L'Egypte, le Caire, le Nil. Ces quelques quatre vingt millions d'habitants avaient été rejoint par un petit être en un jour où la chaleur n'était pas des plus tendres pour les populations, mais où le bonheur fut à son apogée pour monsieur et madame Kennedy qui venaient en ce jour de recevoir un cadeau venu du ciel, un petit garçon qui annonçait en quelques pleurs sa venue au monde. Un bambin naquit donc, en ce seize août mille neuf cent quatre vingt sept, et la famille Kennedy put donc accueillir en son sein son premier et dernier enfant, mais c'était une autre histoire. On pouvait aisément se demander ce qu'ils pouvaient bien faire là, après tout, deux new-yorkais -l'une d'origine égyptienne et italienne, l'autre d'origine anglaise mais surtout américaine- faisaient à Alexandrie alors que madame était sur le point d'accoucher. Tout simplement, car New York était une ville trop polluée pour qu'un bambin vienne au monde là-bas, d'après la mère de l'enfant, et le père n'eut donc d'autre choix que de céder au désir d'une femme enceinte.

Les années passaient et le petit prenait des centimètres et grandissait à vue d'oeil. Cette petite tête brune était la fierté de son père, qui l'emmenait partout, au travail, chez des amis, partout. Cela rendait le jeune garçon heureux, tout simplement. Quand on est un enfant, on comprend pas grand chose à la vie, si ce n'est que certaines choses nous font plaisir et que d'autres, non. Être le fils unique, ainsi que le petit-fils unique, ca avait de sérieux avantages pour Silas et il ne mit pas longtemps à le comprendre, et à faire son possible pour en profiter un maximum, sans non plus abuser de cela. Et ceci jusqu'à l'âge de dix ans, il changea physiquement mais resta un garçon simple et paisible, dans l'ensemble, comme tout jeune enfant. Mais il vécut un drame, qui évidemment, changea sa vie. Son père décéda d'un accident de voiture, et il l'apprit le soir, en rentrant chez lui et en voyant sa mère, pleurant toutes les larmes de son corps à l'idée de se retrouver seule, sans celui qu'elle aimait de toutes ses forces. A cette âge là, on ne comprend pas vraiment que l'on ne reverra jamais son père, lorsqu'il est parti au ciel. Quelques temps plus tard, lorsqu'il eut enfin compris ce qui arrivait, ce fut la fin du gentil Safir. Et le début de Devil Silas.

A seize ans, on commence à se rendre compte que quelque chose change en nous, que l'on se sent bien différent d'auparavant. Les jeux vidéos et les amis paraissent bien moins intéressants comparés aux jeunes créatures qui sont soumis aux yeux ébahis de jeunes personnes. Encore plus lorsque l'on ne vit plus avec sa famille et que cela nous laisse le champ libre à ce que l'on désire, finalement. Le pensionnat lui permettait d'élargir ses horizons, et son physique, agrémenté d'une façon si spéciale de manier le verbe, concrétisait la domination qu'il avait sur la gente féminine. Il vécut sa première expérience sexuelle peu de temps après son arrivée au pensionnat, avec une demoiselle qui bavait littéralement à chacun de ses passages, mais il fut aisé pour le jeune homme de lui briser le coeur, en lui faisait comprendre qu'elle ne l'intéressait plus, et qu'il avait surement bien mieux à trouver qu'une Marie couche-toi-là.

Mieux à trouver, il ne mit pas vraiment à la trouver justement, cette demoiselle qui serait une bien meilleure adversaire que toutes les précédentes. Queen Bitch versus King Badass. Mademoiselle Alessia Schelsinger pour vous servir, ou pour vous asservir, au choix. S'il aurait évidemment pu souhaiter mieux, une relation somme tout assez platonique entre eux, loin des je t'aime moi non plus, fuis moi je te suis et autres niaiseries de gamines. Non, quelques flirts peu poussés, quelques frissons au contact de l'autre mais jamais rien de bien concret, jamais l'envie partagée de passer le cap entre eux. Ils s'échangeaient des cigarettes, se retrouvaient à la fenêtre du jeune homme à refaire le monde, alors que la nicotine se propageaient dans leur organisme, début d'une mort à petit feu que vit chaque humain sur cette Terre. Et ce jusqu'à une nouvelle.

L'annonce de la maladie de son grand-père ne lui fit pas un grand effet, ou du moins pas celui escompté par la perte prochaine d'un être cher. S'il était censé fondre en larmes, il pensait beaucoup plus à combien d'argent il allait avoir en héritage qu'au fait qu'il ne reverrait plus son grand-père, qu'il aimait plus pour son chèque aux anniversaires que pour sa personnalité ou sa présence, cela ne faisait aucun doute. Son agonie fut lente, mais Silas décida que de se montrer avec une fille empêcherait son grand-père de l'ennuyer avec tous ces trucs qu'aiment raconter les vieux. Et quelle meilleure acolyte qu'Alessia. Si dans leurs esprits, cela était censé durer deux trois semaines, pas bien plus, ils ne s'attendaient pas à ce qu'ils commencent à parler de mariage, même si outre mesure, cela ne les dérangeait pas. Elle voulait de l'argent, il désirait son héritage, par a+b, ils avaient tous deux intérêts à accepter. La comédie était simple comme bonjour pour eux, et c'est avec la plus grande facilité du monde qu'ils arrivèrent à faire gober le mariage à leurs parents respectifs, puis à la centaine d'invités venus célébrer un union factice. La nuit de noce ne fut pas des plus amusantes, tant ce mariage avait détruit tout semblant d'animosité entre eux, ce qui n'avait rien d'étonnant. A la veille du départ en lune de miel, Silas arriva à faire annuler le mariage et il fut débarrassé de cette fichue alliance. Ce à quoi il ne s'attendait pas, c'était un vice dans le testament du grand-père qui n'avait pas tardé à mourir une fois son seul petit fils uni par les liens sacrés du mariage. Et voila donc que le jeune homme n'eut d'autre choix que de rappeler son ex-complice-femme qui du rappliquer illico-presto à New-York, pour continuer à jouer cette comédie. Et il ne pouvait cacher que cela ne le dérangeait pas, bien au contraire.