Lou est né dans une famille normale de notables anglais, à Londres. Sa mère elle, est avocate, dans un ravissant cabinet, et passait plus de temps auprès de ses clients richissimes qu’à jouer son rôle de mère. Elle avait toujours dit à son époux que ce rôle ne lui aurait pas convenu. Qu’importe, ils voulurent faire comme la ‘bonne société’, suivirent les convenances, et trois ans après leur mariage haut en couleurs, le petit Lou est né. Lui, est chef d’entreprise. Aussi influent et dénué de sens de la famille qu’elle pouvait l’être. Pourtant, l’enfant n’a jamais manqué de rien, sur le plan matériel. Il avait tous les jouets dont un enfant puisse rêver, tous les professeurs particuliers pour l’instruire du mieux possible, et même un chien. Il avait dû promettre à son père qu’il s’en occuperait jour et nuit, mais il avait fini par l’avoir, ce chien. C’était lui, sa famille. Le seul qui le câlinait lorsqu’il se sentait seul, ou triste, le seul qui voulait jouer avec lui, le seul qui semblait comprendre sa solitude trop pesante. Il aurait aimé avoir un petit frère, ou une petite sœur. Quelqu’un d’autre que sa nounou, trop vieille maintenant pour lui courir après ou jouer à cache-cache, mais sa mère avait toujours catégoriquement refusé. « Les priorités, mon cher Louis, les priorités avant tout. » répétait-elle toujours pour couper court à toute discussion à ce sujet. Quant à son père, il n’avait que très peu l’occasion de le voir. Les seules fois furent pour la fièvre qu’il avait contractée, et qui, aussitôt disparue, l’emmena avec lui, loin de sa chambre. Il leur avait longtemps voulu, et c’était sans doute pour cette raison qu’il quitta Londres à peine avait-il atteint sa majorité. Loin de leur ressembler, il ne désirait pas être notable. Juste visiter le monde, voyager, découvrir, apprendre par lui-même et pas dans les pages d’un livre. Ses parents lui en ont beaucoup voulu, après trois jours de disparition à l’avoir cherché dans toute l’Angleterre. C’est que les Hemingway étaient des gens importants, reconnus. Imaginez le scandale si on avait su ! A partir de ce jour-là, Louis veillait à leur envoyer au moins un courrier par an, pour donner de ses nouvelles. Il ne leur en voulait pas d’avoir méprisé leur rôle de parent, juste de ne pas avoir essayé. Il manquait d’affection, c’était certain, mais au-delà de ce vide, il avait obtenu son diplôme haut la main, avait des amis sur lesquels il pouvait compter, et de l’argent lui permettant de vivre bien au dessus de ses moyens. Heureusement, ses parents n’avaient pas fait geler son compte en banque. Finalement, peut-être qu’ils avaient fini par comprendre. Quoiqu’il en soit, c’est lorsqu’il eut 22 ans qu’il commença à cumuler études, et petits boulots. De préférence dans différentes villes, pour continuer de voyager à travers l’Europe, et même en Asie. Il n’utilisait que très rarement le porte feuille que lui avaient laissé ses père et mère, préférant ne dépendre que de lui-même. Et puis, c’était de l’expérience en plus. Aussi avait-il été pompier, gendarme volontaire, aide-soignant, cuisinier, serveur, marin, et même bûcheron. A côté, il poursuivait une filière qui avait toujours compté à ses yeux : les sciences humaines. Combinant éducation, et anthropologie. Sociologie, et histoire. A l’obtention du doctorat, une thèse remarquable sur l’éducation controversée de certaines sociétés occidentales, qui lui avait valu le prix du jury, Lou venait d’avoir 30 ans. Et c’est ce soir-là, alors qu’il fêtait l’évènement, qu’il fit sa connaissance. Elle s’appelait Marcelle. Etait française, et ne parlait pas un mot d’espagnol. Pays dans lequel il avait élu domicile depuis quelques mois. Je vous passe les détails : ils tombèrent amoureux. Une passion qui n’eut égale que leur complicité quasi instantanée et qui eut pour conséquence, un an plus tard, son ventre arrondi. Elle était enceinte. D’un petit garçon. « James. Oui, j’aime bien ce prénom. On l’appellera James. » avait-elle murmuré à l’oreille de Lou qui l’enveloppa d’un sourire aimant. C’était en automne qu’il fit la connaissance de ses parents. Louis avait craint pendant très longtemps de les rencontrer. Le souvenir de ses propres géniteurs, la peur de décevoir, encore. Heureusement, ils étaient à l’exact opposé de ce dont il avait imaginé. Sa mère était d’une attention touchante, surprotectrice à l’égard de sa fille. Plus encore maintenant qu’elle portait son petit-fils. Son père lui, était d’un naturel bout en train. Dès le départ, ils l’accueillirent avec un profond respect, un amour inconditionnel. « Comment, vous n’êtes même pas fiancés ? Mais Louis, tu attends quoi, dis-moi, pour demander la main de ma fille ? Surtout qu’elle serait encore plus belle avec ce petit ventre. » Moue réprobatrice de Marcelle qui jette un coup d’œil à Louis, amusé. « Maman je … » Pas la peine, elle avait déjà tout prévu. Le piège se refermait lentement sur nos deux tourtereaux. « Samedi prochain, vous serez mariés. » lui promit sa mère sans lever les yeux de sa poele. Une délicieuse odeur d’œufs frits envahissait la pièce. Elle avait toujours été excellente cuisinière. « Sam…Samedi prochain ? Mais…maman, tu… je dois bientôt accoucher !! » s’exclama Marcelle en cherchant de l’aide dans les yeux de son compagnon, tout aussi surpris et mal à l’aise qu’elle pouvait l’être. « Justement ma chérie. Le petit pourra peut-être assister au mariage de ses parents. De toutes façons, j’ai déjà envoyé les cartons d’invitation. » « Oh, God… » Merci belle-maman, pour cette démonstration d’affection particulièrement stressante. Et c’est ainsi que, le jour venu, Lou se retrouva dans ce petit cabriolet, en direction de l’Eglise du village. Marcelle avait toujours rêvé de se marier dans un cabriolet. Lui, avait refusé un autre chauffeur, énonçant qu’il voulait profiter une dernière fois de son statut de compagnon, et de celle qu’il allait bientôt épouser. Il était vingt heures, et ils étaient en retard. A leur propre mariage. Une ironie dont ils rirent ensembles durant plusieurs minutes. « Je t’aime, Lou. » Il ne se doutait pas un seul instant que ces mots, il les entendait pour la dernière fois. « Moi aussi, je t’aime chérie. » Comme tous les amoureux, ils s’embrassèrent, sous le regard de la Lune, et de ses étoiles. Tout alla si vite. Le crissement de pneu, le cri de Marcelle, le camion qui arrivait en face … Lorsqu’il se réveilla, il était à l’hôpital. Meurtri. Il sentait la douleur dans ses jambes, et avait du mal à bouger les bras. A côté de lui, la voix d’une femme qu’il avait du mal à percevoir. « Marcelle … » Pourquoi la lumière était-elle éteinte ? Qu’essayait-on de lui cacher ? « Je veux … Marcelle. » supplia l’homme, à bout de souffles. « Calmez-vous monsieur, vous avez eu un grave accident, vous ne devez pas bouger. » L’accident, il l’avait presque oublié. Marcelle, le bébé. Tous les détails lui revenaient soudainement en mémoire. Sa panique fut plus grande encore à partir de ce moment-là. Pourquoi refusait-on de lui répondre ? « JE VEUX MA FEMME ! » avait-il hurlé au désespoir, avant que deux médecins n’entrent à leur tour dans la chambre, pour lui injecter un sédatif.

