La voute étoilée semblait danser dans une ronde sans fin, je fermais les yeux un court instant en sentant l’herbe humide caresser mes oreilles. Depuis combien de temps étais je allongé ainsi ? Je l’ignorais et à vrai dire la réponse m’importait peu. Je me redressais lentement et surtout maladroitement, mon corps semblait si lourd et si instable que je pris conscience de mon état avancé d’ivresse. J’étais raide bourré je crois ! Après un faible grognement je parvins à me mettre à quatre pattes, puis à genoux et me relevais en vascillant. Je regardais ma bouteille à moitié vide tentant de me rappeler combien j’en avais bu depuis la tombée du jour. Peu importe, avec un peu de chance je tomberais dans un ravin, me fracasserais le crâne et le jour se lèverait enfin, tombée du rideau THE END ! Moi qui pensait être seul à arpenter le sol rocheux de ses falaises qui s’étendait sur des kilomètres je m’étais encore fourré le doigt dans l’œil et bien profond ! Mes sens se mirent en éveil, quelqu’un arrivait et à grande vitesse. MERDE on peut pas mourir tranquille ici ?! Je fis un tour sur moi-même et mon corps vascilla, je posais mes mains dans l’herbe pour éviter à mes dents d’embrasser la terre parsemée de rochers, ma bouteille se renversa, roula et ne se brisa pas comme par miracle. Mais je constatais avec horreur que son contenu avait finit sur le sol. Une fois sur pieds je regardais ma bouteille et la balançais avec rage droit devant moi. « Alors la vous allez me le payer bande de cons !» Je suivais l’odeur et les traces menant tout droit à l’objet de ma vengeance. Un hurlement de douleur déchira le silence résonnant dans toute la plaine. Une odeur sucrée de métal glissa sur mes lèvres, du sang, une bagarre, ils étaient plusieurs, eh bien soit je mourrais au combat alors ! Ils étaient si proches, derrière cet amas de rochers, je décidais d’escalader maladroitement avant d’apercevoir un joli feu de joie et un homme de dos qui semblait admirer son barbecue.

La fumée emplissait mes poumons chargées d’une odeur acre et écoeurante, j’entendais les derniers gémissements de la créature en train de rendre l’âme. Cette fumée masquait toute odeur, je ne pouvais pas discerner s’il il s’agissait d’un vampire de ma connaissance. Qui d’autre qu’un vampire pouvait bien faire ça ? Un rire sadique ponctua ce spectacle d’une rare violence, je fronçais les sourcils et tentait de redescendre la pente pour rejoindre cet inconnu m’ayant fait perdre le peu de whisky qu’il me restait. Mon envie soudaine de ne pas réchapper à cette nuit et celle de saisir l’occasion qui s’offrait à moi me fit ouvrir ma grande gueule «Hey, sympa pour l’invitation à la soirée grillade du con, j’avais amené l’apéro mais ton manque de discretion m’a fait perdre ma bouteille ! » Un sourire provocateur ornais mon visage mais à l’instant même ou l’homme se retournamon visage se figea… LUI…. NON… impossible… mais pourquoi ? La vive douleur se ranima dans l’ensemble de mon corps, comme alimenté par ce brasier, les flammes crépitaient et j’aurais juré que ma peau se décollait sous la chaleur. J’ignorais si découvrir le fait qu’il tue des vampires était un soulagement qui m’aiderait à me faire une raison sur cet être rempli de mensonges ou si cela ne ferait qu’élargir la fissure de mon cœur. Ma bouche s’entrouvrit un instant tandis que mon visage marqué par la souffrance semblait le supplier d’y mettre un terme. J’écartais les bras laissant un soupire glisser sur mes lèvres. « Toi… j’ai connu des hôtes plus accueillants… si j’avais su j’aurais décliné l’invitation tiens… » Un hoquet amer secoua ma poitrine tandis que je descendais prudemment les rochers pour m’approcher de celui-ci. « ‘fin bon maintenant que j’suis la… maintient le feu surtout hein je vais t’économiser une allumette.. » Je frappais mes mains l’une contre l’autre avant de lever les bras comme pour encourager en signe de victoire. « Deux pour le prix d’un yahoouu…» Je tentais de ponctuer ma phrase par un petit saut pour le rejoindre plus vite, mais la réception fut des plus lamentables. Mes dents s’enfonçaient dans la terre grasse tandis que je laissais échapper une sorte de gémissement. Je me redressais légerement en crachant l’herbe qui c’était logée dans ma bouche. « Oh bah merde… j’crois que j’suis plus bourré que j’le croyais… t’acceptes les catins ivres j’espère ?» Je relevais la tête m’agrippant à sa taille pour me remettre sur pieds.

Je le lâchais pour porter ma main sur mon front et constater que le sol bougeait lui aussi. Ma voix semblable à un soupire rempli d'ironie raisonna « wahou quelle soirée !» Je relevais le regard pour le plonger dans ce poison vert pâle et sentir une nouvelle secousse de douleur. « Dis moi… combien de temps il lui à fallu à se bercer d’illusions avant que tu te décides à l’achever ?» Je pointais du doigt le vampire en feu, du moins ce qu’il en restait c'est-à-dire presque plus que des cendres. Je me demandais à combien de vampires il avait fait ce coup la, ou si j’avais reçu la palme d’or de l’humiliation ! Comment avais je pu croire à tout ces mensonges ? Comment avais je pu stupidement remettre mon cœur et ma vie entre ces mains. Quel genre de monstre était il ? J’écartais les bras en soupirant, tandis que mon regard se perdait sur son visage, comment pouvait il être aussi attirant et écoeurant à la fois ? « C’est quand mon tour hein ? Dis moi Hunter… quand est ce que tu vas passer à l’étape finale ? Tu t’es pas déjà suffisement amusé comme ça ?» Je tournais la tête pour regarder autour de moi avant de porter mon regard sur celui-ci. « Et il est ou ton nouveau ? Oh tu l’as pas ramené… ooh je vois… ce serait délicat deux conquêtes aux même endroit… surtout quand la numéro trois se pointe à l’improviste.. hou la la trois ça aurait été dur à gérer hein ? Dis moi quel genre de virus es tu ?» Je fronçais le nez affichant une grimace de dégout laissant dériver mon regard sur son visage et l’ensemble de son corps. Il me révulsait, je m’étais offert à lui cette nuit la certes j’avais merdé en lui faisant promettre de disparaitre, mais j’avais tenté de le récupérer.. La aussi ok j’avais pas été bon sur ce coup la, maladroit mais je lui avais lancé une perche, celle qui lui ferait dire que j’étais prêt à le revoir à tenter quelque chose et … non… il a fallu que je découvre l’existence de ce grand brun, celui qui partageait sa vie et sa maison. Pourquoi ne l’avais pas découvert avant ? ça m’aurait évité de me ridiculiser, de me bercer d’illusions et surtout de réduire chaque partie de mon corps en lambeaux. L’état de décomposition était avancé, mon corps en charpie tenait debout par je ne sais quel miracle, j’aurais tant aimé être vide de tout ce désastre, mais non les restes de mes entrailles continuaient de se consumer lentement chaque seconde de mon existence. Et maintenant qu’il se trouvait devant moi le feu se ravivait avec une force comparable à une attaque au napalm. J’avais décidé de le prendre de haut, de vomir des atrocités et surtout de retenir mes larmes, plus je me montrerais vulnérable plus il continuerait à faire de moi son jouet, mais je n’avais plus la force pour ces jeux malsains, je ne désirais qu’une seule chose, qu’il mette fin à tout ça, qu’il m’achève pour de bon.