Je m'appelle Clarisse Augustine Millers, mais honnêtement, ce nom est beaucoup trop long. Il est bien plus simple de m'appeler Clare. Malgré tout ce que les gens disent de moi, je suis une jeune femme de 21 ans tout à fait normal. J'ai grandi auprès de parents aimants qui étaient toujours là pour moi. J'ai un petit frère; Theo qui fait tout son possible pour que je pète les plombs. Je vis dans une famille qui a ses bons côtés comme ses mauvais. Mes parents ont un salaire tout à fait modeste. Ma mère est bibliothécaire et mon père, comptable. Rien de bien extraordinaire. Il y a son lot de dispute à la maison, mais en quoi est-ce différent d'ailleurs? Comme tous les autres enfants, à l'école, je me débrouillais. J'avais des notes dans la moyenne. Je n'étais ni surdouée ni un cas désespéré. Les professeurs n'avaient pas grand chose à dire sur moi. J'étais une enfant calme et posée, pas celle qui lance des boules de papiers sur les autres et qui parlent trop fort. Je n'étais ni populaire ni une recluse.

Mais tout cela a changé. Mais en quoi, me demanderez-vous? Eh bien, à l'adolescence, le regard des autres a commencé à devenir différent, parce que je l'étais moi-même. On me voyait comme un être fragile qui pouvait se briser en milles morceaux dès que le souffle du vent se faisait trop puissant. J'étais traitée comme si je n'allais jamais voir le lendemain. Soudainement, toute l'attention était sur moi, alors que je n'avais absolument rien  demandé. Théo arrêta de m'embêter, mais je voyais bien dans son regard que c'était dur pour lui que j'aille toute l'attention, même pour les mauvaises raisons. Mes parents étaient aux petits soins avec moi. Ils ne me quittaient plus d'une semelle. Les traitements pour ma maladie commencèrent finalement. Le monstre qui était en moi me faisait souffrir. Mais il faisait parti intégrante de moi-même, puisque c'était en quelque sorte ma propre personne qui l'avait créé. J'étais déformée de l'intérieur. La tumeur me bouffait. Son petit nom? Lymphome de Hodgkin. Mais pour faire plus simple, je l'appelais Hodge. Mes parents ne trouvaient pas cela drôle, moi non plus, mais il fallait bien vivre un peu. Les chances de survie pour ce cancer étaient assez élevés. D'ailleurs, les traitements de chimiothérapies fonctionnaient à merveille. Ouais. Je perdis beaucoup de poids durant cette période. Je perdis mes cheveux aussi. Ça n'avait rien d'amusant, mais il fallait bien combattre. Je ne savais pas pourquoi il me fallait faire tant d'effort. Après tout, si on m'avait mis cela sur mon chemin, il devait bien y avoir une raison?

Les mois s'écoulèrent et finalement, les médecins ne trouvèrent plus de traces du cancer. J'étais donc en rémission. Yahou! Mes cheveux recommencèrent à pousser, mais dans la ville où j'étais en Alaska, tout le monde connaissait mon histoire. Je n'avais peut-être plus de traces visibles, mais j'étais une bête de foire.

Mes parents voyaient bien que cette situation me troublait. Il voyait aussi que ça n'allait plus pour moi sur le plan psychologique, même si j'étais guérie. Je ne savais pas quoi faire moi-même pour m'aider. Ils m'offrirent alors une solution que je ne pus refuser; déménager. Pour mon petit frère, ce fut la crise. Théo n'envisageait pas une seconde sa vie ailleurs qu'en Alaska. Pour une raison inconnue, il adorait les grandes étendues de froid. Il resta donc là-bas, chez ma grand-mère, au grand damne de mes parents. Nous avons donc déménager à New York, un endroit où personne ne saurait pour ma maladie, où je serais connue que pour être Clare, la jeune femme tranquille qui aime lire et regarder des films à longueur de journée. Oui, je savais que j'allais me perdre dans la masse. Après tout, je suis une fille tout à fait ordinaire. Mais c'est de ça que j'ai besoin; un monde sans flafla qui va faire de moi la personne que je devrais être.