; les principaux boulevards accueillaient bon nombre de véhicules et quelques piétons, sans doute désireux de découvrir L.A de nuit.

Pour Shaï, elle n’avait rien d’incroyable ; tout le monde l’imaginait comme la cité des stars, où tous les rêves se réalisent, où l’on croise une célébrité à chaque carrefour, et où l’on jouit d’un climat estival à longueur d’année. Mais il n’en était rien ; à en croire le nombre de SDF qui occupaient les trottoirs, beaucoup avaient du penser qu’ils vivraient d’amour et de gloire en ces lieux. Les célébrités ? La jeune femme n’en avait encore jamais vues. Quant au climat, le ciel du matin était sans cesse couvert ou le temps pluvieux, y compris en plein été. Voilà ce qu’était la Californie. Un simple fantasme du commun des mortels.

Elle s'arrêta un instant, et fouilla dans son sac imitation cuir bon marché. Elle en sortit une cigarette qu'elle alluma avant de reprendre sa route. Si les drogues ne faisaient plus partie de son quotidien, elle n'avait pas encore réussi à venir à bout de cette addiction à la nicotine. Elle tira plusieurs fois sur sa sèche avant de l'écraser sur le bord du trottoir, à l’aide de la pointe de son pied. Elle était arrivée à destination : The Seextine’s Night. Il s’agissait d’un des clubs les plus en vue de la ville, dans lequel il n’était pas rare de croiser des étudiants de UCLA. Mais Shaï n’avait pas les mêmes objectifs que la plupart d’entre eux ; elle n’était ni venue pour boire ou pour danser. Ce soir là, elle avait mieux à faire.

Elle saisit son permis de conduire qu’elle tendit au videur, avant de pénétrer dans l’enceinte des lieux. Il faisait sombre et la musique était si forte qu’il n’aurait pas été étonnant de perdre l’audition quelques temps. La jeune fille se faufila entre plusieurs couples, tenant fermement sa veste afin d’éviter d’être embarquée inconsciemment par l’un d’entre eux.
Une fois le couloir franchi, la pièce principale s’étendait devant elle ; sur la scène, des jeunes dansaient sans réellement réaliser où ils se trouvaient, tandis que d’autres semblaient s’éterniser dans les sofas, noyant leurs soucis divers dans l’alcool. Shaïneiz scruta la foule, espérant apercevoir la personne qu’elle était venue rencontrer. Mais il faisait bien trop noir pour reconnaître qui que ce soit. Elle avança vers le bar où elle commanda un cocktail, avant de prendre place un peu plus loin. Ses yeux s’étaient peu à peu habitués à l’obscurité, et elle commençait à distinguer les caractéristiques des personnes autour. Un adolescent tenta une approche, mais elle le rembarra violemment en prétextant être trop vieille pour lui. Elle fut d’ailleurs choquée par le nombre de mineurs présents ; certains semblaient à peine âgés de seize ans. Mais les fausses cartes étaient monnaie courante dans le pays. Elle repéra également un dealer qui tentait de refourguer sa came auprès de tous ceux qu’il croisait, mais ne parvint pas à trouver la seule personne qu’elle était venue retrouver.

La jeune fille retourna près du bar et s’assit sur un des sièges à proximité, quand soudain, quelqu’un vint à nouveau lui adresser la parole. Cette voix ne lui était pas inconnue, et d’ailleurs, il s’agissait certainement du dernier individu qu’elle aurait souhaité rencontrer.

→ Code validé par A.