Si j'étais un bon psychologue, je lui dirais de rentrer chez elle. Si j'étais un bon psychologue, je lui dirais de prendre rendez-vous dans mon bureau pour que l'on puisse parler de ces problèmes. Mais il faut croire que je suis un mauvais psychologue, car je ne lui dirais rien de tout ça et je pense même que je vais tout faire pour qu'elle reste le plus longtemps possible.. Oui, je suis vraiment un mauvais psychologue. Je me demande réellement ce qu'elle ça, cela m'intrigue et étant de nature curieux, je suis impatient d'en savoir plus. « Un peu de tout, je crois... » Je fronce les sourcils, ne comprenant absolument pas. Mais j'imagine que c'est normal, qu'elle ne veut pas me dire directement tout ce qui se passe, tout ce qu'elle a sur le coeur et dans la tête, tout ce qu'elle ressent. Je m'installe sur le canapé, elle s'installe avec moi et puis, je ne dis rien de plus, attendant simplement qu'elle se lance. « Bientôt, oui.... Et si tu me voies comme telle, c'est tout ce que je demande. C'est mon avenir qui me m'effraie, je suis encore dans le doute et... J'ai encore besoin de ton aide, de tes conseils mais d'adulte à adulte. » Je souris à la suite de ses paroles. Pourquoi ? Je ne sais pas vraiment... Parce qu'elle veut me parler à moi de ces problèmes et que ça me touche ? Parce que je suis heureux qu'elle vienne chez moi car elle a besoin de moi ? Oui, sûrement un mélange de ces deux choses. Ce qui peut paraître idiot, ceci dit. « Bien évidemment que je te voie comme une adulte, au fond. Tu es.. Différente des autres. Tu es plus mature. Et puis, je pense que tu le sais que tu peux compter sur moi et que je te traiterais toujours comme une adulte, quoiqu'il se passe. » Quelques secondes après, un rire s'échappe de ses lèvres. Je tourne légèrement ma tête vers elle, la regardant, l'observant. J'ai envie de m'approcher d'elle, j'ai envie de pouvoir mieux l'observer, mais je ne fais rien et je ne bouge pas. Au fond de moi, je sais que je dois rester raisonnable et que je ne dois pas craquer comme cela. Je la regarde alors droit dans les yeux, le sourire aux lèvres et ne montrant absolument pas qu'à l'intérieur de moi, c'est le borde total et que ces magnifiques yeux n'arrangent strictement rien. « J'ai... Quelques problèmes en ce moment... Rien de bien grave, bien sur mais... Tout cela s'amplifie avec ce qui se dit en ce moment, et je ne veux pas que vous... Que tu prennes peur. » Je me mords l'intérieur de la joue après ces paroles, voyant totalement de quoi elle veut parler. Je me rends alors compte qu'elle est au courant, tout comme moi. Je déteste les gens qui adorent ruiner la vie des autres en balançant des rumeurs, juste car ils ont vu ou entendus quelques choses. Mais on ne peut malheureusement rien y faire, c'est comme ça et il faut juste faire avec maintenant. Je lui demande alors clairement si elle est au courant, comme si je n'avais pas compris ces paroles, ou plutôt comme si je ne voulais pas comprendre. Je la laisse alors parler, m'expliquer. « Oui, c'est une des choses dont je voulais parler... Ce qui intensifie mon stresse en ce moment... Je ne veux pas que cela joue sur l'aide que tu m'apportes, j'en ai réellement besoin. C'est en partie ma faute... Mes amis savent que je passe beaucoup de temps avec le "psychologue de la fac", avec toi, que je te tutoie parfois et cela a vite fait d'attirer la curiosité des autres étudiants... Ce sont juste de sale commères en manque de sensations, de sexe, excités pour rien... Ou plutôt par ce... Fichu délire de Get Spotted » Je ne peux m'empêcher de soupirer, me grattant une nouvelle fois l'arrière de la tête, étant gêné par la situation. J'aimerais que les choses soient plus faciles, que l'on est pas besoin de se justifier à chaque chose que l'on fait. Mais quand on est à la fac, avec des personnes qui ne cherchent que des potins intéressants et ce site internet qui a pour but de dévoiler les petits secrets de chaque personne.. C'est vraiment du délire. « Je t'arrête de suite, ce n'est pas de ta faute. C'est pas ta faute si les autres aiment tout savoir, ce n'est pas ta faute s'ils cherchent quelque chose d'intéressant à dire et à inventer dans leur vie, tout simplement car ils n'ont rien d'autre à faire... Ce n'est ni spécialement ta faute, ni spécialement la mienne. Puis de toute façon, on ne fait rien de mal que je sache. On ne fait que parler, on passe du temps ensemble, comme deux personnes normales. C'est tout. » Dis-je sûr de moi, alors que je ne le suis pas du tout. Au fond, je sais que ce n'est pas réellement ça. Car je ressens des choses que je ne devrais pas ressentir si on discutait comme deux personnes normales. Il y a certains sentiments, certaines envies qui ne devraient surtout pas me venir quand je suis avec elle, quand je la vois, quand je la regarde, quand elle me sourit, quand elle me parle. Non, je ne devrais pas, pourtant.. Elle coupe mes pensées en reprenant rapidement la parole. « Je me suis dis que si j'arrêtais de me rendre au bureau dès que j'en ai l'occasion, on ne jaserait plus sur "nous"... Mais j'ai encore besoin de ton aide... Je ne suis pas fan des secrets, ni des cachoteries mais peut-être que nous pouvons nous voir plus souvent ici... Ou ailleurs enfin, pas