→ Le contact du métal sur ma peau me fais frissonner. Pas le genre de frisson d'effroi. C'est plutôt l'excitation qui envahi mon corps. L'adrénaline coule dans mes veines et remplace la drogue qui ne s'y trouve plus depuis quelques jours. C'était une dose comme une autre. Peut-être plus naturelle. Mais à quelles risques ? Mon regard se pose sur les clients qui, instinctivement s'étaient couchés sur le sol comme dans un film d'action. La peur se lit sur leur visage décomposés, ils se demandent si l'un des braqueurs va pas péter un câble et tirer. Ils refont le point sur leur vie pendant un bref instant. Peut-être que j'aurais jamais dû lui dire ça. Pourquoi j'ai fais ça ? [...] Et si j'crevais aujourd'hui ? Et merde. C'est là que j'me rends compte que j'suis le seul debout dans la pharmacie, l'arme pointée sur ma tempe. Et tout ça pour ce que renferme ce sachet juste devant moi. Substitue de l'héroïne prescrit par un médecin et psychologue. Ouais, de la drogue légale censée me sevrer en douceur. Anxiolytiques, antidépresseurs, somnifères. C'est limite pire que toutes les autres drogues, quand on prends ça, on a presque l'impression de juste avaler un doliprane. On test d'en faire un cocktail encore plus puissant pour atténuer encore plus les effets de manque. Ajouté à un verre de whisky pour les prendre et on ne se souvient même plus de son prénom. C'était plus un sevrage maintenant, mais une nouvelle façon de se défoncer. Plus rapide. Moins cher. Disponible. Plus dévastatrice encore. Connerie.

« PUTAIN ! Cinq minutes sans bouger. Pas plus. » Et merde.

Les rayons du soleil caresse mon visage qui porte encore les stigmates de mon dernier tête à tête avec Jack. Une semaine qu'il avait pas daigné se pointer. Il s'était juste barré avant que je me réveille le lendemain. J'peux pas m'empêcher de me dire qu'il avait eu sa dose, qu'il avait eu ce qu'il voulait. Il aurait pu me dire n'importe quoi pour avoir sa poudre, même de me dire oui. Connard. C'était juste encore une de ces conneries. J'suis certain qu'il était déjà loin de Manchester pour fuir. Comme toujours. Les doutes étaient encore là. Ils le seraient toujours. Depuis que je l'ai revu après trois ans d'absence, j'recommence mes conneries. La drogue. Je replonge dedans la tête la première. Encore une fois, je peux m'inventer des excuses, rejeter la faute sur lui. Ouais mais, c'est pas ce con qui m'enfonce l'aiguille dans la veine. J'le fais tout seul comme un grand. Chaque matin j'me lève en me disant que c'est terminé tout ça. Que aujourd'hui, je touche plus à rien. Désillusion une heure plus tard quand j'me retrouve en train de sniffer encore un rail. Et quand je tente de m'en sortir, j'me retrouve encore plus profond. Comme si j'étais plongé dans des sables mouvants, ce débattre ne fait qu’accélérer le processus. Et à l'image de la drogue, ma relation avec Jack était la même. Dans tous les cas, j'allais finir par crever. Fatalité. Tout fini par resurgir au moment où on s'y attends le moins. En pénétrant dans la pharmacie pour aller chercher ce putain de traitement, on allait faire face à l'ironie du hasard.

J'suis pas d'humeur à coopérer. Déjà parce que j'avais besoin de cette dose, maintenant et qu'il pointé son arme sur ma gueule. Ensuite, j'avais envie de provoquer un peu, juste pour voir jusqu'où ils pouvaient aller pour un peu de thunes. Dose d'endorphine que je refuse pas. « PUTAIN ! Cinq minutes sans bouger. Pas plus. » Sa voix devient plus nette et ma ramène dans le présent. Mon sourire provocateur disparaît pour laisser place à une expression de surprise. C'était pas vraiment étonnant de le voir braquer une pharmacie, il avait plus de quoi s'acheter une dose, j'allais pas lui en filer, il se démerdait comme il pouvait. En revanche, ce qui était étonnant, c'était qu'il était toujours à Manchester, et que j'me retrouve ici en même temps que lui. Mauvais endroit, au mauvais moment on dirait. Le contact du métal disparaît aussi rapidement qu'il était venu, à la place les mains de Jack se posent sur ma bouche pour me faire taire. « Cinq putain de minutes. T'es capable de ça non ? » Rien à foutre. J'tiens même pas cinq putain de secondes. J'lui retire sa main d'un geste sec, oubliant les caméras au passage. J'avais des choses à lui dire. Il tenait peut-être une arme dans sa main, mais j'avais un minimum de cartes de mon jeu. Ouais, j'avais son identité. J'pouvais encore le trahir et le renvoyer en taule. Again. " C'est pas comme si t'en avais quelque chose à foutre. " Ma gorge se noue à la fin de ma phrase qui devient seulement un murmure. Merde, j'deviens moins doué pour cacher mes émotions. Je déglutis pour me redonner un peu de constance. J'me reprends. La partie commence. Jeu dangereux. Ma voix s'élève plus forte, histoire que ses potes puissent m'entendre. " Tiens, c'est les types dont tu m'avais parlé ? " J'me jette dans la gueule du loup. J'mens pour les provoquer en faisant croire que je connaissais leur identité à tous, et par la même occasion, leur dire que Jack m'avait tout balancé. Mais c'était pas suffisant, fallait que je nous foute en danger tous les deux. " Franchement les mecs, j'lui ferait pas confiance à votre place. Qui vous dit qu'il est pas une taupe et qu'il a déjà appelé les flics ? " Mon regard se glisse sur Jack. J'me retourne pour lui faire face et lui glisser un sourire provocateur. J'espère pour lui qu'il connait bien les types avec qui il bosse, sinon on est mort tout les deux. C'est tout en regardant Jack que j'termine à tenter de semer le doute parmi les braqueurs. " C'est tellement simple de lui délier la langue..." Et pour mettre l'accent un peu plus sur mes paroles, je m'approche et saisit son sexe fermement entre mes mains. " Quand on sait s'y prendre... " Et avec ça, j'tente aussi de lui enlever sa crédibilité. Le jeu de la provocation. Play with me, honey.

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