Sept ans plus tard.

« Papa, je veux un poney. » gronda le petit garçon à son père en se posant devant lui, mains sur les hanches, l’air contrarié. Il avait toujours pris cet air là pour obtenir ce qu’il voulait. Touchant, mais papa ne serait pas dupe cette fois-ci, désolé bonhomme. « Un poney ? Et tu le voudrais de quelle couleur ton poney ? Noir, blanc … vert ? » le taquina Louis en l’attrapant dans ses bras et embrassant ses joues rondes. « BLEUUU !! » Evidemment. Bleu. « Je vais avoir du mal à te l’avoir, celui-là…. » Qu’importe, que ne ferait-on pas pour un enfant ? « Et si on allait au magasin d’en face, pour t’acheter ce poney bleu. En bois, est-ce que ça t’irait ? » Il fit mine de réfléchir, très concentré. « Hum, je crois que oui. » Bon, alors allons-y. « Rex, … Rex, viens ici mon chien … » Le chien qui arrivait vers son jeune maître, en battant la queue. Il lui attacha sa laisse, et plaça l’autre bout dans la paume de main de son père. « Voilà, maintenant on peut y aller. Attends … tu prends pas tes lunettes ? » « Oh si, tu as raison … » « Je vais les chercher ! » Une minute plus tard, et James tendait les lunettes noires à son père qui verrouilla l’appartement derrière eux, et se dirigea vers l’ascenseur. « Dis papa, je peux te poser une question ? » Il avait toujours des centaines de question. Sans doute l’âge. A 8 ans, on est si curieux. « Oui bonhomme, dis-moi. » Il sembla hésiter, juste quelques secondes, et finit par demander, de sa voix fluette. « Pourquoi tu tues des gens ? »

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★Ton prénom ou ton pseudo & ton age → Alex & 23 ans.
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