Cambridge, United-Kingdom, juin 2002. Amadeus, debout à côté de sa mère sur le perron de la maison familiale, regardait d'un air pensif les déménageurs mettre ses meubles à elle dans leur camion. "Maman... Où on part ?" dit-elle en relevant la tête vers sa mère. Swann baissa la tête. Ses cheveux blonds tombaient sur ses maigres épaules. La jeune femme posa ses yeux noirs sur sa fille. Elles avaient toutes deux les mêmes yeux et la même beauté pure et innocente. Mais là s'arrêtait la ressemblance. Swann prit la main de sa fille, son joyau, sa plus belle réussite. Quand elle la voyait, elle se revoyait au même âge. Pour elle, Amadeus était parfaite. Même si au début, elle n'était qu'un accident. Tomber enceinte à 18 ans, voilà ce qui lui était arriver. A l'époque, elle s'était éprise d'un homme de sept ans son aîné, homme qui était aujourd'hui son mari. Elle n'avait pas prévu que cette relation allait durer. Il s'était rencontré en 1993. Swann n'était qu'une hippie de 17 ans, qui n'avait plus de foyer, ses parents l'avaient lâchées, elle séchait tous ses cours et était très mal partie pour avoir son BAC. Elle se taillait les veines à longueur de journées et se détruisaient à petit feu... Elle n'avait plus personne sur qui compter et elle n'arrivait plus à sortir la tête de l'eau. Et puis elle a rencontré ce type. Ludwig. Un chanteur d'origine allemande. Un type célèbre, qu'elle avait rencontré totalement par hasard. Elle saignait, elle pleurait, il lui est venu en aide. Il l'a aidé. Et de là est né l'amour. Du jour au lendemain, elle est devenue une célébrité. Ludwig et Swann étaient un peu le couple de rêve. Leur relation était parfaite malgré leur popularité. Aller au lycée était devenu impossible mais est-ce qu'elle en avait réellement besoin désormais ? Non. Elle s'était abandonnée à Ludwig et faisait un pied de nez à sa vie d'avant. Swann était bien partie pour finir sa vie en rehab et désormais, elle était une star en Angleterre. Enfin, le bonheur est toujours de courte durée. Elle avait dix-huit ans, Ludwig en avait vingt-cinq. Et voilà qu'un bébé arrive. Un enfant totalement imprévu. Et voilà que le jeune homme, qui était en Angleterre le garçon que toutes les ados rêvaient d'épouser, devenait père. Ca cassait un peu le mythe quand même. C'est ainsi qu'est venu au monde Amadeus. En quelque sorte, elle a gâché sa vie et ses rêves de gloire, mais c'était aussi la plus merveilleuse chose qui lui soit arrivé. Chaque fois qu'elle regardait Amadeus, elle repensait à quel point la vie avait pu être cruelle mais aussi si merveilleuse avec elle. Swann regarda les déménageurs partirent. "On va en Amérique, ma puce. On va à New York." Amadeus fronça les sourcils. "Mais c'est loin ça, c'est loin de Cambridge ! Je suis obligée de venir ?" Swann eut un petit sourire triste. Elle non plus ne sautait pas de joie à l'idée de partir si loin. Elle était née ici, elle avait presque toujours vécu ici. "Je suis désolée ma chérie. On va vivre là bas désormais. Si je le pouvais, je resterais ici, tu sais." "Maman ! On pourrait vivre là toutes les deux. Je prendrais soin de toi !" Swann rigola amèrement puis passa sa main dans les longs cheveux bruns de sa fille adorée, qui levait ses yeux brillant d'excitation vers elle. "Parfois dans la vie, on doit faire des choix difficiles. Et puis, j'ai une dette que je dois... Remboursé" sourit Swann. Ludwig était décidé; il partait à New York, même si sa femme ne le suivait pas. Swann le suivrait. Il lui avait sauvé la vie il y a neuf ans, il l'avait changé, il l'avait fait devenir la femme qu'elle était et lui avait donné la plus merveilleuse chose au monde; un enfant. Swann lui avait donné sa vie, désormais.