à l'université, quelque part où les rumeurs n'auront plus cours, où personne ne nous verrait... »Je réfléchis alors à cette possibilité, qui pourrait effectivement être notre dernière solution si l'on veut pouvoir continuer de se voir. Mais j'ai autant envie de refuser que d'accepter, c'est réellement compliqué. « Alors voilà, à cause de plusieurs personnes, on va être réduit à se voir en cachette ? » Je n'ai jamais eu à me cacher pour faire quoique ce soit, je n'ai jamais réellement eu besoin de mentir, mais on dirait que là, je n'ai pas le choix si je veux continuer de voir Shalimar. « J'arrive pas à croire que je suis prêt à accepter ça, parce que c'est pas dans mes habitudes et normalement, je pense que j'aurais directement refusé. Mais là, je veux bien y réfléchir un peu.. » Au fond de moi, je sais très bien que si je n'ai pas d'autre choix, si c'est ma dernière solution, je vais l'accepter directement. Mais je préfère ne pas lui montrer que je veux absolument continuer de lui parler. « Je sais.. C'est la seule alternative que j'ai trouvé, on continue à se voir à ton bureau à l'université mais moins souvent mais le faire plus régulièrement en dehors... Comme dans un cabinet et que je venais pour des consultations... Tu es psychologue après tout, c'est pour cela que je te vois et... Je pense que j'aurai besoin d'un psychologue en ce moment... »Je tourne mon regard vers elle, alors que des larmes coulent sur ses joues. Cette scène me brise le coeur, je déteste sincèrement la voir comme cela. Je ne supporte généralement pas voir les autres pleuraient, mais en plus, le fait que ce soit elle.. Ca me fait encore plus mal. Je meurs d'envie de la prendre dans mes bras, j'ai envie de lui montrer que je suis là, que je ne vais pas la lâcher et qu'elle peut compter sur moi, mais est-ce que ce rapprochement est raisonnable ? Généralement, quand mes patients pleurent, je les rassure, mais je ne me rapproche pas d'eux. Sauf que Shalimar n'est pas ma patiente, elle n'est pas comme les autres. « Je sais que cela sonne comme quelque chose de mauvais mais... Je ne sais pas quoi faire d'autre pour être tranquille.... Je ne veux pas mêler mes amis à mes états d'âme, mes questionnement sur mon futur et mes parents, ils... Je suis désolé, je suis un poil vulnérable en ce moment... J'ai cette impression d'être... Perdue et seule... Comme je t'ai dit, je crois que j'ai vraiment besoin d'un psychologue. » Le rire qu'elle me laisse entendre et son sourire qui revient illuminer son visage me rassure. Je reste sur mes positions, je ne m'approche pas d'elle, car je sais que je ne dois pas. Je ne dois pas craquer, même si cela est dur, même si toute cette situation est totalement insensée. « On va reprendre un à un. Déjà, pour que l'on se voit à l'extérieur, il est clair que c'est un risque. Je devrais refuser, je devrais te dire que c'est fou et que je ne peux pas faire ça, car je risque mon poste, que je risque gros si toute cette histoire remonte jusqu'à l'administration. Et tu le sais très bien au fond, j'en suis sûr. » Je soupire légèrement, me mordillant légèrement la lèvre inférieure, avant de plonger de nouveau mon regard dans le sien. « Mais je suis prêt à prendre le risque si c'est notre dernière solution pour se voir. » Je me dis que c'est dangereux, je me dis que je peux risquer ma place avec ce genre de parole, ce genre de relation. Mais en même temps, pour le moment, il ne s'est rien passé, alors je n'ai rien à me reprocher. Ce sujet-là plus ou moins clôt, il faut maintenant que l'on parle d'elle. La raison principale de sa venue ici, pour me parler de ce qu'elle ressent et de ce qu'il lui arrive. C'est mon boulot d'écouter les autres et de les aider, après tout. « Tu es loin d'être seule, tes amis sont là et moi, je suis aussi là. Je pense que ce soir peut te le prouver, que je serais même là en toute circonstance, jour et nuit. » Dis-je en lui souriant. Je ne peux m'empêcher de déposer ma main sur la sienne. Comme pour lui montrer que je suis là, qu'elle ne doit pas avoir peur et que je ne veux que son bien. Je décide ensuite de partir sur un sujet plus.. Complexe. « Je pense qu'il faut que l'on entame un sujet dont on n'a encore jamais parlé.. Même si tu ne veux pas, même si je pense que tu as tes raisons pour ne m'avoir jamais parlé d'eux. Je pense que ce soir, c'est le bon soir pour que tu me parles de tes parents. » Je vois à son regard qu'elle n'a pas l'air d'avoir envie, elle a l'air terrifiée, je ne sais pas pourquoi, mais je sais que je vais tout faire pour le savoir. Tout faire pour qu'elle n'est pas peur de me dire la vérité sur ces parents. « Si tu es perdue, je suis là pour t'aider. Si tu as des questions, je suis là pour y répondre. Si tu as peur, je suis là pour te rassurer. Si tu te sens seule, je suis là pour te prouver le contraire. Mais pour cela, il faut que tu me fasses confiance quand même un minimum et que tu arrives à te confier à moi, que tu me dises tout, sur tous les sujets. » Je ressers alors ma main sur la sienne, ne lâchant pas ses magnifiques yeux. « Est-ce que tu me fais confiance ? » Sûrement la question essentielle. Car je veux le savoir, autant pour mon côté psychologue, que pour mon côté à moi, du côté personnel...