→ La prochaine fois ? Ah parce qu'il risquait d'y avoir une prochaine fois ? C'était simple de voir qu'elle avait dit ça par pur esprit de réplication (oui oui ça se dit...), mais Loan était assez aveuglé par la trahison qu'il ressentait à ce moment. Ah, mais si au moins il savait que ce n'était pas vrai ! S'il savait tout ce qu'elle ressentait à ce moment-là... Mais non il ne savait pas. Il avait juste les mots de Lennon qui résonnaient à ses oreilles comme de désagréables échos. Soudain, elle s'énerva alors à son tour. Serrant les poings, il la foudroya du regard. « Et si c'est pas pour ça, c'est pour quoi alors ? Tu l'aimes encore c'est ça ? Mais moi j'suis quoi alors dans l'histoire ? Le jouet avec lequel tu voulais coucher au point de te mettre en danger, et c'est sûr, maintenant que tu m'as, eh bien quoi, c'est plus aussi attrayant ? » Il renversait les rôles, à la base, c'était lui le coureur de jupons. Mais ses mots l’écœuraient. « Mais si ça pouvait marcher, suffit de le croire assez fort, c'tout. » murmura-t-il en posant son doigt sur sa propre tempe comme si l'endroit de l'espérance était ici dans le cerveau. Oui, quelque chose avait foiré. Mais quoi ? Loan devait être aveuglé par quelque chose de bien puissant pour ne pas l'avoir vu. Elle aussi semblait ne pas savoir. Mais alors quoi, que s'était-il passé, qu'avait-il fait, qu'avait-elle fait, ou qu'avaient-ils pas fait ? Il n'en savait rien, rien, rien... Soudain, il la vit limite s'écrouler sur le côté du chemin. Il fit un pas vers elle, une lueur d'inquiétude dans le regard, mais quelque chose le retint de s'approcher plus d'elle. Peut-être le goût amer qu'il avait encore dans la bouche ? Certainement. Mais la voir là, sa voix tremblante, vacillante, faible comme jamais il ne l'avait jamais vu, retourna le couteau dans la plaie. Il voyait à peine leur chiot accourir près de la rouquine tant il la fixait avec insistance. « Lennon, je... » Mais merde mec, accepte & dis-le quoi. Allez, maintenant. Après, il risque d'être trop tard. Mais les mots ne sortaient pas de sa bouche. Des mots qui étaient si rarement parvenus à éclore à l'intérieur de lui, à l'intérieur du bûcher qu'il cachait & qui le consumait de l'intérieur. Voilà dans quoi Loan s'était jeté. De l'autodestruction. Il avait vingt-cinq ans, et ça faisait vingt ans qu'il se détruisait tout seul, blessant ceux qui osaient l'approcher de trop près. « Je ne peux pas aimer sans détruire » avait-il dit à Tamara. C'était peut-être vrai. Mais ce qu'il n'avait jamais envisagé, c'est que la clé de sa prison était peut-être faite de la même matière que ses barreaux. Bon sang, bien sûr qu'il l'aimait ! Serait-il dans cet état, sinon ? Il inspira à fond, et ses yeux se mirent de nouveau à briller. Il pria juste pour pas qu'elle le remarque. Il était resté debout, car si ses jambes se pliaient, il flancherait à coup sûr. Il se revoyait, gamin. Quittant ce qui lui avait servit de maison en hurlant qu'il voulait rester là, qu'il voulait garder ses parents même s'ils ne s'aimaient pas, même s'il ne l'aimaient pas. Ce jour-là, il s'était promis que jamais il ne deviendrait comme eux, et que la meilleure façon pour ça était de ne jamais aimer. Il entendait encore la sonnette de chez lui qui avait sonné, les flics derrière la porte. Une fois, deux fois, trois fois.. Il ferma les yeux une demi-seconde & les rouvrit, retrouvant le présent. Elle était toujours là au sol. L'entendrait-elle seulement ? Il cligna des yeux une fois, deux fois, trois fois. Il se mordit la lèvre. Arrêta en sentant un goût âcre sur sa langue. Il regarda John, qui se mit à aboyer. Une fois. Deux fois. Trois fois. Comme un signal. Ses lèvres s'entrouvrirent sans qu'il ne leur en donne l'ordre. « Lennon, je t'aime bordel. »

→ Let's go knicks.