Upper East Side (New York), usa, octobre 2008. La lumière du soleil illuminait la grande chambre. Blanche, lumineuse, immense, luxueuse. Cette chambre avait l'odeur du neuf, du luxe, du parfait. Elle était claire, et la seule chose qui contrastait avec la pureté de la pièce, c'était cette jeune fille assise en tailleur sur son lit, cette adolescente aux cheveux bruns et aux yeux de corbeaux. Elle contrastait étrangement avec cette pièce. Mais Amadeus s'en contrefichait. Allongée sur son lit, ses longs cheveux encadrant son visage pâle d'une grande pureté, on aurait dit une princesse. Elle se contentait de fixer le plafond, les mains posées sur son ventre. La scène était presque religieuse. La respiration calme de la jeune fille semblait se répercuter sur les murs. Ses yeux noirs étaient songeur, mais son visage sans expression. Finalement, l'adolescente de quatorze ans se redressa et finit par sortir de sa chambre. Elle traversa l'immense appartement familial. "Papa ? Maman ?" appela-t-elle. Pas de réponse. Elle était donc seule. Un petit sourire s'afficha sur son visage. Amadeus attrapa sa veste en cuir et enfila ses bottes en daim, puis sortit de l'appartement. Elle descendit les marches en marbre de l'immeuble et passa devant la concierge, qu'elle ne prit pas le temps de saluer. La brunette marcha quelques minutes dans les rues huppées de l'Upper East Side et finit par se retrouver sur une grande place, où trônait en son milieu une immense et magnifique fontaine. Rapidement, une adolescente la rejoignit. "Tu squattes ?" demanda une jolie rousse, fringuée en grandes marques, avec un sourire. "Ouais. Mes parents sont... je les aient tués" rigola Amadeus. "Salut Sara" dit finalement l'adolescente en faisant la bise à son amie. "Alors... Tu l'as ?" demanda nerveusement Sara. "Yep. 100 balles." sourit Amadeus. "100 dollars ?! Et tes parents, ils vont pas le voir ?" " Pour ce qu'ils voient ! Ma mère va croire que c'est mon père, dans une de ses innombrables crises de "j'achète tout", et mon père s'en rendra pas compte. Ca gère." Sara se rassura. "Ok. Et on en fait quoi de tout ce fric ?" "Des fringues ?" fit malicieusement Amadeus. Sara hocha la tête et les deux amies partirent faire les boutiques. En chemin, Amadeus pensa à ce qu'elle faisait actuellement. Elle volait ses parents. Elle ne savait pas si elle devait culpabiliser ou pas. Elle décida de ne pas y penser, et de s'en ficher.

Upper East Side (New York), usa, août 2012. Ludwig "espionnait" sa fille à travers la porte entrebâillé. Il n'était pas fier de ce qu'il faisait, il était du genre pro-indépendance des adolescents. Mais en ce moment, il sentait qu'Amadeus lui échappait. Elle s'envolait, elle devenait une adulte. Pas une adulte comme Ludwig voulait. Sa fille avait de grandes qualités mais elle les gâchait. Alors, il se sentait un peu obligé de la surveiller. Il avait peur que son petit bijou ne s'échappe trop vite. Récemment, il l'avait surprise en train de voler de l'argent. Elle n'avait que dix-huit ans et rentrait déjà dans une école d'art. Assise sur son lit, elle était superbe. Ses longs cheveux bruns tombaient sur sa poitrine. Elle avait enfilé une chemise rouge et un jean sombre. En tailleur sur son lit, elle grattait quelques airs sur sa guitare acoustique. Ludwig était émerveillé. Il avait l'impression de se revoir au même âge, excepté qu'il n'avait jamais été une fille. Il passait ses journées sur sa guitare, à inventer des airs ou a reprendre des chansons. Enfin... Cette merveilleuse époque était désormais finie. La naissance d'Amadeus avait un peu ralentie sa carrière, mais deux ans plus tard, elle était totalement terminée. Il avait bien dû avouer qu'il n'était qu'un chanteur pour adolescente, ceux qui ont une date de péremption. Ludwig avait bien essayé de repartir, avec l'aide de Swann, mais ça devenait vraiment compliqué. Alors, il avait tenté le tout pour le tout : les Etats-Unis. Ca avait plutôt bien marché. Il faisait des petits concerts, à New York. Enfin, rien de très spécial. Et désormais, sa fille.... Non, il rêvait. Son truc à elle, c'était plutôt la peinture, comme en témoignait ses toiles accrochées aux murs de sa chambre. Mélancolique, il finit par repartir dans son bureau.
Cela faisait environ deux ou trois jours qu'Amadeus était privée de sortie. Elle avait l'impression que la terre avait arrêté de tourner. Tout ce que la jolie brune faisait, c'était peindre, surfer sur les réseaux sociaux et faire de la guitare. Et elle se sentait plus déprimée que jamais. Elle repensait à tout ce qu'elle avait fait de mal dans sa vie. Des tas de choses. Et pourquoi ? Pour devenir plus belle, plus célèbre, plus aimée. Elle culpabilisait. Alors elle grattait des airs mélancoliques, pour essayer d'oublier. "Everytime I close my eyes... It's like a dark paradise... No one compares to you, I'm scared that you won't be waiting on the other side..." chanta doucement Amadeus. Elle sourit. Après tout, elle était jeune, autant en profiter. Si elle ne faisait pas les conneries maintenant, quand les ferait-elle ? Sûrement pas quand elle aura 40 ans et trois gosses. L'adolescente se leva, posa sa guitare sur son socle et sortit. Elle traversa l'appartement et toqua a la porte du bureau de son père. Amadeus entra et fit son sourire le plus doux. "Je peux sortir ? Juste une heure" demanda-t-elle d'un ton presque apeuré. Ludwig hocha la tête. Amadeus enfila sa veste et sortit de l'appartement, un sourire narquois aux lèvres. Bitch is back !

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Amadeus E. Roakwood-Lewis a écrit:

Merci à vous tous, vous êtes adorables
Elijah, c'est avec plaisir pour le lien
Hunter, j'avoue qu'Amadeus c'est bizarre, mais le film Amadeus m'a traumatisée, il est tellement beau